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leur envoi et de leur titre que ceux qui ont recours à eux. On sait que ces hérétiques toulousains ne sont jamais parvenus jusqu'à tromper aucun prêtre. Les prédicateurs des Vaudois sont des marchands, des gens de métier, des femmes même. Les Bohémiens n'ont pas une meilleure origine, comme nous l'avons prouvé; et lorsque les Protestans nous allèguent toutes ces sectes, ce n'est pas leurs auteurs qu'ils nous nomment, mais leurs complices.

:

dans

CCVIII.

Elles y trou

vent encore

la doctrine.

Mais peut-être que s'ils ne trouvent pas dans ces sectes la suite des personnes, ils y trouveront la suite de la doctrine. Encore moins sembla- moins la sucbles par certains endroits aux Hussites, par d'au- cession dans tres aux Vaudois, par d'autres aux Albigeois et aux autres sectes, ils les démentent en d'autres articles. Ainsi sans rencontrer rien qui soit uniforme, et prenant de côté et d'autre ce qui paroît les accommoder, sans suite, sans unité, sans prédécesseurs véritables, ils remontent le plus haut qu'ils peuvent. Ils ne sont pas les premiers à rejeter les honneurs des saints, ni les oblations pour les morts. Ils trouvent avant eux des corps d'Eglise de cette même croyance sur ces deux points. Les Bohémiens les recevoient : mais on a vu que ces Bohémiens cherchèrent en vain des associés sur la terre. Quoi qu'il en soit, voilà une Eglise devant Luther: c'est quelque chose à qui n'a rien. Mais après tout, cette Eglise qui est devant Luther n'est que cinquante ans devant : il faudroit tâcher d'aller plus haut: on trouvera

CCIX.

:

les Vaudois, et un peu plus haut les Manichéens de Toulouse. On trouvera au quatrième siècle les Manichéens d'Afrique contraires au culte des saints: un seul Vigilance les suit dans ce seul point: mais on ne trouvera point plus haut d'auteur certain et c'est de quoi il s'agit. On ira un peu plus loin sur l'oblation pour les morts. Le prêtre Aërius paroîtra ; mais seul et sans suite, Arien de plus c'est tout ce qu'on trouvera de positif; tout ce qu'on alléguera au-dessus sera visiblement allégué en l'air. Mais voyons ce qu'on trouvera sur la présence réelle, et souvenons-nous qu'il s'agit de faits positifs et constans. Carlostad n'est pas le premier qui a soutenu que le pain n'est pas fait le corps: Bérenger l'avoit déjà dit quatre cents ans auparavant, dans l'onzième siècle. Mais Bérenger n'est pas le premier : ces Manichéens d'Orléans venoient de le dire; et le monde étoit plein encore du bruit de leur mauvaise doctrine, quand Bérenger en recueillit cette petite partie. Plus haut je trouve bien des prétentions et des procès qu'on nous fait sur cette matière; mais non pas des faits avérés et positifs.

Au reste les Sociniens ont une suite plus maniQuelle suc- feste en prenant un mot d'un côté et un mot cession ont de l'autre, ils nommeront dans tous les siècles

les héréti

ques.

des ennemis déclarés de la divinité de JésusChrist, et à la fin ils trouveront Cérinthus sous les apôtres. Ils n'en seront pas mieux fondés, pour avoir trouvé quelque chose de semblable parmi tant de témoins discordans d'ailleurs; puis

qu'au

qu'au fond la suite leur manque avec l'uniformité. A le prendre de cette sorte, c'est-à-dire, en composant chacun son Eglise de tout ce qu'on trouvera de conforme à ses sentimens deçà et delà, sans aucune liaison; rien n'empêche, comme on l'aura pu remarquer, que de toutes les sectes qu'on voit aujourd'hui, et de toutes celles qu'on verra jamais, on ne remonte jusqu'à Simon le Magicien, et jusqu'à ce mystère d'iniquité, qui commençoit du temps de saint Paul (1).

(1) II. Thess. 11. 7.

m

BOSSUET. XX.

17

LIVRE XII.

Depuis 1571 jusqu'à 1579, et depuis 1603 jusqu'à 1615.

SOMMAIRE.

I.

France veu

En France même les Eglises de la Réforme troublées du mot de substance. Il est maintenu comme établi selon la parole de Dieu dans un synode; et dans l'autre réduit à rien en faveur des Suisses qui se fâchoient de la décision. Foi pour la France, et foi pour la Suisse. Assemblée de Francfort, et projet de nouvelle Confession de foi pour tout le second parti des Protestans; ce qu'on y vouloit supprimer en faveur des Luthériens. Détestation de la présence réelle, établie et supprimée en même temps. L'affaire de Piscator; et décision doctrinale de quatre synodes nationaux réduite à rien. Principes des Calvinistes, et démonstrations qu'on en tire en notre faveur. Propositions de Dumoulin reçues au synode d'Ay. Rien de solide ni de sérieux dans la Réforme.

L'UNION de Sendomir n'eut son effet qu'en PoPlusieurs logne. En Suisse les Zuingliens demeurèrent ferEglises prétendues ré- mes à rejeter les équivoques. Déjà les Français formées de commençoient à entrer dans leurs sentimens. Plulent changer sieurs soutenoient ouvertement qu'il falloit rejeter l'article de la le mot de substance, et changer l'article xxxvI Cene dans la de la Confession de foi présentée à Charles IX où la Cène étoit expliquée. Ce n'étoit pas des particuliers qui faisoient cette dangereuse proposition,

Confession

de foi.

1571.

mais les Eglises entières; et encore les principales Eglises, celles de l'Isle de France et de Brie, celle de Paris, celle de Meaux, où l'exercice du calvinisme avoit commencé, et les voisines. Ces Eglises vouloient changer un article si considérable de la Confession de foi que dix ans auparavant on avoit donnée comme n'enseignant autre chose que la pure parole de Dieu : c'eût été trop décrier le nouveau parti. Le synode de la Rochelle, où Bèze fut président, résolut de condamner ces Réformateurs de la Réforme en 1571.

II.

C'étoit le cas de parler précisément. La contestation étant émue, et les parties étant pré-national les Le synode sentes, il n'y avoit qu'à trancher en peu de mots: condamne. mais ce n'est que les idées nettes qui produisent Décision de ce synode la brièveté. Voici donc de mot à mot comme on pleine d'emparla; et je demande seulement qu'il me soit barras. permis de diviser le décret en plusieurs parties, et de le réciter comme à trois reprises.

On commence par rejeter ce qui est mauvais, et on le fait assez bien. Poser, ce sera la grande peine: mais lisons. « Sur le xxxvI. article de la >> Confession de foi, les députés de l'Isle de France » représentèrent qu'il seroit besoin d'expliquer » cet article, en ce qu'il parle de la participation » de la substance de Jésus-Christ. Après une assez >> longue conférence, le synode approuvant l'ar» ticle XXXVI, Rejette l'opinion de ceux qui ne >> veulent recevoir le mot de substance; par le» quel mot on n'entend aucune confusion, com» mixtion ou conjonction qui soit d'une façon » charnelle ni autrement naturelle; mais une

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