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LANGUES. Nous placerons ici unc observation qui, bien qu'elle concerne plus particulièrement les Tcherkesses, peut s'appliquer à la plupart des nations caucasiennes. Leurs idiomes, aussi variés que leurs noms, ont un trait caractéristique commun, c'est qu'ils sont plus difficiles à prononcer qu'aucune autre langue du monde (*). Ils offrent à la fois des syllabes fortes et gutturales, des diphthongues modifiées à l'infini, des claquements et un gazouillement que l'écriture ne saurait traduire et que la pensée ne peut comparer à rien. Et cependant l'art de la mélodie n'y est pas inconnu. Les Tcherkesses ont notamment plusieurs airs nationaux qui portent l'empreinte de leur caractère belliqueux. Il en est un qu'ils affectionnent surtout et dont ils entonnent le refrain, Oriracha, dans toutes les circonstances un peu importantes.

Privés des moindres notions de l'écriture, ils conservent leurs traditions historiques dans des chansons que le temps a tellement dénaturées, qu'on ne saurait plus y reconnaître les véritables traditions auxquelles elles doivent leur origine.

Les tribus tcherkesses sont trèsnombreuses. La plus importante est celle des Abazeks, chez laquelle on trouve quelques esclaves et déserteurs russes. Indépendamment de leurs propres sujets, les princes de la Kabardah tiennent sous leur domination plusieurs peuplades d'origine tatare, mais dont la race s'est embellie par le mélange avec le sang géorgien et tcherkesse. Ces tribus sont établies à la source du Kouban et des rivières les plus voisines de ce fleuve; ce sont les Bassians et les Karatchaï, ou Tcherkesses noirs. Cette dernière nation a des mœurs infiniment plus douces que celles des peuplades voisines; elle professe l'islamisme, se livre à l'agriculture et à l'éducation des chevaux; elle cultive le tabac, l'orge et le blé, fait de l'excellente bière, et commerce

() Voy. Pallas, Guldenstaedt, Reineggs, Potochi, Balbi, J. Klaproth, etc.

avantageusement avec les Nogaïs, les Souanes et les Abases.

Les autres peuples montagnards dont il nous reste à parler sont les Lesghi, les Ossètes et les Tchetchenses; tous se divisent en une infinité de tribus

qui, pour la plupart, prennent leur nom de la montagne ou de la rivière la plus voisine.

LESGHI. Le pays compris entre le Koï-sou, l'Alazan et la mer Caspienne, ordinairement appelé, sur nos cartes, Daghestan septentrional, est connu également des Tatares sous le nom de Lesghistan. Strabon et Plutarque ont parlé des Lesghi, qu'ils appellent Leghes. On aurait tort de voir une seule nation sous cette dénomination, qui n'est que le mot générique par lequel on désigne diverses peuplads, voisines l'une de l'autre, qui se ressemblent par des mœurs féroces et des habitudes de brigandage, mais qui d'ailleurs ne parlent pas la même langue et ne forment nullement un corps homogène.

des

Ces peuples paraissent être un mélange de diverses nations européennes et asiatiques; ils sont cruels, pillards et audacieux. On les voit quelquefois se hasarder jusqu'aux environs de Tiflis pour y enlever les bestiaux et les paysans: ils descendent de leurs montagnes ordinairement vers le printemps, et se répandent dans les campagnes, où leur présence est un fléau plus dangereux que les ravages loups et des tigres. Embusques dans les ruines des vieilles chapelles, ou derrière d'épais taillis, ils attendent leur proie avec une persévérance que la faim, la soif, ni l'intempérie de l'air ne sauraient dompter. Quand ils ont fait un prisonnier, ils le garrottent avec les cordes qui leur servent de ceinture, le traînent précipitamment à leur suite, traversent les localités les plus apres, les buissons épineux, les rivières et les précipices, jusqu'à ce qu'ils l'aient mis en sûreté. Là, ils font prévenir sa famille et lui demandent une rançon souvent exorbitante: à défaut de paiement, le malheureux prisonnier est soumis, pendant dix an

nées, à toutes les peines du plus dur esclavage. C'est ainsi que, depuis plusieurs siècles, ces brigands se jouent de la vie et de la liberté des hommes. Les Russes ont fait contre eux quelques expéditions heureuses; mais contrariés par la nature du pays, où leurs ennemis trouvent des retraites inaccessibles, ils ont dû capituler avec eux, et accorder des subsides annuels à leurs princes. Le khan des Avars, la plus belliqueuse des tribus lesghines, reçoit un traitement de 40,000 francs. Ce prince réside à Khoun-Dzakh; il peut armer de 8 à 10,000 hommes. Les Kasi-koumouks n'en peuvent mettre sur pied que 6000 environ, mais ce sont les ennemis les plus acharnés des Russes. Les Lesghi du bourg de Koubitchi sont renommés pour la fabrication des cottes de mailles en acier : on les connaît dans tout le Caucase sous le nom persan de dzereb-kerân (fabricants de cuirasses). A Barchly, réside un khan qui prend le titre d'ougmei sa tribu est celle des Kaitak; elle arme de 7 à 8000 hommes. Á Akoucha, les habitants sont plus industrieux et moins féroces que leurs voisins; ils sont pasteurs, et fabriquent un drap assez estimé dans le Caucase.

OSSÈTES. L'an 633 avant J.-C., les Scythes traversèrent le Caucase sous les ordres de Madyès; ils conduisirent, ainsi que nous l'apprend Diodore de Sicile, une colonie de Mèdes en Sarmatie. Cette colonie, établie dans la partie centrale du Caucase, au nord de la Géorgie, a donné naissance aux peuples appelés Alains et Azes dans le moyen âge; aujourd'hui, c'est la nation qui prend elle-même le nom d'Iron, que les Géorgiens connaissent sous celui d'Ossi, et nous sous celui d'Ossètes. Leurs mœurs se rapprochent trop de celles des montagnards lesghi pour que nous puissions nous étendre davantage à leur sujet. Nous ajouterons toutefois qu'ils sont d'une taille élevée, qu'ils ont l'air martial et imposant, et que leur costume, dégagé du pesant accoutrement des Tcherkesses, est celui qui convient le

plus à un peuple montagnard de grands bas de cuir à jarretières, un surtout court et dégagé, un bonnet à bourrelet, une ceinture garnie de pistolets et de poignards, un fusil en bandoulière, et un bâton fourchu pour poser le fusil et tirer plus juste, cn sont les principales parties.

TCHETCHENSES.- Les tribus appelées Mitzdjeghi par les Caucasiens, et Tchetchenses par les Russes, sont établies dans le Caucase depuis une antiquité fort reculée. Parmi elles, la nation des Ingouches se fait remarquer par quelques coutumes bizarres, celle, par exemple, de marier les morts, asSociant ainsi les jeunes gens des deux sexes qu'ils supposent devoir se convenir dans le ciel. Ils stipulent une dot, que paie, en cette circonstance, le père du fiancé; car c'est un usage général dans ces contrées que le mari apporte une dot à son beau-père.

Les Ingouches sont païens et fort superstitieux; ils attribuent à leurs actions la plus grande influence sur la destinée des morts de leur famille. Lorsqu'un créancier veut être payé de son débiteur, il le menace d'aller tuer un chien sur le tombeau de ses morts, ce qui réduirait ceux-ci à un affreux désespoir. Voleurs comme tous leurs voisins, ils portent à un plus haut degré que ceux-ci l'avidité et la scélératesse. On en a vu s'efforcer de plaire à de jeunes filles, les séduire et les enlever ensuite pour les vendre à des étrangers; des fils dénaturés ont porté plus d'une fois une main sacrilége sur leurs vieux pères, et, entraînant de vive force ces vieillards désarmés, ils les ont vendus pour quelques mesures de sel ou quelques aunes de drap.

Ce peuple se distingue encore de ses voisins par l'emploi du bouclier.

Les Tchetchenses ont été tour à tour chrétiens et musulmans. Aujourd'hui, leur religion paraît n'être plus qu'un théisme entremêlé d'abus grossiers et de superstition. Ce sont des brigands plus féroces et plus déterminés encore que les Lesghi eux mêmes. Quand ils ne peuvent garder un prisonnier, ils ne le renvoient pas sans

lui avoir coupé le nez ou les oreilles. Il y a peu d'années qu'ils enlevaient fréquemment des sujets russes; mais ces accidents sont devenus beaucoup plus rares depuis que le gouvernement a cerné les retraites de ces déterminés voieurs par des postes de Cosaques.

RÉGION DES STEPPES.

Les Turcomans, les Nogais, les Koumouks et les Kalmouks dont il va être ici question n'habitent pas exclusivement les steppes de la région caucasienne; et cependant nous avons eu des motifs suffisants pour les comprendre dans cette catégorie, puisque ces nations étaient toutes, dans l'ori

gine, nomades et habitantes des plaines, qu'elles le sont encore pour la plupart, et que les autres y sont disséminées en partie, de sorte qu'il serait impossible de les rattacher aux groupes des peuples montagnards.

Les Turcomans sont d'origine turque (*); leur langue a même conservé une pureté remarquable. Ils descendent de ces Turcomans qui, soumis jadis aux Kalmouks sur les bords du Jaïk, refusèrent d'en suivre les hordes. Devenus sujets de la Russie, ils furent transportés dans la steppe du Kislar. Ils errent avec leurs troupeaux dans cette immense plaine sablonneuse qui s'étend depuis le Térek et la Kouma jusqu'à la mer Caspienne. A l'imitation des anciens Scythes Hamaxobiens, ils portent leurs tentes sur des chariots, et se font suivre par leurs grands troupeaux de chevaux, de chameaux et de bestiaux de toute espèce. Leur nourriture consiste en viande de mouton, en lait aigri, et en une petite quantité de farine de gruau qu'ils achètent des Russes. Le manque d'eau potable est un fléau dont ils éprouvent souvent toute la rigueur. À cela près, leur sort est assez heureux; ils ne paient aucune imposition et ne sont tenus qu'au service militaire et à une

(*) Ne confondez pas, ainsi qu'on le fait habituellement, les Turcs avec les Tatares dont l'origine est mongole.

contribution de chevaux de chasse.

Les Turcomans sont bien faits, vifs, braves, courageux, mais paresseux, comme tous les peuples nomades. Il y a dans leur manière de se vêtir un luxe qui ne manque pas d'étonner les voyageurs qui descendent des montagnes du Caucase. Ils portent des surtouts en étoffes cramoisies ou diversement bariolées, et galonnés d'or, noués autour des reins par une riche ceinture, des bonnets ronds garnis de peaux d'agneaux noirs, et des botcarquois et les arcs dont ils se sertines jaunes d'une forme élégante. Les vent sont particulièrement ornés (voy. pl. 8, n° 5) (**). Enfin, ils montent de beaux chevaux qu'ils manient avec des femmes est aussi riche, mais il est une grace remarquable. Le costume moins pittoresque; un bonnet semblable à celui des Tcherkesses, une chaussure exhaussée sur deux planchettes, et, le plus souvent, un anneau placé dans les narines, sont des ornements qui nous semblent de mauvais goût.

Kislar, ville de neuf mille ames, sur la rive gauche du Térek, est la résidence de plusieurs riches négociants arméniens qui y ont fait bâtir dernièrement une assez belle église.

(**) Nous avons réuni dans les trois planches numéros 8, 9 et 12, les costumes les plus remarquables de la région caucasienne; en voici l'explication :

Planche 8. -N° 1. Circassienne de condition noble, coiffée du bonnet à couronne, et montée sur une chaussure qui tient le milieu entre le socque et l'échasse. N° 2. Noble circassien, en habit civil; bonnet ouaté en forme de melon, justaucorps de drap, portant des poches à cartouches sur la poitrine. N° 3. Noble circassien en habit de guerre. No 4. Circassien à cheval, couvert du bourka. Son fusil est enveloppé d'une fourrure. N° 5. Turcoman.

Planche 9. N° 1. Jeune fille circassienne. No 2. Abase. No 3. Jeune Mingré lienne. No 4. Prince iméréthien. No 5. Prince géorgien. No 6. Mingrélien dans un

chariot d'osier.

Planche 12.-- -No 1. Dame géorgienne. No 2. Bayadere tatare du Chirvan. No 3. Lesghi en habit de guerre. No 4. Ingousche. No 5. Princesse mingrélienne.

Géorgiewsk sur le Podkoumok est le chef-lieu de la province du Caucase; c'est une petite ville fortifiée, régulière et agréable. Constantinogorsk et Stawropol offrent peu d'intérêt.

Le Bech-Taw, où les Cinq montagnes, donne son nom à la partie la plus septentrionale du Caucase dans le bassin de la Kouma. Le Metchouka, qui fait partie des montagnes adjacentes, a quelque célébrité par le voisinage d'une source d'eau thermale. C'est aux environs du Bech - Taw qu'on élève les meilleurs chevaux tcherkesses et abases.

A soixante werstes au nord de Géorgiewsk, on voit, sur les bords de la Kouma, les ruines de Madjari. Cette ville, d'origine tatare, paraît avoir eu de l'importance au XIVe siècle, sous les princes de la horde dorée; elle servit long-temps de lieu de passage et d'entrepôt aux marchandises que, de la mer Caspienne, on transportait à celle d'Azów. Sa destruction date du XVe siècle. Au temps où Gmelin, Guldenstædt et Pallas visitèrent ces ruines, elles offraient encore un grand intérêt; mais les Tatares et les Nogais, qui demeurent aux environs, y sont venus depuis chercher les matériaux nécessaires à la construction de leurs villages. Au moment où nous écrivons, elles ont sans doute entièrement disparu (voir le fond de la pl. 5).

Les Nogais habitent dans la steppe aux environs de Stawropol, mais on les retrouve dans le Daghestan, dans la steppe du Volga, dans la Tauride et en Crimée.

Le nom de ce peuple est celui de son premier chef. Peu d'années après la fondation de l'empire du Kaptchak, les lieutenants de Tchinghis-khan, n'étant plus contenus par la présence de ce grand homme, pensèrent que le moment était venu de secouer la domination de son successeur, et ils commencèrent, en conséquence, cette œuvre impolitique de démembrement qui finit par livrer l'empire entier à la merci de ses ennemis. Un de ces lieutenants, nommé Nogai, avait reçu

l'ordre de soumettre à la domination tatare les peuples qui habitaient au nord-est de la mer Caspienne entre le Jaïk et le Tobol; mais, ayant accompli heureusement cette mission, il devint ambitieux, et créa un état indépendant dont il se constitua le chef (1258-1271 de J.-C.). La politique de l'empereur Michel Paléologue seconda puissamment cette défection; ce prince donna même une de ses tilles à Nogaï. Les Tatares qui avaient suivi la fortune de ce rebelle épousèrent des femmes de race turque et furent la souche du peuple dont il est ici question. Les Nogais passèrent en Europe au commencement du XVIII® siècle.

Le teint basané, les yeux bridés et le nez épaté des Nogais attestent encore la part qu'ils ont à réclamer de la souche mongole, bien qu'on s'accorde assez généralement à les classer parmi les peuples turcs.

C'est une nation essentiellement nomade, voyageant, à la manière des Scythes-Hamaxobiens, sur des chariots couverts de tentes en feutre et traînés par des bœufs. C'est une véritable hutte portative que les Russes appellent Kibitka, les Tatares Karatchou, et les Kalmouks Ghir. Lorsque la caravane se met en marche, les hommes se tiennent à cheval auprès des chariots; ils poussent devant eux de grands troupeaux de chevaux et de boeufs, se servant, pour ramener les individus échappés, d'une sorte de lance fort longue, terminée par un noeud coulant qu'ils jettent adroitement autour du cou de l'animal. Les femmes et les enfants vivent sur les chariots et en descendent rarement.

Indépendamment du kibitka, les Nogais ont de grandes huttes, également en treillis et recouvertes en feutre, qu'ils ploient et chargent sur des chameaux ou des boeufs. Arrivés au lieu désigné pour le campement, quelques heures leur suffisent pour déployer tout ce bagage et former un aoûl, mot que l'on pourrait traduire par village provisoire. La calotte du kibitka s'ouvre à volonté pour don

nér du jour et de l'air à l'intérieur. Ces nomades se servent encore, pour le transport des marchandises, de grands chariots à quatre roues, tirés par des bœufs, et connus sous le nom d'arba ou de maggiari ( voy. ia pl. 5).

On assure qu'on trouve chez les Nogaïs cette infirmité qu'Hérodote dit avoir observée parmi les Scythes : les Enaréens ou efféminés sont des hommes que l'âge et les fatigues de la vie nomade semblent précipiter dans la classe des individus de l'autre sexe. Ils en prennent alors les habits et les Occupations, et ressemblent en tout à de vieilles femmes imberbes et tremblotantes. Les Nogaïs leur donnent le nom de Kos.

L'habillement de ces Tatares ressemble à celui des Turcomans, mais il est moins riche. Les hommes se rasent la tête, et les femmes marchent sur deux planchettes adaptées à leurs souliers, en guise d'échasses.

Les Tatares-Koumouks habitent audelà du Térek, entre les rivières Aksaï et Koï-sou; ils se livrent avec succès aux arts de l'agriculture, et vivent en paix avec les Russes. Leurs princes, ou khans, résident à Endéri, ville de 10,000 ames, à Kostiak, Aksai, Bragoun, etc. Le chamkal, le plus puissant d'entre eux, vit à Tarkou, sur les bords de la mer Caspienne, village à peu près aussi considérable qu'Endéri.

Les cérémonies funèbres usitées chez ce peuple méritent une mention particulière. Toutes les femmes de la famille du défunt s'assemblent pendant plusieurs jours, se découvrent la poitrine et se déchirent la chair avec leurs ongles. Autrefois, quand il mourait un prince de cette nation, son précepteur se coupait la moitié des oreilles, et sa nourrice s'enterrait vivante; mais, dans ce dernier cas, on lui laissait ordinairement la tête hors de terre et recouverte d'un pot cassé, par l'ouverture duquel on lui donnait à manger. Si elle existait encore après un nombre de jours déterminé, on mettait fin à son supplice en la retirant de son tombeau.

Les Kalmouks d'origine mongole sont disséminés sur toute la surface de la steppe, depuis le Kouban jusqu'au Volga. Le nom qu'ils se donnent à euxmêmes est celui d'Eleuths, ou Olets, tandis que la dénomination de Kalmouks n'est qu'un terme injurieux que leur idolâtrie leur a fait appliquer par les Tatares mahométans d'abord, par les Russes ensuite, et, enfin, par l'Europe entiere. La Tatarie indépendante étant la région propre aux Kalmouks, leur histoire ne serait pas ici à sa place, et nous ne pouvons donner sur les hordes qui passent dans les steppes de la Russie que quelques considérations caractéristiques.

Les hommes de cette nation ont la taille moyenne, bien prise et robuste. Ils ont la tête grosse et large, le visage plat, le teint olivâtre, les yeux bien fendus, mais peu ouverts et fort écartés l'un de l'autre, le nez plat, la bouche petite et la barbe rare. Pour costume, ils portent des hauts-dechausses d'une largeur extraordinaire, une veste en peau de mouton sans manche et, par dessus, une espèce de surtout dont les manches, d'une excessive longueur, peuvent se retrousser sur l'épaule, afin de laisser les bras nus et libres d'agir. De grandes bottes fort incommodes, ceinture de cuir et un petit bonnet rond complètent leur toilette, où la couleur rouge domine habituellement. Les traits et le costume des femmes sont à peu près les mêmes.

une

Les Kalmouks possèdent des troupeaux de chevaux, de boeufs, de moutons et de chameaux qui forment toute leur richesse. Ils en tirent à la fois la subsistance, les vêtements et les articles d'échange. La chair de cheval est la nourriture qu'ils préfèrent; le koumiss, ou lait de jument aigri, forme leur boisson favorite. Ils sont aussi braves et moins pillards que les Tatares mahométans, et, comme eux, ils sont polygames.

Ce peuple superstitieux a un grand respect pour les chiens, qu'il nourrit souvent avec des cadavres humains. Quant à lui, le lait aigri forme

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