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de leurs sœurs, Jeanne d'Espence, religieuse de l'ordre de Citeaux, qui habitait Argensolles (abbaye fondée près d'Épernay, par la comtesse Blanche de Champagne, en 1221).

On peut se demander de qui provenaient ces propriétés territoriales. Ne seraient-elles pas le fruit d'acquisitions propres faites par le haut fonctionnaire de l'Université! Ici encore les actes du xvr siècle vont nous éclairer.

Par contrat du 5 septembre 1553, scientifique personne maître Claude d'Espence, prêtre, docteur de la Faculté de théologie, prieur commandataire de Saint-Gaond de Troyes, demeurant à Paris, d'une part (il avait deux maisons rue Hautefeuille);

François d'Espence, écuyer, son frère, demeurant au Chastel dudit Espence, et demoiselle Claude de la Marck, sa femme, de lui autorisée, d'autre part (1);

Disant que, le 27 août 1533, décéda Messire Claude d'Espence, chevalier, seigneur du dit lieu, leur père, délaissant dame Yolande des Ursins, leur mère (2), laquelle, depuis lors. avait toujours possédé tous les biens meubles et immeubles, et était décédée le 27 décembre 1552. Ces biens patrimoniaux étaient restés communs entre les deux frères. Le partage altribue à Maître Claude les terres et seigneuries de LaulnoyRegnault, Replonge, Soisy-au-Bois, Noirlieu, avec les étangs et dépendances, etc.

A François, les terres et seigneuries d'Espence, Bignicourt, Braux, etc. (Bibl. nat., fonds d'Hozier, no 223).

En outre, nous avons le contrat de mariage de Louis de Proisy, écuyer, baron de la Bove et de Montchalon, accordé,

(1) François d'Espence s'est marié deux fois. La Bibliothèque nationale possède son contract de mariage passé à Dixmude, le 24 novembre 1540, et dans lequel son nom est toujours écrit Espance comme sur le sceau. Il y prend la qualification de seigneur de Choisy-au-Bois, en Brie (Soisy); sa femme est damoiselle Loise, fille du noble homme Guillaume Sacquespée, écuyer, seigneur de Dixmude (D. Villevieille, titres origin., 12, fol. 59). C'est en secondes noces que Fr. d'Espence épousa Claude de la Marck.

(2) Yolande était le dixième enfant de Jean Juvenel (1498-1539), nommé aux procès-verbaux de rédaction des Coûtumes de Paris et de Meaux. Sa mère était Louise de Varie. Anselme, Hist. générale, t. VI, p. 405.

le mercredi 12 juillet 1526, à demoiselle Claude d'Espence, fille de Messire Claude d'Espence, chevalier, seigneur d'Espence et de Launai-Regnaut (sic), et de dame Yolande des Ursins, sa femme; - assistée de M. Charles des Ursins, son grand-oncle maternel, seigneur de Neuville-en-Laonois, chevalier de l'Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem et grand-prieur d'Aquitaine; de Maître Charles des Ursins, son oncle maternel, archidiacre de Champagne en l'église de Reims, et prieur de Sainte-Foi (1); et d'Alpin de Bethune, écuyer, baron de Baye et seigneur de Mareuil, beau-frère de ladite Yolande des Ursins. La dot est de 8,000 livres. (Contrat vidimé le 9 nov. 1554; Bibl. nat., ibid.)

Nous trouvons encore une transaction du 26 avril 1553. entre François d'Espence, Maître Claude d'Espence et leur beau-frère Louis de Proisy, baron de la Bove, gouverneur de Guise, représentant sa femme Claude d'Espence, ratifiant l'accord fait entre eux le 27 février 1552, pour le partage des biens de Messire Claude d'Espence, chevalier, et de dame Yolande des Ursins, leurs père et mère, et des successions des nobles personnes Charles, Antoine, Nicolas et Jean d'Espence, leurs frères. (Bibl. nat., fonds d'Hozier, n° 223.)

Après tous ces décès, il restait encore deux autres sœurs: la religieuse Jeanne, dont nous avons déjà parlé, et Louise, qui épousa Nicolas de Roucy, et ensuite Antoine des Marins. (Testam. de Cl. d'E.)

Il est bon de rappeler ces neuf enfants, afin de donner une idée approximative de l'âge de Claude d'Espence, le chevalier mort le 27 août 1533. Il était bien évidemment né au xv° siècle. N'oublions pas que la naissance du recteur Claude remonte à 4511; et quoiqu'une vocation déterminée ait pu le conduire à

(1) Il est mentionné par D. T. Du Plessis, Hist. de l'Egl. de Meaux, I, p. 129, avec la senle date 1514, et il avait eu pour prédécesseur Louis Juvenel des Ursins. Claude d'Espence avait donc succédé à son oncle maternel. A sa mort, le prieuré de Sainte-Foy fut donné à Gui Gaussart, vraisemblablement par le crédit du cardinal de Lorraine à qui le Recteur l'avait vivement recommandé; il l'avait déjà fait nommer prieur de Janville en Beauce dans le courant de l'année 1571.

embrasser la carrière théologique, il semble plus probable qu'il ne l'a adoptée, suivant l'usage de ces temps, que parce qu'il n'était pas l'aîné des garçons de la famille. Son frère Charles l'aurait précédé. Quant à Antoine, nous savons qu'il entra dans l'Ordre de Malte et qu'il fut tué à Zoara, province de Tripoli, pendant l'expédition conduite par Léon Strozzi, prieur de Capoue (1). D'ailleurs, Madame Claude de la Bove était plus âgée que ses frères. (Testam. de Cl. d'E.)

Mais il nous semble que ce n'est pas pour le mari d'Yolande Juvenel des Ursins que fut gravé le sceau recueilli à Nanteuillès-Meaux, bien qu'il en ait probablement fait usage. Le testament qui nous a déjà procuré tant de renseignements utiles va encore nous fournir un moyen de lever la difficulté que le style général du sceau a tout d'abord fait naître pour nous. On y lit : « Item veut et expressément ordonne ledit testateur que la cense de Blanly par lui et François d'Espence, son frère, baillée à feu François de la Salle, à faculté de rachat de 460 livres, soit réservée à la chapelle Saint-Jean-l'Évangéliste, en l'église Sainte-Menehould, parce qu'il la trouve avoir été baillée à ladite chapelle par testament de feu Messire Claude d'Espence, son grand-père, en son vivant chevalier, seigneur dudit lieu (2).

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Voilà bien le personnage du xv siècle que nous cherchions.

François d'Espence, son petit-fils, n'eut qu'une fille unique, nommée Madeleine, qui épousa Alof de Beauvau (avant la mort du recteur, en 1571), et lui porta le nom et les biens de sa famille.

Cf.

(1) Palliot, la Vraie et Parfaite Science des Armoiries, 1660, p. 196. Saint-Allais, Nobil. univ. de France, réimpr. de 1873, t. IV, p. 41. C'est en citant ce chevalier que Palliot décrit les armes de la famille De gueules a trois chèvres couchées d'or; et il ne parle pas de la bordure dentée. Sa gravure d'ailleurs donne les chèvres posées deux et une.

(2) Jean Launoy a reproduit le testament de Cl. d'Espense dans son Regii Navarræ gymnasii parisiensis hist., 1677, in-40, p. 344. Mais il ne faut consulter ce texte qu'avec précaution; car il contient beaucoup de fautes. C'est à Launoy, du reste, que les biographes ont emprunté divers faits relatifs à Cl. d'E., qui n'étaient pas mentionnés dans l'Inscription. Pas un d'eux n'a consulté les documents manuscrits.

En somme, la liste de nos seigneurs peut se résumer ainsi :
Claude Ier, chevalier, xv° siècle.

Claude II, chevalier, mort le 27 août 1533.
Claude III, recteur, mort le 5 octobre 1571.
François d'Espence, écuyer, à partir de 1571.
Madeleine d'Espence et Alof de Beauvau.

Nous ne pouvons pas affirmer que Claude Ir ait été propriétaire en Brie, et encore moins pourrions-nous citer à ce titre le Jean, sire d'Espanse ou d'Espense, dont l'abbé de Marolles. avait retrouvé les sceaux dans les archives des ducs de Nevers (1). Nous ne connaissons ni les armes que portaient ces sceaux, ni la teneur des actes auxquels ils étaient fixés. Il ne serait pas plus prudent de nous occuper, en ce moment, de Girard Toignel, de Jean et Pierre Toignel d'Espence, que citent les notes manuscrites d'Hozier (no 225). Nous n'avons pas sous les yeux leurs documents originaux, et ils n'ont probablement rien possédé en Brie.

Il s'agissait avant tout d'expliquer le type et la légende d'un sceau, perdu, dès le xvr siècle sans doute, sur la route de Coulommiers à Meaux. Si M. Le Blondel trouve que nous avons satisfait sa curiosité, nous croirons avoir suffisamment accompli notre tâche.

(1) Marolles, Inventaire des titres de Nevers, publ. par G. de Soultrait, 1874, in-4: p. 329, layette cotée Mézières, xue-xive siècles, sceau de Jean, sire d'Espances; p. 337, layette cotée Chartres, 1218-1584, sceau de Jean d'Espenses. Il ne faut pas oublier qu'il y a eu dans le comté de Tonnerre une famille d'Espences qui avait pour armoiries, suivant d'Hozier : D'azur à une gerbe d'or, surmonté d'un lévrier du même et d'un croissant d'argent en chef.

SCEAU DE PIERRE POUSSIN

CHANTRE A SENLIS.

(Cet article, écrit en 1877, et destiné aux Comptes rendus et Mémoires du Comité archéologique de Senlis, n'a pas été publié.)

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Je crois devoir signaler à l'attention du comité archéologique une curieuse matrice de sceau que je viens d'examiner chez M. Charvet. Cet objet provient de la collection de feu M. le marquis Édouard de La Grange, membre de l'Institut. et il a été vendu le 20 février dernier, à l'hôtel des commissaires priseurs de la rue Drouot, confondu avec diverses reproductions modernes de sceaux du moyen âge. Son authenticité n'en est pas moins parfaite. Ce sceau n'a pas été décrit dans l'inventaire des sceaux de la Picardie de M. Germain Demay; d'où l'on peut conclure qu'il n'en existe d'empreinte ni aux archives nationales, ni aux archives de l'Oise, dépôts que notre savant confrère a explorés avec soin, et dans les

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