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LXVIII.

Les Suisses

sont les plus

tous les dé

Je dois donc ce témoignage aux Zuingliens, que leur Confession de foi est la plus naturelle et la plus simple de toutes; ce que je dis, non-seu- sincères de lement à l'égard du point de l'Eucharistie, mais à l'égard de tous les autres : et en un mot, de toutes les Confessions de foi, que je vois dans le parti protestant, celle de 1566 est, avec tous ses défauts, celle qui dit le plus nettement ce qu'elle veut dire.

Parmi les Polonais séparés de la communion romaine, il y en avoit quelques-uns qui défendoient le sens figuré et ceux-ci avoient souscrit en l'an 1567 la Confession de foi que les Suisses avoient dressée l'année précédente. Ils s'en contentèrent trois ans durant: mais en l'an 1570 ils jugèrent à propos d'en dresser une autre dans un synode tenu à Czenger, qu'on trouve dans le recueil de Genève, où ils s'expliquent d'une façon fort particulière sur la Cène (1).

Ils condamnent la réalité, et selon la réverie des Catholiques, qui disent que le pain est changé au corps, et selon la felie des Luthériens qui mettent le corps avec le pain (2): ils déclarent particulièrement contre les derniers, que la réalité qu'ils admettent ne peut subsister sans un changement de substance, tel que celui qui arriva dans les eaux d'Egypte, dans la verge de Moïse, et dans l'eau des noces de Cana: ainsi ils reconnoissent clairement que la transsubstantiation est nécessaire, même selon les principes des Luthériens.

(1) Synod. Czeng. Synt. Conf. part. I. pag. 148. (2) Cap. de Coen. Dom. p. 153.

fenseurs du sens figuré.

LXIX. Confession remarquable des Polonais

zuingliens, où les Luthémaltraités.

riens sont

1570.

Ils témoignent tant d'horreur pour eux, qu'ils ne leur donnent point d'autre nom que celui de mangeurs de chair humaine, leur attribuant toujours une manière de communier charnelle et sanglante, comme s'ils dévoroient de la chair crue. Après avoir condamné les Papistes et les Luthériens, ils parlent d'autres errans qu'ils appellent Sacramentaires. « Nous rejetons, disent»>ils (1), la rêverie de ceux qui croient que la » Cène est un signe vide du Seigneur absent ». Par ces mots ils en veulent aux Sociniens, comme à des gens qui introduisent une Cène vide; quoiqu'ils ne puissent montrer que la leur soit mieux remplie, puisqu'on ne trouve partout, à l'égard du corps et du sang, que signes, commémoration et vertu (2). Pour mettre quelque différence entre la Cène zuinglienne et la socinienne, ils disent premièrement que la Cène n'est pas la seule mémoire de Jésus-Christ absent, et ils font un chapitre exprès de la présence de Jésus-Christ dans ce mystère (3). Mais, en la voulant expliquer, ils s'embarrassent de termes qui ne sont d'aucune langue, et que je ne puis traduire en la nôtre, tant ils sont étranges et inouis. C'est, disent-ils, que Jésus-Christ est présent dans la Cène, et comme Dieu et comme homme. Comme Dieu,、 enter, præsenter: traduise ces mots qui pourra : par sa divinité Jehovale, c'est-à-dire, en termes vulgaires, par sa divinité proprement dite et exprimée par le nom incommunicable, comme la

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(1) Cap. de Sacramentariis, p. 155. — (2) Ibid. p. 153, 154. — Cap. de Præf. in Coen. p. 155.

vigne dans les sarmens, et comme le chef dans les membres. Tout cela est vrai, mais ne sert de rien à la Cène, où il s'agit du corps et du sang. Ils en viennent donc à dire que Jésus-Christ est présent comme homme en quatre manières. << Premièrement, disent-ils (1), par son union » avec le Verbe, en tant qu'il est uni au Verbe » qui est partout. Secondement, il est présent » dans sa promesse par la parole et par la foi, » se communiquant à ses élus comme la vigne se >> communique à ses branches, et la tête à ses » membres, quoiqu'éloignés d'elle. Troisième» ment, il est présent par son institution sacra» mentelle et l'infusion de son Saint-Esprit. Qua» trièmement, par son office de dispensateur, ou » par son intercession pour ses élus ». Ils ajoutent qu'il n'est pas présent charnellement, ni localement; ne devant être corporellement que dans le ciel jusqu'au jour du jugement universel.

LXX.

L'ubiquité enseignée par les Polo

nais zuin

De ces quatre manières de présence, les trois dernières sont assez connues parmi les défenseurs du sens figuré. Mais pourront-ils nous faire entendre ce que veut dire la première dans leur sentiment? Ont-ils jamais enseigné, comme font gliens. les Polonais de leur communion, que Jésus-Christ « fût présent comme homme à la Cène par son » union avec le Verbe, à cause que le Verbe est présent partout? » C'est le raisonnement des Ubiquitaires, qui attribuent à Jésus-Christ d'être partout, même selon la nature humaine : mais cette rêverie des Ubiquitaires n'est soutenue que (1) Pag. 15.

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LXXI.

Leur ac

parmi les Luthériens. Les Zuingliens et les Calvinistes la rejettent, aussi bien que les Catholiques. Cependant les Zuingliens polonais empruntent ce sentiment; et n'étant pas pleinement contens de la Confession zuinglienne qu'ils avoient souscrite, ils y ajoutent ce nouveau dogme.

Ils firent plus, et la même année ils s'unirent cord avec les avec les Luthériens, qu'ils venoient de condamner Luthériens comme des hommes grossiers et charnels, comme et les Vau- des hommes qui enseignoient une communion

dois,

cruelle et sanglante. Ils recherchèrent leur communion; et ces mangeurs de chair humaine devinrent leurs frères. Les Vaudois entrèrent dans cet accord; et tous ensemble s'étant assemblés à Sendomir, ils souscrivirent ce qui avoit été résolu sur l'article de la Cène dans la Confession de foi qu'on appeloit Saxonique.

Mais pour mieux entendre cette triple union des Zuingliens, des Luthériens et des Vaudois, il faut savoir ce que c'est que ces Vaudois qu'on trouve alors dans la Pologne. Il est bon aussi de connoître ce que c'est en général que les Vaudois, puisqu'à la fin ils sont devenus Calvinistes, et que plusieurs Protestans leur font tant d'honneur, qu'ils assurent même que l'Eglise persécutée par le Pape a conservé sa succession dans cette société: erreur si grossière et si manifeste, qu'il faut tâcher une bonne fois de les en guérir.

LIVRE XI.

Histoire abrégée des Albigeois, des Vaudois, des Viclefistes et des Hussites. .

SOMMAIRE.

Histoire abrégée des Albigeois et des Vaudois. Que ce sont deux sectes très-différentes. Les Albigeois sont de parfaits Manichéens. Leur origine est expliquée. Les Pauliciens, branche des Manichéens en Arménie, d'où ils passent dans la Bulgarie, de là en Italie et en Allemagne où ils ont été appelés Cathares, et en France où ils ont pris le nom d'Albigeois. Leurs prodigieuses erreurs et leur hypocrisie sont découvertes par tous les auteurs du temps. Les illusions des Protestans qui tâchent de les excuser. Témoignage de saint Bernard, qu'on accuse mal-à-propos de crédulité. Origine des Vaudois. Les ministres les font en vain disciples de Bérenger. Ils ont cru la transsubstantiation. Les sept Sacremens reconnus parmi eux. La confession et l'absolution sacramentale. Leur erreur est une espèce de donatisme. Ils font dépendre les sacremens de la sainteté de leurs ministres, et en attribuent l'administration' aux laïques gens de bien. Origine de la secte appelée des Frères de Bohême. Qu'ils ne sont point Vaudois, et qu'ils méprisent cette origine. Qu'ils ne sont point disciples de Jean Hus, quoiqu'ils s'en vantent. Leurs députés envoyés par tout le monde pour y chercher des chrétiens de leur croyance, sans en pouvoir trouver. Doctrine impie de Viclef.

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