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trouver une issue de ce côté; alors la chose devenait impraticable; le temps, perdu en perfidies de la part des généraux, en incertitudes de la part des troupes, en temporisation de la part de tous, avait tué l'insurrection. Le corps de Rohland mit le pied sur le territoire prussien, à Packen-Mohnen, au nombre de quatre mille hommes, de deux mille chevaux et de vingt pièces d'artillerie. Chlapowski avait été désarmé avec deux mille hommes et douze cents chevaux. Trois mille insurgés étaient rentrés dans leurs foyers, et trois mille autres parcouraient encore les forêts et les marécages, faisant une guerre d'extermination à l'ennemi. Il ne restait donc sous les armes d'autres troupes réglées que celles de Dembinski: leur nombre excédait à peine quatre mille hommes, et ils n'avaient pour toute artillerie que six pièces de canon.» (Miéroslawski.) Nous ne suivrons pas ce général dans sa retraite périlleuse. Il avait eu l'idée de se jeter en Courlande, mais la hardiesse de ce projet effraya ses compagnons d'armes; alors il résolut de s'ouvrir un passage vers le royaume, en tournant Wilna et Lida, toujours poursuivi par des forces supérieures, évitant les rencontres décisives, et ranimant quelquefois le courage de sa petite troupe par des succès inespérés. Les obstacles que lui opposaient les localités ajoutaient à la difficulté de sa retraite; mais ces mêmes obstacles arrêtaient la poursuite des Russes, dont les mouvements, coordonnés à une marche régulière, étaient plus difficiles à exécuter que ceux d'un chef de partisans, qui n'avait d'autre but que d'échapper au réseau de baïonnettes qui l'environnait. Le 26 juillet, il entra dans la forêt de Bialowies, solitude presque impraticable, traversée par quelques rares sentiers. Un faible renfort que lui avait envoyé Skrzynecki le rencontra à Rudnia le 3 d'août : ces deux corps réunis rentrèrent à Praga.

Nous avons cru devoir donner quelques développements à ces épisodes de l'insurrection polonaise, pour montrer quelles étaient les ressources des

provinces révoltées, et par quel concours de circonstances la lutte concentrée dans les palatinats du centre perdait de son énergie, à mesure que le gouvernement essayait d'agrandir le théâtre où se vidait la querelle de la liberté. Cette marche était conforme au vœu national, qui comprenait instinctivement que la résistance, pour être efficace, devait s'organiser sérieusement dans toutes les provinces de l'ancienne Pologne; mais les chefs, mieux instruits de l'état des choses, prévoyaient que ces expéditions excentriques, loin de pouvoir rétablir l'équilibre entre les parties belligérantes, ne feraient qu'énerver les ressources des palatinats de la Pologne de 1815. Ils eurent un tort, celui de supposer que Nicolas consentirait à traiter avec des rebelles; mais on ne peut leur faire un crime d'avoir compté sur la coopération de l'Occident, à une époque où une saine politique conseillait à la France et à l'Angleterre d'intervenir dans ce grand débat. Ces puissances agissaient alors sous l'influence des nécessités qu'elles s'étaient créées. LouisPhilippe voulait réorganiser fortement la monarchie, avant d'exposer aux chances de la guerre la jeune royauté de 1830; l'Angleterre suivait d'un œil inquiet toutes les démarches de sa rivale émancipée, et se résignait plutôt à voir la Russie rétablir les limites du traité de Vienne, qu'elle n'était disposée à figurer activement dans une lutte à la suite de laquelle la France pouvait redevenir prépondérante. Quant à l'Autriche et à la Prusse, le rôle qu'elles avaient à jouer était dicté par les circonstances elles-mêmes : la résurrection de la Pologne devait ruiner tôt ou tard toute l'économie des partages, sans qu'il fût possible de prévoir où s'arrêterait la limite des restitutions. Il y avait donc pour ces puissances toute probabilité d'un morcellement de territoire, et en outre une question de principes qui ne leur permettait guère d'adopter une autre ligne de conduite. On peut ajouter à ces considérations que l'épuisement où la Russie se trouvait à la suite des guerres d'O

rient et des efforts qu'elle faisait en Pologne la mettait pour quelques années hors d'état d'inquiéter l'Allemagne.

Reportons maintenant nos regards sur Varsovie, et reprenons le fil des evénements à partir de la déroute d'Ostrolenka. Le prince Czartoryski, après avoir reçu les dépêches du généralissime, convoqua les quintumvirs pour délibérer sur les mesures à prendre dans les circonstances présentes. La majorité fut d'avis que le généralissime avait bien mérité de la cause commune, et qu'on ne devait pas le rendre responsable des malheurs publics. Cette générosité dégénéra même en affectation; les représentants allèrent le trouver à Praga, et cherchèrent dans l'histoire ancienne des analogies peu applicables à la situation. Skrzynecki, prévoyant peut-être tous les embarras qui allaient surgir, choisit ce moment pour essayer d'établir une nouvelle forme de gouvernement. Les uns demandaient l'abolition du quintumvirat en faveur de la dictature; les autres pensaient que le gouvernement pouvait suffire aux nécessités du moment; quelques-uns demandaient un roi; les mécontents critiquaient tout; quant à l'armée, peu lui importait la forme du gouvernement, pourvu qu'elle eut un chef pour la conduire à l'ennemi. La question de la réforme était d'autant plus intempestive, qu'elle mettait à nu toutes les exigences des partis, en montrant à la nation que l'unité de volonté et d'action n'était nulle part. Les non-réformistes l'emportèrent à une faible majorité, et le quintumvirat, épuisé par cette dernière secousse, fut néanmoins conservé. Mais l'énergie révolutionnaire, réduite à se replier sur elle-même, n'attendait qu'une occasion favorable pour formuler nettement ses vœux; il était facile de prévoir qu'une fois résumée dans un chef, elle ne tarderait pas à agir. Les forces de la Pologne étaient considérablement réduites; l'élite de l'armée était tombée dans les champs de Wawer, de Grochow et d'Ostrolenka; cependant elle présentait encore un effectif d'environ quarante mille hom

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mes sous Varsovie. Les corps expéditionnaires, les garnisons de Praga, Modlin et Zamosc, doublaient à peu près ce nombre. On voit qu'elle était encore en état de faire face à l'ennemi, quoique la démoralisation, l'absence de chefs expérimentés et l'affluence des nouvelles levées fussent autant de chances en faveur des Russes. Heureusement pour les Polonais, Diebitsch ne sut point profiter de ses avantages; la marche de Gielgud en Lithuanie avait absorbé toute son attention. Craignant de compromettre son centre, à l'instant où ses flancs étaient menacés, il détacha des renforts pour couvrir ses ailes, et, au lieu de poursuivre une guerre d'initiative, il se renferma dans les limites d'une guerre de système. Le choléra exerçait de grands ravages dans les rangs moscovites; le feld-maréchal, dévoré de soucis, demanda, dit-on, son rappel, et, pour s'étourdir sur les suites probables d'une disgrâce, il achevait de ruiner sa santé par des excès de table. La mort du feld-maréchal a été diversement interprétée; on a été jusqu'à dire qu'il périt empoisonné par le général Orlof, que l'empereur avait envoyé en mission au quartier général de Pultusk. Cette supposition n'est appuyée sur aucun indice; d'ailleurs l'empereur, pour éloigner un chef dont il était mécontent, n'avait pas besoin de recourir à un moyen infâme; il pouvait purement et simplement le remplacer; mais l'esprit de parti adopte de préférence les interprétations les plus odieuses, et les regarde comme démontrées par cela seul qu'elles sont possibles. Nous croyons donc, avec le grand nombre, que Diebitsch déjà malade succomba, après une orgie, à une attaque de choléra. Le 11 juin, Toll prit provisoirement le commandement de l'armée, et bientôt après Orlof partit pour Minsk, où se trouvait le grand-duc Constantin. Par un jeu bizarre de la fatalité, le prince mourut de la même manière que Diebitsch, et la duchesse de Lowicz le suivit de près. Cette coïncidence de la mort de Constantin avec la visite d'Orlof accrédita

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le soupçon que la politique n'avait pas reculé devant un double crime. Si la contagion eût frappé simultanément des milliers de victimes, personne n'eût imaginé d'attribuer ce désastre à des causes surnaturelles; mais elle venait d'atteindre un prince et un feldmaréchal..... Un homme, portant le même nom que les instruments trop célèbres des vengeances impériales, se présentait aux soupçons, et dès lors Orlof fut le bourreau, et Nicolas avait dicté la sentence.

Les bulletins pompeux de Diebitsch avaient longtemps donné le change aux Russes sur les résultats véritables de la campagne; mais quand on vit que les choses traînaient en longueur, quand des rapports plus exacts sur les pertes de l'armée d'invasion et sur les temporisations du feld-maréchal eurent dissipé tous les doutes, le parti russe murmura hautement, et attribua le mauvais succès à l'impéritie des chefs presque tous Allemands. L'empereur n'ignorait pas que les traces du mécontentement dont la révolte de décembre 1825 avait signalé l'existence à son avénement au trône n'étaient pas entièrement effacées. Un échec le déconsidérait en Europe et aux yeux de ses propres sujets; il fallait vainere à tout prix; il fallait flatter l'amour-propre national en confiant à une célébrité militaire incontestable la direction de cette guerre opiniâtre; Paskevitch portait un nom russe; à la fois homme de tête et d'exécution, encore dans la vigueur de l'âge, entouré du prestige de ses victoires en Perse, il pouvait mieux que personne réparer les fautes du feld-maréchal. L'empereur l'investit du commandement en chef de ses armées. Le général Toll, n'osant assumer sur lui la responsabilité de quelques mouvements décisifs, se borna à compléter les cadres de l'armée, à rétablir la discipline, et à se tenir sur une défensive respectable. Le général Rudiger se trouvait à Lublin, entièrement coupé du centre de l'armée russe. Skrzynecki résolut de l'attaquer à l'improviste. Rudiger ignorait entièrement les intentions de l'ennemi;

mais les Polonais perdirent un temps précieux, énervèrent leurs colonnes d'attaque, en les disséminant dans l'espace, et les corps destinés à s'appuyer mutuellement agirent sans cet ensemble qui seul peut faire réussir un coup de main. Les Polonais battirent en retraite devant les forces que les Russes avaient eu le temps de leur opposer, et l'on s'estima trop heureux d'échapper à l'ennemi qu'on s'était flatté de surprendre. Les chefs se renvoyaient de l'un à l'autre la responsabilité de ce non-succès, et ce fut le signal des animosités personnelles qui bientôt devaient paralyser tous les efforts de l'insurrection."

Cependant le peuple de Varsovie, étranger aux subtilités dialectiques de la presse, entraîné par les mécontents, qui, à défaut d'un succès national, voulaient au moins se donner le plaisir de renverser leurs antagonistes; le peuple, disons-nous, se croyait trahi, parce qu'il ne comprenait point la marche d'un gouvernement qui oscillait lui-même, obéissant aux nécessités que lui imposaient les circonstances. Au milieu de cette agitation, la nouvelle se répand que le général Jankowski vient de laisser échapper Rudiger. La fureur du peuple s'accroît du mécontentement de l'armée. Jankowski prétendait avoir reçu l'ordre positif de reculer, ce qui rendait Skrzynecki responsable de l'événement. Le public était dans l'attente, lorsque la révélation d'un complot détourna l'attention générale. On devait distribuer des armes aux prisonniers russes, faire sauter l'arsenal, et ouvrir les portes de Varsovie à l'ennemi, tandis que l'armée serait absente; on accusait principalement Jankowski et Krukowiecki, ainsi que quelques agents secondaires. Plusieurs arrestations eurent lieu, et déjà le peuple, faisant entendre des cris de vengeance, s'attroupait devant les demeures des suspects. Le colonel Hurtig, déchiré par ces furieux, fut sur le point d'être pendu à une lanterne. On demandait à grands cris où était le traître Jankowski; il fallut promettre au peuple qu'on le lui amènerait sans

délai. On n'a jamais su d'une manière bien positive s'il y avait eu réellement complot; on acquit seulement la preuve que les prisonniers correspondaient avec plusieurs prisonniers du dehors; circonstance que leur position expliquait assez naturellement. On croit généralement que Skrzynecki prêta à ces révélations une importance exagérée, pour envelopper Jankowski dans un procès de lèse-nation; ce qui l'empêchait de s'expliquer au sujet de sa retraite devant Rudiger. Le 1er juillet, sur la motion de Szaniewski, la diète adressa au gouvernement exécutif l'ordre de déclarer la patrie en danger, et de procéder à la levée en masse de tous les hommes en état de porter les armes. En vertu de cette résolution, le gouvernement fit paraître la proclamation suivante: « Au nom de Dieu et de la liberté, au nom de la nation placée entre la vie et la mort, au nom des rois et des héros vos ancêtres qui sont tombés sur les champs de bataille pour l'indépendance de l'Europe, au nom des générations futures qui demande ront à vos ombres compte de leur servitude, au nom des peuples qui vous contemplent, Polonais, levez-vous en masse! D

Cette mesure ne prouvait rien autre chose sinon que l'insurrection était à l'agonie. Les enfants et les vieillards répondirent seuls à l'appel; la Pologne tout entière se levait pour frapper un dernier coup et mourir.

Orlof s'était rendu à Berlin pour développer les plans de Nicolas et intéresser la Prusse, qui désirait vivement voir l'insurrection étouffée. «Il fut convenu, dit-on, entre Orlof et Ancillon, 1° que Koenigsberg et Dantzig seraient ouverts aux approvisionnements et aux troupes que la Russie, coupée du royaume par l'insurrection lithuanienne, serait obligée d'envoyer par la Baltique; la Prusse se chargeant de fournir les bâtiments et les escortes nécessaires pour leur faire remonter le Niémen et là Vistule jusqu'à la frontière du royaume; 2° que la Prusse s'engageait à construire un pont sur la Vistule, à la limite la plus orientale

de son territoire, afin de faciliter aux troupes tsariennes le passage du fleuve, dans le cas où ceux que le général russe ferait construire se trouveraient détruits ou insuffisants: la Prusse restant chargée de fournir les pontonniers, les embarcations et les équipages nécessaires à toutes ces sortes de travaux; 3o que la Prusse abandonnerait provisoirement Thorn comme magasin et entrepôt à l'armée russe, se réservant d'ailleurs d'y amener dans le plus prompt délai les provisions de bouche et de guerre que demandait l'armée alliée; 4° que dans le cas d'une défaite ou d'une extension de manœuvres, le territoire prussien serait ouvert aux troupes impériales, et jusqu'au dénoûment de la campagne pourrait lui servir de base militaire.

Aux réclamations que lui adressèrent le généralissime et le comte de Flahaut, ambassadeur de France, la Prusse se contenta de répondre qu'elle n'avait jamais été neutre, mais seulement inactive; que ses sympathies pour la Russie n'ayant pu être douteuses durant cette guerre entre la légitimité et la rébellion, il n'y avait pas à elle de déloyauté à seconder les efforts de l'empereur. (Miéroslawski).

A la suite de cette convention, l'issue de la campagne ne pouvait être douteuse. Paskevitch arriva au quartier général de Pultusk dans les premiers jours de juillet. Aussitôt il communiqua aux généraux sa résolution de gagner la basse Vistule à travers le palatinat de Plock. L'armée russe était refaite de ses fatigues; elle comptait encore plus de cent vingt mille hommes sous les armes, dont quatre-vingt mille environ se trouvaient à Pultusk. Le 4, l'armée s'ébranla, décrivant de flanc une courbe immense, qu'il eût peut-être été possible à Skrzynecki de rompre pour se rabattre en force sur les corps isolés et en pleine marche. Ainsi les troupes polonaises, retenues par la circonspection de Skrzynecki, attendirent sous Varsovie que l'ennemi eût concentré toutes ses forces, au lieu de l'attaquer quand il était vulnérable. Le 5, le généralissime transféra son quar

tier général à Modlin. Il était encore temps de se jeter à travers les corps russes cette pensée de salut avait frappé tous les généraux; Skrzynecki seul la rejeta, alléguant que s'il perdait une bataille rangée, c'en était fait de la Pologne. Il est juste de reconnaître que ce raisonnement était fondé; mais si un délai servait seulement à rendre désormais la lutte impossible, la prudence du chef était une faute et presqu'un crime. Le 8, toute l'armée russe afflua sur Plock, et fit mine de vouloir traverser la Vistule; trois jours après, elle dépassa Lipno, et s'écoula sur la route d'Obrzyn, le long de la Vistule. Ceux qui ont voulu expliquer l'obstination de Skrzynecki lui ont prêté l'intention d'attirer l'armée russe sur la rive gauche de la Vistule pour lui couper toute voie de retraite, et la combattre au centre même des provinces insurgées, avec les forces réunies de la Pologne; mais on a répondu que la Prusse s'ouvrait à Paskevitsch en cas d'une défaite, et qu'il n'était pas nécessaire de sacrifier les incidents qui surgissaient de la marche de flanc des Russes, pour attirer le comte d'Érivan sur un point où il se portait de son plein gré.

Cependant Paskevitsch avait laissé plusieurs corps d'observation en face de l'armée polonaise; celui que commandait Golovin fut surpris, et, après une perte assez considérable, échappa à une destruction totale. Pendant ces opérations excentriques, on apprend que Paskevitsch a passé la Vistule; il fallut se replier en hâte sur les premières positions, et Rozycki profita du désordre que l'attaque des Polonais avait jeté dans les corps d'observation de l'ennemi pour avancer en Lithuanie, à la rencontre de Dembinski, qui achevait alors sa périlleuse retraite.

Les Russes avaient jeté sur la Vistule un pont en face du village d'Osieck. Le corps de Pahlen le franchit le premier; enfin, le 19 au soir, les quatre corps de l'armée impériale se trouvèrent transportés sur la rive gauche du fleuve. Le feld-maréchal attira successivement à lui les différents

corps qui n'avaient point suivi le mouvement général, et son activité se communiquant aux chefs, ses différentes marches s'opérèrent avec autant d'habileté que de promptitude.

Pendant que la manoeuvre hardie de Paskevitsch changeait brusquement toutes les combinaisons de cette campagne, le généralissime reçut de Sébastiani des communications rassurantes. Le ministre français parlait de négociations entamées, annonçait une issue prochaine et heureuse aux efforts de la diplomatie, et conseillait de se tenir sur la défensive. Le parti des conservateurs accueillit avidement ces nouvelles, mais le plus grand nombre n'y ajoutait aucune foi. L'incertitude, si cruelle quand on a devant les yeux la ruine et le déshonneur, fit place aux murmures. Les chefs interprètent en sens divers la conduite du généralissime, et, le 24 juillet, la diète décrète à l'unanimité que Skrzynecki comparaîtra devant un conseil composé des membres du gouvernement national, d'un député pour chaque palatinat, et d'officiers de l'armée active, choisis par le gouvernement d'une part, et le généralissime de l'autre. Le généralissime lui-même comparut non comme accusé, mais comme membre du gouvernement, devant ce conseil, composé des plus grandes illustrations du pays. D'abord Skrzynecki prétendit avoir le droit d'imposer silence aux généraux placés sous ses ordres, selon la hiérarchie militaire. Cet avis, qui présupposait un pouvoir inattaquable, tandis qu'il s'agissait de le contrôler, écarta l'accusation que Prondzynski avait rédigée contre les opérations du généralissime. Il ne s'agissait plus que de s'entendre sur les mesures à prendre à l'avenir. Dans cette discussion, où les orateurs cédèrent la parole aux généraux, le parti énergique l'emporta, et il fut décidé, malgré les représen tations de Skrzynecki et de ses adhérents, qu'on marcherait à l'ennemi.

«

Eh bien, messieurs, leur dit-il, puisque ni mes prières, ni mes répugnances n'ont pu ébranler vos résolutions, puisque représentants et généraux de

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