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Les Taures, à l'étroit dans leurs montagnes, et peu disposés à s'adonner aux arts de l'agriculture, vécurent quelque temps de vol et de pillage. D'abord ils enlevaient les bestiaux des habitants de la plaine; mais, plus tard, lorsqu'à la suite des voyages de Phrixus, d'Hellé et de Jason, les navigateurs grecs se montrèrent sur les eaux de la mer Noire, les Taures abattirent les grands chênes de leurs forêts pour construire des barques monoxylones et courir sur les vaisseaux marchands. S'il arrivait que le résultat d'une croisière fût heureux, les pirates, satisfaisant au premier besoin de toutes les sociétés naissantes, offraient une partie du butin à leurs divinités, parmi lesquelles les astres, et la lune notamment, jouaient un grand role. Lorsque la tempête jetait un navire étranger sur leurs côtes, les sauvages habitants de la Tauride ne croyaient pouvoir reconnaître dignement cette faveur de leur providence qu'en lui offrant en holocauste quelques-uns des malheureux naufragés. Dans ces circonstances, après les cérémonies d'usage, ils assommaient la victime d'un coup de massue, puis ils lui coupaient la tête, l'attachaient à un poteau, et enterraient le corps honorablement. C'est un usage que suivent quelquefois encore, à l'égard de leurs prisonniers, certaines peuplades du Caucase, les Ingouches et les Tchetchenses.

A l'époque où Hercule et Thésée entreprirent contre les Amazones de l'Asie une expédition sans but comme sans gloire (quatorzième siècle avant l'ère chrétienne), un vaisseau qui portait quelques-unes des plus illustres captives échoua sur les côtes de la presqu'île Trachée, dans le Bospore même. Echappant à la vigilance des Scythes, ces femmes s'emparerent d'un haras de chevaux et côtoyèrent le littoral de la mer Putride pour sortir de la Crimée par l'isthme dit aujourd'hui de Pérécop. Là, elles trouvèrent les Hippomolgues, qui se nourrissaient du lait aigri de leurs juments: s'étant alliées avec eux, eiles furent s'établir au-delà du Tanaïs, où elles

donnèrent naissance à la nation des Sauromates.

Les Grecs; toujours amis de la poésie et du merveilleux, racontaient avec exagération ce qu'ils savaient des mœurs de ces peuples. Une vanité bien connue dans l'histoire leur faisait dire que les dieux honorés en Tauride avaient une origine grecque, oubliant ainsi que ces divinités avaient été appor tées à eux-mêmes en Grèce par des colons étrangers. Voyaient-ils une peuplade sauvage adorer le soleil, la lune, le feu, ou un glaive, comme le faisaient les Scythes, ils publiaient que les barbares rendaient hommage à Apollon, à Diane, à Vesta et à Mars. Avant de partir pour les rivages de Troie, Agamemnon avait offert un sacrifice à une divinité irritée; la populace crédule allait jusqu'à dire qu'il avait immolé sa propre fille, son Iphigénie, la fiancée d'Achille, mais que Diane (la lune) avait enlevé la victime; et où aurait-elle pu la conduire, si ce n'est dans le pays où les Taures se prosternaient devant la lune, comme on a vu depuis les Péruviens le faire à l'égard du soleil? Là elle avait contié à la jeune princesse les terribles fonctions du sacerdoce qui l'obligeaient à égorger les malheureux qui venaient échouer sur ces rivages inhospitaliers. Cependant l'exil de la royale prêtresse eut un terme prochain; son frère Oreste la reconnut au moment où lui-même allait être immolé par elle, à la suite d'un naufrage, et réussit à la ramener au palais de ses pères. Toutefois Homère dit, en termes bien précis, qu'Iphigénie n'avait pas quitté le toit paternel (*); mais, quoi qu'il en soit, il paraît certain qu'à l'époque où les Grecs, devenus plus entreprenants, commencèrent à établir quelques colonies sur les côtes de la Tauride, ils cherchèrent à se rendre les peuples indigènes favorables en leur prouvant qu'ils avaient les mêmes dieux; et c'est à eux, en conséquence, et non pas aux TauroScythes, qu'il faut attribuer la fondation de ces temples de Diane, dont on

(*) Iliade, chant 1x, v. 144.

retrouve encore quelques vestiges. Le promontoire sur lequel, selon les traditions locales, Iphigénie avait coutume d'immoler les étrangers, fut appelé cap Parthénium, ou de la Vierge; mais les archéologues varient sur sa véritable position, ou peut-être y en avait-il plusieurs. Nous en mentionnerons trois. Le premier, dont il est question dans Strabon, est situé auprès de la moderne Sébastopol : c'est le cap le plus saillant du sud-ouest; on y trouve des lacs salés et des ruines. (Voir la pl. 1.) Le second est placé entre Balaclava et le monastère Saint

George. Le troisième, enfin, appelé aujourd'hui Parthenit, se voit à peu de distance de Lambat.

Le golfe où les pirates avaient coutume de rassembler leurs bateaux, soit pour combiner de nouvelles expéditions, soit pour partager le butin, était admirablement choisi. Les Grecs lui donnèrent le nom de port de la Rencontre (Zúcλos), d'où les Latins firent portus Symbolorum. Cette baie est située sur la côte du sud, entre le monastère Saint-George et Balaclava.

Vers l'année 633 avant J.-C., les Scythes Skolotes, toujours en état d'hostilité avec les Cimmériens, résolurent de rejeter leurs ennemis hors des limites de l'Europe. Ils sortirent donc de la péninsule, sous la conduite de Madyès, ne laissant chez eux que leurs femmes et leurs esclaves. Après une longue marche et des combats dont le souvenir nous a été transmis par Hérodote, ils traversèrent le Caucase à la poursuite des fuyards, ravagèrent la Médie, et arrivèrent enfin devant Ninive, au moment où Cyaxare en faisait le siége. Ayant vaincu ce monarque, ils se disposaient à passer en Égypte, où régnait Psammétique, lorsque ce prince obtint, à force de présents, qu'ils rebrousseraient chemin, et se contenteraient de gouverner le pays des Mèdes. Mais après y avoir vécu, en despotes, l'espace de 28 ans, ils en furent chassés par ce même Cyaxare. Ils résolurent alors, eux et les enfants qu'ils avaient eus dans leur émigration, de retourner sur le sol

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natal: or, pendant cette longue absence, leurs femmes les croyant morts s'étaient unies, faute de mieux, à leurs propres esclaves; et de ces alliances il était résulté une nouvelle génération de guerriers, disposée à disputer le pays à ses anciens maîtres. Lorsque ces jeunes gens apprirent que les Scythes s'approchaient, ils se retranchèrent dans la presqu'île Trachée, et en fortifièrent l'entrée par un fossé qui prenait toute la longueur du passage dans sa partie la plus étroite depuis les monts Tauriques jusqu'à la mer d'Azow; on en voit encore aujourd'hui les vestiges, qui s'étendent des environs de Théodosie, ou Kaffa, jusqu'à Arabat. Il y eut, entre les deux partis, des rencontres sanglantes sans résultat : alors, selon Hérodote, l'un des anciens conquérants de la Médie, s'adressant à ses compagnons, leur dit : « Que faisons-nous? quand ces « gens-là nous tuent nos frères, notre « nombre diminue; et si nous tuons quelqu'un d'entre eux, nous dimia nuons le nombre de nos esclaves: « laissons là, croyez-moi, nos arcs et << nos javelots, et marchons à eux ara més du fouet dont nous nous ser«vons pour mener nos chevaux. Tant qu'il nous ont vus avec nos armes, « ils se sont persuadé que leur condition et celle de leurs pères étaient « semblables à la nôtre; mais quand «< ils nous verront le fouet à la main « au lieu d'armes, ils apprendront qu'ils sont nos esclaves, et n'ose« ront plus nous résister. » Ce conseil fut approuvé, et le succès en justifia la sagesse. Les esclaves, surpris de cette manière de combattre, ne songèrent nullement à se défendre; ils s'enfuirent précipitamment, et les vainqueurs rentrèrent chez eux sans obstacle. Le souvenir de cette aventure s'est transmis d'âge en âge à plus d'une peuplade aujourd'hui réfugiée dans les montagnes du Caucase. Là, on voit, en effet, aux cérémonies d'un mariage, le mari prendre un fouet et en menacer sa femme, comme pour rappeler le souvenir de cet antique affront et perpétuer celui de la vengeance. Les des

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cendants de ces esclaves, Mootes d'origine, furent long-temps connus sous le nom de Sindes; ils habitaient aux environs de la mer d'Azow.

En 521, les Scythes de la Criméc prirent une grande part dans les guerres contre Darius.

SCYTHES. Les Scythes avaient la barbe longue; ils étaient généralement couverts de peaux de mouton; les chefs seuls se revêtaient de la dépouille des bêtes fauves. Ils combattaient à cheval, et se servaient de massues, de javelots, d'arcs faits avec des cornes d'antilope, et d'une sorte de glaive semblable à celui qu'ils adoraient. Ils étaient bons cavaliers et excellents archers. A la guerre, ils goûtaient du sang du premier ennemi qu'ils avaient tué, et coupaient la tête à tous les autres. On trouvait parmi eux un grand nombre de devins qui se servaient de baguettes de saule pour leurs jongleries; c'étaient eux qui exerçaient la médecine. Vivant en nomades, les Scythes dressaient, sur des chariots, des tentes à compartiments intérieurs; c'était là que vivaient leurs femmes et leurs enfants. Ils possédaient de nombreux troupeaux de bœufs et de moutons, mais ils préféraient la chair de cheval. Quand le roi venait à mourir, ses amis enduisaient son corps de cire, lui fendaient le ventre et le remplissaient de parfums et d'herbes aromatiques. Ils le recousaient ensuite et l'enterraient avec une de ses concubines qu'ils avaient étranglée, ainsi qu'un échanson, un cuisinier et un palefrenier. Cela fait, ils étranglaient encore une cinquantaine de ses serviteurs avec un pareil nombre de ses chevaux, leur ôtaient les entrailles et les bourraient d'herbes sèches et de foin. Puis, ils mettaient les hommes, ainsi empaillés, à cheval sur les animaux, les assujettissant à l'aide d'un pieu qui leur traversait l'épine dorsale, et les plaçaient autour du tombeau pour défendre leur maître et veiller à ses besoins.

Tels étaient ces barbares qui opposèrent une longue et impuissante ré

sistance aux envahissements de la Grèce.

Dans le courant du VII' siècle avant J.-C., on voit arriver en Tauride les colonies grecques, appartenant, pour la plupart, à la puissante Milet. Les Héraclides de Mégare et ceux du Pont fondent, dans la péninsule du sudouest, la ville de Cherson (Chersonesus), long-temps gouvernée en république sous la tutelle de la métropole, et devenue si célèbre, qu'il fut un temps où la Crimée n'eut pas d'autre nom que celui de Chersonèse. Dans la presqu'ile Trachée, les Milésiens jettent les fondements de Panticapée, destinée à devenir un jour la capitale d'un empire florissant. Cette ville peut être considérée comme la mère des colonies milésiennes du Bospore Cimmérien; elle a été appelée depuis Bosporus et Vospro : c'est la moderne Kertch.

à

Parmi les autres établissements que les Grecs formèrent dans la Tauride, nous mentionnerons, sur l'autorité des géographes de cette nation et de ceux de Byzance, Théodosie, Cytée, Nymphaion, aujourd'hui Apouk Myrmécion, Palakion et Lampas; et dans le pays des Sindes, au-delà du détroit, Phanagorie, Hermonassa Kimmerion, Cæpe (actuellement Cæpil ou Sinaï?); Corocondama, dont on croit reconnaître l'emplacement et le nom même dans la petite ville de Taman, que Constantin Porphyrogénète appelle Tamatarca; Achil læum, au débouchement du Palus, l'endroit où le Bospore est le plus étroit; plus loin, sur le littoral du Pont-Euxin, Portus Sindicus, maintenant Soudjoukkalé; Sinda et Toricus. Selon Eustathe, Phanagorie et Hermonassa furent ainsi appelées du nom de leurs fondateurs Phanagoras et Hermon, chefs des colonies milésiennes; mais Arrien rapporte qu'un Teren, du nom de Phanagoras, fuyant la domination des Perses, vint jeter les fondements d'une ville à laquelle il imposa son nom, pendant qu'un citoyen de Mitylène, à la tête d'une colonie d'Foliens, fondait, à peu de

distance, une autre ville dont les constructions furent achevées par sa veuve Hermonassa.

Ce sont là les faits les plus saillants que nous puissions recueillir dans la première période de cette histoire jusqu'au Ve siècle avant l'ère chrétienne, époque à laquelle fut fondé le royaume du Bospore Cimmérien. DEUXIÈME ÉPOQUE. du Bospore.

Les rois (De l'an 480 avant J.-C. à l'an 350 de l'ère chrétienne.) - Les colonies grecques, s'étant rendues assez respectables pour maîtriser les barbares, commencèrent à étendre leur domination dans l'intérieur des terres. A Cherson elles établirent des archontes, ou proteron, appelés quel quefois du nom de rois, mais qui n'étaient en réalité que les premiers magistrats d'une république vassale de la métropole. Il n'en fut pas de même à Panticapée. De l'union des Milésiens et des Scythes il était résulté une population industrieuse qui, s'agglomérant dans les murs de cette ville et dans ceux de Phanagorie, éprouva bientôt le besoin de se soumettre à une volonté unique et puissante, capable de prendre les mesures qu'exigeait la position des colonies sur les confins du monde civilisé, en présence d'une nuée de barbares continuellement en état d'agression. Les premiers chefs, connus sous le nom d'Archæanactides, ou anciens princes, régnèrent d'abord en Asie, au-delà du Bospore. L'un d'eux, Spartacus Ier, réunit à ses domaines la majeure partie de la presqu'île Trachée, et fut salué du nom de roi du Bospore Cimmérien; jusquelà, ses prédécesseurs s'étaient intitulés archontes de Bosporos et de Théodosie, rois des Sindes, des Torètes et des Dandariens (tribus mæotes). Cet événement eut lieu l'an 439 avant notre ère. Le royaume du Bospore fut définitivement constitué sous le règne de Leucon; ce qui a fait donner à sa dynastie le nom de Leuconienne. Cette forme de gouvernement ne dura pas moins de 800 ans; car les Romains, qui succédèrent aux Grecs dans le droit de suzeraineté sur cette

couronne, sentirent, comme eux, qu'il était plus convenable à leurs véritables intérêts de protéger les rois de ce pays, dernier boulevard de la civilisation sur les frontières de la barbarie, que de vouloir y gouverner par eux-mêmes. Les rois de Pont possédèrent long-temps, ainsi qu'on va le voir, la couronne du Bospore. Ils étaient plus riches qu'on ne pourrait le supposer d'abord, ayant à eux seuls, en quelque sorte, le monopole du commerce du Pont-Euxin. La valeur et l'importance de leurs médailles d'or, les fragments de leur histoire échappés à l'oubli, et les inscriptions de quelques monuments de cette époque nous font regretter vivement l'ignorance où nous sommes encore sur des événements qui jetteraient certainement un grand jour sur toute l'antiquité. Nous allons signaler ce qu'il y a de plus authentique dans ces débris de l'histoire (*).

(*) Parmi les savants qui se sont occupés de l'histoire des rois du Bospore, il faut citer Vaillant, Hardouin, Souciet, de Boze, le numismate marseillais Cary, Visconti, MM. Saint-Martin, Raoul-Rochette, Kohler et Rommel dans l'Encyclopédie d'Ersch et Gruber. Malheureusement les matériaux que l'archéologie a mis à leur disposition ont été jusqu'ici d'une insuffisance désespérante; des médailles rongées par le temps, des fragments lapidaires mutilés, des lambeaux d'his toire épars dans Diodore, Strabon, DionCassius, Appien, Constantin Porphyrogenète et quelques autres, voilà les seules sources où ils ont puisé pour élever une controverse plus ingénieuse que satisfaisante. Jusqu'ici même on n'a pu établir d'une manière précise la liste de ces souverains. Chaque jour, la découverte d'une médaille ou d'une inscription nécessite la rectification d'un fait que l'on jugeait précédemment bien établi. J'ai pensé, toutefois, qu'il ne serait pas inutile de dresser une table chronologique de ces rois, telle qu'elle résulte de l'état actuel de nos connaissances sur cette branche de l'histoire ancienne.

ROIS DU BOSPORE CIMMÉRIEN.

Ire DYNASTIE.

Les Arch@anactides (Ågyatot ǎvaxto, anciens princes), regnent, selon Diodore, de l'an 480 à l'an 440 environ avant notre ère.

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le voir dans Démosthène et Isocrate. A Spartacus II succéda un prince connu sous le nom honorifique de Satyrus. Il accorda aux Athéniens le privilége de faire le commerce des grains dans ses états, et périt au siége de Théodosie. Leucon, son fils, monta sur le trône l'an 392 avant J.-C.

Les Athéniens appelaient assez volontiers tyrans les rois des contrées éloignées, mais Leucon fut exempt de cette qualification; il fut même honoré du titre de citoyen d'Athènes, et cependant l'histoire nous le montre environné d'espions et d'adulateurs. L'un d'eux lui ayant un jour dénoncé un homme évidemment innocent: «< Misérable, lui dit Leucon, je te tuerais de mes propres mains, si les rois pouvaient se passer de tes semblables!» Ce prince soumit Théodosie, y porta le grand entrepôt des grains de la Crimée, régna glorieusement pendant quarante années, et mérita de donner son nom à sa dynastie. Strabon nous apprend qu'il envoya aux Athéniens 1,100,000 médimnes de blé ( 570,000 hectolitres). Spartacus III, fils aîné de Leucon, gouverna pendant quatre années seulement. Après lui, ses trois frères, Pærisades 1, Satyrus II et Gorgippus I, régnèrent simultanément sur diverses parties du royaume (349 à 311). Ces monarques ayant envoyé du blé aux Athéniens en un temps de disette, ceux-ci, sur la proposition de Démosthène, leur érigèrent des statues d'airain; Pærisades même, après sa mort, fut mis au rang des dieux.

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(311-309) Satyrus III, Prytanis et Eumilus, tous trois fils de Parisades I, furent appelés à recueillir la succession de leur père et de leurs oncles; mais Eumilus, las de partager le trône, fit la guerre à ses frères, les tua, et conserva trois ans le pouvoir suprême. Il eut le sort du fils de Thésée ses chevaux s'emportèrent et il fut écrasé sous les roues de son char. Son fils Spartacus, quatrième du nom, lui succéda (307-288). Ici, il existe dans Diodore une lacune que l'on peut combler en partie à l'aide de la nu

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