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Vienne vinrent dessiner plus nettement ses prétentions. On s'y plaignait de l'ambition insatiable de l'empereur des Français, qui n'accordait la paix à ses alliés qu'à des conditions intolérables; on tâchait de réveiller l'énergie nationale par des idées de liberté dont les conséquences logiques n'eussent été rien moins qu'embarrassantes; on y appuyait sur les projets secrètement discutés à Erfurt, sur le partage de la Turquie, ce qui aurait nécessité l'admission d'une armée française dans les États autrichiens.

Appuyée par les subsides de l'Angleterre, mais privée des secours de la Russie, l'Autriche osa prendre l'initiative; elle attaqua la Bavière, qui se mit promptement en état de défense; les rois de Saxe et de Wurtemberg répondirent également à ses proclamations par la voie des armes. Les forces françaises et alliées qui occupaient les provinces allemandes présentaient un effectif d'environ deux cent trente mille hommes; trois autres corps, formant soixante et dix mille hommes, s'avançaient sur le Tyrol. Les Autrichiens furent successivement battus à Tann, Abensberg, Eckmühl et Ratisbonne. Après une campagne de trois semaines, Vienne fut occupée par les Français.

La Russie était liée à Napoléon par les derniers traités; d'ailleurs il entrait dans sa politique de voir la France et l'Autriche s'affaiblir mutuellement, sans prendre elle-même une part active dans cette lutte. Pour concilier cette double exigence, le cabinet de Pétersbourg déclara la guerre à l'Autriche; mais le prince Galitzin, qui devait faire une puissante diversion en Gallicie, sembla ne s'approcher du théâtre de la guerre que pour faire acte de présence; d'ailleurs le corps d'armée qu'il commandait excédait à peine quinze mille hommes.

Cependant l'occupation de Vienne n'avait point terminé la campagne : la victoire d'Essling coûta vingt mille soldats à la France; les batailles de Raab et de Wagram décidèrent l'empereur d'Autriche à souscrire à une paix

onéreuse. Vienne fut démantelée, et les pays conquis sur l'Autriche se virent frappés provisoirement d'une contribution de deux cent millions de francs. «Par le traité de Schönbrünn (Rabbe), l'Autriche céda, soit à Napoléon, soit à la confédération du Rhin, diverses villes d'Allemagne et d'Italie avec leurs dépendances; elle fut dépouillée, en faveur du duché de Varsovie, de toute la Gallicie occidentale et de la ville de Cracovie; enfin elle abandonna à la Russie un territoire dont la population était évaluée à quatre cent mille âmes. L'empereur François reconnut, en outre, les droits que Napoléon s'arrogeait sur les monarchies du midi de l'Europe, adhéra à son système continental, et renonça à toutes les contrées comprises sous le nom de provinces Illyriennes. » C'était peu de ces sacrifices; il fallait que l'orgueil de la maison d'Autriche scellât par une alliance les conditions imposées par le vainqueur: mais cette condescendance devait réparer tous les revers des armes autrichiennes. M. de Metternich comprit que le beau-père de Napoléon était désormais à l'abri d'une chute, et qu'il serait plus commode et moins périlleux de conspirer en famille.

Reportons maintenant nos regards en arrière, et signalons rapidement les réformes et les essais d'améliorations qui se succédèrent dans l'intérieur de l'empire russe, durant les années 1809 et 1810. La diète d'Uméo régla l'administration des provinces finoises, auxquelles Alexandre concéda leurs anciens priviléges. On réorganisa la commission chargée de la révision du code russe; de nouveaux règlements adoucirent la condition des serfs; la simplicité du monarque rendant à peu près inutiles quelques emplois de cour, un oukase déclara que dorénavant le titre de chambellan ne serait qu'une distinction, et ne pourrait conférer aucun grade militaire ni civil. Un autre oukase établit que tout postulant d'un emploi civil serait tenu de subir un examen académique, roulant sur les langues, la jurisprudence, l'histoire et les mathématiques. Cependant le

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commerce souffrait, et l'empereur Alexandre se voyait contraint de tolérer quelques infractions aux prohibitions imposées par le système continental. Le malaise financier, qui datait du règne de Catherine, entravait les mesures les plus utiles. La sollicitude impériale se porta judicieusement sur l'amélioration des finances: un manifeste, signé par le comte Roumianzof, chancelier de l'empire, annonça que, par l'effet des mesures qui avaient été adoptées, les revenus ordinaires avaient été augmentés de plus de cent millions de roubles, et que le gouvernement pouvait non seulement faire face à toutes les dépenses de l'année, sans recourir à de nouvelles taxes, mais même réduire quelques-unes des anciennes. Les manufactures nationales furent encouragées, et l'on frappa des droits considérables sur l'importation de l'industrie étrangère. Les revenus des mines s'accrurent; les relations commerciales avec l'Asie prirent une extension importante. Le droit d'acquérir des propriétés territoriales, conformément à l'oukase de 1801, avait eu des résultats très-remarquables. Des terres d'une valeur d'environ six millions avaient été acquises de cette manière; enfin le nombre des paysans devenus libres depuis 1803 était de treize à quatorze mille. L'instruction de l'empereur Alexandre avait été trop soignée pour qu'il négligeât la prospérité des écoles publiques; il réorganisa les établissements de ce genre déjà existants, fonda plusieurs gymnases et un grand nombre d'écoles de district et paroissiales. Quoique la littérature russe ait fait de notables progrès vers cette époque, il est à remarquer toutefois que les événements imprimèrent aux études une direction militaire: rien ne fut épargné pour former de bons officiers dans toutes les branches du service.

Au milieu de ces améliorations et des soins qu'exigeait l'attitude de l'Europe occidentale, Alexandre ne perdait pas de vue l'état de l'Orient. L'influence anglaise dominait à Constantinople; M. de Latour - Maubourg, qui avait

succédé au général Sébastiani, essaya en vain la menace; la Porte, depuis le traité de Tilsitt, savait qu'elle ne pouvait compter sur la France. Les négociateurs russes exigeaient la cession des provinces situées sur la rive gauche du Danube; le divan repoussa ces prétentions avec énergie, et les hostilités commencèrent. A l'exception de Giurgévo, toutes les places fortes qu'attaquèrent les Russes tombèrent en leur pouvoir. Cependant le grand vizir attendit l'ennemi dans son camp, et lui fit essuyer une perte de dix mille hommes; cet échec obligea le prince Bagration d'évacuer la Bulgarie. La paix de Vienne semblait annoncer une pacification prochaine; cependant, après quelques négociations, la guerre recommença en 1810. Pajartchik et Silistrie durent céder aux efforts des Russes qui marchèrent vers le camp retranché de Schoumla, et le forcèrent après une résistance opiniâtre. « La flottille des Turcs sur le Danube, battue en même temps et presque entièrement détruite, priva les villes assiégées des ressources qui leur étaient indispensables. Roustchouk, Giurgévo succombèrent, ainsi que toutes les places qui défendent la rive droite du Danube, depuis Ismaïl jusqu'à Sistova, c'est-à-dire dans une étendue de cent lieues de pays, en remontant le cours du fleuve. Il ne resta aux Ottomans que Widdin et Varna, places plus régulièrement fortifiées que les autres. »

Le grand vizir fit demander une suspension d'armes au général Kamenskoï; mais les prétentions des Russes s'élevaient en raison de leurs succès; outre la cession des principautés et de la Bessarabie turque, ils exigeaient l'indépendance de la Servie. La guerre continua en 1811, mais toujours au désavantage des Turcs. Ceux-ci tentèrent un dernier effort, et ils étaient parvenus à rassembler une armée formidable tandis que le congrès de Boukharest continuait ses conférences. Enfin la rupture entre la France et la Russie vint changer la face des affaires. Le ministre russe, M. d'Italinski, se

Le;

RUSSIE.

contenta de demander que le Pruth fût désormais la limite des deux empires. C'est dans ces circonstances graves que fut conclue la paix de Boukharest, dont nous rapporterons les dispositions principales.

D'après l'article 4, le Pruth, depuis l'endroit où il entre en Moldavie, jusqu'à son embouchure dans le Danube, et de là, la rive gauche de ce fleuve jusqu'à Kilia, en descendant jusqu'à son embouchure dans la mer Noire, seront les limites des deux empires.

Ainsi la Porte cédait à la Russie le tiers de la Moldavie, avec les forteresses de Khoczim et de Bender, toute la Bessarabie, avec Ismaïl et Kilia.

et

D'après le même article, la navigation du Danube est commune aux sujets de la Russie et de la Turquie. Les iles de ce fleuve situées entre les divers bras qu'il forme depuis Ismaïl resteront désertes.

Le reste de la Moldavie et de la Valachie sera remis aux Turcs dans l'état où ces pays se trouvent. Article 6. La frontière d'Asie est rétablie telle qu'elle était tracée avant la guerre.

L'article 8 s'occupe des Serviens, auxquels la Porte accorde une amnistie avec la concession de quelques priviléges, dont l'interprétation ouvre un vaste champ aux subtilités diplomatiques.

Par l'article 13, la Russie accepte la médiation de la Porte pour la conclusion de la paix avec la Perse, où les hostilités avaient recommencé à l'instigation de l'ambassadeur anglais. La mésintelligence entre la France et la Russie avait imprimé une nouvelle direction à l'activité des ministres de Sa Majesté Britannique à Constantinople et à Ispahan. Malgré toutes les ressources de la Russie, si elle eût été attaquée au midi et au nord, tandis que les innombrables légions de la coalition française envahissaient sur trois colonnes ses provinces centrales, l'hiver même avec toutes ses rigueurs eût été impuissant à sauver cet empire.

Avant d'esquisser les événements

les plus mémorables de la campagne de 1812, il est indispensable de dire en peu de mots quelle était la situation politique des grands États de l'Europe.

L'Angleterre, fidèle à un système qui était pour elle une question d'existence, voyait avec satisfaction les alliés de l'empire français se fatiguer du blocus continental. L'Espagne lui servait de point d'appui; les ressources stratégiques de cette contrée, le courage exalté de ses habitants balançaient la fortune de Napoléon en absorbant l'énergie de ses armées. L'Autriche respirait à la faveur d'une alliance qui couvrait sa faiblesse; elle comptait s'en faire un titre pour réparer quelques-unes de ses pertes si le sort des armes restait favorable à Napoléon, et la sacrifier aux intérêts de sa politique dans le cas où des revers auraient frappé l'époux de Marie-Louise.

La Prusse, réduite à une armée de quarante mille hommes, était forcée d'embrasser la cause dont le triomphe l'humiliait; cette puissance avait à craindre, si la Russie prenait l'offensive, de voir ses provinces envahies devenir le théâtre d'une lutte menaçante; son rôle désormais consistait à suivre fatalement le parti du vainqueur. La France, dont le motif avoué était l'abaissement de l'Angleterre, ne pouvait arriver à ce résultat sans s'arroger en Europe un pouvoir dictatorial qui blessait les souverains dans leur orgueil et les peuples dans leurs intérêts les plus essentiels. L'incorporation du Hanovre au royaume de Westphalie; la cession de Francfort et de son territoire au prince-primat de la confédération du Rhin, et par substitutioàn Eugène Beauharnais; la réunion à l'empire français du Brabant hollandais, de la Zélande et d'une partie de la Gueldre; celle des pays situés sur les côtes de la mer du Nord, avec Bremen et Hambourg, le duché de Lauenbourg et Lubeck, telles furent, dans le cours de l'année 1810, les acquisitions que Napoléon avait jugées nécessaires, mais qui, par leur position excentrique, privaient la

France de cette unité homogène qui fait sa force et sa sécurité. A l'avenir, rien n'était à l'abri d'un remaniement ou d'une incorporation pure et simple au territoire de la grande nation. Napoléon l'avait déclare au sénat en termes non ambigus. « Les arrêts publiés par le conseil britannique, en 1806 et 1807, ont déchiré le droit public de l'Europe. Un nouvel ordre de choses régit l'univers. De nouvelles garanties m'étant devenues nécessaires, la réunion des embouchures de l'Escaut, de la Meuse, du Rhin, de l'Ems, du Weser et de l'Elbe à l'empire, l'établissement d'une navigation intérieure avec la Baltique, m'ont paru être les premières et les plus importantes, etc. » Le duc d'Oldenbourg, beau-frère d'Alexandre, avait vu ses États héréditaires englobés dans les provinces baltiques récemment incorporées au territoire français. L'empereur de Russie se plaignit d'une mesure qui portait atteinte à ses relations amicales avec Napoléon. Ces représentations furent vaines; et ce fut autour de ce point d'une si faible importance que la politique russe eut l'art de rattacher ses autres griefs; dès lors on put prévoir une rupture prochaine. Quant à l'attitude que gardèrent au commencement des hostilités la Turquie et la Suède, quoiqu'elle paraisse tout autre que le prescrivaient les intérêts généraux de ces deux nations, il est facile cependant de s'en rendre compte en examinant avec soin quelles nécessités pour les Suédois et les Turcs ressortaient alors des circonstances. La Turquie, menacée d'un démembrement immédiat par Napoléon, pouvait accé lérer sa ruine en entrant dans la coalition française; cette lutte, dans la quelle elle restait neutre, épuiserait infailliblement et la Russie et la France, et les mettrait pour longtemps hors d'état de menacer ses frontières; dans l'affaiblissement où elle se trouvait, un délai de quelques années pouvait suffire pour la déterminer à accepter les conditions modérées de la paix de Boukharest.

Quant à la Suède, on peut expli

quer d'une manière non moins concluante l'alliance qui la rattacha aux intérêts de la Russie. Şi un pays devait souffrir des rigueurs du blocus continental, certes c'était la Suède; ses fers et ses bois de construction encombraient ses magasins, et bientôt elle se vit obligée de renouer clandestinement des relations commerciales avec la Grande-Bretagne. L'occupation de la Poméranie par les troupes françaises donna bientôt la mesure des sacrifices que Napoléon exigeait de ses alliés. A ces considérations locales, il s'en joignait d'autres qui, pour être personnelles, n'en étaient pas moins puissantes: Bernadotte, élu prince royal, avait à cœur de prouver aux Suédois qu'il acceptait dans toute leur étendue ses nouveaux devoirs; et, comme il n'avait dû son élection qu'à lui-même, il crut faire un acte de haute politique en abandonnant le rôle d'ancien lieutenant de l'empire. On lui a reproché d'avoir négligé l'occasion de reprendre la Finlande; mais, en l'acceptant des mains de son ancien chef, il renonçait à son indépendance; il n'ignorait pas d'ailleurs que si, plus tard, la réconciliation de Napoléon et d'Alexandre exigeait le sacrifice de cette même province, celui qui la lui aurait donnée ne se serait point fait scrupule de la reprendre. La Pologne, qui avait versé tant de sang pour la France, ne se trouvaitelle pas elle-même dans une position équivoque? Quel autre motif que celui de ne pas s'aliéner à jamais la Russie avait empêché Napoléon de rétablir sur des bases solides cette nation dévouée et courageuse? Ce rétablissement pouvait être dans ses vues, mais dans le cas seulement où la Russie, envahie et privée de sa capitale, refusé de traiter avec le vainqueur. Napoléon n'ignorait pas qu'Alexandre ne redoutait rien tant que de voir se relever cette barrière qui s'était écroulée sous les efforts patients de Catherine. Il voulait surtout paraître en mesure de consommer cet acte réparateur pour arracher à Alexandre les concessions les plus vitales du grand sys

eût

RUSSIE.

tème. Alexandre, de son côté, levait des armées, concentrait des forces imposantes dans les anciennes provinces polonaises; et, rassuré aux deux extrémités de son empire par la paix de Boukharest et par les dispositions de Bernadotte, il osa faire tête à l'orage, comptant bien que la Prusse et l'Autriche n'agiraient contre lui qu'avec mollesse et circonspection.

Cependant toute l'Europe s'ébranlait à la voix de Napoléon; les deux principes qui remuaient le monde allaient se trouver en présence: la cause des peuples, représentée par le premier capitaine du siècle, et celle des rois, soutenue et soudoyée par l'Angleterre; mais les rôles n'étaient plus les mêmes; par le jeu des circonstances et l'ambition d'un soldat parvenu, la France n'était plus qu'une monarchie conquérante; elle ne pouvait promettre aux étrangers des droits qu'elle avait perdus elle-même; la gloire lui restait encore; on la combattit avec ses anciennes armes, et c'est en invoquant le saint nom de la liberté que les princes parvinrent à raffermir leurs couronnes.

Les dernières espérances d'arrangement venaient de s'évanouir; la mission de M. de Nesselrode, qu'on attendait de Saint-Pétersbourg, avait été révoquée. La Russie n'avait pu obtenir de Napoléon une déclaration formelle que la Pologne ne serait jamais rétablie; elle avait également échoué dans sa demande que l'on indemnisât le duc d'Oldenbourg par la cession de Dantzick et de son territoire. Déjà la Prusse, alarmée sur l'issue probable de cette guerre, demandait à conclure un traité offensif et défensif avec Napoléon; le lendemain même de la signature de ce traité, qui augmentait de vingt mille hommes l'armée d'invasion, l'empereur chargea le colonel Tchernichef de porter à Alexandre ses dernières propositions. L'agent russe partit le 25 février 1812, emportant un état détaillé de l'effectif de l'armée, qu'il s'était procuré en corrompant un commis du ministère de la guerre.

Cependant Davoust se porta, de

Hambourg, sur la ligne de l'Oder.
L'Autriche, craignant qu'une plus
longue hésitation ne parut suspecte,
conclut avec l'empereur Napoléon un
traité d'alliance défensive et offensive,
qui donnait à la coalition un effectif
de trente mille hommes. Cinq cent
mille Français et alliés sillonnaient
l'Europe dans tous les sens pour aller
se réunir sur les bords de la Vistule.
Ils formaient treize corps dont les
deux cinquièmes environ se compo-
saient de Français. Cette proportion
n'offrait rien de rassurant; le treizième
corps, qui était formé des trente mille
Autrichiens promis par le traité du
14 mars, était tout entier sous les
ordres du prince de Schwartzemberg.
D'après le témoignage du général
Gourgaud, les cadres de l'armée étaient
loin d'être au complet, puisqu'au pas-
sage du Niémen, elle comptait envi-
ron quatre cent mille hommes, et
que, sur ce nombre, trois cent vingt-
cinq mille neuf cents seulement étaient
présents sous les armes; savoir: cent
cinquante-cinq mille quatre cents
Français, et cent soixante et dix mille
cinq cents alliés. Il y avait environ
mille bouches à feu.

Le 17 avril, Napoléon fit à l'An-
gleterre quelques ouvertures conci-
liatrices qui demeurèrent sans effet:
le cabinet de Saint James voulait
qu'avant de traiter, Ferdinand VII
fût replacé sur le trône d'Espagne;
ce n'était pas lorsque l'empereur avait
tant de raisons de compter sur un
succès définitif qu'il pouvait se ré-
soudre à une pareille concession.
Quelques jours après, le prince Kou-
rakin, ambassadeur de Russie à Paris,
signifia au cabinet des Tuileries la ré-
ponse d'Alexandre aux propositions
que lui avait apportées Tchernichef:
elle portait qu'avant toute discussion
sur les intérêts en litige, l'armée fran-
çaise évacuerait immédiatement la
Prusse entière, les places de l'Oder et
la Pomeranie suédoise; qu'elle ne con-
serverait de toutes ses positions dans
le Nord que la ville de Dantzick, dont
la garnison devait être réduite; qu'a-
lors seulement Alexandre consentirait

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