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Nisibe, en arménien Medzpin, ville ancienne qui fut quelque temps la résidence des souverains, et connue par le siége que Tigrane y soutint contre les Romains. Après la mort de l'empereur Julien, elle passa sous la domination des Perses, qui la conservèrent longtemps, malgré tous les efforts des Romains pour la recouvrer. Il n'en reste que des murailles et autres ruines remarquables par leur construction. Elle est située à quelque distance de la ville actuelle de Nissiɓin, d'une médiocre étendue.

Bayazid (*), ville pittoresquement située au fond d'une vallée étroite, entourée de montagnes nues et escarpées. Les maisons sont éparses entre les rochers qui des deux côtés bordent le défilé. A gauche, sur un pic presque inaccessible, s'élève une vieille citadelle, dont on attribue la construction au sultan Bayazid ou Bajazet I", surnommé Ildérim la Foudre. C'est dans ce château que M. Amédée Jaubert, dont nous avons mentionné le voyage en Arménie, fut détenu plusieurs mois par le perfide pacha Mahmoud, lorsqu'il allait en Perse chargé d'une mission secrète par Napoléon.

La ville de Bayazid a acquis dernièrement quelque importance par son commerce. Sa population peut s'élever à quinze mille âmes.

On en exporte le tabac et la manne, que les Persans appellent guz, et qui se trouve en grande quantité dans le Louristan et dans le district de Khousar en Irak. L'arbre que cette manne semble affectionner particulièrement, et sur lequel on la recueille en plus grande quantité, est le chêne nain. On ramasse les feuilles qu'on laisse sécher, puis ensuite on les essuie soigneusement. On l'apporte dans cet état sur les marchés, et c'est en la faisant bouillir qu'on parvient à la purifier de toutes ses ordures et autres parties hétérogènes qui y sont mêlées. On recueille aussi sur les rochers et les pierres une autre espèce de manne blanche beaucoup plus pure et plus estimée que celle

(*) Voy. la planche n° 7

des arbres et des plantes. La saison où commence cette récolte est la fin de juin; et lorsqu'à cette époque de l'année la nuit est plus froide que de coutume, les habitants du pays disent qu'il pleut de la manne. En effet, elle est toujours plus abondante le matin au lever du soleil.

Sis. Dans la Cilicie, qui faisait partie de l'Arménie Mineure, on remarque la ville de Sis, située dans une plaine à vingt-quatre milles d'Anazarbe, au nord, sur les bords d'une petite rivière qui se joint au Djihan. Elle existait déjà au dixième siècle de notre ère. En 1186, le roi Léon II l'agrandrit et l'orna de quelques beaux édifices. En 1294. à la suite des guerres qui affligeaient le pays, on transporta le siége patriarcal dans cette ville, où il a été maintenu depuis cette époque, quoique le titulaire réside à Alep. Aujourd'hui Sis est presque totalement ruinée.

Amid ou Hamith est la ville que les Turcs appellent Kara-Amid, à cause de l'enceinte de rocs de basalte qui l'environne. Sa position sur le Tigre a changé avec les âges. Ammien Marcellin nous apprend qu'elle était située sur la rive orientale, et aujourd'hui elle s'élève sur le bord opposé du fleuve. Avant le quatrième siècle de notre ère, son nom n'est mentionné par aucun historien. La chronique syriaque d'Édesse, que nous trouvons dans Assémani, fixe à l'an 349 de notre ère l'époque où l'empereur Constance agrandit considérablement cette ville, qui acquit par la suite une nouvelle importance au temps des guerres des empereurs de Constantinople et des rois de Perse. Il est probable qu'elle occupe à peu près l'emplacement de l'ancienne ville de Tigranocerte, ainsi nommée à cause de l'illustre Tigrane, son fondateur. Elle fut longtemps florissante et trèspeuplée. Pendant les guerres des Grecs et des Perses, elle passa plusieurs fois à chacune de ces deux puissances, qui la prenaient et la perdaient tour à tour. Elle a été le chef-lieu d'un pachalik puissant qui comprenait treize sandjakats ottomans et huit sandjakats turcs. Mais depuis que les villes de Merdin,

Nesibin, Djezireh et Sindjar font partie du pachalik de Bagdad, son territoire est moins étendu.

même difficile de faire un ouvrage régulier, parce que la forteresse s'étend, au nord-ouest, sur le bord d'un épouvantable précipice large et escarpé, de plus de cent toises de profondeur, au fond duquel passe le fleuve. La ville est éloignée de la forteresse d'une portée de canon. Il y a deux églises dans la ville, bâties du temps des derniers rois d'Arménie. Les autres sont petites et enfoncées dans la terre, ressemblant plutôt à des catacombes.

« Proche de l'évêché, dit Chardin (*), il y a une vieille tour, bâtie de pierres de taille. Je n'ai pu savoir ni le temps auquel elle a été construite, ni par qui, ni à quel usage. Il y a au dehors des inscriptions qui ressemblent à de l'arménien, mais que les Arméniens ne sauraient lire. Cette tour est un ouvrage antique et tout à fait singulier pour l'architecture. Elle est vide et nue par dedans. On voit au dehors plusieurs ruines disposées de façon qu'on dirait qu'il y a eu là un cloître, et que cette tour était au milieu. M. Ker-Porter a cherché cette tour, et ne l'a pas retrouvée. On lui a dit que le tonnerre l'avait détruite, et que ses ruines avaient servi à réparer les murailles de la ville. Une multitude de monuments couvrent cette plaine, qui est au pied de l'Ararat. C'est bien là qu'on peut, à l'aide des ruines, remonter aux premiers âges du monde. Les principales ruines sont Ardashir, Kara-Kala, Artaxate, Armavir.

Érivan (*). On suppose que le fondateur de cette ville est Erovant II, qui, pour conserver le trône qu'il avait usurpé, céda aux Romains Édesse avec toute la Mésopotamie, et transporta sa résidence à Armavir, ancienne capitale de l'Arménie. Peu de temps après, fatigué du séjour de cette ville, il en fit construire une autre au confluent de l'Araxe avec le fleuve Akhouréan, qui fut appelée de son nom Érovantaschad. Moïse de Khoren nous la représente comme située au milieu d'une plaine riche et verdoyante dont elle semble être l'œil, tandis que les lisières de bois et de vignobles qui se dessinent à l'entour de ses murailles en sont, pour ainsi dire, les cils. Depuis les conquêtes de Nadir-Schar, elle faisait partie de la Perse; mais depuis les dernières conquêtes de la Russie, elle a été ajoutée à l'immense territoire de cet empire. Le fond de la population est tout arménien. M. Ker-Porter, qui l'a visitée dernièrement, fait une belle description du paysage pittoresque qui l'entoure. Elle est arrosée par la rivière Zengag, qui va se perdre dans l'Araxe. Une autre petite rivière, le Querk-Boulak, est distribuée dans la ville par une infinité de petits canaux. Chardin nous a décrit la forteresse, qui est sans doute l'Érovantagerd, fondé également par Érovant en face de la capitale, et qui signifie Kars. Cette ville, située au pays château ou forteresse d'Érovant. Cette de Vanant, est arrosée par l'Akhouforteresse peut encore passer pour une réan. Constantin Porphyrogénète, qui petite ville. Elle est ovale et a quatre la regarde comme la capitale de l'Armille pas de circuit, avec huit cents ménie, est le premier qui substitue le boutiques environ. Les Arméniens y nom de Kars à celui de Garouts qu'elle ont des boutiques où ils travaillent et portait anciennement. Elle fut la résitrafiquent le long du jour. Le soir, ils dence des rois de la race des Pagratides les ferment et s'en retournent à leur depuis l'an 928 jusqu'en 961. Elle fut maison. La forteresse a trois murailles prise tour à tour par les Turcs seldjoude terre ou de briques d'argile à cré-kides, par les Mongols, les Persans et les neaux, flanquées de tours et munies de remparts fort etroits, selon l'ancienne manière de fortifier, sans régularité, à la façon de l'Orient. Il eût été

(*) Voy. la planche n° 8.

Ottomans. Elle est encore aujourd'hui assez considérable, puisqu'elle est la résidence d'un pacha qui a dans sa dépendance six sandjakats.

(*) Voy. la planche n° 9.

Julfa ou Djulfa, ville assez considérable que l'on regarde comme un des faubourgs d'Ispahan. Elle en est séparée par les jardins du roi, qui ont une lieue d'étendue, et qui bordent les deux côtés du chemin. Au milieu de ce chemin est un canal où de distance en distance on a ménagé de grands réservoirs. Des arbres fort élevés qu'on appelle chinars, forment à droite et à gauche un ombrage agréable. Entre ces arbres sont des espèces de parterres, mais sans compartiments. Au bout de ce chemin on trouve un pont de pierre de dix-huit ou vingt arches, fort beau et fort long. De ce pont jusqu'à Julfa, il n'y plus qu'un quart de lieue. La population arménienne est évaluée à dix mille habitants. La ville se divise en trois parties dont la principale est Julfa, la seconde Érivan, et la troisième Tauris. On y compte environ vingtdeux églises.

Cette ville, que l'on appelle aussi nouveau Julfa, recut son nom du Julfa, faisant partie de l'ancienne province de Vasbouragan, situé sur la rive septentrionale de l'Araxe, au sud-est de Nakhdjewan. Cette ancienne ville, qui servait de passage direct pour aller en Perse, était devenue l'entrepôt du commerce aussi s'accrut-elle considérablement. En 1605, le roi de Perse Shah Abbas I fit détruire cette ville, et il en transporta une partie de la population à Ispahan, où il lui permit de s'établir dans les environs de cette capitale.

Nous nous écarterions de notre but en nommant toutes les colonies partielles de la même nation établies sur divers points de l'Asie, particulièrement dans l'Inde et dans plusieurs contrées de l'Europe.

FAMILLES OU TRIBUS ANCIENNES ET MODERNES DE LA NATION ARMÉNIENNE; COLONIE ALLEMANDE. — La race arménienne, malgré son unité d'origine, se divisait en plusieurs tribus secondaires fixées en divers cantons où elles conservaient une certaine indépendance fédérale, tout en restant unies au corps de la nation. La plus puissante de ces tribus était celle qui

prétendait remonter à Sisag, fils de Kegham, quatrième descendant de Haig. Elle étendit ses possessions au delà du Kour, et elle donna naissance aux Aghovans, dont le pays est le même que celui que les Grecs appelaient autrefois Albanie. « Ce pays, dit Moïse de Khoren, fut appelé Aghovan d'un mot qui exprime la douceur des mœurs, parce que Sisag était aussi nommé Aghou à cause de la bonté de son caractère (*). »

Cette communauté d'origine attribuée aux Aghovans est fort contestable, vu qu'ils parlaient une autre langue, laquelle, suivant le même historien, était gutturale, très-dure et très-accentuée. Aussi Mesrob, l'inventeur de l'alphabet arménien, fut-il obligé d'en former un autre adapté au génie de la langue d'Albanie, comme il l'avait fait pour les Géorgiens. Il est donc plus probable que les Aghovans étaient une de ces tribus nombreuses répandues dans le Caucase, et qui étaient venues anciennement, sous la protection des rois arméniens, s'établir sur les bords du Kour. Au temps de Vagharschag, ils étaient soumis, et après lui ils continuèrent à faire partie de la nation arménienne, jusqu'aux temps de Tigrane. Mais, profitant des troubles qui désorganisèrent le royaume lorsque les Romains l'envahirent, ils secouèrent le joug et conquirent leur indépendance. Entreprenants et courageux, ils osèrent tenir tête avec succès aux légions romaines. Quand les Arsacides furent renversés, la monarchie des Aghovans agrandit son territoire aux dépens des

(*) En effet Aghou signifie en arménier. douceur, aménité. Les personnes qui ne connaissent pas la valeur de certaines lettres de l'alphabet arménien, pourront s'étonner que le mot Aghovan soit le même que le mot grec Albania. Mais la lettre arménienne transcrite par les deux lettres gh correspond aussi à 7, puisque tous les mots grecs, par exemple, où cette lettre se retrouve, s'écrivent en arménien avec un ghad: ainsi Paulus se prononce Boghos. Nous avons donc Alovan ou Aloban, les Grecs substituant à chaque instant le b au v; d'où enfin Alban, Albania.

Arméniens, puisqu'elle envahit les provinces d'Oudi, d'Artsakh et de Phaïdagaran. Sa puissance se maintint plusieurs siècles avec le même éclat, et elle résista avec avantage aux Arabes. Les invasions des Turcs seldjoukides, vers la fin du onzième siècle, détruisirent cette monarchie. Le nom seul des Aghovans est resté, et les peuples habitant les provinces de Gandjah, d'Erivan et de Nakdjewan, soumises aujourd'hui à la Russie, se glorifient encore du titre d'Aghouanlik.

OUDIENS. Sur les rives du Kour et près des frontières de la Géorgie, était située la province d'Oudi, entrecoupée de hautes montagnes et de vallées sauvages dont les forêts et les torrents donnent à l'aspect du pays, comme au caractère de ses habitants, quelque chose de rude et de sévère. Les Oudiens n'étaient point le même peuple que les Aghovans; on les a faussement confondus, parce que ceux-ci les réduisirent à différentes reprises et les incorporèrent dans leur petit royaume. Au commencement du troisième siècle de notre ère, les rois d'Arménie étaient encore les maîtres de cette contrée, et ils y passaient l'hiver, au rapport d'Agathange. Réunis aux Aghovans à l'époque de la chute des Arsacides, les Oudiens leur restèrent assez fidelement attachés. La haine qu'ils portaient aux Arméniens, leurs anciens maîtres, les aveugla au point de prêter du secours aux Arabes. Ils faisaient aussi de fréquentes incursions où ils commettaient beaucoup de dégâts. Le roi Achod Ir marcha contre eux et les réprima. Le gouverneur qu'il laissa dans cette province soumise se révolta bientôt contre son autorité et se rallia aux Aghovans, dont la puissance inférieure à celle des Arinéniens offrait des garanties plus sûres à leur indépendance. A dater de cette époque, le nom des Oudiens reparaît à peine dans l'histoire d'Arménie, et il est à présumer qu'ils suivirent la bonne et mauvaise fortune des Agho

vans.

KARTMANIENS.-Les Kartmaniens étaient une petite tribu de l'Oudi, mais

vivant séparée et indépendante au fond de ses vallées inaccessibles, dont plusieurs forteresses en défendaient l'entrée. Les Aghovans en firent plusieurs fois la conquête, sans réussir jamais à soumettre entièrement ces montagnards courageux. Ce pays continua d'être régi par ses souverains particuliers jusque vers le dixième siècle.

DZANARIENS ET DZOTÉENS. - Ces deux tribus, régies chacune par un chef particulier à qui la cour de Constantinople donnait dans ses actes le titre d'archonte occupaient les montagnes que l'on appelle Portes du Caucase. Suivant les Arméniens, cette petite souveraineté aurait été fondée par quelques prêtres de la Chaldée fuyant les persécutions des califes de Bagdad, ce qui expliquerait le titre ecclésiastique de chorévéque que portait le prince, quoiqu'il fût simple laïque. Les Arabes, d'après Massoudy, revendiquent de leur côté l'honneur d'avoir colonisé le pays de Dzanar. La cause de l'émigration aurait été l'attachement à la foi chrétienne de ces cheiks.

KARKARIENS. Les Karkariens, relégués à l'extrémité du pays des Aghovans dans les gorges du Caucase, étaient une tribu parlant une langue particulière. Strabon rapporte qu'elle était venue avec la tribu des Amazones du pays de Thémyscire sur les bords du Pont-Euxin, et qu'ensuite elle s'était avancée dans l'intérieur des montagnes.

Nous ne parlerons pas des Koghthéniens, dès Touschdouniens et de quelques autres tribus trop peu importantes pour être mentionnées ici. Nous ferons remarquer seulement ce fait assez singulier, que la Chine a envoyé dans l'Arménie plusieurs colonies.

ÉMIGRATIONS DE LA CHINE EN ARMÉNIB. -« Pendant les dernières années de la vie d'Ardeschir, dit l'historien Moïse de Khoren, un certain Arpog était djenpagour, c'est-à-dire, roi des Chinois; car c'est ainsi que dans leur langue les peuples du Djénasdan (de la Chine) appellent le titre royal. Il avait deux neveux, Peghtokh et

Mamkon, qui étaient des princes distingués. Peghtokh calomnia Mamkon, et le roi Arpog ordonna de le faire mourir. Quand Mamkon en fut informé, il ne se rendit pas à l'invitation du roi, qui l'appelait auprès de lui, et se sauva avec les siens, et se réfugia aupres d'Ardeschir, roi de Perse. Arpog envoya des ambassadeurs pour le redemander; mais comme Ardeschir ne St pas attention à sa demande, le roi du Djenasdan se prépara à lui faire la guerre. Ardeschir mourut alors, et Schabouh lui succéda.

Ce prince ne livra pas Mamkon entre ses mains, parce que son père avait juré par la lumière du soleil de le protéger. « Je pense avoir assez fait pour vous, ajoutait-il; je l'ai chassé de mes États, je l'ai envoyé à l'extrémité de la terre, au lieu où le soleil se couche, ce qui est comme une mort certaine; qu'il n'y ait donc pas de guerre entre vous et moi. » Comme les habitants du Djénasdan sont, à ce que l'on dit, les plus pacifiques des habitants de la terre, on se contenta de cette explication pour faire la paix. »>

Mamkon arriva donc en Arménie à l'époque où Tiridate, ce roi vraiment chrétien, remontait sur le trône de ses pères. Ce prince accueillit l'illustre étranger et sa nombreuse suite avec la générosité la plus cordiale, et il leur assigna la province de Daron comme lieu d'établissement pour cette colonie.

Les annales de la Chine font foi qu'au troisième siècle de notre ère la dynastie des Han fut renversée par la dynastie des Wei, révolution qui occasionna de profondes secousses dans l'ordre social de la Chine, en sorte que le prince Mamkon peut fort bien être un des membres de la dynastie détrônée; proscrit ou exilé volontaire, il serait venu chercher un asile dans le pays d'Occident. De Mamkon descend Pillustre maison des Mamigonéans, qui joua un rôle brillant dans l'histoire des ages ultérieurs.

Les négociations entre la Chine et la Perse, mentionnées par l'historien que nous avons cité, relativement à l'extradition de Mamkon, prouvent qu'il

y avait des relations anciennement existantes entre les cours des deux empires. Un autre historien du quatrième siecle, Zénob, nous apprend que le roi du Djenasdan offrit sa mediation pour retablir la paix entre Ardeschir, roi de Perse, et Khosrov I", roi d'Arménie.

Outre les Mamigonéans, nous voyons encore les Orpelians, qui vinrent en Arménie par la Géorgie, longtemps avant eux. Ils ont reçu le nom d'Orpélians de la forteresse de Schamchouildé, dans la Georgie meridionale, qui s'appelait dans l'antiquité Orpeth, et qui leur fut cédée par les Georgiens. On les appelle aussi, en géorgien, Djénévoul, et, en arménien, Djenatsi, c'està-dire Chinois.

Les invasions successives des Turcs seldjoukides, des Mongols et d'autres tribus errantes de la Tartarie, ont alteré la pureté de ces diverses familles. Outre les Kurdes, qui depuis plusieurs siècles occupent l'Armenie meridionale, on trouve ailleurs, éparses sur son sol, des hordes étrangères appartenant à la grande famille des peuples tartares; tels sont ces nouveaux Troglodytes campés sur les rives du Kour, habitant l'hiver dans des maisons souterraines, et conduisant, au retour du printemps, leurs troupeaux dans les plaines ou sur les plateaux verdoyants des montagnes. La langue qu'ils parlent est celle des habitants des provinces russes au delà du Caucase, et des gouvernements du nord-ouest de la Perse. Ce dialecte du ture n'a ni la douceur ni l'élégance de la langue parlée à Constantinople. Fort enclins au vol et au pillage, ils sont contenus par la sévérité des lois du gouvernement russe, et vivent dans un état de vie douce et pastorale, qui serait plus digne d'envie, si l'ignorance dans laquelle ils croupissent n'était aussi dégradante. La religion qu'ils pratiquent est le musulmanisme mêlé a d'absurdes superstitions, et ils sont divisés entre les deux sectes des sunnites et des schütes.

Près des ruines de l'ancienne ville de Shamkor se trouve la colonie allemande d'Anenfeld, groupée en un village semé au milieu de vergers touffus,

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