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XV.

On veut

les Luthé

riens dans cette

com

fession de foi.

dont nous avons souvent parlé, devoient tenir une assemblée à Magdebourg, pour y prononcer d'un commun accord l'approbation de ce livre, et à la fois la condamnation de tous ceux qui ne voudroient pas y souscrire; en sorte qu'étant déclarés hérétiques, ils fussent exclus de la tolérance que l'empire avoit accordée sur le sujet de la religion. Par ce moyen tous les défenseurs du sens figuré étoient proscrits, et le monstre de l'ubiquité soutenu dans ce livre étoit établi. Il étoit de l'intérêt de ces Eglises que l'on vouloit condamner, de paroître alors nombreuses, puissantes et unies. On les décrioit comme ayant chacune leur Confession de foi particulière; et les Luthériens réunis sous le nom commun de la Confession d'Ausbourg, se portoient aisément à proscrire un parti que sa désunion faisoit mépriser.

On y couvroit néanmoins le mieux qu'on poucomprendre voit un si grand mal par des paroles spécieuses; et le député Palatin disoit, que toutes ces Confessions de foi, conformes dans la doctrine, ne mune Con- différoient que dans la méthode, et dans la manière de parler. Mais il savoit bien le contraire; et les différences n'étoient que trop réelles pour ces Eglises. Quoi qu'il en soit, il leur importoit, pour arrêter les Luthériens, de leur faire voir leur union par une Confession de foi aussi reçue entre eux tous, que l'étoit celle d'Ausbourg dans le parti luthérien. Mais on avoit un dessein encore plus général : car en faisant cette nouvelle Confession de foi commune aux défenseurs du sens

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XVI.

figuré, on vouloit chercher des expressions dont les Luthériens défenseurs du sens littéral pussent convenir, et faire par ce moyen un même corps de tout le parti qui se disoit réformé. Les députés n'avoient point de meilleur moyen d'empêcher la condamnation dont le parti luthérien les menaçoit. C'est pourquoi le décret qu'ils firent sur cette commune Confession de foi fut tourné de cette sorte: Qu'il la falloit faire >> claire, pleine et solide, avec une claire et briève » réfutation de toutes les hérésies de ce temps; » en tempérant néanmoins tellement le style, » qu'on attirât plutôt que d'aigrir ceux qui con» fessent purement la Confession d'Ausbourg, >> autant que la vérité le pourroit permettre (1) ». La faire claire, la faire pleine, la faire solide cette Confession de foi, avec une claire et courte réfutation de toutes les hérésies de ce temps, c'étoit une grande affaire; de beaux mots, mais de foi. Dépuune chose bien difficile, pour ne pas dire impos- pour la dres sible, parmi des gens dont les sentimens étoient ser. divers surtout pour n'irriter pas davantage les Luthériens si zélés défenseurs du sens littéral, il falloit passer bien légèrement sur la présence réelle, et sur les autres articles si souvent marqués. On nomma des théologiens bien instruits des maux de l'Eglise, c'est-à-dire des divisions de la Réforme, et des Confessions de foi qui la partageoient. Rodolphe Gaultier et Théodore de Bèze, ministres l'un de Zurich et l'autre de Genève devoient mettre la dernière main à l'ou(1) Act. auth. Blond. p. 62.

Qualités de

le Confession

cette nouvel

tés nommés

XVII.

Lettre écri

vrage, qu'on devoit ensuite envoyer à toutes les Eglises pour être lu, examiné, corrigé et augmenté comme on le trouveroit à propos.

Pour préparer un ouvrage d'un si grand raffite aux Luthénement, et empêcher la condamnation que les riens par l'as- Luthériens alloient faire éclore, on résolut d'ésemblée de crire au nom de toute l'assemblée une lettre qui

Francfort.

XVIII.

diminue la

>>

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fût capable de les adoucir. On leur dit donc «< que » cette assemblée avoit été convoquée de plu>>sieurs endroits du monde chrétien, pour s'op» poser aux entreprises du Pape, après les avis qu'on avoit eus qu'il réunissoit contre eux les plus puissans princes de la chrétienté » : c'étoit à dire, l'Empereur, le roi de France, et le roi d'Espagne ; «< mais que ce qui les avoit le plus affligés étoit que quelques princes d'Allemagne, qui invoquent, disoient-ils, le même Dieu que »nous », comme si les Catholiques en avoient un autre, «< et détestoient avec nous la tyrannie » de l'Antechrist romain, se préparoient à con» damner la doctrine de leurs Eglises; et qu'ainsi » parmi les malheurs qui les accabloient, ils » se voyoient attaqués par ceux dont la vertu » et la sagesse faisoit la meilleure partie de leur » espérance ».

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Ensuite ils représentoient à ceux de la ConL'assemblée fession d'Ausbourg, que le Pape en ruinant les difficulté de autres Eglises ne les épargneroit pas : «< car comla présence » ment, poursuivent-ils, haïroit-il moins ceux qui les premiers lui ont donné le coup mortel »? c'est-à-dire, les Luthériens qu'ils mettent par ce moyen à la tête de tout le parti. Ils proposent

réelle.

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un

un concile libre pour s'unir entre eux, et s'opposer à l'ennemi commun. Enfin après s'être plaints qu'on les vouloit condamner sans les ouïr, ils disent que la controverse qui les divise le plus d'avec ceux de la Confession d'Ausbourg, c'est-à-dire celle de la Cène et de la présence réelle, n'a pas tant de difficulté qu'on s'imagine, et qu'on leur fait tort en les accusant de rejeter la Confession d'Ausbourg. Mais ils ajoutent qu'elle avoit besoin d'explication en quelques endroits, et que Luther même et Melancton y avoient fait quelques corrections; par où ils entendent manifestement ces diverses éditions où l'on a fait les changemens que nous avons vus durant la vie de Luther et de Melancton.

L'année suivante les Calvinistes de France

XIX.

Consente

velleonfes

tinrent leur synode national de Sainte-Foi, où ment du syils donnèrent pouvoir de changer la Confession node de Ste. de foi qu'ils avoient si solennellement présentée Foi à la nouà nos Rois, et qu'ils se glorifioient de soutenir sion de foi. jusqu'à répandre tout leur sang. Le décret en est mémorable: il y est porté « qu'après avoir » vu les instructions de l'assemblée tenue à Franc

» fort par le moyen du duc Jean Casimir, ils

>> entrent dans le dessein de lier en une sainte » union de pure doctrine toutes les Eglises Ré» FORMÉES DE LA CHRÉTIENTÉ, dont certains théologiens protestans vouloient condamner la plus

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grande et saine partie'; et approuvent le dessein » de faire et dresser un formulaire de Confession » de foi commune à toutes les Eglises, aussi bien » que l'invitation faite nommément aux Eglises BOSSUET. XX.

18

1578.

» de ce royaume, pour envoyer au lieu assigné » gens bien approuvés et autorisés avec ample >> procuration, pour traiter, accorder et décider » de tous les points de la doctrine, et autres » choses concernant l'union, repos, et conser»vation de l'Eglise et du pur service de Dieu ». En exécution de ce projet ils nomment quatre députés pour dresser cette commune Confession de foi; mais avec un pouvoir beaucoup plus ample que celui qu'on leur avoit demandé dans l'assemblée de Francfort. Car au lieu que cette assemblée, qui n'avoit pu croire que les Eglises pussent convenir d'une Confession de foi sans la voir, avoit ordonné qu'après qu'elle auroit été composée par certains ministres et limée par d'autres, elle seroit envoyée à toutes les Eglises pour l'examiner et corriger; ce synode facile au-delà de tout ce qu'on avoit pu imaginer, non-seulement donne charge expresse à ces quatre députés « de se >> trouver au lieu et jour assigné, avec amples >> procurations tant des ministres, qu'en parti>> culier de monseigneur le vicomte de Turenne »; mais y ajoute de plus, « qu'en cas même qu'on » n'eût le moyen d'examiner par toutes les pro>> vinces cette Confession de foi, on se remet à » leur prudence et sain jugement pour accorder >> et conclure tous les points qui seront mis en » délibération, soit pour la doctrine, ou autres >> choses concernant le bien, union et repos de » toutes les Eglises (1) ».

(1) Hist. de l'ass. de Franc. Act. auth. Blond. p. 63. Syn. dø Sainte-Foi. p. 5, 6.

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