Images de page
PDF
ePub

uns des sept Sacremens. Et déjà il est certain
qu'au commencement on ne les accuse d'en nier
aucun au contraire, nous avons vu un auteur
qui en leur reprochant qu'ils changeoient, excepte
les sacremens. On pouvoit soupçonner ceux de
Renier d'avoir varié en cette matière, à cause
qu'il semble dire qu'ils rejetoient non-seulement
l'ordre, mais encore la Confirmation et l'Extrême-
Onction (1): mais visiblement il faut entendre

celle qui se donnoit parmi nous. Car, pour la
Confirmation, Renier qui la leur fait rejeter,
ajoute << qu'ils s'étonnoient qu'on ne permît
» qu'aux évêques de la conférer ». C'est qu'ils
vouloient que les laïques, gens
les laïques, gens de bien, eussent
pouvoir de l'administrer comme les autres sacre-
mens. C'est pourquoi ces mêmes hérétiques, à
qui on fait rejeter la Confirmation, se vantent
après « de donner le Saint-Esprit par l'imposi-
» tion de leurs mains (2) »; ce qui est en d'autres
paroles le fond même de ce sacrement,

A l'égard de l'Extrême-Onction, voici ce qu'en dit Renier: «< Ils rejettent le sacrement de l'Onc>>tion; parce qu'on ne la donne qu'aux riches, » et que plusieurs prêtres y sont nécessaires (3) ». Paroles qui font assez voir que la nullité qu'ils y trouvoient parmi nous venoit des prétendus abus, et non pas du fond. Au reste, comme saint Jacques avoit dit qu'il falloit appeler les prêtres (4) en pluriel, ces chicaneurs vouloient croire que l'Onction donnée par un seul, comme on faisoit ordi

(1) Pylicd. ibid. c. 5. p. 750, 751.— (2) Ibid. 751. — (3) Pag. 751, (4) Jac. v. 14.

CVIII. L'Extrême

Onction.

CIX.

dans le Bap

tême.

nairement parmi nous dès ce temps-là, ne suffisoit pas; et ils prenoient ce mauvais prétexte de la négliger.

Quant au Baptême, encore que ces hérétiques Ce que c'étoit que l'a- ignorans en rejetassent avec mépris les plus anblution, dont ciennes cérémonies, on ne doute pas qu'ils ne le parle Renier, reçussent. On pourroit seulement être surpris des paroles de Renier, lorsqu'il fait dire aux Vaudois, que l'ablution qu'on donne aux enfans ne leur sert de rien (1). Mais comme cette ablution se trouve rangée parmi les cérémonies du Baptême que ces hérétiques improuvoient, on voit bien qu'il parle du vin qu'on donnoit aux enfans après les avoir baptisés: coutume qu'on voit encore dans plusieurs vieux Rituels voisins de ce siècle-là, et qui étoit un reste de la communion qu'on leur administroit autrefois sous la seule espèce liquide. Ce vin, qu'on mettoit dans un calice pour le donner à ces enfans, s'appeloit ablution, par la ressemblance de cette action avec l'ablution que les prêtres prenoient à la messe. Au surplus, on ne trouve point chez Renier le mot d'ablution pour signifier le Baptême : et en tout cas si on s'opiniâtre à le vouloir prendre pour ce sacrement, tout ce qu'on pourroit conclure, ce seroit au pis, que les Vaudois de Renier trouvoient inutile un Baptême donné par des ministres indignes, tels qu'ils croyoient tous nos prêtres : erreur qui est si conforme aux principes de la secte, que les Vaudois, que nous avons vus approuver notre Baptême, ne le pou(1) Ren. ibid. v. 14.

voient faire sans démentir eux-mêmes leur propre doctrine.

Voilà donc déjà trois sacremens dont les Vaudois approuvoient le fond, le Baptême, la Confirmation et l'Extrême-Onction. Nous avons tout le sacrement de Pénitence dans leur confession secrète, dans les pénitences imposées, dans l'absolution reçue pour avoir la rémission des péchés; et s'ils disoient que la confession de bouche n'étoit pas toujours nécessaire lorsqu'on avoit la contrition dans le cœur, ils disoient vrai au fond et en certains cas; encore que très-souvent, comme on a pu voir, ils abusassent de cette maxime en différant trop long-temps de se confesser.

Il y avoit une secte qu'on appeloit des Siscidenses, « qui ne différoit presque en rien d'avec » les Vaudois; si ce n'est, dit Renier, qu'ils re» çoivent l'Eucharistie ». Ce n'est pas qu'il veuille dire que les Vaudois ou les pauvres de Lyon ne la reçussent pas, puisqu'au contraire il fait voir qu'ils y recevoient jusqu'à la transsubstantiation. Il veut donc dire seulement qu'ils avoient une extrême répugnance à recevoir ce sacrement des mains de nos prêtres, et que ces autres en faisoient moins de difficulté, ou peut-être point du

tout.

CX.

La Confes

sion.

CXI. L'Eucharistie.

CXII.

Le Maria

ge. Si Renier

Les Protestans accusent Renier de calomnier les Vaudois, en leur reprochant qu'ils condamnent le mariage: mais ces auteurs tronquent le a calomnić passage, et le voici tout entier : « Ils condamnent les Vaudois. » le sacrement de Mariage, en disant que les » mariés péchent mortellement lorsqu'ils usent

CXIII.
Démons-

tration que

ignoré ni dis

simulé la

Vaudois.

» du mariage pour une autre fin que pour avoir » des enfans (1) »; par où Renier fait voir seulement l'erreur de ces superbes hérétiques, qui, pour se montrer au-dessus de l'infirmité humaine, ne vouloient pas reconnoître la seconde fin du mariage, c'est-à-dire celle de servir de remède à la concupiscence. C'est donc à cet égard seulement qu'il accuse ces hérétiques de condamner le mariage, c'est-à-dire d'en condamner cette partie nécessaire, et d'avoir fait un péché mortel de ce que la grâce d'un état si saint rendoit pardonnable.

On voit maintenant quelle a été la doctrine des Vaudois ou des pauvres de Lyon. On ne peut les Catholi- accuser les Catholiques ni de l'avoir ignorée, ques n'ont ni puisqu'ils étoient parmi eux, et tous les jours en recevoient les abjurations; ni d'en avoir négligé doctrine des la connoissance, puisqu'au contraire ils s'appliquoient avec tant de soin à en rapporter jusqu'aux minuties; ni enfin de les avoir calomniés, puisqu'on les a vus si soigneux, non-seulement de distinguer les Vaudois d'avec les Cathares et les autres Manichéens, mais encore de nous apprendre tous les correctifs que quelques-uns d'entre eux apportoient aux excès des autres ; et enfin de nous raconter avec tant de sincérité ce qu'il y avoit de louable dans leurs mœurs, qu'encore aujourd'hui leurs partisans en tirent avantage car nous avons vu qu'on n'a pas dissimulé les spécieux commencemens de Valdo, ni la première simplicité de ses sectateurs. Renier, (1) Ren. ibid. p. 751.

[ocr errors]

qui les blâme tant, ne feint pas de dire, «< qu'ils » vivoient justement devant les hommes; qu'ils croyoient de Dieu ce qu'il en faut croire, et >> tout ce qui étoit contenu dans le symbole (1) »; qu'ils étoient réglés dans leurs mœurs, modestes dans leurs habits, justes dans leur négoce, chastes dans leurs mariages, abstinens dans leur manger, et le reste qu'on sait assez. Nous aurons un mot à dire sur ce témoignage de Renier mais en attendant nous voyons qu'il flatte, pour ainsi dire, plutôt les Vaudois que de les calomnier; et ainsi on ne peut douter que ce qu'il dit de ces hérétiques ne soit véritable. Et quand on voudroit supposer avec les ministres, que les auteurs catholiques, poussés de la haine qu'ils avoient contre eux les auroient chargés de calomnies, c'est une nouvelle preuve de ce que nous venons de dire de leur croyance : puisqu'enfin si les Vaudois s'étoient opposés à la transsubstantiation et à l'adoration de l'Eucharistie dans un temps où nos adversaires conviennent qu'elle étoit si établie parmi nous, les Catholiques, qu'on nous représente si portés à les charger de faux crimes, n'auroient pas manqué à leur en reprocher de si véritables.

CXIV.

Division de

la doctrine

Maintenant donc que nous connoissons toute la doctrine des Vaudois, nous la diviser pouvons en trois sortes d'articles. Il y en a que nous dé- des Vaudois testons avec les Protestans il y en a que nous en trois approuvons, et que les Protestans rejettent : il y

en a qu'ils approuvent, et que nous rejetons.

(1) Ren. ibid. c. 4. p. 749. c. 7, p. 765.

chefs.

« PrécédentContinuer »