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méreaux de plomb, M. Forgeais arrive par une série d'inductions à conclure que « pour tout ce qui n'était point solde hebdomadaire d'un emploi constant et bien défini, il était assez simple d'avancer au chef d'office un certain nombre de pièces qui le rendaient responsable de toute dépense, et qui pourtant étaient de nulle valeur hors du bureau de l'hôtel. »

Nous avons dit ailleurs avec quel soin MM. Rouyer et Hucher avaient recherché le nom des princesses dont les armoiries se remarquent sur de très anciens jetons (1). M. Forgeais a suivi la voie tracée par ses devanciers, et il attribue à quelques reines des méreaux du service de l'Écurie. Deux pièces portant des armes, parti de France et de Navarre, lui paraissent fabriquées pour la maison de Jeanne de Navarre, femme de Philippe le Bel. Une autre, trouvée au pont au Change en 1860, et sur laquelle on voit, d'un côté une fleur de lis et un lion

avec les caractères IA, et de l'autre deux balles de foin enfermées dans des filets, lui rappelle Jeanne de Bourgogne, femme de Philippe le Long.

Un dernier méreau nous montre, au droit, un coq, au revers, des armes, que l'auteur croit seulement parties de France et Castille, qu'il n'ose cependant pas, dit-il, attribuer à Blanche, mère de saint Louis, et qu'il est tenté de donner à Philippe le Long, alors que ce prince n'était pas comte de Poitou. Mais il faut remarquer que tous les frères de saint Louis portèrent des armes semblables à celles que M. Forgeais décrit, et que, d'ailleurs, le méreau offre, au-dessous du château de Castille, un quartier malheureusement peu distinct qui pourrait contenir les armes de Navarre, car on y voit des points. Louis le Hutin, Charles le Bel, lorsqu'ils étaient rois de Navarre,

(1) Revue num., 1859, p. 199 et suiv. P. 75 et suiv. du t. V. des OEuvres de A. de Longpérier.

Jeanne, femme de Philippe d'Évreux, auraient aussi des droits

à notre souvenir.

Le dernier chapitre du volume publié par M. Forgeais est consacré aux enseignes politiques. Trois médaillons au type du noble-à-la-rose anglais, et un au type de l'écu d'or de Charles VII, se rattachent encore à la numismatique; mais des pièces semblables ont déja été publiées par M. Constant Leber dans l'introduction qu'il a placée en tête de l'ouvrage du docteur Rigollot, intitulé: Monnaies inconnues des évêques des innocents et des fous, et par conséquent sont bien connues des archéologues. La forme des autres enseignes, fort curieuses du reste, les sépare tout à fait de la numismatique, et nous devons nous arrêter là.

Les vignettes que contient ce compte rendu ne fournissent qu'une idée incomplète des cent quarante-deux dessins dont M. Forgeais a orné son ouvrage, car les enseignes et les méreaux de confréries ont de plus belles dimensions que les petits méreaux capitulaires dont il nous a toutefois paru utile de réunir ici une série.

La louable persévérance de M. Forgeais nous donne lieu d'espérer qu'il nous fera connaître prochainement les nouveaux résultats que ces patientes recherches ne peuvent manquer de produire encore.

NOTE

AU SUJET DU

TORSE DE FAUNE DEMI-COLOSSAL

RECONNU PAR M. E. PIOT

PARMI LES RUINES DU THÉATRE DE BACCHUS, A ATHÈNES.

(Extrait du tome V (nouvelle série), 1869, des Comptes rendus de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, pp. 25-26, s. du 5 février.)

Les quatre satyres-atlantes du Louvre ont les jambes modernes, les bras refaits; quelque habileté qu'on suppose chez le sculpteur italien qui les a restaurés, on ne peut parler de leur hauteur totale actuelle qu'à titre de renseignement approximatif. Ces figures, quoique semblables et destinées bien évidemment à décorer un même édifice, ne sont pas exactement pareilles dans leurs petits détails. Cela est bien en accord avec la richesse du génie grec; un artiste de la grande antiquité n'eût pas voulu faire mettre au point par un praticien quatre fois le même modèle.

Nous ne devons donc pas nous attendre à trouver une égalité stricte de dimensions dans les diverses figures qui peuvent provenir du théâtre de Bacchus.

Nous ne pouvons en ce moment faire un grand usage de la statue de Stockholm, car, depuis le sternum jusqu'aux pieds inclusivement, elle est moderne ; la ceinture, le nombril, qui auraient pu nous servir de points de repère, n'existent pas dans la partie antique. Mais la barbe et les pectoraux, les dimensions générales paraissent clairement se rapporter aux portions correspondantes dans les statues du Louvre et d'Athènes.

La figure fragmentée photographiée dans le théâtre de Bacchus est bien certainement semblable à celle du Louvre,

non seulement quant aux lignes principales, mais pour les détails, et pour le style; on ne saurait les séparer.

Les statues du Louvre ont, suivant M. De Clarac, 2 m. 058 ou 2 m. 038. Selon M. Geslin, inspecteur du département des antiques, qui vient de les mesurer pour moi (pendant que je suis dans l'impossibilité de sortir de ma chambre), elles ont 2 m. 01, entre la base et le sommet de la tête.

Le fragment d'Athènes présente, de la ceinture au nombril, 16 cent.; du nombril à la lèvre inférieure, 35 cent.; total, 51 cent.

Les figures du Louvre donnent de la ceinture à la lèvre inférieure, deux d'entre elles, 46 cent.; les deux autres, 44 cent. Dans les unes, la distance de la ceinture au nombril est de 15 cent.; dans les autres, de 13 cent. Ces mesures ont été prises à l'aide d'un mètre rigide. Si M. Piot s'est servi d'un mètre de matière souple contournant les reliefs du torse, il aura dù obtenir des chiffres un peu plus forts. L'écart est dans tous les cas peu considérable.

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M. R. Rhangabé m'a dit qu'on avait trouvé des fragments de deux statues de satyres-atlantes dans le théâtre de Bacchus, où on a tenu à les laisser pour mettre les architectes et les archéologues à même de trouver réunis tous les détails constitutifs de l'édifice. Il y en a donc eu probablement huit.

Nos quatre figures de Paris proviennent de la villa Albani, où elles avaient été apportées vraisemblablement lorsque le cardinal Alessandro Albani acheta un si grand nombre de marbres, avec la direction de Winckelmann. Je n'en puis dire plus pour le moment. C'est une question très intéressante qui ne sera pas perdue de vue. Je n'assistais pas à la partie de la séance du 1er février 1867 dans laquelle M. Choisy a parlé de ces sculptures (1), en sorte que je n'ai pas eu l'occasion de faire des recherches ou des remarques sur un sujet qui m'eût singulièrement frappé.

(1) Voir Bulletin, 1867, p. 25 et suiv. L'analyse supprime les détails relatifs aux fragments des statues.

LETTRE A M. MILLER

SUR UNE

PYXIS TROUVÉE A SALONIQUE"

(Extrait du tome X (2° partie) de la Revue archéologique (n. s.),

1869, pp. 137-138.)

Mon cher ami,

Jeudi, 20 mai 1869.

Votre pyxis de Salonique est un fort beau reste d'un objet superbe. Elle appartient à l'époque des vases vernissés en noir

(1) Lettre insérée dans un article de M. E. Miller intitulé: Deux sceaux amphoriques et inscriptions grecques inédites de Thasos.

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