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classe supérieure. On voit dans les Mémoires du cardinal de Retz la frayeur qu'inspirèrent quelques moines, qui alloient se baigner pendant la nuit, à une société composée de plusieurs personnes qui revenoit en carrosse, accompagnée d'un grand nombre de domestiques: Turenne et le prélat osèrent seuls les affronter.

De tout temps quelques vieillards ont eu la foiblesse de se croire encore propres à l'amour; mais ce ridicule étoit plus plaisant pendant le dix-septième siècle que de nos jours, parce que les mœurs étoient plus graves. Un vieillard n'auroit osé s'habiller en jeune homme; et le contraste entre son costume e: sa galanterie devoit produire plus d'effet qu'à une époque où tous les hommes, de quelque âge qu'ils soient, peuvent se mettre de même sans blesser les convenances. Une scène charmante de L'ÉTOURDI relève ce travers: Mascarille fait perdre au vieil Anselme l'idée de ses affaires et de ses intérêts en flattant sa passion pour la jeune Nérine, et en lui faisant croire qu'il en est sincèrement aimé.

Cette pièce, qui donna une idée de ce que Molière pourroit faire dans la suite, est remarquable par l'extrême difficulté qu'il a vaincue. Obligé d'employer une multitude d'incidents singuliers et souvent contradictoires, il a eu l'art de les enchaîner d'une manière si naturelle, que la curiosité ne languit jamais ils se prêtent un mutuel appui, tirent leur force de leur union, et se suivent avec rapidité jusqu'au moment où Lélie, ne pouvant plus faire d'étourderies, devient heureux pour ainsi dire en dépit de lui-même.

Quelques personnes se sont élevées contre le caractère de l'Étourdi: elles ont pensé qu'il se prêtoit trop aux fourberies de Mascarille; mais elles n'ont pas remarqué que Molière ne cherche nullement à justifier les vices de ce jeune homme : il est

humilié, puni, et même battu. Lorsque Anselme a découvert une de ses ruses, il le traite d'escroc, et lui adresse ce vers terrible:

Allez, allez mourir de honte et de regret.

Certainement on ne peut présumer que Molière ait voulu inspirer de l'intérêt pour un pareil personnage.

Le style de cette pièce est très-inférieur à celui des chefsd'œuvre de l'auteur: on y trouve de l'incorrection, du vague et de mauvais jeux de mots: cependant il offre cette facilité entraînante et cette tournure comique qui annonçoient un grand écrivain. Quelques traits se retrouvent dans ses autres pièces, mais rendus avec beaucoup plus de force et de précision; tel est celui-ci : Célie dit à son amant qui se plaint des tourments qu'il éprouve:

Mon cœur, qu'avec raison votre discours étonne,
N'entend pas que mes yeux fassent mal à personne.

Cette naiveté est bien mieux exprimée dans le rôle d'Agnès de
L'ÉCOLE DES FEMMES.

Mes yeux ont-ils du mal pour en donner au monde?

L'idée de L'ETOURDI se trouve dans une pièce italienne du commencement du dix-septième siècle, composée par le comédien Nicolo Barbieri, et intitulée : L'INAVVERTITO OVvero SCAPINO DISTURBATO; mais Molière n'en a imité ni le plan, ni le style. La prétendue mort de Pandolfe, la scène comique de ce personnage avec Anselme qui le prend pour un revenant, sont indiquées dans un conte d'Eutrapel, dont Molière a tiré le meilleur parti possible. La même idée a été depuis employée par Hauteroche, dans sa comédie du DEUIL.

Molière, qui ne croyoit pas cet essai digne de lui, ne fit point imprimer L'EÉTOURD!, quoiqu'il eût beaucoup de succès à la représentation: cette pièce ne fut publiée qu'après sa mort.

LE

DÉPIT AMOUREUX,

COMÉDIE

EN CINQ ACTES ET EN VERS,

Représentée pour la première fois à Béziers en 1654; et à Paris, sur le théâtre du Petit-Bourbon, en décembre 1658.

ALBERT, père de Lucile et d'Ascagne.

POLIDORE, père de Valère.

LUCILE, fille d'Albert.

ASCAGNE, fille d'Albert, déguisée en homme.

ERASTE, amant de Lucile.

VALÈRE, fils de Polidore.

MARINETTE, suivante de Lucile.

FROSINE, cónfidente d'Ascagne.

METAPHRASTE, pédant.

GROS-RENÉ, valet d'Eraste.
MASCARILLE, valet de Valère.
LA RAPIERE, bretteur.

La scène est à Paris.

THE NEW W PUBLIC LIPS.

ASTAM. A

TILDEN

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