iv JUGEMENS ET ANECDOTES SUR LA COMTESSE D'ESCAR BAGNA S. à la LA Fête qui suivoit cette petite Comédie, représentation de la Cour, devant le Roi, à Saint-Germain-en-Laye, étoit composée d'une Pastorale, qui n'a point été conservée, dont on ignore le sujet, parce qu'il ne s'en est rien trouvé dans les papiers de Moliere, après sa mort. Cette Pastorale étoit divisée en sept petits actes, avec sept intermedes, pris dans différentes Pieces de Moliere, qui avoient précédé La Comtesse d'Escarbagnas, telles que La Pastorale comique, George Dandin, Le Bourgeois Gentilhomme, Psyché et Les Amans magnifiques. (Voyez le Catalogue des Œuvres de Moliere, tome treizieme, et le vingtieme et vingt et unieme des Comédies du Théatre François de notre Collection.) L'en semble de ce Spectacle fut intitulé Le Ballet del Ballets, et donné, par le Roi, à MADAME, Elisabeth de Baviere seconde épouse de MONSIEUR, frere unique de Louis XIV. « La petite Comédie de La Comtesse d'Escarbagnas est une Farce, mais toute de caracteres, et une peinture naïve des ridicules de la Province; ridicules dont on s'est beaucoup cor rigé, à mesure que le goût de la société et la politesse aisée qui regnent en France se sont répandus, de proche en proche, » dit Voltaire, dans ses Jugemens sur les Pieces de Moliere. M. Bret, dans l'Avertissement qu'il a mis au devant de cette Piece, pour son édition de Moliere, ajoute « qu'il n'est pas rare de rencontrer encore dans la Province, et même dans la Capitale, des femmes presque aussi ridicules et presque aussi extravagantes, que la Comtesse d'Egcarbagnas; que le Conseiller' Tibaudier, et le Receveur des Tailles Harpin n'y sont pas plus introuvables, et que Voltaire, lui-même, en tirant aussi sa Baronne de Croupillac de la ville d'Angoulême, ( personnage ridicule de sa Comédie de L'Enfant prodigue) a conservé à cette folle plus d'un des traits de celle de Moliere. Dancourt, Le Sage et plusieurs autres Auteurs, continue M. Bret, ont peint, long-tems après Moliere, des originaux bien approchans de M. Harpin et de M. Tibaudier ; et le plaisir que fait toujours la Farce de caracteres de La Comtesse d'Escarbagnas, est une preuve que le goût de la société et la politesse aisée qui regnent en France n'en ont pas fait disparoître entiérement la fade galanterie de la Robe, la grossiere tendresse de la Finance, et la fausse imitation du haut ton chez quelques Bégueules de Province. » LA COMTESSE D'ESCARBAGNAS, COMÉDIE, EN UN ACTE, EN PROSE, DE MOLIERE, Représentée, pour la premiere fois, devant le Roi, à Saint-Germain-en-Laye, en Décembre 1671, et à Paris, au Théatre du Palais-Royal, le 8 Juillet de l'année suivante. A LA COMTESSE D'ESCARBAGNAS. M. TIBAUDIER, Conseiller, amant de la Com tesse. M. HARPIN, Receveur des tailles, autre amant de la Comtesse. M. BOBINET, Précepteur du Comte. CRIQUET, valet de la Comtesse. La Scene est à Angoulême, chez la Comtesse. |