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Il était allé encourager l'industrie, récompenser ses colons, diriger les travaux de ces hommes qui loin du tumulte et du bruit, ne s'occupent que du produit de leurs champs. Les éternels steps se défrichaient, les terres prenaient de la valeur. En 1814, on avait exporté du port d'Odessa pour douze à treize millions de bled, et une partie des moissons était restée sur pied faute d'ouvriers. "Notre sol est vierge me disait un jour un celon allemand; peut être n'a-t-il jamais subi le joug de la charrue, et il est si fertile que si l'Allemagne devait éprouver une famine de trois ans, nous aurions de quoi l'approvisionner.

Une chose qui aidait merveilleusement M. le duc de Richelieu dans l'administration des colonies, dans la distribution de la justice et dans ses rapports avec tant d'hommes différents, c'est la facilité avec laquelle il parle toutes les langues; toutes lui sont familieres. Tout le monde l'abordait; dans une heure il expédiait vingt affaires, et il était rare qu'on en fût mécontent. Il arriva un jour inopinément au gymnase de Kerson: le principal lui adressa un long discours latin auquel il répondit su-le-champ dans la même langue, et en entrant dans tous les détails des études.

Laissons aux anciens fondateurs de colonies la gloire qu'ils ont acquise, ils n'occupaient qu'un petit point dans l'espace; le nom de Richelieu se perpétuera dans de vastes

contrées.

En 1803, l'empereur Alexandre voulait venir voir le gouverneur d'Odessa non comme prince, non comme souverain. mais en visite, mais en ami. Ces établissements destinés à augmenter la splendeur de l'empire russe, piquaient sa curiosité. M. de Richelieu, qui les trouvait encore imparfaits, suppliait le monarque d'ajourner son voyage.

Il est inutile de dire que les Turcs voient avec jalousie et inquiétude la prospérité de ces colonies. Dans quarante ou cinquante heures, une flotte partie du port d'Odessa peut arriver sous les murs de Constantinople.

M. de Richelieu ne correspondait qu'avec l'empereur pour les colonies. Il exerçait un pouvoir absolu sur deux ou trois millions d'hommes; personne cependant ne lui reprochait un acte de despotisme.

Il est peu d'éloges fondés sur l'exacte vérité, tous ont recours à la flatterie et à l'ornement: ici, nous n'avons rap

porté que des faits historiques si connus d'une foule de témoins.

La France a recouvré M. le duc de Richelieu, et il est à la tête d'un ministere qui veut enfin que la cause du Roi et dela patrie l'emporte. Si, dans les temps d'exil et de proscription, il mit sa gloire à être utile à la nation étrangere qui l'avait adopté, pourrait-il, aujourd'hui, ne pas la placer dans l'affermissement du trône, dans l'extinction des complots, dans l'anéantissement des méchants, dans le retour de l'ordre, dans la félicité des Français !

Presqu'isolé, avec des moyens ordinaires, M. le duc de Richelieu a fait de grandes choses; ici, les moyens ne lui manqueront pas, tous les gens de bien sont prêts à le soutenir; leur nombre s'accroîtra bien vîte de ces hommes qui restent en arriere et ne se décident que pour le parti qui marche: le succès ne peut être douteux.

Des journaux se sont empressés de le comparer au cardinal de Richelieu: c'est anticiper, et le premier ministre at déjà assez de gloire pour n'en pas accepter une à laquelle il aspire, qu'il obtiendra peut-être, mais qui ne lui est point encore acquise. Attendons que des négociations difficiles soient terminées; que tous les sujets soient franchement soumis à l'autorité royale; que la France jouisse au dehors du degré de considération à laquelle elle a de justes droits; que la volonté du gouvernement soit une, ferme, immuable, et personne ne sera plus disposé que nous à lui payer un légitime hommage de louange et de

reconnaissance,

Extrait du Times, du 6 Octobre.

Les journaux de Paris nous sont parvenus jusqu'à la date du 3 de ce mois. Le Moniteur contient plusieurs adresses des corps électoraux qui, comme à l'ordinaire, demandent avec beaucoup d'instances la juste punition des criminels qui ont plongé la France dans toutes ses dernieres détresses. Ce sujet a été mis sous tous les points de vue que l'on peut juger susceptibles de faire impression sur l'esprit; et le même sentiment a retenti de toutes les parties de la France, de sorte que nous ne pouvons plus douter qu'il ne soit la voix de tout le royaume. "De grands exemples de justice, disent les électeurs de l'Arriége, sont devenus nécessaires pour intimider les méchants qui voudraient imiter à l'avenir ces conspirateurs audacieux, sans cesse armés du poignard et de la torche incendiaire. Le cri des nations civilisées s'éleve contre ces vieux enfants du crime qui, enhardis par l'impunité, conservent encore les plus criminelles espérances et méditent peut-être de nouveaux forfaits." "Les

par

succès du crime sur la terre, ajoutent-ils, peuvent entrer dans les séveres desseins de la Providence ; ils ne sont jamais impunément opérés ou soufferts l'autorité des lois. Grâces vous soient donc rendues, Sire, pour les promesses que vous avez daigné faire à vos peuples contre les auteurs du plus énorme attentat qui ait jamais été consommé !" Ceux de la Haute-Loire disent: "Vos fideles sujets trouveront une garantie solennelle de leur tranquillité future dans la punition exemplaire de ces grands coupables que la France désavoue pour ses enfants, de ces hommes exécrables qui ont osé tramer le plus noir des complots, de ces hommes enfin qui en trois mois ont déversé sur la France trois siecles

de calamités. Que de sang répandu pour leur cause impie! Que de villes détruites, de campagnes ravagées et combien de familles ruinées pour toujours mais la justice de V. M. ne laissera pas impunis les auteurs de tant de désastres, elle aura son cours et dissipera nos inquiétudes."

C'est dans le même esprit que sont rédigées les adresses de l'Isere, de la Loire, des Pyrénées Orientales, du Haut-Rhin, des Bouches du Rhône, duVar et de plusieurs autres départements. Il y a dans ces adresses deux ou trois points essentiels dont elles s'occupent et qui méritent bien de fixer l'attention, particulierement celui dont nous avons dit un mot dans d'autres circonstances, la nécessité de dépouiller de leurs richesses mal acquises les traîtres opulents. Ces malheureux nés pour la plupart dans la misere et dans la fange, ont accumulé des trésors immenses en trahissant les intérêts de leur pays. Rien n'est plus propre à convaincre les esprits que ce que le collége de la Haute-Garonne dit de ces gens-là : "Serait-il juste de s'abstenir de toute indemnité sur les richesses criminelles qui furent le salaire de leur infamie, alors que la population fidele qu'ils ont appauvrie par tous les genres d'exactions, voit s'engloutir ses dernieres ressources dans l'abîme qu'eux seuls ont creusé ?" Qu'il ne soit pas dit que la confiscation a été abolie par la chartre. Ces hommes ont renoncé à la chartre: ils ont conspiré contre elle. Ce serait d'ailleurs le comble de la folie que d'appliquer la regle d'exemption de la confiscation à des fortunes qui ont été fondées sur la confiscation et le vol. Ĉes adresses insistent encore sur un autre point plus important encore, s'il est possible,-sur un point d'une plus grande importance dans le moment actuel, en ce qu'il est possible qu'un défaut d'attention le fasse négliger, ou que l'intrigue lui porte atteinte.

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"Nous conjurons Votre Majesté de ne remettre qu'à des mains pures le dépôt de son autorité sacrée, de ne pas confondre dans les témoignages inapréciables de sa confiance, les éternels artisans de nos calamités, et les purs défenseurs du trône et des lois. Sire, les circonstances où nous sommes placés sont telles que le dévouement de vos plus fideles sujets suffira peut-être à peine aux sacrifices dont nous pressentons la nécessité." Que la loyauté est un métier misérable en France! que celui de la rébellion est prospere! Cet ordre de choses demande une réforme, car, comme l'observe l'assemblée électorale du Haut Rhin: "l'oeuvre la plus difficile mais aussi la plus digne de Sa Majesté, c'est d'opérer la régénération morale de ses peuples." Et dans ce but elle ajoute, "Que l'autorité, que les gouverneurs, que le crédit soient retirés des mains des méchants, qu'en même temps la fidélité, les bonnes mœurs, le calme des opinions, le courage, la probité, soient seuls employés, rémunérés." Il nous est impossible de parler de cette adresse du Haut Rhin, sans faire observer qu'elle abonde en sentiments très-louables et admirablement exprimés. Elle montre un désir ardent de voir la France profiter des funestes leçons de sa révolution; le respect pour les institutions, adopté par toutes les nations civilisées, (et par la France elle-même dans ses beaux tems), succéder à ces efforts imprudents et funestes pour arriver à une perfectibilité chimérique; la religion trouver du soutien, et ses ministres du respect; l'éducation de la jeunesse replacée sur une base vertueuse; la magistrature rendue vénérable et les loix investies de l'autorité.

Nous nous arrêtons long-tems sur ces points, parce qu'ils sont essentiels au triomphe de cette cause dont le constant soutien a fait la gloire et le bonheur de la Grande-Bretagne, la cause de cette vraie liberté qui n'habite qu'avec la saine raison,

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