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sous le nom de royaume de Tmoutarakan. Il y trouva un peuple alanique, les Yasses, dont le chef l'àppela en combat singulier. Mtislav sortit vainqueur de ce duel, et entra dans la ville de Taman, capitale de ce nouvel apanage de l'empire des grands princes.

Enfin, nous touchons au terme de cette triste époque, où tant de peuples barbares se sont rués les uns sur les autres, ne laissant d'autres traces de leur passage que la destruction et la mort. L'historien trouve peu à glaner sur ce champ désolé, où les inondations n'ont déposé aucun germe de fécondité; mais il n'en sera pas de même de la periode suivante, qui s'ouvre devant le grand nom de Tchinghis-Khan.

QUATRIÈME ÉPOQUE. Les khans de Crimée. La première invasion de Tchinghis-Khan date de l'an 1221 de notre ère. Ce serait sortir des limites d'une notice particulière à la Crimée, et envahir le domaine de l'histoire universelle, que d'entrer dans de trop longs détails sur l'origine de son peuple et sur les succès ou les revers de ses courses en Europe. Cependant il est certains points généraux sur les quels notre attention doit se porter spécialement pour la complète intelligence de cette époque, bien qu'ils soient peut-être plus directement nécessaires ailleurs.

Tchinghis-Khan commandait à des nations d'origine mongole, les Tatares et les Mongols proprement dits, pas teurs nomades et barbares, dont les tribus couvraient le vaste plateau qui, des confins de la Sibérie, s'étend jusqu'aux frontières de la Chine. La guerre seule pouvait tenir ces hordes farouches réunies sous l'obéissance d'un chef; aussi, lorsque la voix puissante de Tchinghis-Khan les eût convoquées dans les solitudes de l'Asie, ce grand capitaine ne leur laissa plus de repos; il leur fit entrevoir, dans le lointain, les richesses de Byzance et de Kiew, mit à profit l'enthousiasme d'un instant, et les entraîna à des combats qui ne devaient avoir un terme que pour quelques chefs

privilégiés. Les lieutenants de Tchinghis seuls pénétrèrent en Russie et dans la Crimée. En 1237, TouchiKhan, son fils, acheva la conquête des possessions russes en Europe, et Bathou-Khan, son petit-fils, fonda peu après, au nord de la mer Caspienne, l'empire du Kaptchak, qui s'étendait jusqu'au Dnieper. Les princes du Kaptchak s'intitulaient khans de la horde dorée. Ce pays était alors occupé par des nations turques, qui se soumirent aux chefs tatares. Or, l'armée de ceux-ci ne tarda pas à se retirer; elle se dispersa même si complé tement, qu'au bout de quelques années leur langue était oubliée dans le Kaptchak; et lorsque eut lieu le démembrement de cet empire et sa répartition entre plusieurs princes d'origine mongole, on continua à donner mal à propos à leurs sujets le nom de Tatares, que, de nos jours encore, on applique aux descendants des Comans ou des Petchénègues qui habitent la Crimée, Kazan ou Astrakan. Ces prétendus Tatares sont positivement de race turque, différant essentiellement par le langage et les traits physiques des Tatares-Mongols, auxquels ils furent soumis jadis. Ce point une fois bien établi, nous pouvons continuer à parler des prétendus Tatares de la Crimée, sans craindre aucune méprise.

Le chef de la horde dorée divisa ses conquêtes en plusieurs gouvernements, à la tête desquels il mit les plus braves de ses lieutenants, ou les plus chéris de ses parents. Ajouter ainsi à l'autorité de ces ambitieux était introduire, dans les constitutions du nouvel empire, un germe de dissolution que nous allons voir, avec le temps, mùrir et se développer. En 1240, Batou-Khan soumit la Crimée entière, l'incorpora à l'empire du Kaptchak. et choisit pour sa résidence une ville connue aujourd'hui sous le nom de Eski-Krim, l'ancienne Crimée. Lorsqu'on y a vu se succéder avec tant d'acharnement les invasions des Barbares, et tous les désastres qui devaient en être la conséquence, on conçoit la

difficulté de reconnaître l'emplacement de quelques-unes des villes les plus célèbres de la presqu'île. Théodosie ellemême, emportée dans ce tourbillon des guerres intestines, avait disparu entièrement, ou laissant si peu de vestiges de son existence, que, des l'année 1270, lorsque les Génois eurent fondé sur son emplacement une nouvelle ville, nommée Caffa, leurs historiens prétendirent qu'ils avaient choisi pour cela un lieu désert.

Les Génois et les Vénitiens avaient commencé, dès la fin du XI° siècle de l'ère chrétienne, à tenter quelques opérations commerciales avec les peuples de la mer Noire; les premiers s'étaient particulièrement dirigés vers la Tauride. D'abord ils y échangeaient les marchandises manufacturées de l'Europe contre les blés que cette péninsule produisait en si grande abondance; mais, à la suite des invasions, la décadence de l'agriculture, tout en diminuant les exportations des cé réales, ne fit qu'inspirer aux Génois un plus vif désir de prendre un pied à terre sur le littoral de la Crimée, afin de mieux étendre leurs relations dans l'intérieur et de connaître les ressources qu'ils pouvaient en espérer soit en pelleteries, soit en sel, en vins et autres denrées. L'arrivée des Tatares-Mongols leur sembla favorable pour l'exécution de ce projet. Une colonie génoise, sous la conduite de d'Auria (ou peut-être d'un Doria), vint débarquer sur l'emplacement de l'ancienne Théodosie, et obtint du khan des Tatares, moyennant un riche présent, la permission d'y élever quelques magasins pour servir d'entrepôt aux marchandises (1270 après J.-C.). Cela fait, les colons s'étendirent un peu au-delà du terrain qui leur avait été concédé; puis ils firent entendre au khan que la prudence voulait qu'on ne laissât pas ainsi de riches dépôts exposés à un coup de main dans un pays encore infesté par des vagabonds et des pillards. Ils creusèrent donc un fossé; devant ce fossé ils jetèrent quelques pierres, qui finirent par se transformer en bastions; enfin, ils

élevèrent, à la grande mortification du khan, une redoutable ceinture de remparts, et, dans le centre, ils bâtirent Caffa. Le Tatare s'aperçut trop tard de son imprudence; il se plaignit fortement, mais, du haut de leurs remparts, les Génois se prirent à rire en voyant passer cette colère impuissante. Caffa devint bientôt une ville riche et florissante; vingt années lui suffirent (1289) pour s'élever à un tel degré de puissance, qu'elle put envoyer des galères au secours de Tripoli de Syrie, alors serrée de près par les ennemis de la chrétienté. Non contents de cela, les Génois formèrent des établissements, plus ou moins importants, sur tout le littoral de la Crimée. C'est ainsi qu'on vit paraître Soldaja, près de Soudak, à 45 verstes au sud-ouest de Caffa. En cet endroit, la forteresse génoise s'élevait sur une tour carrée qui, de nos jours encore, domine les fortifications que les Russes y ont ajoutées au commencement du dernier siècle. Du haut de cette tour, les sentinelles génoises découvraient une vaste étendue de pays, et observaient, sans les redouter, les mouvements de l'ennemi. La hauteur de ce colosse semble prodigieuse par la disposition des parois qui forment, avec le rocher des lignes perpendiculaires. De tout côté se présente un abîme_dont_un ceil exercé peut seul sonder la profondeur sans redouter ni éblouissement, ni vertige.

On voit également des ruines de forteresses genoises auprès de Sébastopol, de Balaclava, de Panticapée et dans l'île Taman.

La Crimée, depuis sa réunion dans les mains d'un pouvoir homogène commençait à reprendre cette importance politique qui lui avait été enlevée par son démembrement intérieur à l'époque des invasions. Dès 1266, Mangou-Khan l'avait cédée à son neveu, Oran, à titre de fief relevant de la suzeraineté du Kaptchak et lui payant tribut. Cette intempestive émancipation ne fut pas le premier coup porté à la puissance du nouvel empire. Les lieutenants de Tchinghis n'enten

dant plus la voix redoutable du maître, cherchaient à se rendre indépendants. Nogai, le plus célèbre d'entre eux, y réussit, grace à la protection de l'empereur Michel Paléologue, et fut le premier chef de ces fameux TataresNogais qui passèrent dans la steppe du Kouban et dans la Tauride au commencement du XVIIe siècle.

Gênes, heureuse et fière d'avoir acquis une colonie aussi importante, pourvut à son gouvernement par des lois qui témoignaient tout le prix qu'elle y attachait. Chaque année elle y envoyait un consul choisi dans l'une des familles génoises les plus considérées. Ce haut fonctionnaire emmenait avec lui un proconsul chargé de le remplacer en cas de décès. Le consul s'entourait de magistrats et d'employés qui tous devaient être Génois. Enfin, la métropole institua l'office de Khazaria et celui de Campagna. Le premier résidait à Gênes: c'était un véritable ministère des colonies, dont le nom seul rappelait la plus importante des possessions de la république. Le second était établi à Caffa: il jugeait les contestations survenues entre les Génois et les Tatares; souvent même ces derniers, pleins de confiance dans son équité, en appelaient à ses décisions pour les différends qui s'élevaient entre eux.

Cependant les Vénitiens n'avaient pas vu d'un œil d'indifférence le développement de la nouvelle colonie génoise. Le moment vint où leur jalousie dut éclater, ne pouvant endurer une plus longue épreuve. Ils envoyèrent donc, en l'année 1296, vingtcinq galères qui mirent la colonie à sac, et détruisirent en quelques jours l'ouvrage de plusieurs années. C'en etait fait de cet établissement si les éléments ne fussent venus au secours des vaincus. L'hiver, cette année-là, fut d'une rigueur excessive; une horrible famine désola la presqu'île entière, à tel point que les Vénitiens, qui avaient cru prendre possession d'un paradis terrestre, se virent contraints d'abandonner leur nouvelle conquête, après y avoir perdu le tiers

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de leurs soldats. Ils avaient jeté les bases de plusieurs établissements sur la côte septentrionale de la presqu'île Trachée, dans la mer d'Azow; on croit y reconnaître, de nos jours, les ruines d'une ville qu'ils y avaient fondée.

Les Génois, rentrés chez eux, s'appliquèrent si bien à réparer les désastres de cette année fatale, que la ville de Caffa se vit, en peu de temps, plus florissante que jamais. Elle avait acquis, en 1318, une telle importance, que le pape Jean XXII la choisit pour résidence d'un évêque métropolitain, dont la juridiction s'étendait du Pont-Euxin jusqu'au pays des Russes.

Depuis un siècle le royaume du Bospore n'existait plus. La république de Cherson, abandonnée à elle-même par l'impuissance des empereurs byzantins, avait également subi le joug des Tatares. Ceux-ci et les Génois dominaient seuls alors dans la Crimée. Mais les fiers Liguriens traitaient les descendants des compagnons de Tchinghis avec le mépris que les peuples civilisés témoignent aux barbares, et ces derniers, à leur tour, ne supportaient qu'avec impatience le voisinage de ce peuple marchand qui s'était introduit chez eux à l'aide d'un vil stratagème. La paix, on le voit, ne pouvait être de longue durée; la guerre éclata, en 1342, à la suite d'un meurtre commis par un Génois sur un Tatare. Le khan qui régnait alors dans la presqu'île résolut de tirer une vengeance éclatante de cet assassinat mais il eut l'orgueil de croire que sa volonté suffirait pour chasser des voisins aussi incommodes; il leur signifia donc d'avoir à évacuer immédiatement tous leurs établissements sur une terre qui n'était point à eux. On devine la réponse des Génois; elle fut telle que le khan ne crut pas devoir user d'une plus grande longanimité. Il s'avanca à la tête d'une puissante armée, et vint mettre le siége devant Caffa. Son espoir de s'emparer de cette ville fut déçu complétement; il ne put ni l'enlever de vive force, ni la prendre par

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famine; bien plus, la longueur du siége réduisit ses propres soldats à un état de dénûment tel, qu'il vit le moment où lui-même serait forcé de se livrer à discrétion aux assiégés. Alors, il accepta la médiation que Gênes lui offrait en faveur de sa colonie. Une paix hypocrite fut jurée entre les parties belligérantes les Tatares reconnurent l'existence de droit des colonies liguriennes; les colons, à leur tour, permirent à un préfet tatare de résider à Caffa, pour y régler les affaires de police et de commerce qui concernaient uniquement les hommes de cette nation; ce magistrat devait être choisi par le khan et confirmé par les Génois. Ces conditions furent exécutées durant plusieurs années, quoique souvent altérées par des contestations frivoles en apparence, cruelles par les résultats.

Le temps arriva où l'empire du Kaptchak, déja affaibli par la défection de Nogaï, allait tomber sous les coups d'un ennemi formidable. Toktamisch régnait en 1406, lorsque Tamerlan vint le renverser du trône. La défection éclaircit aussitôt les rangs des vaincus, et l'on vit surgir de ce démembrement du Kaptchak trois nouveaux états indépendants: le khanat de Kasan, celui d'Astrakan et celui de Crimée. Les troubles qui furent la conséquence immédiate de cette dissolution, se manifestèrent avec une grande violence parmi les Tatares de la péninsule. L'anarchie était à son comble; plusieurs prétendants à la souveraineté s'étaient présentés simultanément, et chacun avait ses créatures. Le sang allait couler, tandis que le peuple flottait encore indécis et consterné. En ce moment critique, un berger, nommé Ghéraï, vient trouver les chefs assemblés, conduisant avec lui un jeune homme de dixhuit ans, Hadjy, qu'il leur présente comme le descendant de Batou-khan et de Toktamisch. Persécuté par ses parents, ce jeune rejeton d'une race illustre avait dû sa conservation à la pitié de Ghéraï. Les chefs hésitaient sur le parti qu'ils avaient à prendre

lorsque le peuple s'écria qu'il ne voulait pas d'autre souverain que le jeune Hadjy. Celui-ci, par reconnaissance pour son bienfaiteur, prit alors le nom de Ghéraï, et fut le chef d'une dynastie souveraine qui, depuis l'année 1440 jusqu'en 1783, donna des khans à la Crimée. La famille des Ghéraï, quoique déchue du trône, n'est point éteinte; c'est elle qui fournirait des sultans à Constantinople, si la race de ces derniers venait à manquer. Quant au berger, il fut anobli, et sa descendance est connue dans l'histoire sous le nom de Tschaban-Ghéraï.

I. Hadjy-Ghéraï régna glorieusement jusqu'en 1467. Il eut plusieurs démêlés sérieux avec les colons; il s'en tira toujours heureusement. Son fils aîné, Nour-Eddaulah, devait lui succéder, mais il fut chassé par son frère Menghely.

II. Menghély-Ghéraï Ier est le plus illustre des khans de Crimée. Il partage avec Mithra-dates l'honneur d'attacher à cette contrée de glorieux souvenirs historiques. Apprenant que son frère s'était réfugié auprès de Casimir IV, roi de Pologne, et qu'il en avait été accueilli favorablement, il craignit que ce monarque, dont il connaissait les liaisons avec le khan du Kaptchak, ne tentât de replacer sur le trône le légitime successeur de Hadjy. Il crut, en conséquence, devoir rechercher l'assistance des Russes, qui obéissaient alors au grand prince Iwan III. Pendant qu'il négociait pour se ménager ce puissant auxiliaire, il éprouva de la part de son plus jeune frère, Hayder, le traitement qu'il avait lui-même fait subir à Nour-Eddaulah. Renversé du trône et ne voyant de salut que dans la protection des Génois, il s'enfuit à Caffa, dont le consul l'accueillit avec bienveillance, et lui assigna Mankoup pour résidence. C'était une forteresse située à douze verstes de Balaclava. Peutêtre Menghély-Ghéraï eût-il terminé dans cet exitson obscure existence sans un événement qui, portant à la fois un coup terrible à ses protecteurs comme à ses ennemis, lui rendit le

sceptre échappé de ses mains. Nous avons dit que les Tatares avaient le privilége de nommer à Caffa un préfet que l'autorité génoise refusait ou confirmait mais en 1474, le préfet Mamak étant mort, le khan choisit, pour le remplacer, un de ses lieutenants nommé Eminek. Celui-ci arrive à Caffa, et, selon l'usage, demande l'investiture au consul génois; il en éprouve un refus, car la veuve de Mamak avait obtenu, à l'aide d'une forte somme d'argent, que les dépositaires du pouvoir refuseraient de reconnaître pour préfet tout autre que le fils aîné du défunt. Eminek revint auprès du khan; et celui-ci, choqué avec raison de cette conduite des Génois, le renvoya une seconde fois. Nouveau refus de la part des colons, et, de là, une discussion qui allait amener des hostilités, lorsque les deux partis adoptèrent un terme moyen pour prévenir l'effusion du sang ce fut de rejeter à la fois les deux candidats et de choisir un autre préfet. Eminek, indigné de la faiblesse de son maître, autant que de l'injustice des Génois, se rendit aussitôt à Constantinople, certain d'y trouver un vengeur. Ce poste avancé de la chrétienté était tombé, depuis plus de vingt années (1451), au pouvoir des Othomans. Mohammed If apprenant les querelles qui divisaient les Tatares et les Génois, conçut le projet de les faire servir à la gloire du croissant.

Le 1 juin, une flotte de quatre cents galères turques se présenta devant Caffa, pendant qu'Eminek s'approchait du côté de terre à la tête d'une armée de Tatares et de Turcs. Les Génois jusque-là n'avaient répondu que par le mépris et les railleries aux ennemis qui avaient eu l'insolence de se montrer au pied de leurs remparts, mais cette fois ils commencèrent à éprouver des craintes sérieuses, que l'événement justifia bientôt. Après cinq jours d'un feu également bien nourri de part et d'autre, les assiégés perdirent tout espoir de résister long-temps. Une députation

des notables génois se rendit auprès d'Achmet, le chef de l'armée othomane, et lui présenta humblement les clefs de la ville, se recommandant à sa générosité. Le pacha refusa d'abord de les recevoir; mais enfin, touché par les larmes et les supplications des vaincus, il envoya un de ses lieutenants prendre possession du palais consulaire. Lui-même fit, le lendemain, une entrée solennelle à Caffa, où son premier soin fut de dresser une liste exacte des biens et des enfants des habitants. Quinze mille colons furent envoyés à Constantinople pour y être incorporés à la milice des janissaires. Le reste des habitants fut dirigé vers la même capitale, pour être colonisé aux environs de Péra.

Les autres établissements génois tombèrent successivement au pouvoir du vainqueur, et entre autres la forteresse de Mankoup, où se trouvait Menghély-Ghéraï. Ce prince, envoyé à Constantinople, d'abord comme esclave, y fut reçu comme roi. Il fit avec Mohammeď un traité par lequel il admettait, pour lui et ses successeurs, la suzeraineté du Grand-Seigneur, et le droit de celui-ci de nommer et de déposer les khans de Crimée. Il jurait de lui être fidèle, et de lui fournir, en cas de guerre, des subsides en hommes et en argent. De son côté, l'empereur othoman reconnut Menghély-Ghéraï pour légitime souverain de la Crimée, s'engageait à le replacer sur son trône, lui accordait le droit d'arborer cinq queues pour étendard, et d'être nommé après lui dans les prières publiques. Depuis cette époque, les Grands-Seigneurs déclarent, à leur avénement au trône, que si leur race vient à s'éteindre, celle des Ghéraï doit être appelée à la remplacer.

Le règne de Menghély-Ghéraï nc dura pas moins de 36 ans. Il fut une suite continuelle de guerres glorieuses contre le roi de Pologne, et son allié le khan du Kaptchak, qu'il parvint même à renverser du trône. Fidèle à ses traités avec Iwan-leGrand, on le vit devenir le principal

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