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tinople. Ils savent que les doléances et les menaces de l'Angleterre, tant que cette puissance restera liée à la politique étroite qu'elle a adoptée, ne seront qu'autant de cris de détresse. Ils s'imposeraient au besoin tous les sacrifices pour se soustraire une fois pour toutes aux exigences de la politique anglaise, et ils aspirent à la possession de Constantinople autant par esprit national que par des considérations d'intérêt privé. Certes, il n'est pas difficile de comprendre que les accusations portées par l'Europe contre l'ambition du cabinet impérial retentissent en Russie comme des hymnes en l'honneur du tsar; tout ce que les Russes lui demandent c'est de réussir; et la profonde habileté des hommes d'État qui diri-. gent la politique de la Russie, la constance de leurs vues, au milieu de la confusion qui règne en Europe, sont bien de nature à se concilier la confiance nationale, en même temps qu'elles jettent l'alarme dans les intérêts rivaux. D'un autre côté, si la Russie ne s'empare pas encore des Dardanelles, ce n'est point par modération; l'histoire témoigne que la modération des Russes n'est qu'une affaire d'opportunité. L'Allemagne a encore des scrupules; elle hésite entre le protectorat déclaré de la Russie et l'invasion du libéralisme appliqué à une réforme administrative. Quand ces scrupules seront levés, ou par l'acquiescement unanime de la grande famille allemande, ou en neutralisant par une opposition habile les forces centrales de l'Europe, alors les temps seront venus, et la politique des cabinets constitutionnels n'aura plus que la ressource de proclamer inévitable ce qu'elle n'aura pas su prévenir.

Ce qui démontre que, dans l'état actuel des choses, le système pacifique n'est qu'un prétexte spécieux dont se couvrent des intérêts mesquins ou des rivalités mal déguisées, c'est que la guerre est au fond de toutes les questions qu'elle ressemble à une royale partie d'échecs, comme à Anvers; qu'elle se déguise sous le nom d'intervention particulière, comme dans la péninsule ibérique; qu'elle éclate en

dissensions et en émeutes à main armée, au mot d'ordre des hautes puissances intéressées, comme en Grèce, ce n'en est pas moins la guerre : et ce fléau, pour ne frapper que quelques points isolés, existe comme une protestation irrécusable contre les mensonges dorés de la diplomatie. Les guerres franches qui sont comme un duel entre des intérêts irréconciliables, quelques malheurs qu'elles entraînent, ont du moins l'avantage de trancher les questions que la divergence de ces intérêts rendrait insolubles de toute autre manière; elles éclatent et finissent; mais un danger toujours imminent, et dont la cause subsiste et grandit sans cesse, est un poids au-dessus des forces de l'humanité; à la longue, l'énergie, qui ne demande qu'à entrer en lutte, se consume ou se tourne contre elle-même, et les bases de l'édifice social sont ébranlées.

Si nous jetons un coup d'œil sur l'Europe, nous déduirons aussitôt la conclusion que tous les intérêts gravitent autour de quelques centres d'action où dominent des buts, des principes ou des intérêts rarement analogues, souvent différents et même contraires. La Prusse s'occupe à établir son influence sur les États secondaires et sur les petites seigneuries de l'Allemagne; elle aspire à régner sur la confédération par la représentation intelligente du principe protestant, par un certain libéralisme opposé au système stationnaire de l'Autriche, par l'enlacement de sa ligne commerciale, enfin par un système bien réglé d'administration; mais si l'élément démocratique se retrouve dans ses institutions, l'origine de sa puissance condamne sa politique au despotisme le plus rigoureux; elle s'est agrandie à l'ombre de la Russie, et elle n'agit sur l'Allemagne que sous le patronage et dans l'intérêt de sa protectrice. Ainsi, par un bizarre effet des combinaisons qu'elle a subies, la population la plus éclairée de l'Allemagne appuie l'absolutisme dans les grandes phases de son action. Il est impossible que la Prusse s'abuse sur le rôle qu'elle joue en Europe, qui

se réduit à légitimer en Allemagne les prétentions ultérieures de la Russie, et à préparer doucement la confédération à l'idée d'une dépendance plus di

recte.

L'Autriche est entièrement sous la main de la Russie; son influence sur l'Allemagne est neutralisée par la Prusse; et, si elle y jouit de quelque considération, c'est moins par les avantages qu'elle pourrait accorder par elle-même, que parce que la grande famille allemande voit en elle un ennemi naturel de la puissance russe. L'Autriche a plutôt recouvré qu'elle n'a gagné au partage du congrès de Vienne; elle est encore plus que la Prusse un gouvernement et non un Etat elle offre le spectacle singulier d'une agglomération de peuples slaves, germains et italiens, dont la cohésion a besoin d'un lien despotique, et que plus de liberté politique grouperait immédiatement en nationalités distinctes, pour aller se confondre bientôt avec les grandes nations d'une origine commune. La marche de l'Autriche, aussi bien que celle de la Prusse, est donc complexe; et, tandis que son hostilité contre la Russie la rapproche de l'Angleterre, elle se voit contrainte d'appuyer les intérêts les plus vitaux de sa puissante rivale dans la question hollando-belge et dans la question espagnole. L'Autriche, depuis la chute de Napoléon, n'a fait que changer de maître; vainement elle a essayé d'entraver les desseins de la Russie à l'époque de l'insurrection grecque et pendant la guerre de Turquie; elle a trouvé la France et l'Angleterre si insouciantes de leur propre conservation, qu'elle s'est vue obligée de désavouer ses velléités d'indépendance, et le cabinet Metternich a pris le parti d'éviter soigneusement tout ce qui pourrait exciter prématurément le mécontentement de la Russie; cependant, en cas d'une combinaison sérieusement agressive contre la Russie, l'Autriche ne pourrait qu'appuyer cette coalition, à moins qu'elle ne sacrifiât son existence à ses principes. Elle gagnerait à l'abaissement de la Russie de s'assurer ses

possessions d'Italie par le fait de son alliance avec la France, et de reprendre à la diète germanique le rôle que lui dispute aujourd'hui la Prusse, dont la fortune suivrait celle de la Russie.

L'Angleterre est dénuée de grands moyens militaires; elle est absorbée par les soins d'un vaste système commercial; ses alliances se traduisent en chiffres; coton, suif, soie, fer, sont des mots qui résonnent plus haut à Londres que ceux de dignité nationale et progrès humanitaire. L'Angleterre est donc peu propre à une grande action d'initiative; mais l'influence de son commerce, de ses flottes est universelle; si elle figurait dans une lutte européenne sans arrière-pensée, et uniquement dans le grand intérêt de l'alliance, nul doute que son intervention ne fût décisive.

La situation politique de la France est si compliquée, et les influences qui s'y trouvent en lutte ont un caractère si saillant, que cet État représente à lui seul, quoique sur une échelle réduite, tous les principes, tous les intérêts qui réunissent ou qui divisent le monde. Riche des produits de son sol, forte de l'homogénéité de ses populations, adossée aux Pyrénées et aux Alpes, et baignée par les deux mers, la France a pu vivre d'elle-même, et, sans inquiétude sur ses besoins, elle a traversé toutes les phases de la vie des peuples, expérimenté toutes les institutions. Elle a eu ses luttes d'établissement; elle a grandi sous la double influence des principes religieux et féodaux, pour se constituer définitivement en monarchie; en peu de siècles, elle a usé la forme monarchique, elle s'est débarrassée de l'aristocratie; mais chez elle l'élément démocratique a grandi trop vite; il en est résulté une monarchie sans racines, une liberté qui est dans les mœurs sans être dans les institutions, des alliances équivoques comme l'essence elle-même du gouvernement. Mais ce caractère entreprenant des Français, ce besoin d'appliquer les théories gouvernementales pour y chercher de suite ce qu'il y a au fond, est justement ce qui fait

l'espérance des peuples qui souffrent, et l'appréhension des rois qui oppriment les peuples. La sympathie des masses pour l'esprit français n'est autre 'chose que de l'espoir; elle est raisonnée et puissante, et tient à la fois au perfectionnement moral et aux intérêts matériels. Cependant la France, avec son passé monarchique et ses réformes incomplètes, ne peut, dans l'état actuel de son organisation, offrir un point d'appui solide ni à l'Angleterre, qui est à la veille d'une révolution radicale, ni à l'Autriche légitimiste. Le gouvernement de juillet restera donc isolé jusqu'à ce qu'il ait pris une attitude moins équivoque; de là les efforts des cabinets absolutistes pour l'entraîner dans une marche rétrograde. Dans la question d'Orient, les intérêts actuels de la France viennent se confondre avec ceux de la Russie; car l'établissement d'une colonie en Afrique est un non sens, s'il reste réduit aux proportions mesquines d'un pied-àterre dispendieux; si la pensée du pouvoir va au delà, elle conspire le démembrement de l'empire ottoman et rapproche l'époque de la conquête de Constantinople. On voit donc que l'influence de la France, nous voulons dire celle de son gouvernement, est neutralisée par l'Autriche, et que la Prusse n'est qu'une annexe de la Russie. Il ne reste plus que deux puissances indépendantes et entraînant les autres États dans leur sphère d'action: ces deux puissances sont la Russie et l'Angleterre. Or il est visible que, de ces deux forces rivales, la première a toutes les chances en sa faveur prépondérance numérique, organisation mili'taire, unité de volonté sans contrôle possible dans l'exécution, alliances non douteuses: tous ces avantages se trouvent du côté du nord.

La Russie trouve dans la simplicité de son gouvernement une large compensation au vice de son administration intérieure; un secret profond couvre ses fautes; elle sait agir en temps opportun, mais elle sait attendre. Quand l'Europe a le loisir de s'occuper sérieusement du danger présent,

la Russie ne paraît plus poursuivre que des plans d'amélioration intérieure, mais ce repos n'est qu'une préparation à d'autres conquêtes; et, grâce au peu d'accord qui règne entre les cabinets rivaux, il surgit bientôt quelque question nouvelle où se dépense l'activité de la diplomatie rivale; alors la Russie fait quelques pas en avant, mais de ces pas de géant qui écrasent des empires, et dont l'empreinte est comme une prise de possession. Chacun de ses succès ajoute à ses ressources en diminuant d'autant les ressources des puissances rivales. Cependant, en dépit de cette marche constamment envahissante, la position de la Russie devient plus difficile que par le passé, à mesure que son but capital, l'occupation des Dardanelles, est plus clairement défini; et c'est un spectacle plein d'enseignements politiques que celui de tous les ressorts qu'elle fait jouer pour amener ce grand dénoûment. Tantôt elle couvre la Turquie de sa protection; à l'entendre, c'est l'Angleterre et la France qui méditent la ruine de l'empire ottoman; ne voit-on pas ces puissances encourager la révolte de l'Egypte? la France ne convoite-t-elle pas toute la côte septentrionale de l'Afrique? mais, grâce au traité d'Unkiar-Skelessi, la Turquie, si elle est fidèle aux stipulations que la prévoyance moscovite lui a imposées, n'aura rien à craindre d'une agression étrangère.... En attendant, la Russie habitue le fatalisme des Turcs à la vue de son pavillon et de ses livrées militaires; le zèle de son alliance va si loin, qu'elle fait distribuer ses décorations aux soldats de Mahmoud; et le sultan, placé entre la résistance des Musulmans et l'impérieuse bienveillance du tsar, n'a d'autre ressource que d'ensevelir dans les vagues du Bosphore quelques Turcs assez amis de son trône pour rejeter des distinctions humiliantes. C'est toujours le même système de corruption dissolvante d'une part et d'intimidation de l'autre; c'est l'histoire de la Pologne, de la Géorgie, de la Finlande, des provinces baltiques, de la Crimée, de la Moldavie, de la Valachie, de la Grèce, de la Perse; et la Russie, du

milieu de tous ces États conquis, démembrés ou à la veille de l'être, la Russie déclare à l'Europe qu'elle n'a que des vues d'ordre, de justice et de modération; l'Europe n'en croit rien, mais l'Europe est dépendante, égoïste et divisée, et elle répète à son tour, dans les discours officiels des princes, que la paix générale n'est pas menacée, tandis que cette paix si précieuse n'est que le résultat d'une coupable condescendance.

La Russie met à profit tous ces éléments de faiblesse et de division; elle poursuit habilement et résolument son oeuvre; organisée pour la conquête, elle ne s'arrêtera que lorsque le principe d'activité, qui est la condition de son existence, réagira, faute d'aliments, sur elle-même, c'est-à-dire, lorsque l'Europe et l'Asie seront russes

de fait.

M. de Talleyrand, qui avait profondément étudié les ressources et l'esprit de la politique russe dans les grandes phases de l'alliance et de l'hostilité de cet État avec la France impériale, M. de Talleyrand, disons-nous, avait réduit le problème de la lutte contre l'influence moscovite à sa plus simple expression, en concluant le traité de la quadruple alliance. Dans les vues de ce diplomate, la question espagnole n'était qu'un thème qui renfermait le principe fécond de l'alliance anglofrançaise. Le péril était grand pour la Russie; elle se hâta, au premier cri d'alarme de ses diplomates, de raviver des susceptibilités nationales de pays à pays, et d'opposer partis à partis au sein même des deux États rivaux : intérêts dynastiques, opposition constitutionnelle, principes radicaux et légitimistes, elle employa tous ces leviers, épuisa toutes les combinaisons du calcul et de la politique, et arriva enfin au résultat qu'elle se proposait: la France et l'Angleterre, au lieu de terminer promptement le conflit espagnol, ce qui aurait entraîné la solution de la question hollando-belge, pour tourner ensuite toute leur attention vers l'Orient, avouèrent qu'elles n'osaient intervenir en Espagne dans la

crainte de la Russie; et ces deux couronnes les plus riches, les plus puissantes du globe, dont les populations réunies s'élèvent au chiffre de soixante millions d'âmes, ces deux couronnes qui peuvent disposer, l'une des forces militaires qui ont asservi l'Europe, l'autre d'une marine sans rivale dans le monde, ont accepté l'affront et la responsabilité d'une condescend ance plus périlleuse que la guerre elle-même. De bonne foi, peut-on faire un crime à la Russie de son habileté à profiter et des chances que lui ouvre la fortune et des fautes des cabinets rivaux? chez elle, l'ambition ne se confondelle pas avec la loi suprême de sa propre conservation? Sans l'empire de la Méditerranée, qui la rend maîtresse des trésors de l'Asie et des principaux marchés de l'Europe, il faut qu'elle renonce à entretenir une armée de huit cent mille hommes: et une fois désarmée, une fois le prestige de son omnipotence détruit, ses alliances forcées lui échapperont, et en peu d'années elle aura rétrogradé de deux siècles. Mais si la Russie obéit à la nécessité, en accomplissant sa marche envahissante et progressive, l'Angleterre et la France, qui possèdent les moyens d'arrêter la puissance russe, ont un tort encore plus évident, celui de courir sciemment à leur déconsidération et finalement à leur ruine.

C'est une tâche sérieuse et triste que de tirer de l'examen des faits des conséquences contraires aux intérêts de l'humanité; c'en est une non moins difficile de réveiller de leur sommeil les sociétés amoHies et égoïstes; elles consentiraient presque à l'abandon de tous les droits que leur a faits l'énergie de nos pères, pourvu que le travail de leur transformation ne fût pas trop pénible. C'est surtout dans les maladies de langueur que l'on s'éteint sans convulsions.

Sans doute, il est plus facile d'indiquer le mal que de montrer le remède; mais si l'étude du passé n'a pas pour but unique de satisfaire une curiosité stérile, il est du devoir de l'historien de porter quelquefois ses regards sur

l'avenir, de préparer les esprits à une appréciation consciencieuse des chances probables, pour que les dévouements éclairés ne fassent pas défaut au jour du danger. Semblables à ces chefs qui ont vieilli dans les fatigues, les Peuples de l'Europe aspirent à jouir de leurs travaux, et cependant l'heure de la sécurité n'est pas venue. A l'intérieur, les questions les plus vitales de l'ordre social sont à peine ébauchées; le travail, l'impôt, l'éducation populaire, les droits des citoyens, les lois enfin, tout est à refaire ou à modifier; il y a donc lutte et péril dans la paix même; toutefois le bon sens public est sur la voie des améliorations; les priviléges et les abus de toute espèce, jugés par l'opinion, vont tomber avec les institutions qui les consacrent; mais de quoi serviraient l'expérience des siècles et le long travail des civilisations, si une force agressive menace à chaque instant de détruire l'œuvre du temps et du génie, et de jeter un nouveau joug de fer sur l'Europe régénérée. Il y a donc aussi péril au dehors. Et c'est au milieu de tant de graves questions indécises que l'on s'occuperait à dorer les bases chancelantes de la société, qu'on oserait proclamer que le résultat de tant de révolutions sanglantes est définitivement acquis! Un gage de salut s'offre au monde, c'est l'alliance franche, intelligente, c'està-dire, efficace de la France et de l'Angleterre; tous les intérêts de dynasties, de frontières, de développement moral et industriel, sont précaires sans elle. Si cette alliance est favorable aux droits des nations, si elle n'use de sa force que pour protéger et non pour soumettre, pour creuser un lit profond au torrent qui grossit tous les jours au nord et à l'orient, et non pour changer brutalement des nationalités rebelles, alors, et peut-être même sans effusion de sang, tous ceux qui ont pouvoir et génie devront se livrer à la tâche désormais possible de rendre les hommes plus heureux et plus dignes de l'être.

On a pu voir dans l'action constante de la Russie sur la politique étrangère, et dans l'esprit de ses traités, que toute

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son organisation répond à un plan immense de développements et de conquêtes; il nous reste à montrer que ses prévisions pour l'avenir, dans le système de l'instruction publique, décelent la même tendance; que tout s'y enchaîne, en un mot que le gouvernement ne considère le progrès intellectuel que comme un moyen, tandis qu'il trace au progrès moral des limites qu'il renferme dans les exigences du despotisme. L'ouvrage publié récemment par M. Krusenstern, nous servira de guide pour les détails et les chiffres, mais nous tirerons quelquefois des mêmes éléments des conclusions contraires, non parce que l'auteur ne les a pas sainement appréciés, mais parce que son but était évidemment apologétique tandis que le nôtre se renferme dans l'étude impartiale de la vérité.

La même cause qui a dû faire faire des progrès rapides aux connaissances élémentaires dans l'empire russe, s'est opposée à leur développement transcendant, et cette cause c'est l'action gouvernementale agissant comme principe unique sur l'instruction de la jeunesse russe. Nous avouerons que le système adopté ne manque ni d'harmonie ni de grandeur, mais il pèche par la cause même qui le constitue. Il impose une barrière à l'intelligence, il lui prépare des matériaux incomplets et rejette tous ceux qui ne pourraient entrer dans l'édifice du despotisme. L'expérience des siècles et des civilisations n'est présentée aux élèves qu'avec les restrictions timides d'une censure ombrageuse; en un mot, si le vœu gouvernemental est rempli, l'instruction est tronquée et au-dessous des lumières du siècle; si elle s'élève, malgré les entraves qu'elle rencontre à chaque pas, elle se trouve comme déplacée dans le cadre qu'on lui destine.

L'invasion des Mongols détruisit le germe des connaissances que les relations avec le Bas-Empire avaient portées en Russie : après l'expulsion des hordes asiatiques, le long travail de la réorganisation des apanages sous un même sceptre, et les lut

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