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>> tres, que nous avons pris pour travailler » avec lesdits experts à la vérification desdits » ouvrages, suivant l'indication qu'il leur en » sera faite par le sieur Pierre-Paul Ri» quet, Baron de Bonrepos».

Le procès-verbal des experts, MM. Boutheroue et Jaquinot, commence par cette observation : « Le sieur Riquet ayant exposé » la copie du dessin par lui remis au Conseil » d'Etat, a dit qu'encore qu'il ne soit pas » fort régulier, il explique assez sa pensée, » s'étant plus sérieusement appliqué à re>> chercher les eaux de la montagne Noire, » pour fournir ledit Canal, et les chemins » pour les conduire au point de partage, et » les distribuer dans Garonne et Aude qu'à » toute autre chose : offrant de nous servir » d'indicateur dans cette commission. Ce » que les seigneurs commissaires ont ac» cepté ».

Ils s'occupèrent d'abord de reconnoître l'emplacement du Canal jusqu'au nouveau point de partage indiqué par Riquet, la fontaine de la Grave. « Cette fontaine, disent»>ils, est enfoncée dans une espèce de puits » d'environ quinze pouces de largeur, sur >> trois pieds de longueur elle contient

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» dix pieds d'eau; derrière ce puits est un » ́fossé, d'où, quand il pleut, moitié des >> eaux descend vers Toulouse, et l'autre vers » Narbonne. Ce tertre étant élevé de vingtcinq toises et demie au-dessus de la Garonne, » il est indubitable que si l'on y peut porter » de l'eau à suffisance pour remplir et entre» tenir un canal de navigation, il y aura assez » de pente pour le construire à plaisir. L'on >> remarque encore que sur ledit tertre, il y » a un grand terre-plein pour y creuser un >> grand canal de communication de l'un à >> l'autre penchant dudit tertre, et y faire de >>> grands réservoirs, s'il est besoin, pour dis» tribuer l'eau de chaque côté des deux >>mers, suivant la nécessité.

» Mais parce que l'eau est la matière des » canaux, et que hors ladite fontaine, il n'y » en a que de pluie, qui s'écoulent en peu » de temps, nous Experts, nous avons repré>> senté aux commissaires, qu'à moins d'ame>> ner d'autres eaux au lieu de partage, il n'y » avoit pas apparence de faire un Canal de >> navigation. Alors M. de Riquet a dit, que, » par son dessin, on a pu voir qu'il avoit » découvert dans la montagne Noire des eaux >> qu'on pouvoit conduire à la fontaine de la

» Grave : que tous ceux qui, depuis tant de siècles, avoient proposé la construction du » Canal, ne s'en étoient jamais apperçus, at» tendu qu'elles étoient fort cachées, et pres» que hors de vraisemblance de pouvoir être » amenées à la fontaine de la Grave que »> néanmoins il y avoit fait passer le niveau, >> et croyoit que la chose étoit possible

».

Les commissaires et les experts, les géomètres et niveleurs, se transportèrent, guidés par M. Riquet, jusqu'à la rivière du Sor; ils trouvèrent qu'elle pouvoit être conduite toute entière au point de partage. Mais comme un bras de cette rivière servoit à l'irrigation de la plaine de Revel, il parut convenable d'aller reconnoître les autres rivières dont Riquet faisoit mention dans son dessin, et de vérifier les moyens par lesquels on pourroit les réunir au Sor, et les conduire ensemble à la fontaine de la Grave. Riquet les conduisit auprès d'un ruisseau nommé le Rieutort. Il leur dit que ce ruisseau étoit un des cinq marqués dans son dessin; que ces cinq ruisseaux descendent naturellement vers la Méditerranée; mais qu'il falloit les forcer par diverses digues et chaussées à se regonfler, , pour être jetés dans le Sor; que cela

passoit pour impossible dans l'esprit de plusieurs personnes; mais qu'après de longues méditations pour leur trouver chemin, et y avoir par deux fois passé le niveau, il estimoit la chose faisable. Il leur exposa ainsi les détails de son projet. « Alzau, rivière qui >> prend son origine au-dessous de la mon» tagne Noire, dans le bois de Ramondens, >> et se précipite par des vallons affreux dans » le Fresquel; Vernassone, qui descend de » la montagne, et fait séparément le même >> cours; Lampillon, qui a la même origine, » et se joint à Lampy, et tombe avec lui » dans le Fresquel, et le ruisseau de Rieu» tort qui, à sa chute séparée, ne doivent » faire qu'une rivière, et être portés dans le >> Sor. Pour y parvenir, il faut soutenir Al» zau qui est plus haut: on le conduira dans » Vernassone; on forcera l'un et l'autre de » se jeter dans Lampillon, qui descend na» turellement dans Lampy. Le tout étant >> renfermé dans le vallon de Lampy, on cons>>truira une digue ou chaussée à travers ledit » vallon, au lieu appelé le pas de Lampy, >> de hauteur et longueur suffisante, afin que >> lesdites eaux étant regonflées jusqu'à la » superficie de la terre en lieu commode,

>> elles puissent être conduites dans le vallon » de Rieutort, qu'on fermera, comme celui » du pas de Lampy, d'une puissante digue » pour élever toutes les eaux le plus haut que » faire se pourra, et les conduire à un col » ou gorge de montagne qu'il faudra creuser » pour jeter le tout dans le Sor, descendre » à Durfort, puis au moulin du Purgatoire, puis dans la rigole, jusqu'à la fontaine de » la Grave >>.

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>> Cela bien entendu et conçu, disent les » experts, nous avons été reconnoître la po»sition des ruisseaux »; et voici leurs conclusions: « Nous avons vérifié qu'on peut » conduire la rivière d'Alzau, Vernassone » et Lampillon dans le Lampy, et le Lampy » dans le Rieutort, et le tout dans le Sor, » au moyen des digues, &c. &c. Et quant à » la quantité d'eau, nous pensons que ces » cinq rivières ont deux fois autant et plus » d'eau que le Sor, de sorte que hors quelque >> inconvénient que nous ne pouvons pré» voir, toutes ensemble en fourniront assez » pour remplir et entretenir ce grand Canal » de navigation

C'étoit-là le point important: de-là dépendoit tout le projet ; et, comme l'observoient

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