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CHAPITRE IV.

De la conservation des hommes et des travauх.

Boisage, muraillement, asséchement, aérage, extinction des incendies souterrains, secours aux noyés et asphyxiés.

S. 1. Galeries taillées en voûte.

S. 2. Différens boisages adoptés dans les galeries horizontales.

S. 3. Choix et préparation des bois de mine.

S. 4. Pose des cadres et des picots dans les galeries.

S. 5. Boisage des galeries inclinées.

S. 6. Boisage des différentes espèces de puits.

S. 7. Le plionnage.

S. 8. Kastes, stempel, échafaudage.

S. 9. Muraillement des galeries.

s. 10. Muraillement des puits.

S. 11. Le remblai.

S. 12. Armatures en fonte ou tubage.

S. 13. Galeries d'écoulement.

S. 14. Les pompes.

S. 15. Cuvelage, picotage.

S. 16. Gaz acide carbonique ou mofette.

S. 17. Gaz azote ou mofette.

S. 18. Gaz hydrogène ou grisou.

S. 19. Cheminées, conduits et cloisons d'aérage, ventilateurs

et fourneaux d'appel.

S. 20. Lampe de sûreté de Davy, perfectionnée.

S. 21. Appareils respiratoires.

S. 22. Emploi du chlorure de chaux pour l'assainissement des mines.

S. 23. Incendies souterrains, température des mines.

S. 24. Secours aux noyés, aux asphyxiés et aux brûlés.

Les quatre élémens des anciens philosophes, la terre, l'eau, le feu et l'air, sont la cause de tous les accidens qui arrivent dans les mines et de tous les dangers auxquels nous sommes journellement exposés dans les travaux souterrains.

La terre, en poussant au vide, tend à combler nos travaux et à écraser les soutiens nous lui opposons.

que

L'eau, en s'amassant dans les cavités souterraines ou dans les vieux ouvrages, noie les travaux et les hommes, si l'on vient à lui ouvrir une issue imprévue.

Le feu ravage les mines de houille que l'on néglige, ou que l'on n'exploite pas avec assez de soin et de régularité.

Et l'air, enfin, en se mêlant avec des gaz, qui se dégagent du sein même de la terre, finit par ne plus pouvoir entretenir la vie, ou s'enflammer avec des détonations si violentes, que l'on peut en comparer les terribles effets à l'explosion de la poudre.

par

Dans ce chapitre, qui est consacré à la conservation des hommes et des travaux, nous allons décrire tous les moyens que l'on met en œuvre pour s'opposer aux effets de la poussée des terres, de la stagnation du mauvais air, de l'accumulation des eaux, et à la propagation des incendies souterrains.

SOUTÈNEMENT DES TERres et des roches.

Les exploitations à ciel ouvert, les tranchées et les sablonnières, n'exigent, pour se soutenir, qu'un certain degré de talus qui s'oppose aux éboulemens d'autant plus fréquens que le terrain est plus meuble et se rapproche davantage de ce que l'on a nommé fort ingénieusement fluides imparfaits.1

L'expérience a prouvé qu'un talus de 45° empêche l'éboulement des sables et de la terre végétale, et qu'une pente infiniment plus rapide suffit au soutènement des terrains rocailleux et à plus forte raison à celui des couches pierreuses, que l'on peut couper toutà-fait d'aplomb. La gelée, il est vrai, ou plutôt le dégel, produit souvent des éboulemens sur les terres et les sables coupés en talus; mais en général ils ne sont que superficiels, tandis que l'eau, en délayant le sable ou les terres, augmente leur fluidité et produit de grands dégâts dans les travaux faits par tranchées, et il est assez difficile de s'y opposer; car ces boues liquides passent entre les boisages et détruisent tout l'effet qu'on en attendait.

Lorsqu'on est forcé de donner une grande profondeur et une faible largeur à ces coupures, on est obligé de renoncer à ménager

Allent, Mémoire sur les surfaces d'équilibre des fluides imparfaits, tels que sables, terres, etc.; Annales des mines, tom. I.", pag. 267.

un talus, car il pourrait doubler ou tripler l'ouvrage, et l'on est dans la nécessité de recourir à une espèce de boisage volant, composé de palplanches, que l'on dresse à droite et à gauche de la tranchée, et que l'on serre contre terre au moyen de petites pièces de bois placées en arcs-boutans, que l'on fait glisser de force entre les parois, et qui balancent facilement les effets de la poussée des terres. En général, ce genre de boisage, que l'on pose de loin en loin et sans régularité, est fort peu soigné, par la raison que les travaux en tranchées ne sont ordinairement que temporaires ou provisoires. J'ai vu sur l'une des mines de lignite d'Auriol, près Marseille, une tranchée aussi remarquable par sa profondeur et par sa longueur, qu'elle l'est par sa parfaite inutilité. Il s'agissait de faire écouler les eaux d'une mine, et au lieu de faire une galerie d'écoulement, comme cela se fait partout ailleurs, on fit cette tranchée, qui a quelquefois 10 à 15 mètres de profondeur; on bâtit un petit canal voûté au fond, et l'on remblaya par dessus, c'est-à-dire que l'on fit quinze ou vingt fois plus de travail qu'il n'en fallait.

S. 1.er

Des galeries taillées en voûte.

Il y a des roches qui se soutiennent d'ellesmêmes et dans lesquelles on peut creuser des galeries qui n'ont pas besoin d'être boisées,

mais en revanche on est obligé de les tailler en voûte et même en ogive ou voûte de cloître, en sorte qu'il ne reste point au plafond d'espace plan et non soutenu : on donne 3 pieds 6 pouces (1,16) de largeur au sol, et l'on commence à diminuer de manière à ce qu'il reste encore 3 pieds à la hauteur des mains des rouleurs, et c'est vers ce niveau que commence la naissance de la voûte, dont le point le plus élevé ou la clef doit être à 5 pieds (1,66) au-dessus du sol, ainsi que je l'ai déjà indiqué en parlant des travaux de recherche. La planche VI, fig. 1, présente ce genre de galerie non boisée, qui est doublement économique, puisqu'il épargne le bois et qu'il exige beaucoup moins d'entaille dans la roche, ainsi que l'on peut en juger par l'inspection de cette figure.

On parvient à donner une courbe assez régulière à ces galeries, quand la roche se taille bien au pic; mais quand on est obligé d'employer la poudre, on conçoit que l'on n'est plus maître de lui conserver sa figure aussi exactement. Certaines argiles endurcies, tous les grès, tous les granits, la plupart des calcaires, et généralement toutes les roches qui ne sont point trop ébouleuses, se soutiennent très-bien sous la forme de l'ogive; il y en a même qui permettent que l'on pratique de grandes excavations dans l'intérieur, sans qu'il en résulte aucun accident; mais elles sont plus rares, et ce n'est qu'à la longue et

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