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point influencée par les ennemis de la France, mais elle était mue par la triste situation à laquelle le gouvernement français avait réduit l'Europe. Après avoir énuméré tous les griefs que fournissait à l'examen l'ambition de la France, on appuyait dans cette note sur le principe de la solidarité respective des États, d'où sortit depuis le traité de la sainte alliance; cette pièce se terminait par un ultima tum par lequel on exigeait :

1° Que, conformément à la convention secrète du 2 octobre 1802, les troupes françaises évacuassent le royaume de Naples, et que la neutralite fût respectée pendant toute la durée de la guerre;

2° Qu'on établit immédiatement, de concert avec l'empereur de Russie, les bases sur lesquelles les affaires d'Italie seraient finalement réglées;

3o Que le roi de Sardaigne reçût sans délai les indemnités qui lui avaient eté promises;

4° Qu'en vertu de l'obligation de garantie mutuelle, le gouvernement français s'engageât à retirer ses troupes du nord de l'Allemagne, et qu'il prît l'engagement de respecter la neutralité du corps germanique (Rabbe). » M. de Talleyrand reçut l'ordre de déclarer en réponse : « Que la France était prête à exécuter fidèlement les articles du traité sur lesquels la Russie appuyait ses réclamations, aussitôt que cette puissance remplirait l'engagement réciproque, stipulé dans le même traité, de ne pas souffrir que les sujets respectifs entretinssent aucune correspondance directe ou indirecte avec les ennemis de l'un des deux États, ou qu'ils propageassent des principes contraires aux constitutions ou à la sûreté de leurs pays, s'obligeant, dans ce cas, à les exporter au delà des frontières, sans qu'ils pussent se couvrir de la protection du gouvernement. »

La position géographique de l'Allemagne ne lui permettait pas de tenir le même langage que la Russie: exposée la première à une invasion, elle pouvait être écrasée avant que les armées russes pussent prendre une part

active à la lutte. La note russe, bien qu'appuyée par le roi de Suède, ne fut point discutée à la diète de Ratisbonne : l'électeur de Bade témoigna le désir qu'on n'insistât pas davantage sur la violation de son territoire, et les ministres d'Autriche et de Prusse se déclarèrent satisfaits des explications données par la France. M. d'Oubril s'était trop avancé pour qu'il lui fût possible de revenir sur ses démarches; il quitta Paris et se rendit à Mayence. Napoléon était attendu dans cette ville; le consul s'était fait empereur, et il essayait sur son front victorieux la couronne de Charlemagne. Le despotisme allait si bien à cet homme extraordinaire, que les Français, éblouis de sa fortune, échangèrent avec empressement ce qu'il leur restait de liberté contre une gloire à laquelle leur chef avait l'art de les associer. Le ministre russe eut encore plusieurs conférences avec M. de Talleyrand; il eut le loisir de sonder les dispositions véritables des membres de la diète, partit pour Francfort au commencement d'octobre, et, après un séjour de quelques semaines, il se rendit en Russie. Le général Hédouville avait quitté Pétersbourg le 8 de juin. Malgré ces indices d'une rupture prochaine, Napoléon conservait quelque espoir de ramener Alexandre à une détermination pacifique; et il fit même quelques démarches qui tendaient à ce but: néanmoins M. de Rayneval reçut son audience de congé le 21 septembre, et M. de Lesseps resta à Saint-Pétersbourg en qualité d'agent commercial.

Cependant la Russie faisait des préparatifs formidables; elle avait conservé vingt mille hommes dans les îles Ioniennes, et elle continuait à exciter les Grecs de l'Albanie et les Monténégrins: outre la flotte de Corfou, une escadre de trois vaisseaux de ligne et de trois frégates sortit du port de Cronstadt; Sévastopol fut déclaré un port exclusivement militaire; les cadres de l'armée se remplirent, et présentèrent, avec les réserves et les troupes. irrégulières, un effectif d'environ cinq cent mille combattants. Les armées étaient principalement rassemblées sur

les frontières de l'ouest, dans les provinces démembrées de l'ancienne Pologne (Rabbe).

Les soins multipliés d'une guerre prochaine et sérieuse, les incursions fréquentes des Lesghis n'empêchaient point Alexandre de s'occuper d'utiles réformes à l'intérieur. Le sort des serfs fut un peu moins soumis à l'arbitraire des seigneurs; les écoles publiques se multiplièrent; les divisions administratives ou gouvernements, que Paul avait réduits à quarante et un, furent portés à cinquante et un, en y comprenant la Géorgie; enfin le code, cette œuvre toujours refaite et toujours à refaire, dut subir une révision dont on chargea le prince Lapoukhin et M. de Novassiltzof. Nous ne parlerons des mesures prises pour adoucir le sort des paysans que pour faire ressortir l'humanité du monarque; l'étendue des possessions russes, la solidarité des intérêts dans la classe des seigneurs ont presque toujours paralysé l'effet des oukases; et s'il y a eu véritablement une amélioration à cet égard, on la doit plutôt à la diffusion des lumières et à l'influence bienfaisante d'une éducation morale qu'aux prescriptions du souverain. Pour éteindre graduellement l'esclavage, le gouvernement russe a usé d'un moyen transitoire dont on peut apprécier l'efficacité. Il a été créé une banque qui prête à terme sur les biens seigneuriaux; au délai fixé, et à défaut de remboursement, les biens engagés retournent à la couronne, et les paysans n'appartiennent plus qu'à l'Etat, condition qui les prépare à un affranchissement définitif.

L'empereur Alexandre, persuadé que moins les droits sont onéreux, plus le commerce fleurit, réduisit de vingtcinq pour cent les droits dans les ports russes de la mer Noire et de la mer d'Azof, et bientôt la prospérité d'Odessa prit un développement extraordinaire. Il résulte d'un compte rendu par le ministre du commerce, pour l'année 1802, que, dans les ports de la Baltique seulement, la balance commerciale était, en faveur de la Russie,

d'environ dix-huit millions de roubles. Cependant, malgré le libéralisme éclairé d'Alexandre, la nature même de son pouvoir le forçait à des mesures dont l'esprit était opposé à ses vues personnelles; c'est ainsi qu'il sanctionna un édit de censure qu'on aurait cru émané du cerveau ombrageux de son père; peut-être avait-on surpris son adhésion, car, peu de temps après, il en tempéra la rigueur par quelques ( dispositions atténuantes. L'augmentation de la population, l'embellissement des villes, des écoles fondées dans toutes les parties de l'empire, tout annonçait les bienfaits de la paix et la sagesse du gouvernement. Odessa comptait déjà plus de deux mille maisons et cinquante mille habitants; la nouvelle Tcherkask s'élevait à côté de l'ancienne, et de tous côtés les étrangers et les colons apportaient, en échange d'une vie aisée, leur industrie, leurs lumières et leur travail. Les écoles militaires reçurent une nouvelle organisation; l'université de Kharkof s'ouvrit, et il lui fut assigné un revenu de cent trente mille roubles.

«La lenteur de la procédure, dit Rabbe, avait, depuis longtemps, été le sujet de beaucoup de plaintes en Russie. En conséquence, l'empereur Paul avait, en 1796, commissionné trois branches du sénat, dont l'unique affaire devait être de juger le nombre immense de causes pendantes. Cependant, dans le cours de huit années, à peine avait-on abordé la difficulté principale. Il fut en conséquence déterminé, sur la proposition du prince Lapoukhin, d'abolir les trois départements temporaires, et d'augmenter le sénat de deux nouveaux départements, de manière qu'il se trouvait alors composé de neuf départements, dont six siégeaient à Pétersbourg et trois à Moscou. Le corps entier du sénat se trouva porté à neuf cents personnes; et afin qu'il trouvât assez de temps pour l'exécution de tout ce qui lui était attribué, le nombre des jours fériés fut réduit de soixante-deux à trente et un. »

Dans une guerre contre la France

impértale, qui exerçait déjà une grande influence sur le corps germanique, le côté le plus vulnérable de la Russie était la Pologne, telle que l'avait organisée le dernier partage; aussi Alexandre ne négligea-t-il rien pour conserver ce riche héritage de la politique de son aïeule; d'abord il rendit quelques ou kases en faveur des paysans; les prêtres grecs eurent soin, dans les lieux où les catholiques étaient en minorité, de rattacher les idées de nationalité aux idées religieuses; les juifs, qui, par leur industrie et leurs correspondances, peuvent faire tant de bien ou tant de mal, obtinrent quelques priviléges, et furent mis au nombre des sujets russes; et cette fois, du moins, la saine politique se trouva d'accord avec l'humanité. Plusieurs causes empêchè rent la Pologne russe d'échapper au joug moscovite; d'abord l'habileté de Catherine qui avait su intéresser à cette spoliation l'Autriche et la Prusse; et ensuite les vues particulières de Napoléon qui, ayant besoin de la Russie pour abaisser l'Angleterre, s'attacha plutôt à s'assurer un jour son alliance, qu'à élever une forte barrière entre cette puissance et l'Europe. (1806) Déjà, depuis un an, la France était en guerre contre l'Angleterre; mais ces deux États rivaux ne pouvaient s'étreindre corps à corps, la force de l'une résidant surtout dans ses armées, et la prépondérance de l'autre dans ses flottes: aussi, bien que poursuivant le même but, chacune s'attachait, par des vues différentes, å frapper son adversaire dans ce qui constituait sa puissance; l'Angleterre soudoyait l'Europe continentale contre le soldat-empereur, et celui-ci s'efforcait de tarir les sources de la prospérité de la Grande-Bretagne, en fermant les ports de l'Europe au pavillon anglais. La Russie, par sa position géographique, n'avait pas un intérêt direct à l'abaissement de la France telle qu'elle était avant les conquêtes de la république; mais l'extension du nouvel empire et le morcellement de la vieille Europe devaient inquiéter même les princes dont l'éloignement n'était pas un obstacle pour

le génie le plus actif des temps modernes. Une autre considération pouvait porter Alexandre à des mesures hostiles; il lui fallait opter entre les deux alliances, et les avantages matériels de son empire le rapprochaient impérieusement de la nation la plus commerçante. D'un autre côté, le reste de l'Europe s'affaiblissait dans ces luttes continuelles; et la Russie, qui n'exposait qu'une partie de ses for ces, conservait, quelles que fussent les chances de la guerre, une influence dont elle se réservait de tirer tout le parti possible. Nous verrons que ses revers ne l'ont presque pas affaiblie, tandis que ses voisins se sont vus tout près de leur ruine définitive.

Quand la politique est intéressée à une rupture, elle est rarement arrêtée par le choix d'un motif ou d'un prétexte : et d'ailleurs Napoléon donnait assez de prise à la jalousie des monarques pour ne leur laisser que l'embarras du choix. Le général Hédouville venait de signifier à la cour tsarienne l'avénement du premier consul à la dignité impériale. Alexandre refusa de reconnaître le nouveau souverain, et le roi de Suède suivit cet exemple. L'ambassadeur français quitta immédiatement Saint-Pétersbourg.

Les flottes de la Baltique avaient déjà franchi le Sund pour rallier l'escadre anglaise dans la Méditerranée, et opérer simultanément sur les côtes de l'Italie. A la même époque, Napoléon méditait une descente en Angleterre; il isolait ainsi son ennemi de l'Europe, et menaçait les descendants de Guillaume le Conquérant de tout le poids de son épée victorieuse. L'Angleterre alarmée se hâta de détourner l'orage qui la menaçait. Il s'agissait de déterminer la Russie à la guerre; le traité qui liait cette puissance n'était que conditionnel; son alliance avec l'Angleterre n'était offensive qu'autant que l'Autriche se déclarerait contre la France; or, l'Autriche, craignant d'être attaquée et vaincue avant qu'on eût le temps de la secourir, avait préalablement reconnu l'empereur, bien décidée d'ailleurs à trouver d'autres motifs

de rupture dès qu'une occasion favorable se présenterait. Il fallait donc démontrer à l'Autriche qu'elle n'obtiendrait rien par la paix, et entamer des négociations qui donnassent le temps d'organiser les éléments d'une lutte puissante.

« Pour décider l'Autriche, on feignit, dit Rabbe, d'entrer dans ses délais pacifiques; la Russie alla même jusqu'à proposer, par l'intermédiaire de Berlin, sa médiation entre la France et l'Angleterre. Cette médiation ayant été agréée à Paris, M. de Novossiltzof fut envoyé à Berlin avec de pleins pouvoirs. Là il devait obtenir des passeports du gouvernement français pour se rendre à Paris. Mais il avait ordre de n'accepter les passe-ports qu'à la condition, qu'il traiterait immédiatement avec le chef du gouvernement français, sans reconnaître le nouveau titre qu'il s'était donné, et que Bonaparte assurerait positivement qu'il était animé du même désir de paix générale qu'il avait paru manifester dans sa lettre au roi d'Angleterre. Les passeports de M. de Novossiltzof furent expédiés sans difficulté; mais cet agent reçut en même temps la défense d'en faire usage.

A l'instant même où la Russie et la Suède contestaient à Napoléon le titre d'empereur, l'héritier de la révolution française, comme pour justifier cette ambitieuse dénomination, ajoutait à sa couronne celle d'Italie, et réunissait à ses États la république ligurienne. Ce n'était pas le moyen de faire taire les scrupules diplomatiques de Pétersbourg et de Stockholm; aussi M. de Novossiltzof, en quittant Berlin, remit, le 10 juillet, au ministre d'Etat, baron de Hardenberg, une note dans laquelle la réunion de l'État de Gênes était présentée comme une cause définitive de rupture. « Il était impossible, disait l'agent russe, de croire que Bonaparte, en expédiant les passe-ports qui étaient accompagnés des assurances les plus pacifiques, eût sérieusement songé à s'y conformer, puisque, dans le temps qui devait s'écouler entre l'expédition des passe

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Il est assez curieux de remarquer, à l'occasion des répugnances de la Russie et de la Suède, que de ces deux puissances la première ne datait son existence politique en Europe que d'environ un siècle, tandis que la seconde allait se donner pour souverain un lieutenant de Napoléon.

a

Le cabinet des Tuileries combattait par des articles officiels les prétentions de la Russie à régler les affaires du continent. « Qu'ont de commun la France et la Russie indépendantes l'une de l'autre; elles sont respectivement nulles pour se nuire, et toutespuissantes pour se faire du bien. Si l'empereur des Français exerce une grande influence en Italie, l'empereur de Russie exerce une influence plus grande encore sur la Porte Ottomane et sur la Perse. L'une a une influence circonscrite qui ne s'étend pas au delà des discussions relatives à ses limites, et n'augmente pas sa force d'une manière majeure; l'autre, au contraire, exerce son influence sur deux puissances de premier ordre qui furent longtemps au même rang politique que la France et la Russie, et qui dominent sur les Arabies, la mer Caspienne et la mer Noire. Si le cabinet de Russie prétend avoir le droit de fixer les limites où la France doit s'arrêter, il est sans doute aussi disposé à permettre que l'empereur des Français lui prescrive les limites dans lesquelles il doit se renfermer... On a partagé la Pologne: il a fallu que la France eût la Belgique et la rive du Rhin; on s'est emparé de la Crimée, du Caucase, de l'embouchure du Phase, etc.: il faut que la France ait un équivalent en Europe; l'intérêt de sa propre conservation l'exige. Veut-on un congrès général de l'Europe? Eh bien! que chaque puissance mette à la disposition de ce congrès ce qu'on a envahi depuis cinquante ans; qu'on rétablisse la Pologne, qu'on rende Venise au

Senat, la Trinite à l'Espagne, Ceylan à la Hollande, la Crimée à la Porte; qu'on renonce au Phase et au Bosphore; qu'on restitue le Caucase et la Georgie; qu'on laisse la Perse respirer apres tant de malheurs; que l'empire des Marattes et de Mysore soit rétabli, ou ne soit plus l'exclusive propriété de l'Angleterre. La France alors pourra rentrer dans ses anciennes limites... Il est à la mode d'accuser l'ambition de la France. Si cependant elle avait voulu conserver ses conquêtes, la moitié de l'Autriche, les Etats de Venise, le royaume de Naples, la Suisse, la Hollande, seraient encore en son pouvoir. Les limites de la France sont en réalité l'Adige et le Rhin: a-t-elle passé l'Adige? a-t-elle passé le Rhin? Si elle ne prit pas pour limites la Save et la Drave, y fut-elle contrainte par la force des armes, ou fut-elle déterminée par une noble moderation... La politique des puissances du Nord fut toujours d'exciter des guerres dont elles n'avaient rien à redouter. C'est ainsi que Catherine fit battre pendant plusieurs années la Prusse et l'Autriche, en annonçant des secours qui n'empêchèrent pas les armées françaises d'arriver aux portes de Vienne. C'est ainsi que le dernier empereur de Russie perpétua les calamités de la guerre, en promettant des secours qui n'arrivèrent qu'au moment où l'Autriche avait obtenu des succès sans eux, qui se retirèrent au premier revers, et laissèrent, au milieu d'une campagne, leurs alliés supporter seuls le fardeau qu'ils avaient promis de partager.» (Moniteur).

Cependant l'Autriche levait des troupes, fortifiait les passages susceptibles de défense, et portait des forces imposantes du côté de la Bavière. Le gouvernement demanda des explications; et, après quelques temporisations, le cabinet de Vienne feignit de vouloir intervenir comme médiateur entre la Russie et la France. La Prusse, quoique moins intéressée que l'Autriche à la répression immédiate des empiétements successifs de Napoléon, n'en désirait pas moins la guerre;

mais, craignant de s'avancer trop tôt, elle venait de refuser à Alexandre le passage de ses troupes à travers son territoire. L'archiduc Jean, le général Mack et l'archiduc Ferdinand entrèrent en campagne avec quatre-vingt-dix mille hommes, et occupèrent à la fois la Bavière, les gorges du Tyrol et les rives de l'Adige (Rabbe). Napoléon fut bientôt en état de faire face à cette nouvelle coalition. « Il avait reçu la nouvelle de l'arrivée de Villeneuve dans un port d'Espagne; dès lors il avait vu l'expédition de l'Angleterre avortée, les immenses dépenses de la flotte et de la flottille perdues pour longtemps, pour toujours peut-être... Dans l'emportement d'une fureur qui ne permet pas même aux autres hommes de conserver leur jugement, il avait pris une résolution des plus hardies, et tracé un des plans de campagne les plus admirables qu'aucun conquérant ait pu concevoir à loisir et de sang froid; sans hésiter, sans s'arrêter, il dicta en entier le plan de la campagne d'Austerlitz, le départ de tout le corps d'armée, depuis le Hanovre et la Hollande jusqu'aux confins de l'ouest et du sud de la France; l'ordre des marches, leur durée, les lieux de convergence et de réunion des colonnes; les surprises et les attaques de vive force, les mouvements divers de l'ennemi, tout fut prévu, la victoire assurée dans toutes les hypothèses. Telles étaient la justesse et la vaste prévoyance de ce plan, que, sur une ligne de départ de deux cents lieues, des lignes d'opération de trois cents lieues de longueur furent suivies d'après les indications primitives, jour par jour, et lieue par lieue, jusqu'à Munich. Au delà de cette capitale, les époques seules subirent quelque altération; mais les lieux furent atteints, et l'ensemble du plan fut couronné d'un succès complet (Daru). Après vingt jours de campagne, Vienne ouvrit ses portes au vainqueur, dont le génie, puissamment secondé par des généraux habiles, fut encore servi par les fautes de l'ennemi; la marche lente des Russes, l'indécision de Koutou

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