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l'une pour l'enfance, les deux autres pour l'adolescence; et chaque jour l'expérience faite sur les mille enfans qui fréquentent cette maison prouve non seulement les avantages, mais la nécessité de ce classement des élèves par âge et par force. Le surplus de ce Manuel sera destiné à démontrer que les Salles d'Asile effectuent cette séparation de la manière la plus utile à tous les intérêts, la plus convenable à tous les progrès, la mieux proportionnée à toutes les localités et à toutes les facultés pécuniaires. On va continuer de les faire connaître en disant de quelle manière, à quel prix, et dans quel but elles doivent être fondées et entretenues.

CHAPITRE VI.

APERÇU DES DÉPENSES DES SALLES D'ASILE.

SI. Dépenses générales de fondation et d'entretien.

60. La Loi de 1833 (art. 12) ordonne d'attribuer à tout Instituteur communal :

1o. Un local convenablement disposé tant pour lui servir d'habitation que pour recevoir les élèves ;

2o. Un traitement fixe qui ne pourra être moindre de deux cents francs par an, pour une Ecole primaire élémentaire.

Ce traitement et ce local devront aussi être accordés au Directeur ou à la Directrice d'une Salle d'Asile communale.

61. L'esprit d'économie est nécessaire toutes les fois qu'il s'agit de dépenser l'impôt prélevé sur les contribuables; mais il faut néanmoins se souvenir que les frais d'entretien des Écoles sont, de toutes les dépenses publiques, celles qui profitent le plus directement à l'assistance des classes pauvres, au développement de l'élément intellectuel qui fait la gloire et la richesse des nations, et à celui de l'élément moral et religieux sur lequel repose la sécurité sociale.

62. Les dépenses des Salles d'Asile doivent nécessairement varier selon les besoins et les ressources de chaque localité et selon le mode adopté pour leur organisation dans

chaque commune; il pourra être utile de présenter un aperçu de ces dépenses d'après les données générales analogues à celles qui ont été indiquées dans les chapitres précédens.

C'est le cas de reprendre la division des communes en trois catégories première classe, six mille habitans et au dessus; deuxième classe, quinze cents à six mille; troisième classe, au dessous de quinze cents. Étudions les convenances de cette dernière classe qui est la plus nombreuse.

65. La plus petite commune de France doit compter au moins deux à trois cents habitans. Dans cette hypothèse, une trentaine d'enfans peuvent être inscrits sur les registres de la Salle d'Asile; une vingtaine au plus montrera quelque exactitude. Pour un si petit nombre il faut éviter de faire des dépenses considérables; on devra done se borner à choisir une personne qui prendrait un logement assez vaste pour recevoir trente à quarante enfans (1), et accorder à cette personne, premièrement le titre de Maîtresse de Salle d'Asile communale, afin qu'elle ait le droit de prendre des jeunes enfans moyennant rétribution mensuelle exigible à titre de contribution publique (art. 14 de la Loi), et secondement une subvention, avec condition de recevoir gratuitement les enfans pauvres.

Si la subvention, le prix des mois d'École, et quelques offrandes ou souscriptions, peuvent composer une somme annuelle de deux à quatre cents francs, cette ressource

(1) Celogement devra être dans le voisinage de l'Ecole élémentaire, afin les adolescens puissent amener chaque matin les enfans à l'Asile, et les reconduire le soir à la maison paternelle,

que

sera suffisante pour perpétuer la Salle d'Asile dans la com

mune.

64. Plus on approche de la quotité de mille à quinze cents habitans, plus on trouve de ressources et de facilité pour la fondation des Salles d'Asile, plus aussi le besoin s'en fait sentir impérieusement. Il y a dans cette classe de communes cent ou cent cinquante enfans à recevoir en un ou en plusieurs Asiles. Le Conseil municipal devra délibérer s'il convient de faire préparer un local spécial ou de recourir (comme on sera forcé de le faire dans presque toutes les petites communes) à un abonnement et à la concession du titre de Maître ou Maîtresse de Salle d'Asile communale. Il est à désirer que, toutes ressources réunies, l'émolument d'une Salle d'Asile de cent à cent cinquante enfans s'élève à cinq cents francs environ.

65. Si le territoire de cette commune offre beaucoup d'étendue, et surtout si elle se compose de plusieurs hameaux séparés, il est désirable de répartir et de diviser les Asiles à peu près de la même manière que les Ecoles, et de placer les uns et les autres dans des relations de voisinage très rapprochées, et surtout les Écoles de petits enfans dans le voisinage des Écoles fréquentées par les jeunes filles. C'est encore dans cette vue d'obvier à l'éparpillement des habitations, qu'il peut être convenable de diviser la subvention communale entre plusieurs Établissemens plutôt que d'en fonder un seul. Cette réflexion s'applique aux Écoles élémentaires comme aux Asiles. On ne peut trop recommander aux Conseils municipaux, aux Conseils généraux et aux Autorités supérieures de ne pas se précipiter légèrement dans les dépenses de bâtimens et dans les centrali

sations d'Écoles. Il est possible de faire plus de bien à moins de frais en avisant aux moyens de répartir les subventions pour leur faire produire des résultats satisfaisans.

66. Quant aux villes de six mille ames, il faut de toute nécessité qu'un ou deux Asiles exclusivement communaux et des Asiles mixtes soient préparés en proportion de la population. Il est désirable que l'émolument de chacun de ces Asiles s'élève de 750 à 800 fr. au moins, afin qu'ils puissent être confiés à des personnes de mérite.

Si la ville est manufacturière, on peut espérer la fondation de quelques Asiles particuliers. Il faut purger les rues de ces enfans qui souffrent, et doivent être secourus; il faut relever ces petites créatures qui pâlissent et dépérissent sous le métier à tisser de leur père; il faut recueillir et protéger cet enfant qui crie dans les rues, qui monte aux fenêtres, et qui contracte des habitudes telles, qu'il sera livré sans défense à tous les dangers.

67. Le meilleur usage à faire des ressources destinées à assurer l'instruction primaire doit être l'étude constante des Conseils municipaux, des Conseils généraux ainsi que des Administrations non seulement communales et départementales, mais encore du Ministre chargé de vivifier l'instruction primaire en tout lieu, par l'application et la répartition des fonds de subvention nationale mis à sa disposition par la Loi de 1833 (art. 13, §§ derniers). Ce fonds est destiné à compléter les dépenses du personnel et du matériel de l'instruction primaire dans toute la France; mais les dépenses de matériel peuvent être indéfinies, et celles de personnel peuvent être facilement limitées. En donnant à propos une subvention à un Etablissement privé, on peut éviter à une commune une série de dépenses inutiles; ce mode d'assistance n'ôte rien des bons

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