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M. JOURDAIN.

Voilà qui est bien prompt!

COVIELLE.

Son amour ne peut souffrir aucun retardement.
M. JOURDAIN.

Tout ce qui m'embarrasse ici, c'est que ma fille est une opiniâtre, qui s'est allé mettre en tête un certain Cléonte; et elle jure de n'épouser personne que celui-là.

COVIELLE.

Elle changera de sentiment quand elle verra le fils du Grand-Turc; et puis il se rencontre ici une aventure merveilleuse, c'est que le fils du Grand-Turc ressemble à ce Cléonte, à peu de chose près. Je viens de le voir, on me l'a montré ; et l'amour qu'elle a pour l'un pourra passer aisément à l'autre, et.... Je l'entends venir; le voilà.

SCENE V I.

CLÉONTE, en Turc, TROIS PAGES portant la veste de Cléonte, M. JOURDAIN, COVIELLE.

CLÉONTE, à M. Jourdain.

AMBOUSAHIM oqui boraf, Giourdina, Salamaléqui! COVIELLE, à M. Jourdain.

C'est-à-dire : « M. Jourdain, votre cœur soit toute » l'année comme un rosier fileuri ! » Ce sont façons do parler obligeantes de ce pays-là.

M. JOURDAIN, à Cléonte.

Je suis très-humble serviteur de Son Altesse Turque!

COVIELLE, à Cléonie.

Carigar camboto onstia moraf!

CLÉONTE, à M. Jourdain.

Oustin yoc catamaléqui basum base alla moran!
COVIELLE.

Il dit que « le Ciel vous donne la force des lions et la prudence des serpens! >>>

M. JOURDAIN, à Cléonie.

Son Altesse Turque m'honore trop, et je lui souhaite toutes sortes de prospérités !

COVIELLE, à Cléonte.

Ossa binamen sadoc baballi oracaf ouram!

Bel-men.

CLÉONTE, à M. Jourdain.

COVIELLE.

Il a dit : « Que vous alliez vîte, avec lui, vous préparer pour la cérémonie, afin de voir ensuite votre fille, et de conclure le mariage

M. JOURDAIN,

Tant de choses en deux mots?

COVIELLE.

Oui la langue Turque est comme cela : elle dit beaucoup en peu de paroles. Allez vîte où il souhaite. (M. Jourdain sort, avec Cléonte et les Pages. }

SCENE VII.

COVIEL L E, seul, riant.

AH! ah! ah !... Ma foi! cela est tout-à-fait drôle. Quelle dupe! Quand il auroit appris son rôle par cœur il ne pourroit pas le mieux jouer.... Ah! ah!

SCENE VIII.

DORANTE, CO VIELL E.

JE

COVIELLE.

E vous prie, Monsieur, de nous vouloir aider céans dans une affaire qui s'y passe.

DORANTE.

Ah! ah! Covielle, qui t'auroit reconnu! Comme

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Vous voyez.... (Riant.) Ah! ah! ah!

DORANTE,

De quoi ris-tu ?

COVIELLE.

D'une chose, Monsieur, qui le mérite bien!

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COVIELLE.

Je vous le donnerois en bien des fois, Monsieur, à deviner le stratagême dont nous nous servons auprès de M. Jourdain pour porter son esprit à donner sa fille à mon maître.

DORANTE.

Je ne devine point le stratagême; mais je devine qu'il ne manquera pas de faire son effet, puisque tu l'entreprends.

COVIELLE.

Je sais, Monsieur, que la bête vous est connue.

DORANTE.

Apprends-moi ce que c'est ?

COVIELLE.

r

Prenez la peine de vous tirer un peu plus loin, pour faire place à ce que j'apperçois venir. Vous pourrez voir une partie de l'histoire, tandis que je vous conterai le resta.

(Il s'éloigne, avee Dorante.)

SCENE I X.

CÉRÉMONIE TURQUE.

LE MUPHTI, DERVIS, TURCS, assistans du Muphi, chantans et dansans.

PREMIERE ENTRÉE DE BALLET.

(Six Turcs entrent gravement, deux à deux, au son des instrumens. Ils portent trois tapis qu'ils levent fort haut, après en avoir fait, en dansant, plusieurs figures. Les Tures chantans passent par-dessous ces tapis, pour s'aller ranger aux deux côtés du Théatre. Le Muphti, accompagné des Dervis, ferme cette marche. Alors les Turcs étendent les tapis par terre, et se mettent dessus à genoux. Le Muphti et les Dervis restent debout, au milieu d'eux ; et pendant que le Muphti invoque Mahomet en faisant beaucoup de contorsions et de grimaces, sans proférer une seule parole, les Turcs assistans se prosternent jusqu'à terre chantant, Alli, levent les bras au Ciel, en chantant, Alla; ce qu'ils continuent jusqu'a la fin de l'invocation, après laquelle ils se levent tous, chantant, Alla ekber, et deux Dervis vont chercher M. Jourdain.)

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