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DU

DROIT DE L'ÉGLISE

TOUCHANT

LA POSSESSION DES BIENS DESTINÉS AU CULTE

ET

LA SOUVERAINETE TEMPORELLE DU PAPE

La civilisation moderne, inaugurée par la révolution de 1789, regardant la civilisation chrétienne comme n'étant plus de notre temps, ne se contente pas d'avoir sécularisé les lois politiques et civiles qui règlent les droits respectifs du citoyen, de la famille, de la nation et de la société : ne tenant aucun compte des bienfaits du christianisme, si ce n'est peut-être en ce qui concerne le devoir de rendre à César ce qui est à César, c'est-à-dire de payer les impôts établis par les gouvernements, elle cherche à soumettre au pouvoir de l'État les institutions les plus sacrées, et généralement tout ce qui se rapporte au culte extérieur de la religion, ne laissant à l'Église que le droit, heureusement insaisissable, de statuer sur les choses purement

spirituelles. C'est au nom de cette prétendue civilisation, c'est au nom du progrès et de la société moderne, qu'on a contesté et que l'on conteste à l'Église catholique le droit d'acquérir et de posséder des biens-fonds et même des biens meubles, et au Pape le droit de gouverner en souverain les États qui, d'après les intentions des fondateurs, forment le patrimoine de Jésus-Christ et de son représentant sur la terre.

Afin de tromper la religion des peuples, les partisans de ce système affectent le plus grand respect pour la personne et le pouvoir spirituel du chef de l'Église; mais quoique leurs opinions soient aussi contraires aux lois de la religion qu'aux lois de la justice, ils ne craignent pas d'affirmer et de soutenir qu'elles sont plus conformes aux maximes de l'Évangile et à l'esprit du Sauveur du monde que la doctrine du Saint-Siége et du monde catholique; que les richesses du clergé et la souveraineté temporelle des Papes sont plus nuisibles qu'utiles au succès du ministère apostolique. A les entendre, eux seuls comprendraient bien la religion; ils sauraient mieux ce qui convient à l'Église de Jésus-Christ que l'Église ellemême eux seuls, par conséquent, seraient de vrais catholiques.

Nous ne nous proposons pas de réfuter directement les erreurs de ces prétendus catholiques; car ils sont du nombre de ceux qui ont des yeux et ne veulent pas voir, qui ont des oreilles et ne veulent pas entendre, qui ont de l'intelligence et ne veulent pas comprendre, comme s'ils craignaient de connaître la vérité et

de faire le bien. Nous ne nous appliquerons pas non plus à démontrer par l'histoire des rois et des monarques, des empires et des républiques, que les gouvernements ne peuvent usurper les domaines de l'Église, ni en permettre ou favoriser l'usurpation sans affaiblir et amoindrir notablement chez les peuples la notion du juste et de l'injuste, sans compromettre par là même la prospérité des nations, qui ne fleurissent qu'en pratiquant la justice: Justitia elevat gentem, miseros autem facit populos peccatum (1).

Le but que nous avons en vue est de rappeler les devoirs du chrétien à ceux des catholiques qui, faute d'être suffisamment instruits en matière de religion, se persuadent trop facilement par suite des discours et des écrits des ennemis du Saint-Siége et de l'épiscopat, qu'il importe peu que l'Église ait des fonds ou n'en ait point; que la souveraineté temporelle n'est nullement nécessaire au Pape; qu'elle est même plutôt contraire que favorable au bien de la religion. Ils ne pensent ainsi, nous aimons à le croire, que parce qu'ils ignorent la croyance et la pratique de l'Église. Ils ne connaissent ni les enseignements des saints Pères, ni les constitutions pontificales, ni les décrets des conciles particuliers et généraux concernant l'origine, la nature et la destination des biens et des droits temporels de l'Église. Car quiconque connaît la doctrine de ceux qui sont établis de Dieu pour enseigner toutes les nations, comprend qu'il y a obligation pour

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