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aux autres travaux de ménage : il est tailleur, cordonnier, etc.

Le colon en chef, le soldat agriculteur et le réserve, peuvent se choisir une femme; on conçoit que, dans ce système, les mariages soient encouragés; les femmes une fois entrées dans l'enceinte des colonies militaires ne peuvent plus se marier ailleurs.

Les fils du colon en chef, du soldat cultivateur, du réserve, de l'âge de treize à dix-sept ans, sont désignés sous le nom de cantonniers. On les exerce comme soldats, en les réunissant dans le village où réside le colonel et qui sert de quartier au régiment. Ils suivent des écoles pour achever leur éducation.

Les garçons de huit à treize ans vont à l'école du village où demeurent leurs parents, et, de deux jours l'un, ils reçoivent une instruction militaire. Comme les cantonniers, ils portent l'uniforme et sont regardés comme soldats. Les garçons au-dessous de huit ans demeurent avec leurs parents.

L'éducation des enfants est un des traits caractéristiques du système. Tous les enfants mâles sont envoyés aux écoles d'enseignement mutuel : là on leur apprend à lire, à écrire et à compter; on leur fait aussi apprendre une espèce de catéchisme sur les devoirs du soldat; on les instruit à manier le sabre, aux exercices du manége. Quand ils ont atteint l'âge de treize ans, on les rassemble au quartier général du régiment, on les forme en corps, et ceux qui se distinguent le plus par leur aptitude et leur bonne conduite sont promus au grade d'officier. J'ai vu (dit M. Lyall) au quartier général du premier régiment du Boug, au village de Sokolnik, un corps de deux cents cantonniers marcher, faire feu, et exécuter toutes les évolutions avec une prestesse et une précision étonnantes. Il y a parmi eux un esprit de corps qui ne peut manquer d'en faire de bons soldats.

Pour l'éducation des filles, on a établi des écoles à la Lancastre dont on peut espérer de bons résultats. Pour nous résumer, nous dirons que

les éléments des colonies militaires sont :

1o Le colon chef ou maître colon; 2° L'adjoint ou aide;

3o Le soldat cultivateur qui, ses devoirs militaires remplis, seconde le colon chef dans ses travaux agricoles;

4o Le réserve qui a les mêmes fonctions que le précédent, et peut le remplacer au besoin;

5o Le cantonnier, enfant måle de treize à dix-sept ans;

6o Les enfants de troupe de huit à treize ans;

7° Les enfants mâles au-dessous de huit ans;

8° Les filles et les femmes;
9o Les invalides.

On a reproché au système des colonies militaires plusieurs inconvénients d'abord celui de démoraliser les familles dans les villages de la couronne, c'est-à-dire précisément là où la condition des serfs les rapprochait davantage des bienfaits d'une émancipation complète; ce changement forcé d'état, et cette agglomération fortuite ou arbitraire d'individus, devant nécessairement relâcher ou rompre le lien des affections qui peuvent consoler même des esclaves; on a prédit encore que les soldats seraient de mauvais cultivateurs, puisqu'ils ne posséderaient qu'éventuellement, et que les paysans rattachés au régime militaire confondraient leur double vocation dans une même répugnance. Quant à l'instruction donnée dans les écoles de ces établissements, on a demandé à quoi elle pouvait servir aux jeunes gens, sinon à leur faire mieux apprécier encore la rigueur des règlements qui renferment leur existence dans des limites infranchissables. N'est-il pas à supposer que le désir de la liberté qui suit toujours les lumières, ou l'ambition d'un chef ne vienne à tourner contre le gouvernement lui-même les ressources que sa prévoyance avait créées? Quoi qu'il advienne de ces prévisions, le système des colonies militaires a déjà subi d'importantes modifications. On a renoncé à coloniser l'infanterie; mais la colonisation de la

cavalerie, si habilement dirigée par le comte de Witt, paraît avoir donné des résultats satisfaisants, non-seulement pour l'instruction des hommes, la beauté et la force des chevaux, mais encore pour les produits de culture qui ont fourni aux besoins de la colonie, et même aux approvisionnements extraordinaires qu'ont nécessités les guerres de Perse et de Turquie et la dernière insurrection des Polonais. Nous renverrons pour les détails les plus récents à la relation de M. le duc de Raguse, en faisant observer toutefois que des motifs faciles à apprécier l'ont, peut-être à son insu, entraîné hors des limites d'une approbation impartiale.

Jamais l'historien ne revêt un caractère plus solennel que lorsque, debout sur la tombe des princes, il résume tout un règne dans le jugement qu'il porte sur leur mémoire, et se rend pour ainsi dire solidaire des arrêts de la postérité. Que s'il a suivi la vie d'un grand peuple dès son apparition sur la scène du monde, dans ses transformations successives, en voyant les événements réagir les uns sur les autres pour s'expliquer et s'enchaîner dans l'ensemble, alors il ne considère plus les monarques que comme des instruments providentiels du malheur ou de la prospérité des peuples, de leur gloire ou de leur ruine, et, dans l'intérêt même de la vérité, il mesure le blâme ou l'éloge non-seulement d'après les actes en eux-mêmes, mais en raison de leur signification humanitaire.

La mort d'Alexandre a soulevé des soupçons que nous ne croyons pas fondes, non-seulement parce que des rapports officiels sont la base de notre opinion, mais parce que l'intérêt même de ceux sur lesquels ont. plané ces doutes était loin de leur conseiller un tel crime. Ces bruits ont pris trop de consistance pour que nous ne regardions pas comme utile de les réfuter.

En ce qui regarde le portfolio, nous avouerons ici tout l'embarras de notre tâche; les présomptions de l'auteur anonyme de l'article intitulé: Derniers moments de l'empereur Alexandre

(n° 34 et 35, page 141, édition de Paris), reposent sur des données si vagues qu'elles nous paraissent tout à fait inadmissibles. Selon cette version, « à la mort de Paul Ier, Nicolas fut destiné pour être le successeur direct d'Alexandre, même au préjudice de ses propres descendants légitimes. Démentir ce fait jusqu'à son accomplissement était le jeu constant de l'hypocrisie et de la politique.» Ce mode de succession avait été jadis en vigueur, et avait été une source de troubles; dans quel intérêt les meurtriers de Paul auraient-ils voulu faire revivre cette mesure? était-ce pour balancer l'autorité de l'autocrate? Mais, en admettant cette supposition, pourquoi avoir exclu Constantin? Prenons encore quelques citations : « Il avait été également décidé, à la mort de Paul, qu'après le règne d'Alexandre, l'héritage des tsars serait partagé en un empire de Russie proprement dite, et un autre empire composé des provinces polonaises et de toutes les dépendances de la Russie actuelle. Nicolas devait régner sur l'un de ces empires, tandis que l'autre appartiendrait à l'héritier légitime d'Alexandre, ou, à son défaut, au grand duc Constantin. >>

Cette générosité des conspirateurs à l'égard des Polonais, cet abandon des plans de Catherine II, cet agrandissement spontané d'une nation rivale, dépassent tellement les bornes de toute vraisemblance, que nous concevons l'embarras de l'auteur à entourer de telles choses de quelque apparence de probabilité.

« L'empereur Alexandre, en proie à des intrigues tellement actives, que tous ses efforts étaient impuissants à leur opposer de certaines bornes, n'eut point assez d'autorité pour faire exécuter les mesures qui, quoique émanant de lui-même, s'harmonisaient néanmoins avec les engagements dont il n'était que trop réellement délivré, mais que ses scrupules lui représentaient toujours comme existants... L'empereur se proposait de continuer son voyage jusqu'aux provinces situées sur la mer Caspienne, où il avait une

sorte d'intention de fonder un État indépendant au profit du grand-duc Michel.» Certes, voilà le chef de la sainte alliance bien émancipé; il rendra tout, jusqu'à la conquête de Jean le Terrible; les Polonais, les Suédois et les Turcs auront bon marché de ce qui restera à la nouvelle ou plutôt à l'ancienne Russie.

<< Il voulait ensuite se rendre en Volhynie, au quartier général de l'armée, y faire venir les grands-ducs Constantin et Michel, et proclamer: 1° Nicolas comme son successeur direct au trône des Russies; 2° Constantin comme souverain des provinces polonaises, avec un territoire qui aurait embrassé presque toutes les autres dépendances de l'empire russe en Europe, en mettant en même temps ce frère en possession immédiate des provinces polonaises et de quelques pays au delà, tandis que le reste des dépendances ne devait y être définitivement ajouté qu'à la mort de l'empereur Alexandre. » Comment l'empereur Alexandre pouvait-il prévoir que Constantin, dont l'âge différait si peu du sien, devait lui survivre? D'un autre côté, Constantin n'avait point d'héritiers; l'auteur suppose peut-être qu'il aurait désigné pour son successeur un prince polonais... « Les projets de l'empereur étaient sincères et généreux. Son erreur consistait sans doute en ce qu'il ne les expliqua pas franche ment, avant leur mise à exécution, à ceux dont les principes se trouvaient en opposition nécessaire, quoique secrète, avec les siens; car, sí ces adversaires les blâmaient, les redoutaient, et nous pouvons dire les détestaient, ils n'auraient cependant pas poussé l'infamie jusqu'à le faire renverser par des moyens aussi affreux que ceux dont ils se servirent. Mais éloignés de toute participation à ses pensées, les ennemis cachés de l'empereur, au sein de sa famille, ne virent ses projets qu'à travers une sorte de nuage épais qui ne leur permettait même pas d'en distinguer les ombres, et qui les leur représentait sous des formes trop subversives de leurs propres projets, pour que leurs

consciences déjà souillées eussent pu s'arrêter encore devant les résolutions hideuses qu'on les a vus exécuter... L'empereur Alexandre mourut de mort violente. L'impératrice devint la victime du même complot un peu plus tard, mais cependant trop tôt pour que les apparences mêmes fussent gardées. » Ainsi, dans l'opinion de l'auteur, Alexandre aurait succombé par le crime d'un des membres de sa famille; la désignation est facile, si l'on se contente de ces indications; mais comment se fait-il que ceux qui n'ont pas hésité à sacrifier l'impératrice Élisabeth à leur impatience de régner, aient permis au docteur Wilie, au médecin d'Alexandre, d'emporter en Angleterre son terrible secret? Les ressentiments politiques, même ceux dont la source est pure, ne reculent devant aucuns moyens de se satisfaire.

Un historien polonais, où l'on trouve d'ailleurs autant de partialité nationale que de véritable talent, avance qu'Alexandre a été empoisonné par le sénat. Cette assertion, que dément la précédente, n'a pas plus de fondement (Miéroslawski, Histoire de la révolution de Pologne). Enfin Rabbe, dans son Histoire d'Alexandre, s'exprime en ces termes : « Et quelle a été la fin d'Alexandre? serait-il vrai que la puissance qui, depuis 1815, avait exclusivement influé sur ses déterminations, à la veille de voir s'écrouler l'édifice qu'elle avait bâti sur les pieuses illusions du monarque russe, ait voulu à tout prix prévenir le scandale de cette éclatante défection: faut-il croire?... Non, ces sinistres rumeurs ne peuvent pas être accueillies. Il n'est du moins pas permis de donner une sanction historique quelconque au bruit d'un attentat qui passerait les bornes de toute perversité politique. » Il est clair que cette dernière insinuation regarde l'Autriche. Certes, s'il eût fallu payer d'un grand sacrifice la prolongation des jours d'Alexandre, nulle autre puissance n'eût été plus disposée à le faire. Avec Alexandre, tout le système de l'alliance s'est évanoui; son successeur a saisi d'une main ferme les rênes de

l'empire, et sous lui s'est accompli ce que l'Autriche redoutait le plus, l'indépendance de la Grèce sous le protectorat russe, l'abaissement définitif de la Turquie; enfin, après la mort de ce prince, les révolutions de Paris, de Bruxelles, de Varsovie, de Brunswick, en se répercutant dans l'Europe, ont bouleversé toute l'économie du congrès de Vienne, et rouvert la lutte entre les vieilles monarchies et les exigences constitutionnelles.

Cependant, pour qu'un bruit de cette nature s'accrédite, il faut bien admettre qu'il y ait eu dans le cours des événements des indices assez forts pour leur prêter un caractère de vraisemblance: or, nous retrouvons ces indices dans un concours frappant de circonstances, les unes politiques, les autres présentant un caractère de violence qui, à l'époque où elles eurent lieu, empêchèrent d'admettre des causes purement accidentelles.

En 1825, on croyait généralement qu'Alexandre allait prendre une résolution énergique au sujet de la Grèce; on apprend qu'il voyage dans les provinces méridionales de l'empire; tandis que tous les esprits sont dans l'attente, on reçoit tout à coup la nouvelle qu'Alexandre vient d'expirer à Taganrok, que des troubles sérieux ont éclaté à Pétersbourg, que Constantin renonce à la couronne, en s'avouant incapable de la porter, et que Nicolas, après avoir triomphé d'une insurrection militaire, est monté sur le trône de toutes les Russies. Les révolutions de palais si fréquentes dans cet empire, cette mort si inattendue, tout, jusqu'à l'éloignement du lieu de la scène, contribuait à répandre sur les derniers moments d'Alexandre ce merveilleux tragique qui a tant de prise sur l'imagination des hommes.

Après avoir établi que ceux qui ont prétendu qu'Alexandre avait péri de mort violente n'appuyaient leur dire que sur des conjectures contradictoires et toutes improbables, nous allons exposer quelques-uns des documents officiels que nous adopterons, non parce qu'ils émanent du gouvernement, mais

parce qu'ils paraissent mériter une entière confiance.

Au commencement de l'automne, Alexandre résolut de faire un voyage dans les provinces méridionales de l'empire; l'objet principal de ce voyage était de passer en revue les armées campées dans la Volhynie, dans la Podolie et dans la Bessarabie. L'empereur se proposait aussi de visiter la Crimée, et spécialement la ville de Taganrok, le second port de la mer Noire. On s'était Latté que quelques semaines de résidence dans cette ville pourraient améliorer la santé de l'impé ratrice Elisabeth, qui, depuis quelque temps, donnait des inquiétudes.

L'impératrice partit de Saint-Pétersbourg le 15 septembre, accompagnée du prince Volkonski, de son médecin et d'une suite peu nombreuse. Elle n'arriva à Taganrok que le 6 octobre: Alexandre, parti deux jours avant elle, se trouvait dans cette ville depuis le 20 septembre.

L'empereur visita tous les établissements; il manifesta l'intention de faire construire le lazaret en pierres de taille, et exécuter de grands travaux pour faciliter les approches du port. Après un mois de séjour à Taganrok, Alexandre y laissa l'impératrice, et se remit en route pour achever sa tournée dans la nouvelle Russie.

Le 24 octobre, arrivé à deux verstes de la ville de Novo-Tcherkask, il fut reçu par le lieutenant général Novaïski et un grand nombre d'officiers supérieurs. Il descendit d'abord à la maison de campagne du comte Platof, où se trouvait l'adjudant général Tchernichef. Après avoir changé d'habits, il monta un cheval cosaque magnifiquement harnaché, et alla au-devant de l'hetman, qui, s'étant séparé de sa suite, s'avança vers le souverain pour le complimenter, et lui présenter le rapport de la situation générale des corps soumis à ses ordres. Alors l'empereur poussa jusqu'à la suite de l'hetman, la salua de la manière la plus affectueuse, et se dirigea avec elle vers la cathédrale. La route était bordée par une foule nombreuse : l'air reten

tissait d'acclamations; des femmes et de jeunes filles jonchaient de fleurs son passage; et, lorsqu'il arriva à la cathédrale, le haut clergé vint à sa rencontre pour le complimenter et l'introduire. Quand le service divin fut achevé, l'empereur se rendit à la maison de l'hetman, devant laquelle étaient disposées sur deux lignes les marques de distinctions et de faveurs accordées aux Cosaques en récompense de leur dévouement et de leurs services. Sa Majesté y reçut les félicitations des officiers de la chancellerie du Don qui forment le tribunal suprême de cette province; et, lorsque Alexandre arriva devant la porte de la maison, les hetmans des districts et les chefs des anciens lui offrirent, selon l'usage, le pain et le sel... Dans la matinée du 25, l'empereur donna différentes audiences, et visita les établissements publics. Il retourna à Asof par la route de Sraro-Tcherkask, et arriva à Taganrok le 27 octobre.

Le 1er novembre, il partit pour faire un nouveau voyage dans la Crimée, et visita Mariopol, Pérékop, Symphéropol, Bakhtchisaraï et Eupatori. Le 31, il adressa au ministre des finances un oukase portant: «Que pour adopter tous les moyens possibles en faveur de Taganrok, point si important pour le commerce intérieur de la Russie, Sa Majesté ordonnait que le dixième de tous les droits de douane perçus dans cette ville, au maximum d'un million par an, serait mis en réserve pour l'amélioration du port et pour la construction des édifices nécessaires, sur une échelle proportionnée à l'étendue de

son commerce. »

En revenant de la Crimée, l'empereur fut si frappé, dans les environs de Sébastopol, de la beauté de la végétation méridionale, qu'il dit au gé néral Diebitch et au comte Vorontzof qui l'accompagnaient : « Si je quittais un jour les soins du gouvernement, je voudrais passer le reste de ma vie dans ce lieu. » Plein de ces idées, il entra dans un monastère du voisinage, où il demeura plus d'une heure dans une pieuse contemplation. Quand il rejoi

gnit son escorte, il se plaignit de malaise et de frisson; la fièvre, qui se déclara avec intermittence, devint tout

à coup plus violente, et l'empereur se hâta de revenir à Taganrok, auprès de l'impératrice Élisabeth. Comme il était doué d'une forte constitution, sa maladie n'eût point été dangereuse s'il avait reçu des secours à temps; mais il avait jugé trop légèrement de son mal, et, pendant la première quinzaine, il refusa de prendre aucun médicament. Il était déjà trop tard lorsque enfin il se rendit aux sollicitations de sa famille et aux pieuses remontrances de l'archimandrite. Sa maladie empira rapidement; mais il conserva l'usage de ses sens jusqu'à la dernière heure, où il dicta son testament. L'impératrice Élisabeth lui prodigua les soins les plus tendres; pendant cinq jours et cinq nuits, elle ne quitta pas le chevet de son lit. Les dernières paroles de l'empereur furent : « Ah! le beau jour!» Les rideaux des croisées avaient été tirés, et le soleil d'automne dardait ses rayons dans l'appartement. Lorsque l'empereur eut rendu le dernier soupir dans les bras de l'impératrice Élisabeth, elle rassembla ses forces pour lui fermer les yeux et lui croiser les bras sur la poitrine; après cet effort elle s'évanouit. Les deux lettres suivantes écrites par l'impératrice Elisabeth, la veille et le jour même de la mort d'Alexandre, appartiennent à l'histoire elles honorent également Alexandre et celle qui lui a survécu de si peu.

Taganrok, 18 novembre 1815.
(30 novembre.)

« Chère maman,

« Je n'ai pas été en état de vous écrire par le courrier d'hier. Rendons aujourd'hui mille et mille actions de grâces à l'Etre suprême. Décidément la santé de l'empereur, de cet ange de bonté au milieu de ses souffrances, va beaucoup mieux. A qui donc Dieu réserverait-il sa miséricorde infinie, si ce n'était pour celui-ci? Oh! mon Dieu! quels moments d'affliction j'ai passés! Et vous, chère maman, je puis me figurer votre inquiétude; vous recevez

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