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saints apôtres en leur ordonnant de prêcher, de baptiser, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, toutes les nations, et en déclarant par ta parole véridique que les âmes régénérées dans l'eau et l'esprit entreront seulement dans le royaume de Dieu, parole qui effraye ton serviteur et qui fait que, désireux de la vie éternelle, il vient volontairement au baptême de cette eau spirituelle; nous te prions donc d'envoyer ton Esprit saint dans cette eau, de la bénir et de la purifier comme celle du Jourdain, afin qu'elle serve à la rémission des péchés, à la réception de l'Esprit saint, à l'adoption du Père céleste et à l'héritage du royaume éternel. »

Après cette prière, le prêtre dépouille l'enfant de ses langes, et, le présentant aux assistants, il dit : « Seigneur, dépouille-le de la vétusté du péché, renouvelle-le par une vie nouvelle, remplis-le de la vertu de l'Esprit saint; » et il ajoute : « Que demande cet enfant?» Le parrain répond: « Il demande la foi, l'espérance, la charité et le baptême; il demande à être justifié et purifié du péché originel et à servir Dieu. »

On lui impose ensuite le nom qu'il portera, et alors on le plonge dans le baptistère en lui tenant la tête tournée vers l'occident, les pieds vers l'orient et la face vers le ciel. L'immersion se répète par trois fois, afin de rappeler, dit la rubrique, la sépulture de J. C. qui dura trois jours.

L'eau seule n'est pas la matière du sacrement de baptême; le saint chrême, myron, est aussi employé. Il faut savoir que le patriarche d'Eczmiazin avait seul le pouvoir de le consacrer, et c'était un des principaux attributs de sa puissance, comme aussi la première source de ses revenus, parce qu'il le distribuait aux autres Églises dépendantes de lui, moyennant une certaine somme d'argent. Depuis la séparation des patriarcats de Sis et d'Aghtamar, chaque chef de ces Églises particulières s'est arrogé la même puissance.

On fait sur la tête et sur les membres de l'enfant plusieurs onctions, et

on le revêt d'une robe blanche de lin; on l'approche du tabernacle pour lui faire adorer la croix, et ensuite le prétre, prenant une parcelle de l'hostie consacrée, le communie, en disant: Que le corps de Notre-Seigneur Jésus-Christ te sauve et te conduise à la vie éternelle. » A la fin de toute cette cérémonie, on reconduit en grande pompe l'enfant à la maison.

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On voit de quelles cérémonies les Arméniens environnent ce premier sacrement qui initie proprement le chrétien à la grande société religieuse. Le sacrement d'extrême-onction, qui manque à l'Église arménienne, est remplacé dans cette circonstance par le saint chrême. On leur a beaucoup reproché de ne pas admettre ce dernier sacrement, et à cela ils répondent que l'usage fréquent du saint chrême le remplace, et de plus, ils oignent à l'article de la mort les membres des prêtres et des religieux. Toutefois, ils n'attachent pas à cette cérémonie la même idée que les autres catholiques, puisqu'ils attendent que le malade ait rendu le dernier soupir.

Si un malade ne peut, à cause de quelque indisposition, recevoir la communion, et qu'il y ait danger de mort, ils lui mettent néanmoins l'hostie consacrée dans la bouche, lors même qu'il n'aurait pu confesser ses fautes.

CÉRÉMONIES FUNÈBRES. - Lorsque le mort a été exposé un certain temps sur son lit de parade, le prêtre vient avec les autres ministres faire la levée du corps, et après avoir récité les psaumes et les hymnes, et brûlé l'encens, il reprend le chemin de l'église. Durant le trajet, tout le convoi pousse des gémissements et verse des pleurs; on couvre la bière de vêtements précieux, et on l'orne de fleurs. Puis il s'établit, par les prières, un dialogue déchirant entre le défunt et les assistants; ceux-ci lui expriment leurs regrets, leur dégoût pour cette vie si passagère et si incertaine, la terreur que leur inspirent les jugements de Dieu. De son côté, le défunt fait ses derniers adieux à l'église et au sanctuaire qu'il avait tant de fois visités,

au prêtre qui lui annonçait la parole sainte, à ses parents, à ses amis et à tous les assistants, puis, tout en manifestant sa frayeur pour les redoutables jugements du Très-Haut, il montre que son espérance dans l'infinie miséricorde ne peut et ne doit pas défaillir.

Au sortir de l'église, on s'achemine vers le cimetière, ordinairement situé à une certaine distance dans les faubourgs de la ville ou dans la campagne. Arrivé près de la fosse, le prêtre, après de nouvelles prières, répand, comme chez nous, quelques poignées de terre bénite sur le cercueil que l'on descend en prononçant ces touchantes paroles : « Que la bénédiction divine se répande sur la terre de ce mort, et que sa poussière germe et refleurisse au jour suprême de l'éternité ! »>

Pendant toute l'octave qui suit le jour du convoi, le prêtre va régulièrement visiter les parents du défunt; il prie pour lui en commun avec tous les membres de la famille, il les exhorte à la patience et les console. Le premier samedi de cette semaine de deuil, les parents et les amis se réunissent pour un simple et modeste banquet, dont on distribue les restes aux pauvres, édifiantes agapes qui rappellent celles des premiers chrétiens.

Lorsqu'un prêtre meurt, la cérémonie funebre est plus solennelle : l'évêque ou quelque autre personnage élevé dans la hiérarchie vient bénir le lieu de sa sépulture qu'il fixe en traçant une croix sur le sable, dont les extrémités regardent les quatre points cardinaux du ciel. Les autres prêtres ses collègues lavent son cadavre, puis ils l'ornent de bandelettes et d'un long manteau blanc de lin. On lui met à la main un petit rouleau de parchemin, renfermant le premier et le dernier verset des saints Evangiles. Il est tourné vers l'orient, et sa face regarde le ciel. Pendant l'octave, au bout de quarante jours, et au jour de l'anniversaire, les autres prêtres et moines viennent prier sur sa tombe.

On a prétendu que le peuple arménien ne croyait pas à l'existence du

purgatoire, et on a rangé cette prétendue erreur parmi toutes les autres qu'on lui impute. Cette assertion est évidemment fausse : les longues prières réservées pour les morts, la célébration de la messe, les aumônes faites en expiation de leurs péchés, sont autant de preuves de la ferme croyance des fidèles et de leur foi à un lieu où l'âme, non réservée à de plus grands châtiments, doit se purifier de ses souillures et mériter d'être introduite au séjour céleste.

DU CLERGÉ. Le clergé de l'Église arménienne se subdivise en plusieurs ordres hiérarchiques, dominés par un chef spirituel nommé patriarche. Son élection repose sur le suffrage universel. En effet, lorsque le siége est vacant, le corps du clergé choisit trois représentants, chargés du rôle que remplissent les cardinaux dans l'Église romaine. Ces trois prélats, pris ordinairement parmi les hommes les plus distingués par leur science et leur vertu, examinent attentivement quels sont les titres des personnages proposés, quelle a été leur conduite antérieure, et si la régularité de leur vie répond à leur savoir. Au jour de l'élection, tout le clergé se réunit dans la métropole, et il doit y avoir au moins douze évêques présents. A la face de l'assemblée, on fait comparaître le prélat élu ; il est interrogé et examiné de nouveau. Si ses réponses sont satisfaisantes, le métropolitain prononce à haute voix ces paroles: La grâce divine, qui supplée toujours aux besoins de l'Eglise apostolique, elève N. au patriarcat, pour la direction de la maison de Thorgom, pour le ministère de la sainte Eglise et pour la prélature, conformement à son témoignage et a celui de tout le peuple. C'est pourquoi je lui impose les mains, et vous tous priez afin qu'il soit digne d'administrer purement le saint-siege apostolique. » En prononçant cette formule, il tient les mains étendues sur la tête du prélat choisi, et il fait une longue prière à l'Esprit saint, afin qu'il lui accorde la grâce de remplir dignement le siége de saint Barthélemi. de saint

Thaddée et de saint Grégoire l'Illuminateur (*).

Lorsqu'une Église particulière manque d'évêque, son clergé envoie une députation près du patriarche à qui elle présente la liste des candidats, et les titres qu'ils peuvent avoir à l'élection. Dès que le patriarche a fixé son choix sur l'un d'eux, celui-ci vient le trouver, subit un rigoureux examen,. et, s'il est jugé capable de cette dignité, on procède à sa nomination, en suivant l'ordre des cérémonies indiqué dans le rituel.

Les évêques ordonnent les simples prêtres (**), dont l'ordre comprend la corporation des vartabieds ou docteurs. Ils se divisent en deux classes, les grands et les petits vartabieds. Les premiers portent, comme marque distinctive de leur caractère, un bâton autour duquel sont entrelacés deux serpents, tandis que ceux de la seconde classe ne portent à leur espèce de caducée qu'un seul serpent. Ces bâtons sont ordinairement faits de bois précieux, enrichi de perles et travaillé avec beaucoup d'art.

La première classe des majeurs se subdivise en dix degrés, et la seconde de mineurs en quatre, ce qui donne en tout quatorze rangs par lesquels chaque docteur passe successivement. Pour être admis au simple titre de vartabied, il faut être dans les ordres et revêtu du caractère sacerdotal.

L'élévation aux premiers degrés du doctorat est très-solennelle; le candidat est conduit processionnellement par ses collègues en présence de l'évêque qui l'interroge sur sa foi et sur ses doctrines. La formule de l'installation change suivant le degré qui lui est conféré. En donnant le bâton du dernier degré, le prélat dit : « Reçois ce degré du nombre parfait dix, et après avoir été rempli de l'Esprit saint, exerce dans l'Église ces cinq devoirs, d'après le précepte de l'apôtre, lesquels sont de psalmodier, d'enseigner, de révéler la parole de Dieu, de par

() Voy. figure no 30.
(**) Voy. figure no 28

ler les langues, et d'interpréter les textes pour l'édification, de nos frères et l'accroissement de l'Église de Dieu. Que notre Seigneur J. C., assez puissant pour te fortifier et confirmer dans ce degré, te conserve, te soutienne par sa force, et fasse fleurir par la fécondité de ses grâces, ton âme, tes sentiments, ton cœur, tes pensées, tes paroles, tes œuvres, ton entrée et ta sortie (le commencement et la fin de tes actes); qu'il te prête assistance avec sa main forte et son bras élevé, en répandant sur toi la clarté de l'Esprit aux sept dons, qu'il a versé sur la tête de ses disciples, sous la forme de langues de feu, afin qu'également consumé de la flamme de la grâce divine, tu tressailles dans la possession de Dieu, de joies inépuisables, et afin que tu t'abreuves au torrent des délices divines par l'effet de cette bénédiction. Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il. »

Les couvents étaient fort nombreux autrefois en Arménie, et plusieurs subsistent aujourd'hui, quoique avec moins d'éclat. Les moines sont encore la partie la plus éclairée du clergé, et cela provient du temps qu'ils passent au couvent à se préparer aux ordres. Il en est qui y restent huit ans avant de recevoir même l'habit. Le jour qu'ils le prennent, on leur fait une croix à la tête, en coupant une touffe de cheveux sur le front et sur l'occiput; puis ils passent quarante jours dans la solitude, dans le jeune et dans la prière. Pour mieux sanctifier ce temps préparatoire, ils sont astreints à ne parler à personne, ils sont privés de la clarté du soleil, et ils ne mangent qu'une fois par jour. Après cette quarantaine, ils s'abstiennent de viandes pendant deux ans. Lorsque leurs cheveux sont repoussés, on leur fait une couronne en mémoire de la couronne d'épines du Sauveur.

Le clergé arménien n'est obligé à la loi du célibat qu'aux conditions suivantes celui qui a contracté un mariage légitime et qui veut être promo aux ordres, n'est point écarté dù sanetuaire, et lors même qu'il est revêtu de la dignité sacerdotale, il peut cu

core user des droits d'époux. Le mariage contracté après les ordres mineurs est également valide et légitime; mais dès qu'on a reçu les ordres majeurs, le célibat est scrupuleusement ordonné, on ne peut plus se marier, et toute union nouvelle serait considérée comme un adultère. Les ordres monastiques sont aussi sévèrement astreints à la loi de célibat. De même un prêtre marié ne peut devenir évêque, sauf le cas de veuvage. Il est inutile de dire que la partie proprement catholique du clergé, et reconnaissant la suprématie du pape, n'a pas d'autres règlements que ceux du clergé romain.

Le mariage des prêtres catholiques, rêvé par quelques esprits comme une importante réforme, ne serait pas un progrès, comme ils le croient, puisque la cause latente de la désorganisation et des vices du clergé arménien réside dans ce prétendu privilége. En effet, les charges que leur imposent l'établissement et la conservation de la familie, font que la simonie entre presque toujours dans l'exercice de leur ministère. Chargés quelquefois de la subsistance d'une famille nombreuse, ils n'administrent les sacrements qu'après être convenus de la somme qui sera donnée pour leur honoraire. Ils font également leurs conditions, quand ils s'agit d'enterrements, surtout pour les gens du peuple. Ils ne composent pas avec les riches et les grands, parce qu'ils sont sûrs d'un salaire considérable. Ils sont effectivement bien payés, et les enterrements coûtent fort cher, parce qu'ils se font avec un certain appareil, ce qui flatte la vanité des partículiers.

« Les évêques, les vartabieds, dit un missionnaire qui résida longtemps à Julfa, sont tous religieux. Ils demeurent dans leurs monastères et sont tous habillés de la même façon. Ils n'ont pour unique distinction que le bâton pastoral qu'ils tiennent en main lorsqu'ils prêchent. Le supérieur du monastère est toujours évêque, et quand il sort, un novice porte devant lui le bâton pastoral. Ces mo

nastères ont de grands jardins qui produisent beaucoup, et ils reçoivent des aumônes considérables. Le patriarche a seul le droit de consacrer les évêques, et il les consacre pour de l'argent.

« Pour son élection, il faut le consentement des Arméniens de Julfa et de ceux de Constantinople, parce que sa juridiction s'étend sur la Perse et sur la Turquie. Ce chef des Arméniens demeure ordinairement dans le monastère. Il n'en sort que pour aller distribuer le saint chrême à différentes églises, et ce n'est qu'à prix d'argent.» La simonie est la plaie du clergé arménien, parmi les dissidents. Tout s'achète; les dignités ecclésiastiques appartiennent au plus offrant, surtout la dignité patriarcale. Les Turcs spéculent sur l'ambition de ces hommes, qui achètent à un taux si élevé cet emploi suprême, qu'ils sont contraints de se livrer le reste de leur vie aux exactions les plus révoltantes pour s'acquitter des dettes qu'ils ont contractées (*).

CONSIDÉRATIONS SUR L'ANCIENNE CONSTITUTION SOCIALE ET POLITique de l'arMÉNIE.

Notre travail serait nécessairement incomplet, si nos considérations s'arrêtaient à l'état actuel de la société arménienne, dont le caractère le plus frappant est d'offrir un élément d'ordre et de permanence au milieu de son désordre et de son instabilité, et de pouvoir subsister régulièrement, en recelant dans son sein plusieurs causes suffisantes de dissolution pour d'autres sociétés. En outre, cet état anormal, bien qu'il soit extérieurement calme, et troublé moins fréquemment par de violentes secousses, qu'aux temps où la nation était constituée en royaume, est néanmoins, dans son essence, un état violent et transitoire.

(*) Dernièrement le patriarche des schismatiques a acheté du vizir pour deux mille bourses le droit d'empêcher un membre de son Église de se faire catholique. Chaque bourse vaut cent vingt-cinq fraues environ.

Tant qu'un peuple conserve ses mœurs, son langage et son caractère, il tend invinciblement à réunir ses membres dispersés et à reconquérir son existence personnelle et individuelle parmi les autres peuples de l'humanité. Nous ne voulons pas dire, pour cela, que l'avenir vers lequel il aspire impatiemment, ne sera que la copie fidele de son passé; le mouvement progressif qui emporte les sociétés ne leur permet ni de faire halte dans le temps, ni de revenir à reculons sur des voies déjà frayées. Elles croissent et se développent comme l'homme; et, si, à son exemple, elles ne peuvent retourner aux premiers âges du berceau et de l'adolescence, elles ont de plus que lui l'heureux privilége de ne pas descendre dans la tombe, car ce qu'on appelle improprement leur mort, n'est qu'une transformation providentielle.

La société arménienne, errante et éparse aujourd'hui dans les diverses contrées de l'Orient, a subsisté à l'état de nation plus ou moins indépendante, suivant les temps et les circonstances, jusqu'à la fin du quatorzième siècle. Comme toutes les autres sociétés de l'Asie, elle a eu sa constitution propre, qui, tout en l'empêchant de se confondre avec les peuples environnants, determinait spécialement la nature et le mode de son développement. Dans l'étude particulière d'un peuple, il nous semble d'une haute importance de rechercher cet élément d'ordre et de vie qui fait que ce peuple subsiste par soi, élement que nous pourrions appeler l'âme de son organisme. Nous ajouterons même que le premier devoir de l'historien est de pénétrer par l'analyse ces causes internes qui expliquent les mouvements et les actes du corps social.

Pour ne pas nous égarer dans les recherches d'une antiquité confuse et ténébreuse, nous ne dépasserons point les limites de l'époque chrétienne qui acheva de déterminer d'une manière definitive la nature de la constitution sociale de l'Arménie. D'ailleurs il sera assez curieux de montrer qu'un peuple, pressé et gêné par les deux puissances

du Bas-Empire et de la Perse, qui cherchaient simultanément à l'absorber dans leur individualité, ait longtemps continué de vivre et de se développer en vertu de certaines lois qui faisaient précisément la base des sociétés franques et germaines, que nous voyons s'établir à la même époque dans le nord de l'Europe.

Toutefois une différence importante distingue les Arméniens, antiques possesseurs du sol, et ces tribus de la Germanie qui viennent avec la violence et l'épée de la conquête dépouiller les premiers colons. Les annales de la nation représentent à la vérité le fondateur de la monarchie arménienne émigrant de l'Assyrie pour aller se fixer au pied du mont Masis; mais l'éloignement des âges, que la tradition fait remonter presque jusqu'au déluge, ne nous permet pas de savoir si cette occupation fut sanglante et injuste; et, d'un autre côté, l'on ne peut nier qu'à l'origine du christianisme que nous prenons ici pour point de départ, la prescription prétendue de plus de vingt siècles n'ait légitimé et consacré ce qui pouvait être primitivement une usurpation.

Dés le principe, les colons étaient devenus propriétaires uniques du sol qu'ils cultivaient; et cette propriété se transmettait intégralement de génération en génération, à la faveur du régime patriarcal qui subsista plus longtemps chez ce peuple que chez tout autre. Là, le fils aîné héritait seul des droits du père; et ce privilége, que toutes les législations modernes tendent à abolir, était un nouveau moyen d'empêcher la division de la propriété, et, par suite, son aliénation. Chaque chef de famille, en concentrant dans sa personne tout droit de propriété, devenait naturellement maître et souverain, suivant cette remarque bien vraie de Montesquieu, que « celui qui a les biens a toujours aussi la puissance.» Les autres membres de fa famille restaient simples possesseurs ou usufruitiers; ce qui les plaçait, à l'égard du chef, dans une situation analogue à celle des Leudes chez les Ger

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