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ANGÉLIQUE.

Monsieur, c'est pour moi un meuble' inutile, et je ne me connais pas à ces choses-là.

TOINETTE.

Donnez, donnez, elle est toujours bonne à prendre pour Timage2; cela servira à parer notre chambre.

(Molière, Le Malade imaginaire, Acte II, Scène v.)

LE QUINQUINA

L'écorce de quinquina, qui servait à faire un remède febrifuge, avait été importée en Europe par la comtesse de Cinchon, femme du vice-roi de Lima. Ce remède fut propagé en France par un Anglais, le chevalier Talbot, à qui Louis XIV l'acheta en 1679. La Fontaine célébra le quinquina à la demande de la duchesse de Bouillon, qui partageait l'engouement de sa sœur, la duchesse de Mazarin, pour ce remède, et sans doute aussi sous l'influence d'un médecin de ses amis, François de la Salle, dit Monginot, qui avait publié, cette même année 1679, un traité De la guérison des fièvres par le quinquina.]

Tout mal a son remède au sein de la nature.
Nous n'avons qu'à chercher de là nous sont venus
L'antimoine avec le mercure,

Trésors autrefois inconnus.

Le quin règne aujourd'hui nos habiles' s'en servent.
Quelques-uns encore conservent
Comme un point de religion

L'intérêt de l'Ecole et leur opinion.

Ceux-là même y viendront; et désormais ma veine
Ne plaindra plus des maux dont l'art fait son domaine.

[1. Meuble, objet (le mot avait alors un sens plus général qu'aujourd'hui). 2. Les thèses étaient imprimées sur étoffe, parfois sur du satin (voir p. 515), et portaient une vignette.]

|3. La Fontaine, dans son poème, emploie indifféremment les mots quin, kin, quinquina, kinkina. - 4. Nos habiles, nos savants. - 5. Un point de religion, un article de foi. La Faculté était pour la saignée et la purgation. - 6. Veine, inspiration poétique, et par suite: vers, 7. Parce qu'ils seront guéris.]

Peu de gens, je l'avoue, ont part à ce discours':
Ce peu, c'est encor trop. Je reviens à l'usage
D'une écorce fameuse, et qui va tous les jours
Rappeler des mortels jusqu'au sombre rivage2.
Un arbre en est couvert, plein d'esprits odorants,
Bas de tige, étendu, protecteur de l'ombrage:
Apollon a doué de cent dons différents

3

Son bois, son fruit et son feuillage.

(La Fontaine, Le Quinquina, chant II.)

[1. Mon reproche s'adresse à peu. s'apprêtaient à passer. 3. Esprit

2. Jusqu'au sombre rivaye (du Styx), qu'ils terme de la physiologie cartésienne (voir 4. Protecteur de l'om

p. 520), que La Fontaine applique même aux arbres. brage, protégeant par son ombrage.]

I.

II.

CHAPITRE XIX

LA LITTÉRATURE RELIGIEUSE

LE RENAISSANCE CATHOLIQUE AU DÉBUT DU
XVII SIÈCLE.

L'ÉLOQUENCE DE LA CHAIRE.

A. Bossuet orateur.

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4° Fléchier.

LES QUERELLES RELIgieuses.

1° Polémique entre catholiques et protestants.
2o Le gallicanisme.

3o Controverse de Bossuet et de Richard Simon.

4o Le quiétisme.

5o Lutte des Jansénistes et des Jésuites.

a) Histoire de Port-Royal.

1) Le conflit des doctrines.

L'APOLOGIE DE LA RELIgion.

1o Les Pensées de Pascal.

Le XVIe chapitre des Caractères de La Bruyère.

LES LIBERTINS.

Trois grands ordres de faits nous attestent l'intensité de la vie religieuse au XVIe siècle :

1 Jamais il n'y eut une aussi brillante pléiade de prédicateurs : Bossuet, Bourdaloue, Fénelon, Mascaron, Fléchier, Massillon.

2o De nombreuses querelles religieuses ont à plusieurs reprises partagé les esprits querelles entre les catholiques et les protestants, et, à l'intérieur du catholicisme, entre les gallicans et les ultramontains, entre Bossuet et Richard Simon, entre les partisans et les adversaires du quiétisme, entre les Jansénistes et les Jésuites.

3o Sans appartenir à l'Église, de grands écrivains, comme Pascal et La Bruyère, se firent les apologistes ardents de la religion et combattirent avec énergie les libertins ou esprits forts.

Mais, avant d'examiner ces diverses manifestations de l'activité religieuse, il convient de rappeler le petit groupe d'hommes et de femmes vénérables, qui, au début même du siècle, travaillèrent à ranimer la foi languissante.

1.

LA RENAISSANCE CATHOLIQUE
AU DÉBUT DU XVII SIÈCLE

Au xvIe siècle, d'une part la Réforme, en introduisant dans l'église le schisme et en provoquant dans le pays les guerres de religion, d'autre part la Renaissance, en faisant passer sur les esprits comme un souffle de paganisme, avaient eu pour résultat d'affaiblir la foi catholique en France. Mais, au début du xvia siècle, par réaction contre l'hérésie protestante et contre le libertinage issu du naturalisme antique, se produit un réveil ardent du catholicisme. Trois grands noms surtout représentent cette renaissance religieuse saint François de Sales 1, l'auteur de deux célèbres ouvrages de piété, Introduction à la vie dévote (1608) et Traité de l'amour de Dieu (1616), par lesquels il essaie de vivifier la foi en s'adressant au cœur; Pierre de Bérulle (1575-1629), qui, surtout préoccupé de rendre à la religion sa valeur intellectuelle, fonde en 1611 la

1

1. François de Sales (canonisé en 1665) est né en 1567 près d'Annecy et mort en 1622 à Lyon. Entré dans les ordres en 1595, il fut nommé en 1607 évêque du diocèse de Genève et résida à Annecy. Prédicateur et directeur de conscience, il a laissé, outre les deux ouvrages cités, des Sermons, des Lettres et les Entretiens spirituels.

Editions. - Les OEuvres complètes de saint François de Sales ont été publiées, au xvne siècle, en 1637 à Toulouse, et en 1641 par les soins de son ami le commandeur de Sillery et de Mme de Chantal. Elles ont été depuis réimprimées plusieurs fois. La plus récente édition est celle des Religieuses de la Visitation d'Annecy (commencée en 1892).

A consulter. F. Strowsky: Saint François de Sales (Plon-Nourrit, 1898). Amédée de Margerie : Saint François de Sales (Collection « les Saints », Victor Lecoffre, 1901).

Congrégation de l'Oratoire; et saint Vincent de Paul1 (1576-1660), qui donne à la religion une forme agissante, en instituant en 1625 les Prêtres de la Mission, en 1633 les Filles de la Charité, et en fondant des hôpitaux (Hospice des Enfants trouvés, Hôpital des vieillards). A ces noms il faut ajouter ceux de deux femmes Mme de Chantal 2 (1572-1641), l'amie de saint François de Sales, qui l'aida à fonder en 1610 à Annecy l'ordre de la Visitation de Sainte-Marie; et la Mère Angélique Arnauld (1591-1661), qui réforma l'abbaye de Port-Royal.

LE BON USAGE DE LA PAROLE

Que notre langage soit doux, franc, sincère, rond, naif et fidèle. Gardez-vous des duplicités, artifices et feintises bien qu'il ne soit pas bon de dire toujours toutes sortes de verités, si n'est-il jamais permis de contrevenir à la vérité". Accoutumez-vous à ne jamais mentir à votre escient 7, ni par excuse, ni autrement, vous ressouvenant que Dieu est le Dieu de verité. Si vous en dites par mégarde, et vous pouvez le corriger sur le champ par quelque explication ou réparation, corrigez-le une excuse véritable a bien plus de grâce et de force pour excuser le mensonge...

que

Le parler peu to tant recommandé par les anciens sages ne s'entend pas qu'il faille dire peu de paroles, mais de n'en dire pas beaucoup d'inutiles : car en matière de parler on ne regarde pas à la quantité, mais à la qualité; et me semble qu'il faut fuir les deux extrémités 12: car de faire trop l'entendu et le sé

1. Edition. Lettres de saint Vincent de Paul, publiées par un Prêtre de la mission (Paris, 1882, 2 vol.).

A consulter.

Emmanuel de Broglie: Saint Vincent de Paul (Collection << les Saints », Victor Lecoffre, 1900). — L'abbé Calvet: Saint Vincent de Paul (Plon-Nourrit, 1913).

2. Ce fut la grand'mère de Mme de Sévigne. Les Lettres de Mme de Chantal ont été publiées par E. de Barthélemy (Paris, 1860).

:

13. Rond, clair et franc. - 4. Feintises vieux mot qui a été remplacé par feintes. - 5. Si n'est-il, encore n'est-il. 6. Précepte à retenir s'il n'est pas toujours possible de dire toute la vérité, on se doit à soi-même de ne jamais dire que la vérité.. 7. A votre escient, sciemment. 8. Si vous en dites, si vous dites

--

un mensonge. 9. Et (si) vous pouvez. 10. Le parler peu: bien qu'accompagnó d'un adverbe, le verbe est pris substantivement. - 11. Et (il) me semble.

12. Extrémités, excès.]

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