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Membres de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,

Et MM. les Membres composant le bureau de l'Académie.

Directeur :

M. RENÉ CAGNAT, Membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.

Secrétaire de la Rédaction:

M. HENRI DEHÉRAIN, Bibliothécaire à l'Institut.

CONDITIONS ET MODE DE LA PUBLICATION.

Le JOURNAL DES SAVANTS paraît le 15 de chaque mois par fascicules de six feuilles in-4. Le prix de l'abonnement annuel est de 24 francs pour Paris, de 26 francs pour les départements et de 28 francs pour les pays faisant partie de l'Union postale.

Le prix d'un fascicule est de a francs.

Adresser tout ce qui concerne la rédaction :

À M. H. DEHÉRAIN, secrétaire de la Rédaction, Bibliothèque de l'Institut, 23, quai Conti,

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A la Librairie HACHETTE, 79, boulevard Saint-Germain, à Paris.

JOURNAL

DES SAVANTS.

DÉCEMBRE 1916.

LES MONUMENTS DU SANCTUAIRE
DANS LES ÉGLISES ANGLAISES.

FR. BOND. The Chancel of English Churches. The Altar, Reredos, Lenten Veil, Communion Table, Altar Rails, Houseling Cloth, Piscina, Credence, Sedilia, Aumbry, Sacrament House, Easter Sepulchre, Squint, etc. Un vol. in-8, 274 p. et 229 fig. Oxford University Press, 1916.

Je ne connais pas d'archéologue plus actif que M. Francis Bond. La guerre même n'a pas ralenti son zèle, et depuis l'important. ouvrage que je signalais l'an dernier aux lecteurs du Journal des Savants, il a trouvé le loisir et la sérénité d'esprit nécessaires pour publier encore deux volumes relatifs aux monuments du culte en Angleterre.

Le premier est consacré à l'iconographie des saints qui ont servi de patrons aux églises anglaises du moyen âge. Il se recommande comme tous les ouvrages du même auteur par l'abondance et l'excellence de l'illustration et offre à la curiosité du lecteur une importante série de vitraux, de sculptures, d'ivoires, de peintures et de miniatures, infiniment plus attrayante et plus instructive que les

) Juillet 1915, p. 289.

(2) Il est intitulé Dedications and Patron Saints of English Churches, Eccle

SAVANTS.

siastical Symbolism. Saints and their Emblems (1 vol. in-8, 343 p. et 252 fig. Oxford, University Press, 1915).

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longues listes de saints et d'emblèmes accompagnées de figures trop rares et trop souvent mal choisies, qui rendent si arides le petit nombre d'ouvrages du même genre que nous possédons en France.

Le second volume publié par M. Bond est intitulé The Chancel of English churches. Il traite des monuments de divers ordres que l'on rencontre, ou que l'on rencontrait au moyen âge dans le sanctuaire des églises anglaises. Nos compatriotes seront peut-être étonnés de voir appliquer ici au sanctuaire un terme qui a, dans notre terminologie usuelle, un sens tout autre, mais nos confrères anglais ont une tendance marquée à introduire dans leur langue archéologique certaines expressions calquées sur le latin ecclésiastique, et, si cette tendance peut paraître excessive quand elle a pour résultat de remettre en honneur sans nécessité des termes assez peu employés, même au moyen âge, pour qu'un homme instruit. puisse en ignorer le sens, je suis obligé de reconnaître que, dans l'espèce, l'emploi fait par M. Bond du mot chancel est parfaitement justifié. Cancellus, en effet, était un des termes les plus usités au moyen âge pour désigner le sanctuaire, ou plus exactement cette partie du chœur qui s'étend en avant de l'autel et qui est limitée par la table de communion.

C'est aux monuments ou objets compris dans cette partie spéciale de l'église que le livre est consacré, il n'est donc question ici ni des orgues, ni des chaires à prècher dont la place ordinaire était ailleurs. En revanche, il y est longuement parlé des autels, des retables, de la table de communion, des piscines, des crédences, des sièges destinés aux célébrants, des tabernacles, et mème des bénitiers, ce qui paraîtra un hors-d'œuvre, car les bénitiers portatifs n'avaient aucune place déterminée, et les bénitiers fixes étaient toujours adossés aux murs ou aux piliers voisins des principales entrées de l'église, et ne peuvent être comptés parmi les accessoires du sanctuaire.

Le chapitre consacré à l'autel n'a pas toute l'importance que l'on pourrait supposer. On est même étonné qu'un pays aussi conservateur que l'Angleterre ne possède pas une plus notable quantité d'autels remarquables, je parle bien entendu de l'autel proprement dit, indépendamment de ses éléments accessoires, retables, tabernacles, dont l'auteur traite dans des chapitres spéciaux. Cela peut tenir aux modifications considérables qui se sont introduites depuis la Réforme

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dans les usages liturgiques de l'Église anglicane. Cela tient aussi à ce que beaucoup d'autels étaient d'une simplicité voulue, leurs côtés apparents étant cachés sous des parements d'étoffes de même nature et de même couleur que les vêtements liturgiques portés par les célébrants.

Un assez grand nombre de tables d'autel sont parvenues jusqu'à nous, elles sont, comme celles qu'on voit en France, ornées de cinq croix que l'on a souvent interprétées comme un symbole des cinq plaies du Christ. M. Bond fait remarquer avec raison qu'elles indiquent la place des onctions faites par l'évêque lors de la consécration. Il aurait pu ajouter que le nombre de ces onctions résultait plutôt de la forme habituelle de la table d'autel d'une idée symbolique, que car on possède, et M. Bond en cite des exemples, des autels portant six et même neuf croix.

Les autels anglais contenaient des reliques comme tous les autels catholiques. M. Bond décrit les principales dispositions adoptées pour loger ces reliques, mais j'ai peine à le suivre quand il range au nombre de ces dispositions l'excavation oblongue qu'on a trouvée dans le sol en avant d'un autel de l'église cistercienne de Jervaux. Le respect dont on entourait les reliques, quelles qu'elles fussent, n'aurait jamais permis, ce me semble, d'en placer en un endroit où les prêtres appelés à se servir de l'autel les auraient sans cesse foulées aux pieds. Les dimensions et la forme très allongée de cette cavité me paraissent indiquer suffisamment qu'il s'agit là simplement d'une sépulture quelconque.

Il ne semble pas, d'ailleurs, que l'insertion de reliques dans les autels fût de règle aussi stricte en Angleterre que chez nous. Mais quand on voulait célébrer le Saint Sacrifice sur un autel qui en était dépourvu, on y posait un autel portatif. comme on en voit encore en assez grand nombre dans les musées et les trésors d'église du continent. M. Bond en parle un peu brièvement, ce qu'on ne saurait lui reprocher, car c'étaient des objets mobiliers, complètement indépendants de l'autel et des autres éléments accessoires du sanctuaire. Il se contente d'en citer quelques-uns des plus fameux, en rappelant l'origine illustre qu'on leur prête et sans prendre la peine de mettre le lecteur en garde contre la valeur de ces attributions.

Une des causes qui ont le plus contribué à la destruction des

anciens autels en Angleterre est l'introduction dans les églises protestantes de la table de communion, simple meuble en bois qui a souvent pris dans le sanctuaire tout ou partie de la place occupée antérieurement par l'autel. Cette table pouvait également être placée dans quelque autre partie de l'édifice. Dans les églises pauvres c'était souvent un meuble grossièrement équarri et sans aucune valeur artistique. Dans les églises riches, au contraire, c'était un meuble et il y en exécuté avec tout le soin que les menuisiers du temps avait de fort habiles, savaient apporter à leurs œuvres. M. Bond en a reproduit un assez grand nombre qui paraîtront fort dignes d'attention aux amateurs de beaux meubles.

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Cette table de communion est entourée, dans beaucoup d'églises, de balustrades en bois. Elles sont parfois assez élégantes, mais les plus anciennes n'étant pas antérieures au milieu du xvr" siècle, elles sont, pour les personnes qui ne s'intéressent pas particulièrement aux usages liturgiques des protestants, d'un intérêt assez restreint. Les autels principaux des églises anglaises étaient presque toujours garnis à l'époque gothique de retables qui, gothique de retables qui, au xve siècle surtout, atteignent parfois des dimensions considérables. Les novateurs qui, au temps de la Réforme, provoquèrent la destruction d'un grand nombre d'anciens autels, montrèrent plus d'indulgence pour retables, et, quitte à supprimer les figures qui les choquaient, ils en ont laissé subsister beaucoup. La plupart ont été restaurés depuis un siècle, et ce n'est point une des moindres curiosités des grandes églises anglaises que ces énormes constructions décorées d'une profusion de niches, de dais, de moulures, de statuettes, qui occupent toute la largeur du chœur, et s'élèvent souvent à une grande hauteur. Ces immenses retables ont un grave inconvénient, c'est de cacher en grande partie, parfois même en totalité, le fonds du chœur. Or on sait qu'une des beautés principales des églises anglaises réside dans les vastes fenêtres qui s'accordent si heureusement avec la forme plate donnée habituellement à l'extrémité orientale du monument. On peut donc regretter que les dimensions exagérées des retables arrivent parfois à masquer ces belles fenêtres et les riches vitraux qui peuvent les garnir.

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Un peu pour éviter cet inconvénient, et beaucoup aussi pour raisons d'économie, on s'est contenté dans la plupart des églises

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