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LXXV.

Pour fer

synode des

de recourir à

loir non plus se séparer de l'Eglise catholique, devoient se soumettre à son concile.

:

Il ne faut pas oublier une réponse que fit tout mer la bou- un synode de la province de Hollande au décliche aux Re- natoire des Remontrans. C'est le synode tenu à montrans,un Delpht un peu avant celui de Dordrect (1). Les Calvinistes Remontrans objectoient que le synode qu'on vouest contraint loit assembler contre eux ne seroit pas infaillible l'assistance comme l'étoient les apôtres, et ainsi ne les liedu S. Esprit roit pas dans leur conscience. Il falloit bien promise aux conciles. avouer cela, ou nier tous les principes de la Réforme mais après l'avoir avoué, ceux de Delpht ajoutent ces mots (2) : « Jésus-Christ qui a promis >> aux apôtres l'esprit de vérité dont les lumières » les conduiroient en toute vérité, a aussi promis » à son Eglise d'être avec elle jusqu'à la fin des » siècles (3), et de se trouver au milieu de deux » ou trois qui s'assembleroient en son nom (4) », d'où ils concluoient un peu après « que lorsqu'il » s'assembleroit de plusieurs pays des pasteurs » pour décider selon la parole de Dieu ce qu'il » faudroit enseigner dans les Eglises, il falloit >> avec une ferme confiance se persuader que » Jésus-Christ seroit avec eux selon sa promesse ». Les voilà donc enfin obligés à reconnoître deux

LXXVI.

nir à la doc

C'est reve- promesses de Jésus-Christ pour assister aux jugetrine catho- mens de son Eglise. Or les Catholiques n'ont jalique. mais eu d'autre fondement pour croire l'Eglise

infaillible. Ils se servent du premier passage pour
montrer qu'il est toujours avec elle considérée
(1) 24. Oct. 1618. (2) Syn. Delph. int. Act. Dord. Sess. 26
(3) Matth. XXVIII. 20. →→→→ (4) Ibid. xvii. 20.

P.86.

dans son tout. Ils se servent du second pour faire voir qu'on devroit tenir pour certain qu'il seroit au milieu de deux ou de trois, si on étoit assuré qu'ils fussent vraiment assemblés au nom de Jésus-Christ. Or ce qui est douteux de deux ou trois qui se seroient assemblés en particulier, est certain à l'égard de toute l'Eglise lorsqu'elle est assemblée en corps on doit donc alors tenir pour certain que Jésus-Christ y est par son esprit, et ainsi que ses jugemens sont infaillibles; ou qu'on nous dise quel autre usage on peut faire de ces promesses dans le cas où les applique le synode de Delpht.

On fait es

ménique.

Il est vrai que c'est dans le corps de l'Eglise LXXVII. universelle et de son concile œcuménique qu'on pérer aux Retrouve l'accomplissement assuré de ces promesses. montrans un C'étoit aussi à un tel concile que les Remontrans concile acuavoient appelé. On leur avoit répondu « qu'il étoit » douteux si et quand on pourroit convoquer ce >> concile œcuménique; qu'en attendant le natio>>nal convoqué par les Etats seroit comme cecu» ménique et général, puisqu'il seroit composé » des députés de toutes les Eglises réformées; » que s'ils se trouvoient grevés par ce synode na» tional, il leur seroit libre d'en appeler au con» cile œcuménique, pourvu qu'en attendant ils » obéissent au concile national (1) ».

<

LXXVIII. Illusion de cette pro

La réflexion qu'il faut faire ici, est que parler de concile œcuménique, c'étoit parmi les nouveaux Réformés un reste du langage de l'Eglise. messe. Car que vouloit dire ce mot dans ces nouvelles

(1) Præf. ad Ecc. ant. Syn. Dor.

voit retou

Eglises? Elles n'osoient pas dire que les députés de toutes les Eglises réformées fussent un concile œcuménique représentant l'Eglise universelle. C'étoit, dit-on, non pas un concile œcuménique, mais comme un concile œcuménique. De quoi devoit donc être composé un vrai concile œcuménique? Y falloit-il avec eux les Luthériens qui les avoient excommuniés? ou les Catholiques? ou enfin quelles autres Eglises? C'est ce que les Calvinistes ne savoient pas; et en l'état où ils s'étoient mis en rompant avec tout le reste des chrétiens, ce grand nom de concile œcuménique, si vénérable parmi les chrétiens, n'étoit plus pour eux qu'un nom en l'air, auquel il ne répondoit aucune idée dans leur esprit.

LXXIX. La dernière observation que j'ai à faire pour Résolution du synode, la procédure regarde les Confessions de foi et les qu'on pou- Catéchismes reçus dans les Provinces-Unies. Les synodes provinciaux obligèrent les Remontrans Confessions à y souscrire: ceux-ci le refusèrent absolument, de foi, et en parce qu'ils crurent qu'il y avoit des principes même temps d'où suivoit assez clairement la condamnation de obligation d'y souscri- leur doctrine. On les avoit traités d'hérétiques et

cher aux

re.

de schismatiques sur ce refus; et néanmoins on étoit d'accord dans les synodes provinciaux (1); et il fut expressément déclaré dans le synode de Dordrect que ces Confessions de foi, loin de passer pour une règle certaine, pouvoient être examinées de nouveau; de sorte qu'on obligeoit les Remontrans à souscrire à une doctrine de foi, même sans y croire.

(1) Syn. Delph. int. act. Dord. Sess. 25, p. 91. Sess. 32, p. 123.

LXXX.

Décret des

Prétendus

au

Dordrect.La

nue comme

1620.

Nous avons déjà observé ce qui est marqué dans les actes, que les canons du synode contre les Remontrans furent établis avec un consente- Réformés de ment unanime de tous les opinans, sans en ex- France synode de cepter un seul (1). Les Prétendus Réformés de Charenton " France n'avoient pas eu permission de se trouver pour approuà Dordrect, quoiqu'ils y fussent invités : mais ils ver celui de en reçurent les décisions dans leurs synodes na- certitude du tionaux, et entre autres dans celui de Charenton salut reconen 1620, où l'on en traduisit en français tous les le point princanons; et la souscription en fut ordonnée avec cipal. serment en cette forme : « Je reçois, approuve >> et embrasse toute la doctrine enseignée au sy» node de Dordrect comme entièrement con» forme à la parole de Dieu et Confession de foi » de nos Eglises : la doctrine des Arminiens fait >> dépendre l'élection de Dieu de la volonté des » hommes, ramène le paganisme, déguise le pa» pisme, et renverse toute la certitude du sa» lut (2) ». Ces derniers mots font connoître ce qu'on jugeoit de plus important dans les décisions de Dordrect; et la certitude du salut y paroît comme un des caractères des plus essentiels du calvinisme.

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Nouvelle souscription dasynode de Dordrect par

Encore tout nouvellement la première chose LXXXI. qu'on a exigée des ministres de ce royaume réfugiés en Hollande dans ces dernières affaires de la religion, a été de souscrire aux actes du synode de Dordrect; et tant de concours, tant de ser- de France. mens, tant d'actes réitérés semblent faire voir qu'il n'y a rien de plus authentique dans tout ce parti.

(1) Sess. 125, 130. Præf. ad Eccl.➡ (2) Syn, de Char. c. 23.

les Réfugiés

LXXXII.

Le décret même du synode montre l'impor Par le dé- tance de cette décision, puisque les Remontrans

cret du sy

drect les Re

montrans de

node de Dor- y sont privés «< du ministère, de leurs chaires de professeurs en théologie, et de toutes autres meurent dé- » fonctions tant ecclésiastiques qu'académiques, posés et ex- » jusqu'à ce qu'ayant satisfait à l'Eglise, ils lui

communiés.

LXXXIII.
Les déci-

sentielles.

Sentimens

Jurieu.

>> soient pleinement réconciliés et reçus à sa com

» munion (1) » ce qui montre qu'ils étoient traités d'excommuniés, et que la sentence d'excommunication portée contre eux dans les Eglises et synodes particuliers étoit confirmée; après quoi le synode supplie les Etats de ne souffrir pas qu'on enseigne «< une autre doctrine que celle » qui venoit d'être définie, et d'empêcher les hé» résies et les erreurs qui s'élevoient » : ce qui regarde manifestement les articles des Arminiens, qu'on avoit qualifiés d'erronés et de sources d'erreurs cachées.

Toutes ces choses pourroient faire voir qu'on a regardé ces articles comme fort essentiels à la drect peu es- religion. Cependant M. Jurieu nous apprend bien le contraire: car, après avoir supposé que l'Eglise du ministre romaine du temps du concile de Trente étoit du moins dans les sentimens des Arminiens, il poursuit ainsi (2): « Si elle n'eût point eu d'autres >> erreurs, nous eussions très-mal fait de nous en » séparer : il eût fallu tolérer cela pour le bien » de la paix, parce que c'est une Eglise dont >> nous faisions partie, et qui ne s'étoit pas con» fédérée pour soutenir la grâce selon la théolo

>>

(1) Sent. Syn. de Remonst. Sess. 138, p. 280. PEgl. l. 2, c. 3, p. 255.

(3) Syst. de

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