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elles poussaient des cris entrecoupés de sanglots, et, les bras élevés au ciel, elles disaient: Malheur à nous, si les honneurs ou la grandeur peuvent nous séduire, si la crainte de la persécution nous ébranle, et si notre courage faiblit devant la mort! Malheur

nous,

si nous préférions une vie passagère à l'éternelle félicité! Non, ni les dignités ou les tortures, ni les plaisirs ou les chaînes, ni l'eau, ni le feu, ni le glaive, ni la pauvreté, ni ce monde entier, ni la vie, ni la mort, non, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Jésus-Christ: nous lui avons offert notre virginité, afin de nous conserver pures dans sa sainte union, et nous demeurons attachées à lui par un inviolable amour, afin de paraître un jour à ses yeux sans honte et sans crainte.»

Dieu eut pitié de ses fidèles servantes, et il permit qu'au commencement de la première veille de la nuit, un orage violent obscurcît le ciel, et que le bruit de la foudre et de la pluie tombant par torrents, jetât le désordre parmi toute la foule rassemblée aux portes du pressoir. Les soldats, saisis d'une frayeur inconnue, cherchaient à s'enfuir; et comme ils se gênaient mutuellement, les uns tirèrent leurs épées et s'égorgèrent, d'autres tombèrent foulés aux pieds des chevaux. Quelques officiers de la cour arrivèrent précipitamment au palais, et raconterent à Tiridate l'événement qui s'était passé sous leurs yeux.

Le roi se mit en colere, et dit : « Puis que ces femmes n'ont pas voulu venir près de moi librement et entourées d'honneur, on les traînera de force à mon palais et jusque dans ma chambre. » On exécuta ses ordres. D'autres soldats partirent, et, arrivés près de Ripsymée, ils la saisirent brutalement; et comme elle les repoussait de la main, ils la traînèrent à terre, en proférant les plus noires imprécations. Ripsymée s'écriait : « Seigneur JésusChrist, secourez-moi! ô mon Sauveur, venez à mon aide! »

De temps en temps, les soldats, fatiqués de la traîner s'arrêtaient et re

gardaient avec stupeur cette innocente vierge, qui continuait sa prière en disant: « Dieu suprême! toi qui ouvris le sein de la mer Rouge pour laisser passer ton peuple, toi qui fis descendre ton serviteur Jonas dans le ventre de la baleine pour l'en tirer ensuite avec éclat et puissance, toi qui as changé la férocité des lions excités contre Daniel en une douceur égale à celle des agneaux, toi, le vrai, l'unique Dieu, abandonneras-tu ta pauvre servante, qui n'aime que toi et n'espère qu'en toi? »

Tandis que ces ardentes prières s'échappaient des lèvres meurtries et pâles de Ripsymée, elle entrait, avec le cortège de ces féroces satellites, dans la cour du palais de Tiridate. Le peuple, qui connaissait déjà l'intention du roi d'en faire son épouse, la regardait comme une fiancée que l'on conduit à la cérémonie nuptiase; et, comme il s'imaginait que la résistance de la jeune fille était l'effet de la timidité et de la frayeur, il voulait l'encourager par des signes de joie et d'approbation. En conséquence, il se livra à une joie bruyante, faisant retentir l'air de ses chants et du son des instruments qui dirigeaient les choeurs de danse.

Enfin les efforts de la jeune vierge sont inutiles; elle est introduite dans le palais et dans la chambre même du roi. Tiridate, en voyant ses traits angéliques et l'éclat de ses yeux, que la sainte indignation de la vertu alarmée animait d'un feu nouveau, sentit s'allumer dans son cœur la passion dont des rapports assez vagues avaient fait naître les premiers germes.Ne comprenant point l'opposition de la vierge chrétienne et l'air courroucé avec lequel elle se présentait devant lui, il emploie d'abord les promesses et les sollicitations les plus pressantes pour gagner sa volonté; il lui montre les honneurs et la gloire qui l'attendent si elle veut consentir à devenir son épouse. Ripsymée le refuse avec un mépris insultant, et le roi, rugissant de fureur, veut obtenir de la force ce que la persuasion n'avait pu lui concilier. Mais Dieu n'abandonna point celle qui lut

tait aussi généreusement pour son nom, et le Saint-Esprit l'investit d'une force inconnue, qui lui permit de résister à la brutalité de Tiridate, bien qu'il fût célèbre dans toute l'Asie pour la vigueur extraordinaire de son bras.

Le roi espéra qu'il parviendrait à ses fins en faisant intervenir l'autorité de Caiana, à laquelle Ripsymée était comPorque et se seisende met appeler, et plétement soumise. Il la fit appeler, et Christ de la sainte fut en sa présence, il la somma d'user de tous ses moyens de persuasion pour vaincre l'entêtement de son élève. Mais Caiana n'ouvrit la bouche que pour encourager Ripsymée, et elle lui criait d'une voix forte: « O mon enfant! persiste dans ta courageuse défense; Dieu te sauvera des mains criminelles du roi. Malheur à toi, ô mon enfant, si tu préférais à l'éternelle couronne quelques fleurs de cette terre, aujourd'hui belles et demain flétries!» Elle allait continuer, lorsque les gardes, par ordre du roi, lui frappèrent la tête et les mâchoires du pommeau de leurs épées, en sorte qu'ils lui brisèrent les dents. Mais la sainte, que l'amour de Dieu élevait au-dessus d'elle-même, puisait aussi dans l'assistance divine une force miraculeuse, et elle poursuivait avec un accent plus pénétrant: « Courage, ô mon enfant! vois le Christ qui t'ap porte déjà sa couronne. Rappelle-toi les instructions spirituelles que je t'ai données et les commandements divins que je t'ai enseignés; soutiens courageusement la persécution que je partage avec toi, et mourons ensemble. Que le découragement ne nous abatte pas: le Sauveur des hommes saura bien nous assister, lui qui, pour l'amour de nous, n'a pas craint de verser son sang sur la croix et de se livrer à la mort, afin de nous introduire à la vie éternelle. »

Ces paroles, répétées avec l'expression d'un saint zèle et d'un courage prêt à tout endurer, inspiraient à Ripsymée une nouvelle ardeur de se sacrifier pour Dieu, et l'auraient affermie dans ce dessein, si sa volonté avait été

un seul instant chancelante. Elle dé concerte tous les efforts du roi, et, ouvrant les portes, elle s'élance au milieu des gardes, qu'elle traverse ainsi que la foule, sans qu'aucune main ose l'arrêter, comme si elle avait été précédée d'un ange invisible qui lui eût frayé le chemin.

Elle retourna à son ancienne retraite, et comme elle craignait d'être découverte dans ce lieu, elle se réfugia dans une solitude voisine, où, pour consacrer en quelque sorte son arrivée, elle commença par adresser à Dieu cette prière :

"

Seigneur des hommes, comment reconnaître dignement les bienfaits signalés de votre grâce, en me délivrant des mains impures d'un roi pervers? Soyez loué de m'avoir considérée comme attachée à votre service, en me faisant souffrir. Hors de vous, Seigneur, mon cœur languit, et mille fois vaudrait mieux mourir que d'adorer d'autres dieux qui ne sont que néant. Il me tarde de sortir de ce corps de boue, pour m'unir à votre divin Fils, mon unique époux. »

La nuit, tandis que la sainte était encore en prières, les émissaires de Tiridate, envoyés à sa poursuite, guidés par les dénonciations des traîtres, arrivèrent dans sa solitude et la surprirent. Ils commencèrent par lui lier les mains, et ils essayèrent de lui arracher la langue. Ripsymée, de son plein gré, ouvre la bouche et leur présente sa langue, qu'ils coupèrent jusqu'à la racine; puis ils mettent en lambeaux les vêtements qui couvraient son corps, et, prenant quatre clous, ils en enfoncent deux dans ses pieds et deux dans ses mains, en sorte qu'elle resta cru. cifiée sur le sol, à l'exemple de son divin maître, auquel elle s'offrit joyeu sement en holocauste. Les soldats eurent l'atrocité de mettre le feu à ses chairs palpitantes à mesure qu'ils les découpaient, et ils lui chargèrent le sein de pierres énormes, tellement que son ventre se fendit et ses entrailles sortirent. Chaque fois qu'ils enlevaient avec leur sabre un de ses membres, ils répétaient atrocement: « Qu'ainsi

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meure quiconque osera enfreindre et mépriser les ordres du roi! »>

De saints hommes et de pieuses femmes chrétiennes, après avoir connu la mort de Ripsymée, accoururent au lieu de son supplice, demandant à recueillir ses précieux restes pour les inhumer. Les soldats leur demandèrent s'ils professaient la même religion; et comme tous confessaient hautement qu'ils étaient chrétiens, ils tirèrent leurs épées et les massacrèrent tous impitoyablement. Pendant cette barbare execution, on les entendait chanter les louanges de Dieu et dire : « Oui, Seigneur, nous mourons pour la glorification de votre nom, et nous voulons avoir part à la couronne que vous venez de décerner à votre servante Ripsymée.

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Ripsymée et les autres saints martyrs qui partagèrent son sort furent les premiers à arroser de leur sang le sol de la haute Arménie, pour la confession de la foi chrétienne; aussi leur mémoire est-elle en grande vénération dans l'Église arménienne, et la liturgie célèbre leur fête avec une pompe particulière.

POÉSIE SPIRITUELLE.

De toutes les Églises d'Orient, l'Eglise d'Arménie est, sans contredit, celle où la poésie chrétienne a produit les plus riches compositions d'un ascétisme tendre et pur, à la gloire de la religion et des saints qui ont travaillé activement à la propagation de la foi. Le génie poétique de la nation, exclusivement porté sur les choses de l'ordre spirituel, exhalait dans des hymnes religieuses et de saints cantiques ses amoureuses aspirations, et ses sentiments de reconnaissance et d'allégresse. Tous ces chants, qui font partie de la liturgie arménienne, ont été recueillis et réunis dans un ouvrage connu sous le nom de Charagan, lequel signifie un collier de perles, dénomination familière aux Arabes et aux Persans pour désigner un recueil de poésies, ou d'autres compositions choisies et précieuses comme les perles. Le

style du Charagan est figuré et rhythmique; la pensée, en se développant avec hardiesse, s'élève souvent vers les hauteurs d'une mysticité métaphysique : une attention soutenue est nécessaire pour la suivre et la reconnaître sous le vêtement splendide des métaphores orientales qui la parent. On rencontre aussi à chaque instant des expressions qui ne sont que des allusions à certains passages des saintes Lettres, et c'est dans la connaissance approfondie des textes sacrés qu'on en peut trouver l'intelligence. Nous avons traduit les hymnes composées à l'honneur du patriarche saint Grégoire, et qui se chantent le jour de sa fête, afin de compléter les documents relatifs à sa vie, et pour donner en même temps à nos lecteurs une idée de ce livre justement célèbre dans l'Eglise d'Arménie (*).

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Aujourd'hui brille d'un vif éclat l'Église, arbre planté par Dieu et couronné de fleurs, d'où nous vient Grégoire, rejeton d'immortalité qui remplit tous les lieux de ses fruits. Rameau couvert de grappes de la véritable vigne, il a été cultivé par les mains paternelles de Dieu; c'est par lui que s'est. emplie la coupe qui a réjoui les nations attristées, et qui, en nous désaltérant, nous anime d'une allégresse spirituelle. Le souffle printanier du vent du Midi, échauffé par le feu de l'Esprit saint, a chassé les glaces de l'idolâtrie des nations du Nord, et celles-ci ont vu fleurir au milieu d'elles toutes les sciences divines. L'arbre glorieux que Grégoire a planté au pays des Arméniens, au prix de ses efforts et de ses sueurs, après avoir été arrosé des flots de la parole divine versés par la prédication, s'est couvert de fleurs et a poussé d'admirables rejetons. La lumière céleste a lui sur la terre; elle jaillissait du soleil de vie, et sa splendeur a chassé les épaisses ténèbres répandues sur la nation arménienne, en sorte qu'elle a vu clairement les grâces de l'Esprit saint. « Les chœurs incorporels des armées célestes se réjouissent de concert avec

(*) Charagan, Constantinople, 1815, in-8°, p. 222-236 et 448-457.

nous, et félicitent notre nature terrestre de ce qu'elle a donné à Dieu saint Grégoire, qui a enfanté tant de tils à l'honneur de la vraie foi. Grégoire, dont les bienfaits sont l'image du bien suprême, est un berger compatissant: sa voix pleine de douceur a ramené les brebis égarées et les a réunies dans le bercail du vrai pasteur. Patriarche très-pur élu de Dieu, prédicateur de la parole de vérité, il présente au Seigneur un peuple nouveau et purifié, en le conviant à la gloire de la Sion céleste. Ornement de la brillante couronne des Arsacides, 6 Grégoire! homme aux vertus apostoliques, tu l'as encore embellie des pierres précieuses du martyre, et tu as ainsi formé un nouveau diadème digne de la sainte Église. Tu as reçu comme un héritage le troupeau d'Arménie, vicaire du saint apôtre Thaddée, germe vivant fécondé par ses reliques, rayon de la grâce dardé par l'efficacité de la prière; rose pourprée et épanouie d'une tige épineuse, Grégoire, apôtre de la grâce, ton suave parfum a rempli le pays d'Arménie et nous a apporté l'odeur de la science; fleur lumineuse sortie de la terre, médecin des âmes, tu es le palmier agréable au goût planté dans le jardin du Seigneur, et nourrissant ses enfants des fruits de la foi.

Martyr, confesseur du vrai Dieu et cruellement torturé, ô Grégoire! tu as souffert sur ton corps des supplices qui font la joie de l'Église et la gloire des enfants du ciel.

« Père spirituel, brûlant d'un amour divin, père compatissant, tu nous as purifiés par tes tourments des souillures du péché, et ta parole lumineuse a enfanté des enfants de Dieu.

« Image de la gloire du Fils unique de Dieu, martyr victorieux, les plantes de tes pieds n'ont reçu des clous de fer que pour nous mieux clouer à l'Église de Dieu.

« Père de la foi arménienne, apôtre élu, aux mœurs de cénobite, les jambes de ton corps sanctifié n'ont été enchaînées dans des étaux de bois que pour nous affermir sur le rocher de la foi.

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« D'une voix suppliante, nous célébrons ta mémoire, père illuminateur de nos âmes, toi dont on a chargé de poids énormes les genoux sans cesse attachés à la terre par leurs génuflexions, pendant que tu étais suspendu à la potence.

« Avec le gouvernail de la foi tu as traversé la mer du monde, et les cuisses de ton corps souffrant n'ont été écartelées que pour raffermir les membres spirituels de ton Église.

« O Grégoire! fontaine inépuisable de grâces, toi que remplit l'intelligence de l'Esprit saint, l'eau n'a été introduite dans ton ventre, en lui causant une douloureuse enflure, pendant que tu étais suspendu en l'air, la tête renversée, que pour nous laver de la souillure du péché.

Sel purifiant et savoureux de l'Arménie, père vigilant et courageux observateur des lois divines, tu n'as souffert le poids d'énormes blocs de sel que pour nous décharger du fardeau du péché.

«En énumérant tous tes supplices, nous te tressons une couronne d'or et de pierres précieuses, ô Grégoire! toi dont la bouche, organe du Verbe de Dieu, a reçu le frein et le bâillon.

« Vaillant martyr, soldat élu du Christ-roi, tu as supporté l'exhalaison de fétides odeurs, en ayant la tête renversée et les pieds élevés en l'air, pour diriger nos pas vers le ciel.

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Rayon lumineux du chemin de la vie, toi qui cours à la poursuite des promesses célestes, en respirant par le nez de la cendre imbibée de vinaigre, tu nous as réjouis par ta bonne odeur.

« Chef auguste et respectable, ô Grégoire dont l'âme est notre modèle! ta tête, meurtrie de coups et placée sous un pressoir, a relevé nos têtes abaissées.

« Ornement de notre nature terrestre, ô Grégoire le supplicié! la pointe des chardons et la dent de la scie ont labouré tes chairs, le plomb fondu a coulé sur tes os consumés.

« Compagnon des chœurs et des armées du ciel, Grégoire à l'auréole resplendissante, tu es descendu dans le

fond d'un puits humide et boueux, au milieu de reptiles venimeux, pour nous délivrer du mauvais dragon.

«Par l'efficacité de tes prières brûlantes et de ton amour, ô Grégoire dont l'âme était travaillée par l'espérance! retire ceux qui sur cette terre gisent au fond de l'abîme, blessés par la morsure du péché, et élève-les avec toi aux demeures célestes.

« La manne des consolations célestes descendait sur toi, pendant les quinze ans de pénitence passés dans ton puits; et, après avoir joui de la vue de Dieu, tu as guéri les victimes de la fureur de Satan, et l'effusion de ta lumineuse parole les a confirmés dans la foi.

« Témoin d'une vision surnaturelle, effrayante, ton esprit prophétique a vu s'entr'ouvrir les cieux inondés de clartés, et tu as mêlé ton corps aux armées des anges.

« Le sang pourpré des martyrs a purifié de la souillure du péché cette terre où tu as jeté les fondements du temple saint d'où jaillit la source de propitiation (*).

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Sage administrateur de la maison de Dieu et jugé digne de ses grâces, destructeur des idoles, démolisseur des temples païens avec l'arme de la croix, patriarche élu par l'élection divine, tu as été appelé par la voix du ciel sur le siége apostolique; par ton éloquente parole, tu as illuminé l'Arménie régénérée spirituellement, en couvrant la face du pays d'édifices élevés à la gloire de Dieu.

« Grégoire au corps lumineux, objet d'envie pour les séraphins, pures essences sans corps, tu as habité dans le désert, à l'exemple de Jean et d'Élisée, et de Moïse, ce législateur divin.

« Intercède près du Père céleste pour tes enfants tourmentés et amaigris par le péché, et prie-le pour que nous terminions notre course dans la voie de l'orthodoxie.

« Martyr vivant, conjure le Fils, vé

(*) Les martyrs dont il est ici question sont les saintes vierges Caiana et Ripsymée, et l'église bâtie par saint Grégoire est la célèbre métropole d'Ecsmiazin.

ritable lumière venue du Père, d'éclairer nos cœurs par sa divine sagesse.

« Lyre mélodieuse de l'esprit de Dieu, ô Grégoire! pure intelligence unie à un corps, prie l'Esprit saint, procédant du Père et coassocié à la gloire du Fils, de purifier nos âmes du péché.

Montagnes, réjouissez-vous toutes de la gloire éclatante réservée au mont Sébouh (*), qui a servi de retraite à saint Grégoire, colonne lumineuse de la sainte Eglise d'Arménie, lui, au sujet duquel elle se réjouit, à la gloire de la Sion céleste.

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(*) Sébouh signifie en arménien noble, distingué. Ce nom fut sans doute donné à cette montagne parce qu'elle servit de retraite à saint Grégoire. Elle portait précédemment le nom de mont Mané, parce que la sainte illustre, ainsi nommée, habité dans une des grottes ouvertes sur le flanc de la montagne. On la connaît aussi sous la dénomination de montagne de Taranagh, du nom du district où elle était située, et qui faisait partie de la province ancienne de l'Arménie supérieure. Voyez Moïse de Khoren, liv. 11, ch. 88; Géogr du père Indgigean, Venise, 1822, p. 4; Saint-Martin, Mém. sur l'Arménie, t. 1, p. 37, et t. 11, p. 431. Dans la géographie attribuée à Moïse de Khoren on trouve ce passage: «Le mont Sébouh, visité de Dieu, et où repose saint Grégoire, possède l'épée que l'empereur Constantin donna au roi Tiridate. Quand le roi Tiridate voulut visiter le saint illuminateur, il vint le trouver au mont Sébouh, et le consulta sur l'époque de la chute des Arsacides. Le saint prit l'épée, la bénit comme une croix, la plaça en l'air par l'efficacité de la parole de Dieu et dit :

Il viendra une valeureuse nation, celle des Francs; ce signe paraîtra alors, on le prendra et tout le monde se réunira à eux. » Le saint ensuite s'éleva vers Dieu. Là se trouve aussi le monastère des Séraphins, ainsi nommé parce que Dieu y envoya des séraphins vers le chérubin terrestre, retiré dans une profonde vallée, et qui avait résolu d'aller à Jérusalem, sur ses genoux; ce dont il fut empêché par les brûlants séraphins. » Cette même montagne renfermait une fontaine salutaire, dont les eaux salées avaient été changées en eaux douces par saint Grégoire; et dans la suite, elle fut désignée sous la nom de fontaine à l'eau savoureuse.

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