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OCTAVE et Léandre, deux jeunes gens, fils de deux Bourgeois de Naples, Argante et Géronte, sont amoureux de deux jeunes personnes, Hyacinte et Zerbinette, dont l'une est, loin de ses parens, sous la garde de sa nourrice, nommée Nériné, et l'autre est dans une troupe d'Egyptiens, qui l'ont ravie à sa famille, dès l'âge de deux ans. Hyacinte et Zerbinette partagent la tendresse de leurs amans; et même Nérine a cru pouvoir unir secrétement Hyacinte à Octave, pendant l'absence de son pere, qui à son retour, veut le marier à une fille de Géronte, éloignée de lui depuis long-tems. Scapin, valet de Léandre, à l'aide de Silvestre, valet. d'Octave, se charge de parvenir, à force de fourberies, à faire approuver par Argante le mariage d'Octave et d'Hyacinte, et de faire consenti

Géronte à celui de Léandre et de Zerbinette. I y réussit ; et même, par ses mensonges, il tire d'assez grosses sommes d'argent des deux peres, pour les besoins des intrigues de leurs fils; et, quand tout est convenu, que tous les personnages sont en présence les uns des autres, il se trouve qu'Hyacinte n'est autre que cette même fille de Géronte, qu'Argante vouloit faire épouser à Octave, et que Zerbinette est aussi celle qu'Argante avoit perdue depuis son enfance. Ces deux familles sont ainsi reunies, et forment une double alliance, selon les vœux de tous ceux qui les composent.

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JUGEMENS ET ANECDOTES

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SUR

LES FOURBERIES DE SCAPIN.

LES Fourberies de Scapin sont une de ces Farces que Moliere avoit préparées en Province, dit Voltaire, dans ses Jugemens sur les Pieces de cet Auteur. Il n'avoit pas fait scrupule d'y insérer deux scenes entieres du Pédant joué, mauvaise Piece (en prose) de Cyrano de Bergerac. (La scene quatrieme du second acte et la seconde du troisieme, qui sont la douzieme du second et la quatrieme du troisieme des Fourberies de Scapin.) On prétend que quand on lui reprochoit ce plagiat, il répondoit : Ces deux scenes sont assez bonnes; cela m'appartenoit de droit. Il est permis de reprendre son bien par-tout où on le trouve. » (1)

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« Si Moliere avoit donné la Farce des Fourberies de Scapin pour une vraie Comédie, Despréaux auroit eu raison de dire, dans son Art Poétique.

cc.....

Moliere, illustrant ses écrits,

» Peut-être, de son Art eut remporté le prix,

» Si, moins ami du peuple, en ses doctes peintures, » Il n'eût point fait souvent grimacer ses figures, » Quitté, pour le bouffon, l'agréable et le fin, Et, sans honte, à Térence allié Tabarin. >> Dans ce sac ridicule où Scapin s'enveloppe, >> Je ne reconnois plus l'Auteur du Misantrope. »

« On pourroit répondre à ce grand Critique que Moliere n'a point allié Térence avec Tabarin dans ses vraies Comédies, où il surpasse Térence; que s'il a déféré au goût du Peuple, c'est dans ses Farces, dont le seul titre annonce du bas comique, et que ce bas comique étoit

seconde scene du premier acte de cette Piece, la premiere et la troisieme du premier de La Saur, Comédie, en vers, de Rotrou; dans la seconde du troisieme, deux Farces de Tabarin, l'une intitulée Piphagne, et l'autre Francisquine, et dans tout le cours des Fourberies de Scapin, on trouve plusieurs autres imitations du Phormion, Comédie de Térence.

nécessaire pour soutenir sa Troupe. Moliere ne pensoit pas que la Farce des Fourberies de Scapin valût L'Avare, Tartuffe, Le Misantrope, Les Femmes Savantes, ou fût du même genre. De plus, comment Despréaux peut-il dire que Moliere peut-être de son Art eût remporté le prix ? Qui aura donc ce prix, si Moliere ne l'a pas ? »

M. Bret, dans l'Avertissement qu'il a mis au-devant des Fourberies de Scapin, pour son édition de Moliere, observe que « la Farce étoit communément, avant cet Auteur, pleine d'images et d'expressions propres à faire rougir d'honnêtes Spectateurs, et qu'elle ne servit qu'à le délasser innocemment par la maniere dont il la traitą. Telle est celle des Fourberies de Scapin, ajoute M. Bret, dans laquelle Moliere (scene huitieme du second acte) saisit même encore l'occasion d'essayer les armes du ridicule contre la chicane et la manie de plaider, une des plus vieilles maladies de la société Françoise. Moliere, créateur de la bonne et vraie Comédie, parmi nous, le fut donc encore de la Farce, qui peut être permise. C'est pourtant ce génie sublime .que, de son tems, on osa traiter de Maître d'E

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