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buées entre les citoyens, de manière que chacun d'eux se borne à connaître ses droits et ses devoirs, sans s'occuper de ceux d'autrui.

Mais les lois du voisinage ne doivent être étrangères à aucune de ces conditions, parce que chacune d'elles y est assujettie, comme on le verra dans le cours de cet ouvrage aux articles: Arts et Métiers, Bruits, Décombres, Enseignes, Incendies, Moulins, Odeurs, etc.

On peut vivre long-temps sans avoir été ni homme de loi, ni financier, ni marchand, ni cultivateur, ni propriétaire foncier, mais on ne peut pas vivre quelques jours sans être voisin, ou sans en avoir. C'est la première qualité qu'on acquiert dans le monde, et qui se déclare au moment de la naissance de l'homme en société, pour le suivre jusqu'au tombeau.

Dans quelque situation que se trouve l'habitant de ville ou de campagne, il est en contact avec d'autres hommes, soit par sa personne, soit par son habita

tion, soit par ses propriétés.

Les lois de voisinage l'environnent de toutes parts, et leur présence se manifeste dans toutes les époques

de sa vie.

Elles prennent l'homme à sa première apparition, et lui assignent un rang dans la société (1). Elles assurent un tuteur à l'orphelin (2), protègent sa jeunesse contre des exemples corrupteurs (3).

(1) Voyez les réglemens sur la déclaration des Naissances.

(2) Voyez le § Tutelle.

(3) Voyez les §§ Bains, Femmes publiques, Maisons de jeux, Mauvais lieux.

Dans l'âge de la raison, elles défendent son industrie contre l'artifice d'un concurrent jaloux (1), et ses propriétés foncières contre les entreprises d'un usurpateur (2), ou contre le ravage des flammes et des eaux (3).

Pendant la nuit, elles maintiennent la tranquillité de son sommeil (4), et pendant le jour, l'exercice de ses occupations (5). Elles veillent à la sûreté de sa personne, par des mesures salutaires, contre la ruine d'un bâtiment (6), les dangers d'une navigation imprudente (7), et la communication d'une atmosphère dépravée (8).

Leur sollicitude paternelle vient au secours du voyageur égaré dans les forêts (9), le suit dans les lieux isolés (10) aussi bien que sur les grandes routes (11), Elles protègent le pauvre contre l'égoïsme du riche, et le riche contre l'avidité du pauvre (12).

Si la qualité de voisin est la première que l'homme en société acquiert, elle est aussi la dernière dont il est privé. Elle lui survit, même au fond de la tombe; et lorsqu'il a cessé d'exister, les lois du voisinage en

(1) Voyez les SS Boutiques, Enseignes, Marchands. (2) Voyez les SS Anticipation, Arbres, Bornes.

(3) Voyez les $$ Cheminées, Incendies, Inondations.

(4) Voyez le § Bruits nocturnes.

(5) Voyez les SS Bruit, Moulins.

(6) Voyez le § Bâtimens en péril.

(7) Voyez les §§ Abordage de vaisseau, Naufrage, Navigation.

(8) Voyez le § Épidémie.

(9) Voyez le § Inscriptions.

(10) Voyez le § Secours. (11) Voyez le § Moulins.

S

(12) Voyez les SS Chaume, Glanage.

veloppent ses restes inanimés, et leur préparent un asyle (1).

III. Un autre avantage de la matière du voisinage est de se trouver en rapport avec une multitude d'autres parties de la jurisprudence; ce qui m'a fourni l'occasion de les discuter transitoirement, et de raviver des principes dont le souvenir est précieux.

C'est ainsi qu'on trouvera disséminés, dans cet ouvrage, des articles qui, paraissant au premier coupd'œil étrangers au sujet, seront bientôt reconnus pour en être inséparables.

Tels sont les articles: Abeilles, Accaparement, Accrues, Alignements, Alluvion, Attérissement, Ban, Bois, Chemins, Colombiers, Délits de bestiaux, Dénonciation de nouvel oeuvre, Etang, Eté, Fermes abandonnées, Garennes, Incendie, Location, Marais, Mitoyenneté, Moulins, Naufrage, Navigation, Parcours, Passages, Pâturages, Prescription, Prise d'eau, Réparations, Rivage de la mer, Rwières, Scopélisme, Sépultures, Servitudes, Terres abandonnées, Tertre, Usages, Usufruit, Varech, Voies de fait.

En suivant ainsi mon sujet dans toutes ses ramifications, je me flatte d'avoir donné à cet ouvrage tout le développement dont il était susceptible.

IV. Un pareil travail a exigé l'emploi d'un grand nombre de matériaux.

D'abord, il faut placer en tête le Code Napoléon,

() Voyez le S Sepulture.

autorité imposante, et qui aurait dispensé de toutes les autres, s'il eût embrassé tous les détails: mais par la nature même de son plan, il a dû laisser de côté une grande quantité d'articles qui restaient sous le domaine des réglemens de police, du Code rural, du système administratif, etc.

A l'égard des objets qui étaient du ressort du Code, il y en a plusieurs sur lesquels il s'est expliqué d'une manière formelle et précise, et qui ne m'ont laissé que la peine de les citer.

D'autres qui ont été indiqués sommairement, et de manière à rendre leur développement indispensable. Enfin, il y a quelques articles qui ont été omis, effet inévitable d'un travail de longue haleine, qui ne permet pas de saisir une foule de détails souvent minutieux.

Ces lacunes m'imposant l'obligation de recourir à d'autres ressources, pour les combler j'ai puisé dans : 1.o Les édits, ordonnances et déclarations des rois de France;

2.o Les coutumes et statuts locaux;

3. Les décrets impériaux et avis du Conseil d'Etat;

4. Les arrêts des cours souveraines, jugemens des tribunaux, ordonnances des intendants et des juges de police;

5. Les décisions des auteurs les plus accrédités; 6.° Je n'ai pas dédaigné les lois étrangères lorsqu'elles m'ont fourni quelque nouveau point d'appui ou de comparaison.

Comme je n'ai cherché autre chose qu'à peindre la

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raison et la sagesse, partout où j'ai trouvé des traits qui leur fussent propres, je m'en suis emparé, sans acception de temps, de pays, de gouvernement, de lieux et de personnes.

7.o Les lois promulguées durant les premières années de la révolution n'ont, dans mon ouvrage, qu'un emploi subalterne, parce qu'elles sont pour la plupart insignifiantes, et n'ont presque point abordé

cette matière.

Néanmoins quand, parmi la vaste collection des lois révolutionnelles, j'ai discerné quelques dispositions qui portaient un caractère digne de la nation française, je me suis fait un devoir de les offrir à la mémoire du lecteur.

8. Mais un trésor qui m'a fourni le plus, et que je n'ai cessé de mettre à contribution, c'est le droit romain, source intarissable de lumières, monument éternel de SAGESSE, espèce de RÉSERVE et de conservatoire, où les peuples égarés par leurs dissensions civiles doivent aller retremper leur raison émoussée.

Un avantage inappréciable des lois romaines, et qui assure la perpétuité de leur domination, c'est de n'être pas renfermées dans des dispositions locales et temporaires; ce qui s'y trouve est de tous les temps, de tous les lieux; par-tout où il y aura des hommes rassemblés en corps de nation, le droit romain leur conviendra.

Un autre caractère précieux, c'est d'être universelles, et d'embrasser dans leur prévoyance tous les cas, toutes les questions, et toutes les situations qui

sont le résultat d'une association civilisée.

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