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pas été difficile de multiplier les volumes à peu

de frais.

Il n'y avait pas long-temps que le dernier des Apôtres était mort, lorsque les Philosophes Païens com- Toutes les Sciences ont été mimencèrent à écrire contre le Chris ses à contribution pour servir le tianisme, et employèrent toutes les dessein des incrédules, l'Histoire ressources de l'art sophistique au- la Chronologie, la Géographie, la quel ils étaient exercés. Hs furent Physique, l'Astronomic, l'Hissecondés par les différentes sectes toire naturelle, la connaissance des d'hérétiques formées à leur école, langues, les découvertes de toute et cette autre espèce d'ennemis s'est espèce, les relations des voyageurs, renouvelée dans tous les siècles. etc. Lorsqu'ils ont cru découvrir Les incrédules de nos jours n'ont une objection qui n'avait pas endonc pas eu besoin d'être créa-core été faite, un système que l'on teurs: des sources abondantes d'ar-n'avait pas encore proposé, une gumens leur étaient ouvertes de conjecture singulière et inouie, ils toutes parts; its y ont puisé à dis-l'ont présentée comme une victoire crétion. complète remportée sur la religion. Pour combattre les vérités de la Si l'on veut y réfléchir, il n'est religion naturelle, ils ont ramené aucune vérité contre laquelle on ne sur la scène les objections des Epi-puisse faire des sophismes, aucun curiens, des Pyrrhoniens, des Cyni- fait auquel on n'oppose des proba→ ques, des Académiciens rigides, et bilités, aucune loi dont un dispu des Cyrénaïques ; c'est une doc-teur entêté ne conteste la justice, trine renouvelée des Grecs. Mais aucune institution qui n'entraîne ils ont passé sous silence les raisons quelques inconvéniens. La religion par lesquelles Platon Socrate, est incommode, elle gêne les pasCicéron, Plutarque, et d'autres,sions; voilà son grand crime: si la ont réfuté toutes ces visions. foi était sans conséquence pour la

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Contre l'ancien Testament et conduite, tout incrédule deviencontre la religion des Juifs, ils ont drait croyant. Lorsqu'une armée rajeuni les difficultés et les calom- d'Ecrivains a conjuré contre elle, nies des Manichéens, des Marcio-on voit bientôt éclore une biblionites, de Celse, de Julien, de thèque d'impiétés, de blasphèmes Porphyre, et des autres Philoso- et d'absurdités. Tous se répètent phes; et ils ont laissé de côté les se copient, ressasseut la même difréponses qu'Origène, Tertullien,ficulté en vingt façons.. Si l'on a le S. Cyrille, S. Augustin, et d'au-courage de les lire, on est bientôt tres Pères, y ont données. fatigué de ce fatras de répétitions.

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Pour attaquer directement le Des hommes qui voudraient sinChristianisme, nos Adversaires ont cèrement instruire, rapporteraient encore été mieux servis; ils ont le pour et le contre, mettraient les copié les livres des. Juifs anciens et preuves à côté des objections; c'est modernes, et ceux des Mahomé- ce qu'ont fait dans tous les siècles tans; ils ont répété les reproches les défenseurs du Christianisme ; de tous les hérétiques, particuliè- mais ce ne fut jamais la méthode rement des Protestans et des Soci- des incrédules; ils se bornent à niens, Anglais, Français, Alle-compiler les objections; ils laismands et autres. Il ne leur a donc sent aux Théologiens le soin

de chercher les réponses et les par sa mère des sa naissance, et preuves. sur l'exemple des Nathinéens; mais ces personnages n'étaient en-.

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On nommait aussi oblat, ou donné, et oblate, celui ou celle qui vouait sa personne et ses biens. à quelque Couvent, sous condition d'être nourri et entretenu par les

Pour être solidement instruit, est-il nécessaire d'avoir lu les ar-gagés par vœu ni au célibat, ni gumens des incrédules? Pas plus aux autres observances monastiques. que de connaître les sophismes des Voy. NATHINÉens. Pyrrhoniens, pour savoir si nous devons ajouter foi aux lumières de notre raison, et au témoignage de pos sens. Les objections ne peuvent produire que des doutes il faut des preuves positives pour opé- Moines. Quelques-uns donnaient rer la conviction. Or, les objec- leurs biens aux Monastères, sous tions des incrédules n'ont pas ren-condition qu'ils continueraient d'en versé une seule des preuves du jouir pendant leur vie, moyennant Christianisme, celles-ci subsistent une légère redevance, et les biens: dans leur entier ; il s'en faut donc ainsi donnés se nommaient oblata. beaucoup que le triomphe de l'in-L'on fut obligé de prendre cette crédulité ne soit assuré. Le règne précaution dans les temps de trou-. bruyant de l'ancienne philosophie ble, de désordre et de rapines.. ne fut pas de longue durée; celui C'était la ressource des faibles de la philosophie moderne sera en- dans les gouvernemens orageux de core plus court, parce que ses sec-'Italie; les Normands, quoique · tateurs actuels ont encore moins de puissans, l'employèrent comme. bon sens que ceux d'autrefois.

une sauve-garde contre la rapacité: des Empereurs. Il ne faut donc pas s'étonner de la richesse de certains Monastères.

OBLAT, enfant consacré à Dieu par ses parens dans une Maison religieuse. Cet usage n'a commencé Tous ces usages ont été supprique dans les bas siècles, probable- més, avec raison, dans des temps ment au commencement du onziè-plus heureux, et lorsque les motifs me. L'estime singulière que l'on de les tolérer ne subsistaient plus. avait conçue pour l'état religieux, Le Concile de Trente, en décidant la difficulté de goûter le repos ail- que la profession religieuse, faite leurs, et d'élever chrétiennement avant l'âge de seize ans complets, les enfans dans le monde, enga-et sans avoir fait le noviciat d'un. gèrent les à mettre les leurs an, parens serait absolument nulle, et dans les Monastères, afin qu'ils y n'imposerait aucune obligation fussent instruits et dressés de bonne quelconque, a supprimé pour touheure à la piété; plusieurs crurent jours l'abus des oblats; l'examen leur donner la plus grande marque qui se fait par les Evêques des jeude tendresse, en les y vouant pournes personnes qui se destinent à la toujours. Un oblat était censé en-profession religieuse, prévient le gagé par sa propre volonté autant danger d'une fausse vocation que que par la dévotion de ses parens; pourrait leur inspirer l'éducation, on le regardait comme apostat s'il qu'elles ont reçue dans un Couvent. quittait. On se fondait sur l'exem-Les Souverains ont empêché, parple de Samuel, qui fut voué à Dieu des lois, les Monastères d'acquérir,

de nouveaux biens par des dons ou qu'elles ont à Rome plusieurs Da autrement. Il ne reste donc plus mes de la première qualité; elles aucun motif de plainte à ce sujet, suivent la règle de Saint Benoît. et l'on n'en ferait plus, si l'on vou-On les nomme aussi Collatines, lait se rappeler les différentes cir- probablement à cause du quartier constances dans lesquelles l'Europe dans lequel leur Monastère est s'est trouvée pendant les siècles situé. Get Institut ressemble assez qui nous ont précédés. à celui des Chanoinesses de France. Vies des Pères et des Martyrs, tome 2, P. 638.

Un oblat était encore un Moine lai que le Roi plaçait dans les Abbayes ou Prieurés riches, pour y être nourri, logé, vêtu, et même pensionné; c'était une manière de donner les invalides, à un Soldat vieux ou blessé; il sonnait les cloches, balayait l'Eglise, et rendait d'autres légers services. Ainsi les richesses des Monastères ont toujours été une ressource pour le Gouvernement. Tout laïque qui obtenait de la Cour une pension sur un Bénéfice, était aussi nommé oblat.

OBLATÆ, oublies ou hosties dont on se sert pour consacrer Eucharistie, et pour donner la communion aux Fidèles. Ce nom est venu de ce qu'autrefois le pain destiné à la consécration était offert par le peuple. Voyez HOSTIE.

OBLATES, Congrégation de Religieuses, ou plutot de filles et de femmes pieuses, fondée à Rome en 1425, par Sainte Françoise. Le Pape Eugène IV en approuva les constitutions l'an 1437. Ce sont des filles ou des veuves qui renoncent au monde pour servir Dieu; elles ne font point de vœux, seulement une promesse d'obéir à Ja Supérieure, et au lieu de profession, elles nomment leur engagement oblation. Elles ont des pensions, héritent de leurs parens, et peuvent sortir avec la permission de la Supérieure. Il y a dans le Couvent

mais

OBLATION. Ce terme est quelquefois synonyme de celui d'offrande; il signifie ce que l'on offre à Dieu, et l'action, même de l'offrir; mais, en fait de cérémonies, il désigne particulièrement l'action du Prêtre, qui, avant de consacrer le pain et le vin, les offre à Dieu, afin qu'ils deviennent, par la consécration, le corps et le sang de JésusChrist; c'est une partie essentielle du Sacrifice de la Messe, et dans plusieurs anciennes liturgies, la Messe entière est appelée oblation, Avg.

Aussi est-ce par cette action que commence ce que l'on a nommé autrefois la Messe des Fidèles; tout ce qui précède était appelé, au quatrième siècle, la Messe des Catéchumènes, parce qu'immédiatement avant l'oblation, l'on renvoyait les catéchumènes, et ceux qui étaient en pénitence publique ; on ne permettait d'assister à l'oblation, à la consécration, et à la communion, qu'aux fidèles qui étaient en état de participer à la sainte Eucharistie..

Comme les Protestans ne veulent reconnaître, dans ce mystère, ni la présence réelle de Jésus-Christ, ni le caractère de sacrifice, ils ont été obligés de supprimer l'oblation; cette action annonce trop clairement les deux dogmes qu'ils affec-. tent de méconnaître. Pourquoi, cn

effet, témoigner tant de respect superstitions, t. 2, liv. 2, C. 10 pour le pain et le vin destinés à S. 10, dit, après le Cardinal Bel-être consacrés, s'ils devaient être larmin, que ces prières de l'oblade simples figures ou symboles du tion n'ont guères plus de cinq cents corps et du sang de Jésus-Christ, ans d'antiquité; mais le Père leet pourquoi les offrir à Dieu ? Mais Bran, observe qu'elles se trouvent cette oblation se trouve dans toutes dans le Missek gallican et dans le les anciennes liturgies, en quelque Missel mozarabique, qui datent au langue qu'elles aient été écrites; moins de douze siècles avant nous; elle est aussi ancienne que la con- et dans les liturgies orientales, il sécration même. On peut voir daus y a des prières relatives à cellesle Père le Brun le sens de toutes ci, et qui expriment la même les paroles que le Prêtre prononce, chose; on doit donc les regarder et de toutes les cérémonies qu'il fait comme essentielles. Thiers fait enà cette occasion, et jusqu'aux plus core mention de quelques abus légères variétés qui se trouvent dans lesquels certains Prêtres sont entre les Sacramentaires ou Missels tombés en faisant cette céré→ des différens siècles. Explicat. des monie. cérém. de la Messe, tome 2, 3. part., art. 2 el 6.

Quelques Protestans ont demandé comment le Prêtre peut appeler le pain qu'il offre à Dieu une hostie ou victime sans tache, et le calice, dans lequel il n'y a encore que du vin, le calice du salut? C'est que le Prêtre fait moins attention à ce que le pain et le vin sont pour lors, qu'à ce qu'ils doivent devenir par la consécration; if les envisage d'avance comme le corps et le sang de Jésus-Christ, seule victime sans tache, immolée pour le salut du monde; sans cela personne n'aurait jamais imaginé que du pain et du vin peuvent être un sacrifice, et qu'il faut les offrir à Dieu pour notre salut. Aussi le Prêtre ajoute: « Venez, sanctificateur tout-puis» sant, Dieu éternel, et bénissez » ce sacrifice préparé pour la gloire » de votre saint nom. » Cette invocation serait encore déplacée, si l'on ne croyait offrir à Dieu que de simples symboles du corps et du sang de Jésus-Christ. Voyez IN

VOCATION.

Thiers, dans son Traité des

Quant aux oblations qui se faisaient autrefois par les fidèles, dans cette partie de la Messe, Voyez OFFRANDE.

OBLIGATION MORALE. Voy.. DEVOIR.

OBSCÉNITÉ, parole ou action capable de blesser la pudeur. Un des plus sanglans reproches que l'on ait à faire aux Ecrivains de notre siècle, même à plusieurs de nos Philosophes, c'est d'avoir souillé leur plume par des obscénités, soit en vers, soit en prose. Nonseulement ils ont cherché à justifier par des sophismes la plus brutale de toutes les passions, mais ils ont travaillé à la faire entrer dans tous les cœurs par tous les moyens possibles. Les livres, les tableaux, les gravures, les statues, les spectacles licencieux, tout est exposé au grand jour dans les rues et dans les places publiques. La pudeur est obligée de fuir, pour n'avoir pas continuellement à rougir des objets dont ses regards sont frappés.

Celui qui aurait trouvé le funeste

secret d'empoisonner l'air que nous respirons, et qui mettrait cet art en usage pour prouver son habileté en fait de Chimie, mériterait certainement des peines afflictives; ceux qui emploient leurs talens à corrompre les mœurs sont-ils moins coupables? Leur nom devrait être noté d'infamie, et dévoué à l'exécration de la postérité.

« Malheur, dit Jésus-Christ, à >> celui qui scandalise; il vaudrait >> mieux pour lui être précipité au » fond de la mer, qu'ètre chargé » et responsable de la perte de ses » frères. » Mait. chap. 18, V. 7. C'est faire le mal pour le mal; s'il pouvait y avoir un crime irrémissible, ce serait certainement celuila. Saint Paul dit aux fidèles « Qu'aucune obscénité, aucune pa» role indécente ne sorte de votre » bouche, cela ne convient point » à des Saints. >> Ephes. chap. 5, V. 3. Les Apologistes du Christianisme ont donné pour preuve de la sainteté et de la divinité de notre religion le changement qu'elle opéra dans les mœurs, la chasteté, la modestie, la retenue dans les paroles et dans les actions qu'elle a fait régner parmi ceux qui l'ont embrassée. L'Eglise conforma sa discipline aux lois de l'Evangile. Au quatrième siècle, un Evêque convaincu d'avoir écrit des livres licencieux dans sa jeunesse, et qui ne voulait pas les supprimer, fut déposé. Il était sévèrement défendu, sur-tout aux Clercs, de lire ces sortes d'ouvrages. S. Jérôme s'est exprimé, sur ce sujet, avec la véhémence ordinaire de son style, Epist. 141 ad Damasum. Une des raisons pour lesquelles la lecture des livres des Païens fut interdite aux fidèles, c'était les obscénités dont la plupart étaient remplis.

Cependant plusieurs Auteurs, Païens, même les Poètes, ont blàmé la licence qui régnait de leur temps dans les discours et dans les écrits; et en cela ils ont rendu hommage à la sainteté des lois du Christianisme.

Presque de nos jours, un Ecrivain, qui s'est rendu également célèbre par son scepticisme en fait de religion, et par le style cynique de ses écrits, n'a pas pu s'empêcher de blamer ce second défaut dans un Poète Italien; il convient que cet auteur s'est mal défendu lorsqu'on lui a reproché sa turpitude. Bayle, Dict. crit. Guarin, C. D.

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Lui-même n'a pas mieux réussi à faire son apologie dans un éclaircissement placé à la fin de son Dictionnaire critique. Brucker proteste qu'après avoir lu sans préjugé cette prétendue justification, elle lui a paru pitoyable, Hist. philos. tom. 4, pag. 601. H est bon de faire voir que cette censure n'est pas trop sévère, parce que d'autres Ecrivains obscènes ont allégué les mêmes excuses avec aussi peu de justesse et de succès.

Bayle dit, 1. qu'il faut s'eu rapporter sur ce point au témoignage des femmes; comme si l'ou avait besoin de leur avis pour décider un point de morale. Quand la plupart auraient eu l'esprit et le coeur gâtés par la lecture du Dictionnaire critique, auraient- elles. voulu l'avouer? Pour mieux faire, Bayle aurait dû encore en appeler au témoignage des libertins.

2. Il soutient que les obscénités grossières sont moins capables de blesser la pudeur, que quand elles sont enveloppées sous des expressions chastes en apparence. Quand cela serait vrai, il s'ensuivrait seu

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