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emprunté à ceux qui ont aplani la route qu'il falloit parcourir. Les commentaires de ce genre peuvent être comparés aux dictionnaires et aux traductions les premiers qui s'en sont

:

occupés ont eu plus de difficultés à surmonter, et méritent souvent plus d'estime que ceux qui, en réparant quelques omissions, en redressant quelques erreurs, ont pu parvenir, avec les secours de leurs devanciers, à mettre plus d'ordre et d'exactitude dans leur travail.

Voici le plan de l'édition qu'on offre au public :

On a cru que les diverses parties de ce commentaire devoient tendre à retracer l'état de la société pendant le dix-septième siècle, et qu'il falloit présenter dans tout son jour ce point de vue, sans lequel il est impossible de

bien juger et de bien apprécier le génie de Molière. C'est aussi à cette idée principale que tout se rattache. Les moindres détails sur la vie de l'auteur ont paru précieux; on les a recueillis avec soin dans une multitude de sources différentes; et l'on a rejeté toutes les anecdotes suspectes. Molière a beaucoup emprunté aux anciens et aux modernes : on a cité les imitations, soit de Plaute et de Térence, soit des Espagnols et des Italiens, soit de nos vieux auteurs françois.

L'indication des trois parties qui composent ce travail va montrer l'ordre qu'on a suivi :

1o Le Discours préliminaire est entièrement consacré au tableau de la société pendant le dix-septième siècle : tous les états, toutes les professions sont passés en revue: on expose les

mœurs et les préjugés de chaque classe ; et l'on montre quel parti Molière en a tiré.

2o La Vie de Molière offre les principaux rapports sous lesquels ce grand homme peut être considéré : les événements qui accompagnèrent les premières représentations de chacune de ses pièces y sont retracés; les critiques dont elles furent l'objet y sont rappelées; et les détails de sa vie privée, qui eut beaucoup d'influence sur son talent, trouvent leur place au milieu des particularités de son existence littéraire auxquelles ils se lient. Ce morceau d'ailleurs contribue à compléter le tableau de la société du dix-septième siècle, qui fait le sujet du Discours préliminaire.

3o Les Réflexions sur chaque pièce sont dans le même sens : leur objet princi

pal est de développer les idées du Discours préliminaire, et d'en faire l'application particulière aux comédies de Molière. On a eu soin d'y joindre toutes les imitations des auteurs latins, espagnols, italiens et françois, en montrant la manière dont Molière savoit s'approprier leurs conceptions et leurs tableaux. Les traductions des auteurs latins et étrangers sont dans le texte, afin que les personnes qui ne sont pas familières avec ces langues ne soient pas arrêtées dans leur lecture; les morceaux originaux sont en note au bas des

pages, afin que les gens instruits puissent les mieux juger. Il a paru qu'un commentaire grammatical seroit superflu. Molière, malgré tout son génie, ne peut être proposé pour un modèle de style. Ses fréquentes incorrections doivent être attribuées à

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deux causes. L'obligation de multiplier les nouveautés le forçoit à travailler rapidement, et l'empêchoit de soigner sa diction. Il avoit en outre le désir de faire parler ses personnages comme ils se seroient exprimés eux-mêmes dans les circonstances où il les plaçoit; et cette intention, qui tenoit à son génie, le porte à employer souvent des tournures très-conformes au caractère des personnages, mais contraires au bon usage et aux règles de la langue.

Un commentaire où l'on releveroit toutes ces fautes, non-seulement donneroit une fausse idée de Molière, puisque c'est souvent à dessein qu'il les met dans la bouche des personnages, mais deviendroit trop volumineux, s'il étoit exact et complet : telle pièce seroit moins longue que les réflexions qu'elle feroit naître.

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