Images de page
PDF
ePub

et les saints ne sont pas toujours aussi accommodants que le bon Dieu.26

Et jetant sur la table une bourse où l'or tintait:

Cela pour le souper du roi, dit-il.

-Oh! sire! fit le braconnier, merci! et pardonnezmoi! Si j'avais su que je parlais au roi...

Le roi se tourna en souriant vers la jeune femme qui avait assisté muette et surprise à toute cette scène:

- Vous entendez, belle hôtesse? dit-il. Cette fois j'ai le consentement de votre mari; n'aurai-je pas le

vôtre?

Elle rougit et tendit ses joues fraîches, sur lesquelles le roi mit galamment un baiser.

Et ceci pour le chevreuil, conclut-il. Nous sommes quittes.

Un instant après il remontait à cheval, disant à Cossé :

Ventre-saint-gris! à ce prix-là, je donnerais tous mes chevreuils!

Notes grammaticales

EMPLOI DU SUBJONCTIF

120 « S'il est un roi qui, en France, ait été et soit resté populaire, c'est Henri 1V. »

Le subjonctif est employé dans cette phrase parce que le fait énoncé n'est pas présenté d'une manière affirmative; la tournure de la phrase indique qu'il est douteux qu'il y ait eu en France un roi resté populaire.

On aurait dit, au contraire, en employant l'indicatif: « Il y a eu en France un roi qui a été et est resté populaire, c'est Henri IV. D

Expliquer l'emploi du subjonctif dans les phrases suivantes:

• Quoi que l'on puisse penser du Vert-Galant.

[ocr errors]
[ocr errors]

Il faut que

tout le monde vive. Je ne souffrirai pas que vous l'embrassiez.- Un père peut embrasser sa fille sans qu'on s'en offusque. Le pauvre homme ne douta plus qu'il ne fût en présence du souverain. D

EMPLOI DE ne APRÈS douter.

Quand les verbes douter, nier, contester, disconvenir sont accompagnés d'une négation, le verbe de la proposition subordonnée doit être précédé de la particule ne.

Exemple ci-dessus: Le pauvre homme ne douta plus qu'il ne fût...

Mais on dirait, si douta n'était pas accompagné de la négation ne... plus : Le pauvre homme douta qu'il fût...

PLACE DU PRONOM RELATIF qui.

Mon ami, dit le roi, paysan, qui se précipita. Cossé lui-même qui... »

qui tutoyait. Un homme, vêtu en Un homme se précipita, qui...

Le pronom relatif doit être placé auprès de son antécédent, pour éviter toute équivoque; mais il peut en être séparé par des verbes, des adjectifs ou autres qualificatifs, pourvu qu'il ne puisse y avoir aucun doute sur le mot auquel le relatif se rapporte.

Expliquer les exemples ci-dessus et d'autres à prendre dans l'histoire qui précède.

Y PRONOM ET ADVERBE

« Nous rencontrerons quelque cabane de bûcheron; nous y entrerons, nous trouverons des choux et du lard. L'hôtesse avait étendu une nappe sur la table; elle y disposa deux assiettes. J'y goûterai, fit Cossé. »

Dans les deux premiers exemples y est un adverbe. Comme tel, il remplace un nom de lieu précédé des prépositions à, en, dans, sur.

Dans le dernier exemple y est un pronom et signifie à cela (to that, to it).

Comme les autres pronoms compléments directs ou indirects, y

est placé avant le verbe, excepté si le verbe est, à l'impératif affirmatif; dans ce dernier cas il est placé après. (Voir page 108). Oui, j'y vais quelquefois.

[ocr errors]

Ex.: Allez-vous au théâtre ? -
N'y allez pas ce soir, allez-y demain.

Quand y est employé avec en, il est toujours placé le premier. Ex.: Il n'y a pas de sucre dans le café, mettez-y-en. Oui, j'y en mettrai.

Verbes à conjuguer abattre, conclure, disparaître, parcourir, peindre.

UN BRAVE JEUNE HOMME

I

La grande maison de banque de M. Lebel avait ses bureaux avenue de l'Opéra: c'était un appartement somptueux, qu'on avait converti à cet usage.

Il était neuf heures du matin, et les fenêtres grandes ouvertes laissaient entrer des flots d'air vif, tandis que le poêle s'allumait en ronflant. On était en novembre.

Il y avait longtemps que le patron, M. Lebel, était installé dans son cabinet; plusieurs lettres étaient déjà devant lui, écrites d'une main rapide.

En entendant sonner neuf heures, il se leva et regarda dans la pièce où s'étalaient quatre grandes tables destinées à ses employés. Voyant qu'il n'y avait encore personne d'arrivé,1 il fronça le front d'un air mécontent, et murmura:

Toujours en retard!...

Au même moment un jeune homme entra. Il ôta lentement son pardessus, s'assit en étouffant un bâillement, puis se mit nonchalamment à sa besogne. Une douzaine d'hommes arrivèrent ainsi successivement; il y en avait de tous les âges.

2

Tous se mirent au travail sans beaucoup d'entrain, mais sans oser causer, ni lire les journaux, à cause de la présence du maître. Une grande table restait vide près de la fenêtre. Un des jeunes gens dit à son voisin :

-Je crois que c'est aujourd'hui qu'on attend le remplaçant de Lefebvre.

3

M. Lebel rentra dans son cabinet et se mit à compulser de grands dossiers. Dix heures sonnaient quand il entendit un léger frappement à sa porte. Entrez, dit-il.

Un jeune homme s'avança:

Vous êtes monsieur Paul Duret?

Oui, monsieur, dit le nouvel arrivant en tendant une lettre à M. Lebel, qui y jeta rapidement les yeux.

-Eh bien! jeune homme, vous voilà en bonne santé? Je ne vous dissimule pas que je ne pouvais pas vous attendre plus longtemps; le travail presse et je songeais à vous donner un remplaçant; cependant j'avais sur vous de si bonnes recommandations que je le regrettais. Enfin, puisque vous êtes là, continua M. Lebel d'une voix bienveillante, vous allez rattraper le temps perdu, car voilà un bon mois que je vous attendais; mais dites-moi, vous avez vingt-quatre ans?

Oui, monsieur, répondit le jeune homme d'une voix un peu faible.

Vous êtes encore un peu pâle, mon ami; il ne faudra pas trop vous fatiguer. Vous connaissez votre travail, n'est-ce pas?

Oui, monsieur, c'est la correspondance française et anglaise.

[ocr errors]

Plus tard, selon vos aptitudes, nous verrons à vous faire faire autre chose. Votre chemin dépend de vous; vous me semblez sérieux, quoique vous ayez l'air très jeune. Comme il est convenu, vous

« PrécédentContinuer »