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ciennement par d'humbles religieux (*), qui avaient dévoué leur vie à Dieu ou au soulagement des maux de l'humanité, il en est une surtout peu distante du Lido, dont les murs rougeâtres de ses cloîtres, dominés par un blanc clocher et environnés de jardins spacieux et verdoyants, flattent merveilleusement la vue. Au commencement du dernier siècle, cette petite île était stérile et déserte; son église et les murs délabrés de la maison qui y attenait rappelaient seulement qu'autrefois elle avait servi d'asile aux lépreux, et plus tard d'hôpital aux pauvres de la ville. Le nom de Lazare qu'elle portait lui convenait parfaitement, car elle était nue et délaissée comme le pauvre ami du Sauveur.

Aujourd'hui son nom est connu dans tout le monde savant de l'Europe, et il est devenu célèbre dans l'Orient. Comment s'est opéré ce changement si soudain ?

Pour cela, un seul homme a suffi; c'est Méchitar (**), qui vit le jour vers la fin du dix-septième siècle. Né à Sébaste, en Arménie, l'an 1676, il manifesta dès son bas âge la volonté formelle d'entrer dans l'état religieux. Il se livra spécialement à l'étude des Écritures saintes et des Pères de l'Église. Ayant formé quelques liaisons à Alep avec des missionnaires européens, il conçut le projet d'aller en Occident, et de travailler activement à la régénération spirituelle de l'Arménie. De nombreux obstacles s'opposèrent longtemps à l'exécution de son dessein; enfin il obtint la permission de bâtir un monastère dans la Morée. Mais ce pays, qui avait été tant de fois le théâtre de combats sanglants, fut envahi de nouveau par les Turcs, en sorte que Méchitar se vit poursuivi dans cet asile par les mêmes ennemis auxquels il avait espéré se soustraire en venant en Occident.

Il se réfugia à Venise, où la république lui concéda la petite île de SaintLazare, qui, vers le douzième siè

(*) Voy. la planche no 14.
(**) Voy. la planche no 15.

cle, avait servi d'hôpital aux lépreux.

Il eut la douce consolation de vivre quelques années dans ce couvent, qu'il voyait chaque jour prospérer, et qu'il édifiait par ses vertus.

Il avait pris d'abord pour base de son ordre la règle de Saint-Antoine, généralement adoptée dans les monastères d'Arménie; mais plus tard il la modifia, et il choisit celle des bénédictins. En effet, outre de simples et d'humbles religieux adonnés à tous les exercices de la vie ascétique, il fallait encore des hommes de science et d'études, embrassant chacun une spécialité, et pouvant concentrer au besoin leurs recherches et leurs travaux sur une même matière. Ils devaient se proposer deux choses dans leurs études: l'acquisition de certaines connaissances, puis l'emploi de ces mêmes connaissances acquises pour l'enseignement spirituel, oral ou littéraire des autres; car chaque Méchitariste doit être ou vartabied, c'est-à-dire, docteur spirituel, prêchant et évangélisant comme missionnaire, lorsqu'il le faut, ou varjabied, c'est-à-dire, docteur èslettres, enseignant et initiant les enfants à la science, et enfin auteur et écrivain tenant un rang dans le monde littéraire; et, bien que la chose soit difficile, plusieurs membres de la société réunissent dans leur personne ces trois qualités ou conditions.

Tout en les faisant participer aux lumières et à la science d'Occident, Méchitar mettait cependant en première ligne de leurs études la connaissance approfondie de leur langue, de leur histoire et de leurs Pères. Il voulait qu'en s'unissant à la foi et à la communion catholiques, ils restassent toujours Arméniens: c'était le seul moyen d'atteindre le but qu'il se proposait, d'exercer une action directe sur sa nation, qu'une dispute de mots mal compris peut-être sépare seulement de l'unité chrétienne, et qui, extrêmement jalouse de la gloire qu'ont répandue sur l'Église arménienne ses premiers patriarches, n'a pas répondu aux tentatives d'union faites à diverses époques, que parce qu'elle croyait sans

doute qu'on voulait porter atteinte à ses anciennes traditions, à la mémoire de ses saints pontifes et de ses docteurs, ou du moins qu'on ne les respectait pas assez.

La première condition exigée pour être reçu dans la société est d'être Arménien d'origine; et, afin de se mieux pénétrer de son esprit et de l'objet de ses institions, on préfère les sujets encore jeunes, élevés dans la maison, sans qu'il soit fait la plus légère distinction entre le riche et le pauvre. Lorsque ces jeunes gens ont fait preuve de leur capacité et de leurs dispositions, ils revêtent la robe, costume de l'ordre; ils habitent un corps de bâtiment séparé, nommé le Noviciat, où ils ont des maîtres capables de les diriger dans leurs études, qui correspondent alors à celles de nos gymnases ou colléges. Lorsqu'elles sont terminées, et qu'à une bonne santé capable de supporter les travaux de la vie de savant ou de missionnaire se joint une capacité intellectuelle suffisante, on les laisse libres d'entrer dans la société. S'ils manifestent le désir d'être admis, on les présente à la société, dont la majorité des membres doit opter pour leur admission. Alors ils passent dans l'école appelée Professorat, où ils se livrent à l'étude de la théologie et de la philosophie, en y joignant celle des Peres.

Lorsqu'ils ont achevé ce nouveau cours, ils reçoivent le sacerdoce, et on eur assigne pour chambres celles qui sont occupées par les docteurs. S'ils en sont dignes, et s'ils soutiennent avec avantage les examens requis, ils reçoivent aussi le titre de vartabied, et, suivant leur vocation ou les dispositions qu'ils montrent, on les envoie dans les missions d'Orient, ou ils restent dans le couvent pour vaquer aux travaux littéraires.

Trois fois par jour les religieux s'assemblent dans l'église pour réciter en commun leurs prières; les jeunes enfants seulement sont dispensés de la prière du matin faite dans l'église. Outre tous les exercices qui occupent les religieux durant la journée, il leur

reste sept heures complètes de travail.

Une imprimerie a été établie dans le monastère, et la beauté de ses types, la correction et l'élégance de tous les ouvrages qui en sortent, non-seulement la mettent à la tête des autres presses arméniennes que l'on trouve à Constantinople, à Smyrne, à Madras, à Vienne, à Saint-Pétersbourg, à Londres ou à Paris, mais encore ces qualités lui valent l'honneur d'être classée parmi les premières imprimeries orientales de l'Europe.

Les travaux de la société peuvent se diviser en deux classes: la première comprend ceux exécutés dans le but de servir à l'éducation spirituelle et morale, ou à l'instruction de la jeunesse; il faut ranger dans la seconde ceux qui ont un caractère proprement scientifique, et qui, s'adressant à tout le public littéraire, ont un intérêt tout particulier pour les orientalistes.

A notre première classification se rapportent les œuvres ascétiques destinées à diriger la conduite des fidèles en tout ce qui tient à la religion : telles sont la Vie des Saints du calendrier arménien, les Commentaires de l'Écriture sainte, le Bréviaire, le Missel et le Rituel de l'Église arménienne, une Doctrine chrétienne, et une multitude d'autres livres dont l'énumération fatiguerait le lecteur. Dans le domaine de la littérature profane, nous trouvons des traductions d'ouvrages européens, et particulièrement français, correspondants aux diverses branches de l'instruction, comme l'Histoire de Rollin, Télémaque, la Vie des hommes illustres de Plutarque, la Mort d'Abel de Gessner, le Paradis perdu de Milton, les Pensées de Young, les Caractères de Théophraste, des Traités d'arithmétique, de géométrie, de trigonométrie, de perspective, une Géographie universelle, un Traité de médecine pratique, et plusieurs autres ouvrages.

La seconde classe des travaux plus importants, et directement utiles à la science européenne, comprend la Grande Histoire universelle de l'Arménie du P. Tchamtchean, les Antiquités d'Arménie et saGéographie, par

le P. Ingigean, la Chronique d'Eusèbe, par le P. Jean-Baptiste Aucher.

Une riche collection de manuscrits arméniens orne la bibliothèque du couvent; chaque jour de nouvelles acquisitions viennent enrichir ce trésor littéraire, et, sans la dissidence religieuse qui ferme aux Méchitaristes l'entrée des monastères de l'Arménie, il est à présumer qu'ils seraient en possession d'un certain nombre d'autres écrits précieux que l'on croit perdus. Espérons qu'un jour un voyageur européen pourra constater la vérité de ce fait. Il ne trouverait pas les mêmes obstacles qu'un Arménien, et il pourrait s'acquérir quelque gloire scientifique.

La partie la plus riche de l'ancienne littérature est celle qui traite des origines du christianisme en Arménie, et qui comprend les vies et les actes des saints. Nous empruntons ici à un écrivain du cinquième siècle, Agathange, le récit du martyre de la sainte dont le nom est aussi populaire dans cette contrée que celui de Geneviève en France, et d'Élisabeth en Hongrie; elle s'appelait Ripsymée. Nous retrouvons ici tous les caractères de la légende.

SAINTE RIPSYMÉE.

En ce temps-là, il se passa dans l'Arménie un fait merveilleux qui fit briller d'un nouvel éclat la vertu chrétienne, en montrant les prodiges qu'elle pouvait opérer dans le cœur de simples femmes.

Suivant la tradition, Dioclétien, l'empereur romain, voulant épouser la femme la plus belle de son empire, envoya dans les diverses provinces des peintres habiles, pour rechercher les jeunes filles dont on vantait la beauté; et ils devaient prendre leurs portraits, afin qu'il pût se décider et choisir celle que son cœur désirait. Longtemps les perquisitions des émissaires furent infructueuses; toutes les femmes qu'ils avaient trouvées et dont ils avaient envoyé le portrait à l'empereur, manquaient de certains avantages, ce qui les empêchait de réaliser le beau idéal qu'il avait conçu. Un jour, ils arri

vèrent à la porte d'une vaste maison, située solitairement dans la gorge d'une montagne, et dont la construction singulière, avec le silence et l'ordre apparent qui y régnaient, les frappa extraordinairement. Ils demandèrent quels étaient les paisibles habitants de cette retraite, et quelles pouvaient être leurs occupations. Lorsqu'on leur eut répondu que, dans ces lieux, cinquante jeunes vierges, de la religion chrétienne, vivaient sous la conduite d'une autre vierge, leur mère commune, qu'elles passaient les jours et les nuits en prières, se livrant aux plus dures austérités, et n'ayant pour toute nourriture que les herbes sauvages des montagnes, leur admiration s'accrut avec leur curiosité; et, comme poussés par une inspiration secrète, ils voulurent voir ces femmes si dignes d'étonnement, et ils forcèrent l'entrée de la maison, dans l'espoir d'y trouver peut-être la beauté qu'ils cherchaient ailleurs inutilement.

A peine avaient-ils franchi le seuil, qu'une jeune vierge, au maintien modeste et à la figure suave et angélique, s offre à leurs regards. C'était Ripsymée, issue d'une maison de princes de l'Orient, et l'élève chérie de Caiana, chargée de la conduite du monastère. Jamais ces Romains n'avaient vu dans une femme l'air de candeur et l'expres sion de quiétude séraphique empreinte sur le front de la jeune chrétienne; ils furent frappés d'admiration, et s'écrièrent de concert: Certes, voilà bien la femme que Dioclétien nous fait chercher ! Un peintre tire aussitôt ses pinceaux, et esquisse son portrait qu'on envoie à l'empereur.

Dès que Dioclétien eut vu la figure de la vierge chrétienne, il tomba en extase devant ce modèle de perfection, et il sentit s'allumer en son cœur l'amour le plus ardent, en sorte qu'il ne soupirait plus qu'après l'instant où il s'unirait à celle qu'il choisissait par l'effet d'un attrait irrésistible. Il envoya donc sur-le-champ des officiers de son palais au couvent des vierges chrétiennes, en leur donnant l'ordre d'amener Ripsymée. Lorsque cette nou

velle parvint dans la solitude des saintes femmes, elle y jeta la consternation. Caiana fit venir Ripsymée et ses autres compagnes; elle leur exposa le motif de l'arrivée des officiers romains, la volonté de l'empereur; elle leur montra tous les artifices du démon qui cherchait à troubler leur foi et le calme de leur retraite; puis elles tombèrent toutes à genoux, et adressèrent au ciel cette priere:

« Seigneur des Seigneurs, Dieu souverain et éternel, Dieu du ciel, procréateur de l'ineffable lumière; toi qui as affermi toutes choses par ta parole, toi qui as fait le ciel et la terre et tous leurs ornements; toi qui as créé l'homme du limon et l'as établi dans ce monde; toi qui secours dans leurs misères tous les affligés espérant en ton nom, secours - nous, ô Seigneur! au milieu du combat qui nous presse, afin que nous triomphions des embuches de Satan. Ton nom sera glorifié, et la crainte sera bannie du sein de ton Église. Fais que nous puissions arriver aux demeures célestes réservées à tes élus. Que l'huile ne manque point dans nos lampes, et que le flambeau de la foi ne s'éteigne pas; que nos pieds ne chancellent jamais dans tes sentiers lumineux; que les pupilles de nos yeux ne se ferment point aux rayons resplendissants de ta vérité, et que l'oiseau de la mort n'enlève pas la semence de vie qu'a jetée au milieu de nous ton fils unique Jésus-Christ, Notre-Seigneur. Ne livre point la sain teté de ton troupeau à la dent de la bête féroce; que le loup destructeur ne triomphe point de tes brebis, et que l'ennemi de notre foi ne disperse pas les agneaux de ta sainte Église.

« Jette du haut du ciel un regard de compassion sur nous, de peur que nous ne ressemblions à celui qui bấtit sur le sable, et dont l'édifice croule sous les coups de la première persécution. Affermis-nous dans la vérité de ton Évangile, et désaltère-nous à la coupe du martyre, afin que nous recevions pour prix, au jour du jugement, la couronne de l'immortalité.»

Après avoir achevé cette prière, 8° Livraison. (Arménie.)

Caiana et Ripsymée, miraculeusement inspirées de Dieu, songèrent à quitter leur retraite, et à se préserver par la fuite des atteintes des païens envoyés à leur recherche. Elles voulurent se rendre dignes de la récompense que Jésus-Christ promet à celui qui abandonne en son nom ses parents et sa demeure. Elles se réfugièrent donc au pays des Arméniens, dans la plaine d'Ararat, près de la ville de Vagharschag. Là, retirées dans quelques chétives masures, qui servaient, à l'époque de la récolte, de pressoir pour les raisins et les olives, elles vivaient du travail de leurs mains, au moyen des colliers de perles qu'elles faisaient chaque jour.

Cependant, comme les envoyés de l'empereur romain n'avaient point trouvé les saintes vierges dans leur retraite, ils étaient passés aussi dans la grande Arménie, et étendaient de tous côtés leurs perquisitions, ce qui jetait le trouble dans le pays. Arrivés à Vagharschag, ils allèrent trouver le roi Tiridate, et lui remirent une lettre écrite de la main de Dioclétien, dans laquelle cet empereur, commençant par se plaindre des troubles continuels excités en son empire par les chrétiens, et de leur refus obstiné de reconnaître les divinités de l'État, pour adorer de préférence un juif crucifié, il lui annonçait ensuite qu'ils avaient égaré par leurs artifices et leurs dangereuses suggestions une jeune vierge de leur secte, remarquable par sa beauté, et qu'il s'était choisie pour épouse. Il l'avertissait qu'on l'avait emmenée fugitive dans ses Etats, et il le conjurait d'user de tout son zèle et de son autorité pour découvrir le lieu où elle était tenue cachée (*).

Lorsque Tiridate eut lu cette lettre,

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il donna l'ordre sur-le-champ de rechercher avec la plus grande exactitude, dans toutes les provinces de son royaume, la retraite de la vierge que luí demandait Dioclétien, promettant de riches présents à celui qui l'amène rait dans son palais. Ses envoyés se répandirent au loin dans le pays, et fouillèrent chaque village et chaque hameau, mais sans succès, puisque la sainte était toujours dans la ville même.

Cependant Ripsymée fut trahie par quelque infidèle, qui, avide de recevoir la récompense promise, alla déclarer au roi que la sainte était cachée aux portes de la ville, dans un pressoir à demi ruiné. On envoya un corps de troupes pour investir toute la maison et en garder toutes les issues, et les soldats prolongèrent cette espèce de siége trois jours durant. Ils eurent occasion d'entrevoir la sainte, et tous, en voyant sa beauté, demeurèrent stupéfaits. Le bruit de cette merveille se répandit promptement dans la ville, et les habitants accoururent en foule pour voir Ripsymée. Les seigneurs et les citoyens les plus riches, ainsi que les pauvres, se pressaient à l'envi pour admirer la servante de Dieu. Les confidents du roi, en rentrant au palais, lui firent une peinture si gracieuse et si attrayante de la jeune vierge, que Tiridate conçut un violent désir de la considérer de près et de l'entretenir. Il donna donc l'ordre de la transporter dans son palais, au lever du jour, elle et ses compagnes. Bien plus, Tiridate avait déjà formé dans son cœur le dessein de l'épouser, et il avait dépêché quelques-uns de ses officiers, avec de riches vêtements et des cadeaux d'un grand prix, afin qu'ils ramenassent en triomphe Ripsymée dans la ville.

Mais la sainte, voyant aux portes de sa retraite ce concours prodigieux d'hommes armés dont tous les regards s'attachaient avidement sur sa personne, se troubla; une rougeur pudique couvrit ses joues, et elle se réfugia dans les bras de Caiana, qui lui dit: Souviens-toi, 6 mon enfant,

que tu as méprisé et quitté tous les vains honneurs de la pourpre royale, dans ta patrie, et que tu as préféré, aux avantages de la terre, le titre durable et mille fois plus glorieux d'épouse de Jésus-Christ; que si, aujourd'hui, un prince païen et persécuteur de la foi du vrai Dieu te fait chercher pour t'élever à la dignité de reine, dédaigne ses offres, et préfère au trône la croix du Sauveur. »

Ripsymée répondit à ces paroles par des torrents de larmes et des cris de douleur; puis, élevant ses yeux au ciel, et plaçant ses bras sur sa poitrine en forme de croix, elle fit entendre ces mots : «Seigneur tout-puissant, qui avez fait passer du néant à l'existence tous les êtres, et qui avez peuplé les cieux d'étoiles, les mers et la terre de mille êtres variés, jetez sur nous un regard de compassion; sauvez-nous du péril qui nous menace, comme vous avez épargné autrefois le juste Noé dans le déluge, comme vous avez délivré Abraham des mains des Cananéens, et Moïse, avec tout son peuple, de la servitude d'Égypte. Le livre de votre loi nous prescrit de sanctifier votre nom dans nos cœurs; et voici qu'une troupe d'idolâtres le blasphème à mes oreilles, et se prépare à porter une main criminelle sur votre servante. Doux Seigneur, amant des hommes, si vous nous avez exposées à cette épreuve, donnez-nous la victoire par votre puissance, et assurez-nous la récompense promise à ceux qui persistent dans la crainte de votre nom et dans l'observance de vos commandements. Si vous prenez soin des oiseaux des champs, comment mépriseriez-vous les prières de ceux que vous nommez le temple et le vase de votre élection ? >>

Les officiers, les soldats et tout le peuple, attirés par la curiosité, ou envoyés par le roi au lieu de la retraite des saintes vierges, attendaient impatiemment aux portes, dans l'espoir de les voir sortir, et d'admirer celle dont on parlait dans le royaume. La frayeur des timides recluses augmentait avec le tumulte et la confusion du dehors,

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