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comme il falloit un effort extraordinaire pour donner de l'agrément à un fujet 1672. auffi ingrat, & que ce feu poëtique étoit prefqu'éteint, on ne voit plus ici, fi nous ofons le dire, après M. de Longepierre (1) qu'un, fquelet fec, décharné, fans (1) Parallévie, fans ame & fans mouvement. Le le de Corcaractere de Pulchérie eft de ceux que Racine, PaM. Corneille feul fçavoit imaginer, mais ragraphe 26. il n'avoit plus affez de vigueur pour le bien, exprimer.

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neille & de

Au refte, fi, comme l'affure l'illuftre Hiftorien de fa vie, M. Corneille s'est voulu dépeindre lui-même avec bien de la force dans le perfonnage de Martian, on peut dire qu'il ne s'étoit pas affez confulté, & qu'il avoit oublié que longtemps auparavant, en faifant fon propre portrait, (2) il avoit avoué qu'un tel ca- (2) Voyez fa actere étoit peu propre à amufer les vie, Tome V. Spectateurs.

Nous ne parlerons point des autres perfonnages, nous imiterons le filence de M. de Fontenelle, & c'eft en dire affez. La réfolution héroïque de Pulchérie au cinquiéme Acte fait un bel effet,mais c'est l'acheter trop cher, par l'ennui que cau fent les quatre premiers, Convenons que » les derniers ouvrages de M. Corneille, "toujours bons pour la lecture paisible » du cabinet, où la raison jouit de tous

P. 336.

1672.

» fes droits, ne pourroient plus aujour»d'hui reparoître au Théatre. »

La grande réputation de l'Auteur a foutenu Pulchérie dans fa nouveauté au Théatre, & l'y a même confervé quelques années après. (a) « Je ne veux point (dit M. Corneille dans fon Avis au Lecteur)» prévenir votre jugement fur » ce que j'ai changé ou ajouté à l'Histoi» re, & me contenterai de dire, que bien » que cette Piéce ait été réléguée dans » un lieu où on ne vouloit plus fe fou» venir qu'il y eut un Theatre, bien qu'elle ait paffé par des bouches pour qui on n'étoit prévenu d'aucune efti» me, bien que fes principaux caracte»res foient contre le goût du temps, ≫ elle n'a pas laiffé de peupler le défert » de mettre en crédit des Acteurs, dont » on ne connoiffoit pas le mérite, & de » faire voir qu'on n'a pas toujours befoin

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(a) Il n'en faut pas être furpris, M. Corneille avoit un grand nombre de partifans, que fon mérite lui avoit acquis. Ces partisans, jaloux de la gloire que le jeune Racine acquéroit de jour en jour, tâchoient à la diminuer en élevant l'ancien Poëte, & s'écrioient avec Madame la Marquife de Sévigné,

Lettre de Ma- «Je fuis folle de Corneille, il nous donnera encore dame de Sé- » Pulchérie, où l'on verra, vigné, du 16.

Mars 1572.

La main qui crayonna
La Mort du grand Pompée, & l'amour de Cinna,

» Il faut que tout céde à fon génie.

de s'affujettir aux entêtemens du fiécle, pour le faire écouter fur la Scene. J'au» rai dequoi me fatisfaire, fi cet ouvraest aussi heureux à la lecture, qu'il » l'a été à la représentation; & fi j'ofe ne » diffimuler rien, je me flatte affez pour l'efperer. »

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Terminons l'article de cette Piéce par l'éloge que M. de Vifé en a donné dans le tome IV. de fon Mercure Galant, pages 225 & fuivantes. « La Pulchérie » de M. de Corneille l'aîné, dont je » ai vous parlé, a été repréfentée fur le » Théatre du Marais, & tous les obfta»cles qui empêchent les Piéces de réuffir dans un quartier fi éloigné, n'ont pas été affez puiffans pour nuire à cet ou» vrage, que l'on ne peut mieux louer qu'en nommant fon Auteur, à qui les » gens qui lui portent le plus d'envie, » doivent la réputation qu'ils ont eue par leurs ouvrages, puifqu'ils ne les au"roient peut-être jamais faits, fi M. de » Corneille n'avoit point travaillé pour » le Théatre."

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1672.

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1672.

Voyez

THÉODAT,

Tragédie, de M. CORNEIL LE
DE LISLE,

Représentée fur le Théatre de l'Hôtel de Bour-
gogne, au mois de Novembre.

page 211. de Amalafonte de Quinault, * eft pré

Tome VIII.

cifément le même fujet de Théodat,

cette Hift. à l'exception que dans cette Piéce-ci, Théodat,quoiqu'aimé d'Amalafonte, lui préfere Indégonde, Princeffe du Sang Royal des Gots, & que la catastrophe eft à-peu-près telle que dans l'Hiftoire : du refte les caracteres des perfonnages ne plaisent point du tout, quoique moins diffigurés que dans la Tragédie de Quinault. Amalafonte eft une mégere,Indegonde, une précieuse, & Theodat, un amant tranfi, & tout cela rendu par une pitoyable verfification. M. de Visé n'en penfoit pas ainfi avant la représentation de cette Tragédie. Voici ce qu'il en dit.

Mercure Ga

On jouera cet hyver prefque en mêlant du 30. " me-temps (que Pulchérie) à l'Hôtel de Juillet, au 6., Bourgogne,le Théodat:c'eft de l'Auteur Août 1672. » de l'Ariane qui parut l'année passée;(a)

(a) M. de Visé n'avoit pas bien confulté fa mé

دو

lant, T. IV. fin de l'an

» & l'on ne croit pas que cet Auteur qui 1672. » a souvent eu des fuccès prodigieux puiffe » rien faire qui n'ait de grandes beautés. La chute de Théodat obligea de Vifé de s'exprimer de la façon fuivante: « Le Mercure Ga» Theodat de M. Corneille le jeune a été joué à l'Hôtel de Bourgogne, dans le née 1672. même-temps que la Pulchérie. Cet ou»vrage auroit eu un très-grand fuccès, fi » la fortune avoit été un effet du mérite; » mais comme ce ne font plus les ouvrages qui cabalent, il ne faut pas s'éton»ner fi cette Piéce, qui a eu l'approba» tion des meilleurs connoiffeurs, n'a » pas été auffi fuivie que les autres du » même Auteur. »

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moire, car Ariane fut repréfentée au commencement du mois de Mars de cette même année 1672, & c'eft lui-même qui nous en a indiqué la date,

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