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XCI.

node de Dor

pour être fidèle doive s'assurer qu'il n'a point à craindre la damnation, dans quelque crime qu'il se plonge; encore moins qu'il soit assuré d'y conserver la sainteté et la grâce.

Toutes les fois que nos Réformés désavouent ces dogmes impies, louons-en Dieu, et sans disputer davantage, prions-les seulement de considérer que le Saint-Esprit ne pouvoit pas être en ceux qui les ont enseignés, et qui ont fait consister une grande partie de la Réforme dans de si indignes idées de la justice chrétienne.

Il résulte néanmoins de là qu'après tout ce Que le sy grand synode a été inutile, et qu'il ne guérit ni drect ne gué- les peuples, ni les pasteurs mêmes pour qui prinrit de rien, et cipalement il a été fait; puisque ce qu'on appelle que malgré ses décrets pelagianisme dans la Réforme, qui est ce que le M. Jurieu est synode a voulu détruire, demeure en son entier: Pélagien.

car je demande qui est guéri de ce mal? Ce n'est pas déjà ceux qui n'en croient pas le synode; et ce n'est non plus ceux qui le croient car, par exemple, M. Jurieu, qui est de ce dernier nombre, et qui paroît demeurer si ferme dans la confédération, comme il l'appelle, des Eglises calviniennes contre le pélagianisme, au fond ne l'improuve pas, puisqu'il soutient, comme on a vu (1), qu'il n'est pas contraire à la piété. Il ressemble à ces Sociniens, qui interrogés s'ils croient la divinité éternelle du Fils de Dieu, répondent bien qu'ils la croient : mais si on les pousse plus loin, ils disent que la croyance contraire, au fond

(1) Ci-dessus, n. 83, 84, 87.

n'est

n'est pas opposée à la piété et à la vraie foi. Ceuxlà sont vrais ennemis de la divinité du Fils de Dieu, puisqu'ils en tiennent le dogme pour indifférent : M. Jurieu est Pélagien, et ennemi de la grâce dans le même sens.

XCII.

Autre parole pélagienne du même mi

En effet, quel est le but de cette parole : Dans les exhortations il faut nécessairement parler à la pélagienne? Ce n'est pas là le discours d'un théologien ; puisque si le pélagianisme est une hérésie nistre, et ses qui rende inutile la croix de Jésus-Christ, comme contradicpitoyables on l'a tant prêché même dans la Réforme (1), il tions. en faut être éloigné jusqu'à l'infini dans l'exhortation, loin d'y en conserver la moindre tein

ture.

Ce ministre ne s'entend pas mieux lorsqu'il excuse les Pélagiens ou les semi-Pélagiens de la Confession d'Ausbourg avec les Arminiens qui en suivent les sentimens, sous prétexte que « pen»dant qu'ils sont semi-Pélagiens de parole et » pour l'esprit, ils sont disciples de saint Au>> gustin pour le cœur (2) » : car ne sait-il pas que l'esprit gâté a bientôt corrompu le cœur? On est trop attaché à l'erreur quand on ne se réveille pas lors même que la vérité nous est présentée, principalement par un synode de toute la communion dont on est.

Quand donc M. Jurieu dit d'un côté que le pélagianisme ne damne pas (3), et (3), et que de l'autre on ne rendra jamais de vrais chrétiens et de vrais dévots, Pélagiens et semi-Pélagiens (4), tout subtil

(1) Meth. Sect. 15, p. 131.- (2) Meth. Sect. 14, p. 113, 114.

(3) Ci-dessus, n. 83, 84, 87. ——— (4) Meth. Sect. 15, p. 113, 121.
BOSSUET. XX.
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XCIII.

Que ce mi

nistre retom

théologien qu'il est, il ne pouvoit pas montrer plus clairement qu'il ne songe pas à ce qu'il dit, et qu'en voulant tout sauver, on perd tout.

Il croit aussi avoir évité ces excès de faire Dieu auteur du péché, où il prétend qu'on ne tombe be dans les plus dans son parti depuis cent ans (1), et il y reexcès des Ré- tombe lui-même dans le même livre, où il prétend

formateurs

du péché.

sur la cause montrer qu'on les évite. Car enfin tant qu'on ôtera au genre humain la liberté de son choix, et qu'on croira que le libre arbitre subsiste avec une entière et inévitable nécessité, il sera toujours véritable que ni les hommes ni les anges prévaricateurs n'ont pas pu ne pas pécher; et qu'ainsi les péchés où ils sont tombés sont une suite nécessaire des dispositions où leur Créateur les a mis. Or M. Jurieu est de ceux qui laissent en leur entier cette inévitable nécessité, lorsqu'il dit que nous ne savons de notre ame, sinon qu'elle pense, et qu'on ne peut pas définir ce qu'il faut qu'il faut pour étre libre (2). Il avoue donc qu'il ignore si ce n'est point cette inévitable et fatale nécessité qui nous entraîne au mal comme au bien, et il se replonge dans tous les excès des premiers Réformateurs, dont il se vante qu'on est sorti depuis un siècle.

Pour éviter ces terribles inconvéniens, il faut du moins savoir croire, si on n'est pas parvenu jusqu'à l'entendre, qu'on ne peut admettre sans blasphême, et sans faire Dieu auteur du péché, cette invincible nécessité que les Remontrans ont reprochée aux Prétendus Réformateurs, et dont le synode de Dordrect ne les a pas justifiés.

(1) Ci-dessus, n. 4. — (2) Meth. Sect. 15, 129, 130.

XCIV. Connivence du synode

Et en effet, je remarque qu'on ne dit rien dans tout le synode contre ces damnables excès. On a voulu épargner les Réformateurs, et sauver d'un de Dordrect, blâme éternel les commencemens de la Réforme. non seule · Mais du moins il ne falloit pas ménager les ment sur ces Remontrans, qui opposoient aux excès des Réfor- tendus Rémateurs des excès qui n'étoient pas moins criminels.

On imprima en Hollande en 1618, un peu devant le synode, un livre avec ce titre : Etat des controverses des Pays-bas, où l'on fait voir que c'étoit la doctrine des Remontrans; qu'il pouvoit survenir à Dieu quelques accidens; qu'il étoit capable de changement; que sa prescience sur les événemens particuliers n'étoit pas certaine; qu'il agissoit par discours et par conjecture en tirant comme nous une chose de l'autre (1) : et d'autres erreurs infinies de cette nature, où l'on prenoit le parti de ces philosophes, qui, de peur de blesser notre liberté, ôtoient à Dieu sa prescience. On faisoit voir qu'ils s'égaroient jusqu'à faire Dieu corporel, jusqu'à lui donner trois essences; et le reste, qu'on peut apprendre de ce livre qui est très-net et très-court. Ce livre fut composé pour préparer au synode qu'on alloit tenir la matière de ses délibérations : mais on n'y parla point de toutes ces choses, ni de beaucoup d'autres aussi essentielles que les Remontrans remuoient. On fut seulement soigneux de conserver les articles qui étoient particuliers au calvinisme, et on eut

(1) Specim. Controv. Belg. ex offic. Elzev. p. 2, 4, 7, etc.

excès des Pré

formateurs mais encore

sur ceux des Remontrans.

XCV.

Charenton,

munion. 1631.

plus de zèle pour ces opinions que pour les principes essentiels du christianisme.

Les complaisances que nous avons vu qu'on Décret de avoit pour les Luthériens n'en obtenoient rien où les Luthé- pour l'union, et ils persistoient à tenir tout le riens sont re- parti des Sacramentaires pour excommunié. Ençus à la comfin les Prétendus Réformés de France, dans leur synode national de Charenton, firent ce décret mémorable, où ils déclarent «< que les Allemands >> et autres suivant la Confession d'Ausbourg, >> attendu que les Eglises de la Confession d'Aus» bourg conviennent avec les autres Réformés >> aux principes et points fondamentaux de la » vraie religion, et qu'il n'y a en leur culte ni » idolâtrie, ni superstition, pourront, sans faire

XCVI.

Conséquen

cret.

abjuration, être reçus à la sainte table, à >> contracter mariage avec les fidèles de notre » Confession, et à présenter comme parrains des » enfans au Baptême, en promettant au consis>>toire qu'ils ne les solliciteront jamais à contre>> venir directement ou indirectement à la doc>> trine reçue et professée en nos Eglises, mais se >> contenteront de les instruire dans les principes » desquels nous convenons tous ».

ni au

En conséquence de ce décret, il a fallu dire ces de ce dé que la doctrine de la présence réelle prise en elle-même n'a aucun venin; qu'elle n'est pas contraire « à la piété ni à l'honneur de Dieu, >> bien des hommes; qu'encore que l'opinion des >> Luthériens sur l'Eucharistie induise aussi bien celle de Rome la destruction de l'huma» nité de Jésus-Christ: cette suite néanmoins ne

» que

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