Images de page
PDF
ePub

du soliferrum de la même manière que les Romains se servaient du pilum et les Francs de l'angon. Un exemple d'arme en forme de faulx a été découverte à Puig-Castellar. Les bipenne, bident et l'arc sont connus par les monnaies ibériques.

Les casques sont en fer, en bronze où en acier, à nervures du type gaulois, souvent ornés de plumets ou de crinières. Les statuettes de la province de Jaen montrent une sorte de calotte de cuir qui protège le haut du crâne et la nuque. C'est encore d'après ces mêmes statuettes et les bas-reliefs d'Osuna que M. Sandars décrit la cuirasse et les jambières de ces guer

riers.

Les boucliers sont généralement de forme circulaire, en bois ou en cuir, avec au centre un umbo de métal. Sur les monnaies sont figurées des trompettes de forme recourbéc et, à Numance, on a recueilli des pavillons de trompe en terre cuite.

Cette étude porte sur des objets qui furent en usage depuis le ve siècle av. J.-C. jusqu'aux dernières années du premier. Il est très délicat d'assigner une date précise à cet armement, car les différentes époques s'enchevêtrent et les types sont soumis à des influences variées et indépendantes les unes des autres. La nécropole d'Aguilar de Anguita appartient à la première partie de cette période; celle d'Arcobriga au Ive et 1 siècles, de même que les falcatas de Villaricos et d'Almedinilla qui descendent jusqu'au 1. Les monnaies démontrent que la plupart de ces armes étaient encore en usage à l'époque d'Auguste lors du soulèvement des Astures et des Cantabres.

RAYMOND LANTIER.

MAURICE BEAUFRETON. Sainte Claire d'Assise, 1194-1253. Un vol. in-12. Paris, Lecoffre, 1916.

Une seule << légende »> concerne sainte Claire d'Assise: composée sur l'ordre du pape Alexandre IV (12541261), à qui elle est dédiée, elle paraît avoir pour auteur Thomas de Celano, le

premier historien de saint François, encore que toutes les difficultés que soulève cette attribution ne soient pas résolues. Telle qu'elle est, cette « légende » est fort décevante pour un hagiographe moderne, car elle n'est guère qu'un recueil de traits édifiants qui révèlent peu de chose de l'individualité de l'héroïne. Il s'y ajoute quelques pages des Fioretti d'une poésie mystique où l'historicité des faits est sujette à caution. M. Beaufreton a utilisé ces éléments avec une critique attentive, il les a éclairés de tout ce que l'histoire des origines franciscaines, qui a fait de si grands progrès ces vingt-cinq dernières années, y verse de lumière. La pâle figure de sainte Claire s'anime ainsi à être replacée dans son milieu. M. Beaufreton est particulièrement bien inspiré, quand il montre que l'esprit des « Pauvres Dames » et leur règle ne s'expliquent pas tant par l'influence de saint François ou du cardinal Ugolin, que par le caractère même de sainte Claire. Les quelques lettres qui subsistent de sainte Claire à la bienheureuse Agnès de Prague ou à Ermentrude de Cologne, et que M. Beaufreton a bien fait de traduire et d'enchâsser dans son récit, sont les données les plus immédiates que l'on ait sur Claire et sur sa petite communauté de SaintDamien, et combien attachantes par leur grâce franciscaine et féminine! Quel dommage de ne posséder que si

1

peu de chose de cette valeur spiri- | lorsqu'il avait quitté sa patrie; il sétuelle ! Le petit livre de M. Beaufreton journa enfin pendant plus de dix-huit se lira avec sympathie. Cà et là un mois dans les couvents du mont Athos. médiéviste de carrière, ou un liturgiste, pourrait lui chercher chicane, mais dans l'ensemble, et bien que je ne sois pas spécialement franciscanisant, il me semble que sa méthode est faite pour inspirer toute confiance.

P. B.

HENRI OMONT. Minoïde Mynas et ses missions en Orient (1840-1855) (Extrait des Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Tome XL). Une brochure in-4, 83 p. Paris, Imprimerie nationale, Librairie

C. Klincksieck, 1916.

Le grec Minoïde Mynas, qui jouit d'une certaine notoriété parmi les érudits français pendant la première moitié du XIXe siècle, contribua à enrichir notablement le fonds grec du cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale. A ce titre il méritait l'érudite et fort intéressante notice que M. Omont vient de lui consacrer.

Né dans la région de Salonique en 1798, Minoïde Mynas arriva en France en 1819. De 1824 à 1828 il publia | divers ouvrages de philologie grecque; à la faveur des sentiments philhellènes alors régnant, il essaya de se créer une situation à Paris. Il n'y réussit guère; pourtant il obtint du gouvernement de 1840 à 1855 trois missions en Orient.

Dans la première mission, qui dura de février 1840 à 1843, il séjourna à Athènes, à Constantinople, à Salonique, à Sérès, et dans un monastère yoisin, Saint-Jean, où il eut la surprise de trouver intacte, mais en mains étrangères, sa propre bibliothèque, qu'il avait confiée à des amis

La deuxième mission dura de septembre 1844 à décembre 1845. Elle fut consacrée à la recherche de manuscrits à Trébizonde et à Smyrne. En mai 1850, le ministère de l'Instruction publique qui avait demandé à l'Académie des Inscriptions son opinion sur un nouveau projet de voyage présenté par Mynas, et qui en avait reçu un avis plutôt favorable (Mémoires de l'Académie des Inscrip

tions, XVIII, partie 1,

tions, XVIII, partie 1, p. 148-152)
lui accorda pour la troisième fois
son patronage. Mynas prolongea son
absence, contrairement à ses instruc-
tions, jusqu'en novembre 1855; mais
<< de ses longues pérégrinations à
Athènes, Smyrne, Samos, Pathmos,
il ne paraît, dit M. Omont, avoir
rapporté aucun manuscrit ». Pourtant
son voyage ne fut pas entièrement
infructueux. A la séance de l'Académie
du 13 avril 1855 il fut donné lecture
d'une lettre de Mynas contenant le
texte d'une inscription grecque récem-
ment découverte en Crète. Le Bas la
publia dans les Mémoires de l'Académie
(t. XX, partie I, p. 110-132), avec une
traduction et un commentaire. En outre
M. Faugère, directeur au Ministère
des Affaires étrangères, transmit à
l'Académie le 26 octobre 1855 le texte
de deux inscriptions grecques décou-
vertes à Athènes et envoyées par
Mynas. Hase publia le texte de la
seconde avec une traduction latine.
(Même volume, p. 142-143). Mynas
passa ses dernières années dans la
gêne, à Paris, où il mourut le 30 dé-
cembre 1859.

Les plus importantes trouvailles de manuscrits faites par Mynas pendant ses deux premiers voyages furent

la Gymnastique de Philostrate et les Fables de Babrius; ce dernier ouvrage fut acquis par le British Museum.

Il rapporta encore le Philogélos Ou facéties tirées des ouvrages d'Hiéroclès; une copie de l'Iliade du XIIIe siècle et une copie du Plutus et des Nuées d'Aristophane du XIVe siècle, une copie des ouvrages de Galien du xve siècle, des manuscrits

relatifs au droit et à l'astrologie.

M. Omont a joint à sa notice des lettres adressées par Mynas à Villemain, ministre de l'Instruction publique de 1840 à 1843, le rapport que Mynas rédigea au retour de sa première mission, et les listes des manuscrits recueillis par lui. H. D.

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.

COMMUNICATIONS.

4 août. M. Antoine Thomas entretient l'Académie de quelques anciens noms de famille français dans lesquels entre le verbe naître et qui ont souvent été altérés par des scribes ou des historiens incapables d'en comprendre la formation. Il cite notamment Hautfuné c'est-à-dire « hautement-fut-né »>, nom d'un évêque d'Avranches de 1330 à 1358, que certains auteurs altèrent en Hautfrime et même, chose incroyable, en Austfrien, forme adoptée par la Gallia christiana; Buerfunée, c'est-à-dire « heureusement-fut-née », nom d'un certain Robert, bourgeois de Château-Landon, fonctionnaire zélé de Philippe le Bel et de ses fils, chargé en 1316 de garder au Château-Gaillard l'épouse adultère de Charles de France, plus tard Charles IV, Jeanne, sœur de Marguerite de Bourgogne beaucoup d'érudits modernes l'appellent à tort Berfumée.

En terminant, M. Antoine Thomas rappelle que le nom de la ferme Monacu, que les derniers communiqués militaires nous ont rendu familier et

dont l'aspect étrange pique la curio

sité, doit être un nom de famille ou sobriquet, synonyme de « malheureusement-né ». On le trouve écrit Malnacu en 1172, puis on saute sans transition à Monacu en 1733, Le Monacu en 1764. La première syllabe représente l'adverbe mal et devrait s'écrire mau, comme dans maussade. Le participe nacu qui, après avoir servi de modèle à vécu, a disparu de l'usage, est donc conservé, pour ainsi dire, à l'état fossile, dans ce nom de ferme, dont l'héroïsme de nos soldats immortalisera le souvenir.

11 août. M. Salomon Reinach cherche l'origine d'une étymologie ancienne du nom de Lyon, Lugudunum, qui aurait signifié Mont-Désiré (glossaire d'Endlicher), alors qu'une autre étymologie beaucoup plus vraisemblable explique ce mot par Clair-Mont. Il fait observer que clair, en grec, se dit φωτεινός, tandis que désiré se dit ποθείνος. Οι ποθεινός est le nom grec du premier évêque chrétien de Lyon, saint Pothin; sous l'influence de ce nom vénéré et populaire, çoτevós devint Devós dans quelque lexique celto-grec, ce qui eut pour effet, dans le lexique celto-latin dont nous possé

432 ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.

dons un fragment, le changement d'interprétation: Mont-Désiré au lieu de Mont-Clair.

M. Dehérain donne lecture d'un mémoire de M. Louis Bréhier sur l'hagiographie byzantine des vin° et IXe siècles à Constantinople et dans les provinces (voir cahier d'août, p. 358).

M. Cagnat communique une note de M. Fabia, sur les mosaïques superposées de la Déserte (place Sathonay, à Lyon). Au moyen de documents inédits, M. Fabia fixe la date de la découverte, août 1823, ainsi que la nature et l'étendue des fragments sauvés, lesquels figurent presque tous depuis 1868 au Musée dans la décoration composite du vestibule des Antiques. Il fait connaître certains détails curieux de leur histoire, en particulier la présence pendant dix-sept ans du buste de Cérès (ou de l'Eté) dans l'église Saint-Martin d'Ainay, au milieu d'une autre mosaïque romaine, à peu près inconnue comme telle, qui pave depuis 1851 le chœur de la chapelle de la Vierge.

18 août. M. Salomon Reinach étudie les contributions du philosophe Panætius à la critique littéraire et essaie de montrer qu'on lui a attribué des bévues qu'il n'a pas commises, telles que la négation de l'authenticité du Phédon et l'hypothèse qu'un passage d'Aristophane où Socrate est nommé ne se rapporterait pas à ce philosophe.

25 août. M. Louis Chatelain expose le résultat des fouilles faites à Volubilis (Maroc). Voir Journal des Savants, 1916, p. 36-38.

[blocks in formation]

1er septembre. M. Leger lit un tra-
vail sur deux légendes historiques
slaves. La première est relative à trois
personnages, qui se seraient appelés
Czech, Lech et Rous et qui auraient
été les ancêtres des Tchèques, des
Polonais et des Russes. La seconde
se rapporte aux prétendues guerres
d'Alexandre le Grand contre les Po-
lonais.

M. Capitan rappelle que les
reproductions d'instruments primitifs
en pierre ne sont pas antérieures au
XVIIe siècle. De 1634 à 1730 il en a été
fait toute une série de descriptions.
Certains auteurs croyaient y voir des
pierres de foudre, mais d'autres avaient
compris qu'il
compris qu'il s'agissait d'armes.
De ce nombre fut F. Licetus qui,
en 163, dans son traité sur la nature
de la foudre publia avec figures un
couteau en pierre à manche enrichi de
turquoises. Or ce couteau est iden-
tique à une pièce unique conservée au
Musée Britannique.

-

M. Moret explique des termes
juridiques jusqu'ici méconnus des
décrets de Koptos et démontre que,
sous l'ancien empire égyptien, il
existait une administration, locale à
côté de l'administration royale centra-
lisée. Dans chaque nome, les Sarou
(administrateurs) rédigeaient des règle-
ments d'administration (srou) pour
l'application des décrets royaux; ces
règlements définissaient le statut des
terres et des tenanciers et constituaient
une jurisprudence en cas de conflit.
On ne sait comment se recrutaient les
Sarou; peut-être sont-ils une survi-
vance d'un régime politique antérieur
à la centralisation pharaonique.
Le Gérant: EUG. LANGLOIS,

Lmp. PAUL BRODARD,

[ocr errors]

JOURNAL

DES SAVANTS

PUBLIÉ SOUS LES AUSPICES

DE L'INSTITUT DE FRANCE (ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES)

OCTOBRE 1916

SOMMAIRE DU N° 10.

MM. P. FOURNIER. Les États du Dauphiné aux xiv et xv° siècles, p. 433. S. DE RICCI. Le texte, grec de l'Ancien Testament, p. 443.

L. BRÉHIER. L'hagiographie byzantine des vie et Ixe siècles à Constantinople et dans les provinces, deuxième et dernier article, p. 450.

NOUVELLES ET CORRESPONDANCE, p. 466.

LIVRES NOUVEAUX, p. 472.

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES, p. 478.

CHRONIQUE DE L'INSTITUT, p. 480.

PARIS

LIBRAIRIE HACHETTE ET CIR

79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79

« PrécédentContinuer »