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M. JOURDAIN.

Tout beau!... Holà! ho! doucement!... Diantre soit la coquine !

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Oui; mais tu me pousses en tierce, avant que de pousser en quarte, et tu n'as pas la patience que je pare!

Madame JOURDAIN.

Vous êtes fou, mon mari, avec toutes vos fantaisies! et cela vous est venu depuis que vous vous mêlez de hanter la noblesse.

M. JOURDAIN.

Lorsque je hante la noblesse je fais paroître mon jugement; et cela est plus beau que de hanter votre bourgeoisie !

Madame JOURDAIN.

Çamon, vraiement! il y a fort à gagner à fréquenter vos nobles, et vous avez bien opéré avee ce beau M. le Comte, dont vous Vous êtes embéguiné!

M. JOURDAIN.

Paix! songez à ce que vous dites. Savez-vous bien, ma femme, que vous ne savez pas de qui vous parlez, quand vous parlez de lui? C'est une personne d'importance, plus que vous ne pensez; un Seigneur que l'on considere à la Cour, et qui parle au Roi, tout comme je vous parle. N'est-ce pas une chose qui m'est tout-à-fait honorable que l'on voie venir chez moi si

souvent une personne de cette qualité, qui m'appelle son cher ami, et me traite comme si j'étois son égal? Il a pour moi des bontés qu'on ne devineroit jamais ; et, devant tout le monde, il me fait des caresses dont je suis moi-même confus.

Madame JOURDAIN.

Oui, il a des bontés pour vous, et vous fait des caresses; mais il vous emprunte votre argent!

M. JOURDAIN.

Eh bien, ne m'est-ce pas de l'honneur de prêter de l'argent à un homme de cette condition-là? et puis-je faire moins pour un Seigneur qui m'appelle son cher ami?

Madame JOURDAIN.

Hé ce Seigneur, que fait-il pour vous ?

M. JOURDAIN.

Des choses dont on seroit étonné, si on les savoit! Madame JOURDAIN.

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Baste! je ne puis pas m'expliquer. Il suffit que si je lui ai prêté de l'argent, il me le rendra bien, et avant qu'il soit peu.

Madame JOURDAIN.

Qui; attendez-vous à cela!

M. JOURDAIN.

Assurément! ne me l'a-t-il pas dit?

Madame JOURDAIN.

Oui, oui, il ne manquera pas d'y faillir!

M. JOURDAIN,

Il m'a juré sa foi de Gentilhomme !

Chansons!

Madame JOURDAIN.

M. JOURDAIN.

Ouais vous êtes bien obstinée, ma femme Je vous dis qu'il me tiendra sa parole, j'en suis sûr ! Madame JOURDAIN.

Et moi, je suis sûre que non, et que toutes les caresses qu'il vous fait ne sont que pour vous enjôler!

M. JOURDAIN.

Taisez-vous.... le voici.

Madame JOURDAIN.

Il ne nous faut plus que cela. Il vient peut-être encore vous faire quelque emprunt; et il me semble que j'ai dîné quand je le vois!

M.

JOURDAIN,

Taisez-vous, vous dis-je !

(Les deux Laquais sortent.)

SCENE I V.

DORANTE, M. JOURDAIN, Madame JOURDAIN, NICOLE.

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Mon cher ami, M. Jourdain, comment vous por

tez-vous?

M. JOURDAIN, le saluant aussi.

Fort bien, Monsieur, pour vous rendre mes pesits services!

DORANTI à Madame Jourdain.

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Et Madame Jourdain, que voilà, comment se porte-t-elle ?

Madame JOURDAIN.

Madame Jourdair. se porte comme elle peut. DORANTI, à M. Jourdain, examinant son habit. Comment! M. Jourdain, vous voilà le plus propre du monde !

Vous voyez ?

M. JOURDAIN.

DORANT E.

Vous avez, tout-à-fait, bon air avec cet habit ! Nous n'avons point de jeunes gens à la Cour qui soient micux faits que vous !

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Madame JOURDAIN, à part.

Il le gratie par où il se démange!

DORANTE, à M. Jourdain, en le faisant retourner de tous les côtés.

Tournez vous.... Cela est tout-à-fait galant!

Madame JOURDAIN, part.

Oui, aussi sot par-derriere que par-devant !

DORANTE, à M. Jourdain.

Ma foi M. Jourdain, j'avois une impatience étrange de vous voir! Vous êtes l'homme du monde que j'estime le plus, et je parlois encore de vous ce matin dans la chambre du Roi.

M. JOURDAIN.

Vous me faites beaucoup d'honneur, Monsieur.... A Madame Jourdain.) Dans la chambre du Roi!

DORANTE, voulant le faire couvrir.

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Monsieur, je sais le respect que je vous dois !

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Mertez, vous dis-je, M. Jourdain; vous êtes mon

ami?

M.

JOURDAIN.

Monsieur, je suis votre serviteur !

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