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XXXVII.

trouve l'An

se, et le Fran

la France.

Mais enfin il a mieux dit qu'il ne pense, d'appeler cela une chute : la chute seroit trop horrible, de tomber dans une Réforme où l'esprit d'illusion domine si fort.

Si l'interprète français trouve la France dans L'Anglais l'Apocalypse, l'Anglais y trouve l'Angleterre : gleterre dans la fiole versée sur les fleuves et sur les fontaines l'Apocalyp- sont les émissaires du Pape, et les Espagnols çais y trouve vaincus sous le règne d'Elisabeth de glorieuse mémoire (1). Mais le bon Mède rêvoit son disciple mieux instruit nous apprend que la seconde et la troisième fiole c'est les croisades, où Dieu a rendu du sang aux Catholiques pour le sang des Vaudois et des Albigeois, qu'ils avoient répandu (2). Ces Vaudois et ces Albigeois, et Jean Viclef et Jean Hus, et tous les autres de cette sorte, jusqu'aux cruels Taborites, reviennent partout dans les nouvelles interprétations, comme de fidèles témoins de la vérité persécutée par la bête mais on les connoît à présent, et il n'en faudroit pas davantage pour reconnoître la fausseté de ces prétendues prophéties.

XXXVIII.
Le Roi de

:

Joseph Mède s'étoit surpassé lui-même dans Suede pré- l'explication de la quatrième fiole. Il la voyoit dit, et la pré- répandue sur le soleil, sur la principale partie du ciel de la bête (3), c'est-à-dire de l'Empire

diction dé

mentie à l'instant.

:

papal c'est que le Pape alloit perdre l'empire d'Allemagne, qui est son soleil: cela étoit clair. Pendant que Mède, si on l'en veut croire, im

(1) Med. comm. Apoc. p. 528, ad Phial. 3. Ap. XVI. — (2) Acc. des Proph. II. part. ch. 1v. p. 72. Préj, légit. I. part. ch. v, p. 98, 99. (3) Comm. Ap. p. 528. Apoc. xvi. 8.

primoit ces choses qu'il avoit méditées long-temps auparavant, il apprit les merveilles de ce roi pieux, heureux, et victorieux, que Dieu envoyoit du Nord pour défendre sa cause (1): c'étoit, en un mot, le grand Gustave. Mède ne peut plus douter que sa conjecture ne soit une inspiration: et il adresse à ce grand roi le même cantique que David adressoit au Messie: Mettez votre épée, ó grand Roi; combattez pour la vérité et pour la justice, et régnez (2). Mais il n'en fut rien; et avec sa prophétie Mède a publié sa honte.

Ridicule pensée sur le

Il y a encore un bel endroit, où, pendant que XXXIX. Mède contemple la ruine de l'empire Turc, son disciple y voit au contraire les victoires de cet Turc. empire. L'Euphrate, dans l'Apocalypse, c'est à Mède l'empire des Turcs; et l'Euphrate mis à sec dans l'épanchement de la sixième fiole c'est l'empire Turc détruit (3). Il n'y entend rien: M. Jurieu nous fait voir que l'Euphrate c'est l'Archipel et le Bosphore, que les Turcs passèrent en 1390 pour se rendre maîtres de la Grèce et de Constantinople (4). Bien plus, « il y a beaucoup

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d'apparence que les conquêtes des Turcs sont poussées si loin, pour leur donner le moyen de » servir avec les Protestans au grand œuvre de » Dieu (5) », c'est-à-dire à la ruine de l'Empire papal car, encore que les Turcs n'aient jamais été si bas qu'ils sont, c'est cela même qui fait croire à notre auteur qu'ils se relèveront bientôt.

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(3) Apoc. XVI, 12.

(1) Comm. Ap. p. 529. — (2) Ps. XLIV. Ibid. ad Ph. 6, p. 529. — (4) Acc. II. part. ch. vi, p. 99. ·

(5) Ibid. 101.

XL. Pourquoi on souffre ces absurdités daus le parti.

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« Je regarde, dit-il, cette année 1685 comme >> critique en cette affaire. Dieu y a abaissé les » Réformés et les Turcs en même temps POUR LES » RELEVER EN MÊME TEMPS, et les faire être les >> instrumens de sa vengeance contre l'Empire. papal Qui n'admireroit cette relation du turcisme avec la Réforme, et cette commune destinée de l'un et de l'autre? Si les Turcs se relèvent; pendant que le reste des chrétiens s'affligera de leurs victoires, les Réformés alors leveront la tête, et croiront voir approcher le temps de leur délivrance. On ne savoit pas encore ce nouvel avantage de la Réforme, de devoir croître et décroître avec les Turcs. Notre auteur luimême étoit demeuré court en cet endroit quand il composoit ses Préjugés légitimes; et il n'avoit rien entendu dans les plaies des deux dernières fioles où ce mystère étoit renfermé: mais enfin, après avoir frappé deux fois, quatre, cinq et six fois, avec une attention religieuse, la porte s'est ouverte (1), et il a vu ce grand secret.

On me dira que parmi les Protestans les ha

biles gens se moquent, aussi bien que nous, de ces rêveries. Mais cependant on les laisse courir, parce qu'on les croit nécessaires pour amuser un peuple crédule. Ç'a été principalement par ces visions qu'on a excité la haine contre l'Eglise romaine, et qu'on a nourri l'espérance de la voir bientôt détruite. On en revient à cet artifice; et le peuple, trompé cent fois, ne laisse pas de prêter l'oreille, comme les Juifs livrés à l'esprit (1) Acc. II. part. ch. vn, p. 94.

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d'erreur faisoient autrefois aux faux prophètes.
Les exemples ne servent de rien pour désabuser
le peuple prévenu. On crut voir dans les prophé-
ties de Luther la mort de la papauté si prochaine,
qu'il n'y avoit aucun Protestant qui n'espérât
d'assister à ses funérailles. Il a bien fallu prolon-
ger le temps mais on a toujours conservé le
même esprit; et la Réforme n'a jamais cessé d'être
le jouet de ces prophètes de mensonge, qui pro-
phétisent les illusions de leur cœur.

Dieu me garde de perdre le temps à parler
ici d'un Cotterus, d'un Drabicius, d'une Chris-
tine, d'un Coménius, et de tous ces autres vi-
sionnaires dont notre ministre nous vante les
prédictions, et reconnoît les erreurs (1)! Il n'est
pas jusqu'au savant Usser qui n'ait voulu, à ce
qu'on prétend, faire le prophète. Mais le même
ministre demeure d'accord qu'il s'est trompé
comme les autres. Ils ont tous été démentis par
l'expérience; et on y trouve, dit le ministre (2),
tant de choses qui achoppent, qu'on ne sauroit
affermir son cœur là-dessus. Cependant il ne
laisse pas de les regarder comme des prophètes
et de grands prophètes, des Ezechiels, des Jéré-
mies. Il trouve « dans leurs visions tant de ma-
»jesté et tant de noblesse, que celles des anciens
» prophètes n'en ont pas davantage; et une suite
» de miracles aussi grands qu'il en soit arrivé
depuis les apôtres ». Ainsi le premier homme
de la Réforme se laisse encore éblouir par ces

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(1) Avis à tous les Ch. au comm. p. 5, 6, 7.. (2) Acc. des proph. Il part. p. 174.

XLI.

Les pro

phètes du parti sont des trompeurs, Aveu du mi

nistre Jurieu.

1

XLII.

>>

>>

faux prophètes, après que l'événement les a confondus: tant l'esprit d'illusion règne dans le parti. Mais les vrais prophètes du Seigneur le prennent d'un autre ton contre ces menteurs qui abusent du nom de Dieu : « Ecoute, ô Hananias, » dit Jérémie (1), la parole que je t'annonce, et » que j'annonce à tout le peuple. Les prophètes qui ont été devant nous dès le commencement, >> et qui ont prophétisé le bien ou le mal aux na» tions et aux royaumes, lorsque leurs paroles » ont été accomplies, on a vu qu'ils étoient des prophètes que le Seigneur avoit véritablement » envoyés. Et la parole du Seigneur fut adressée » à Jérémie : Va et dis à Hananias: Voici ce que » dit le Seigneur : Tu as brisé des chaînes de » bois, en signe de la délivrance future du peuple, >> et tu les changeras en chaînes de fer : j'aggra» verai le joug des nations à qui tu annonceras la » paix. Et le prophète Jérémie dit au prophète » Hananias: Ecoute, ô Hananias, le Seigneur ne » t'a pas envoyé, et tu as fait que le peuple a >> mis sa confiance dans le mensonge: pour cela, » dit le Seigneur, je t'ôterai de dessus la face de » la terre; tu mourras cette année, parce que tu >> as parlé contre le Seigneur et le prophète » Hananias mourut cette année, au septième » mois ». Ainsi méritoit d'être confondu celui qui trompoit le peuple au nom du Seigneur; et le peuple n'avoit plus qu'à ouvrir les yeux.

Les interprètes de la Réforme ne valent pas Les inter- mieux que ses prophètes. L'Apocalypse et les

prètes ne va

(Jer. xxvIII. 7 et seq.

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