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»sant considérer que je suis d'un aussi franc chré»tien que les poires que je vous envoie, puisque je »rends le bien pour le mal; c'est-à-dire, Madame, » pour m'expliquer plus intelligiblement, puisque je > vous présente des poires de bon-chrétien, pour des > poires d'angoisse, que vos cruautés me font avaler » tous les jours! »

«TIBAUDIER, votre esclave indigne. » (Après avoir lu et en lui rendant la lettre.) Voilà, Madame, un billet à garder!

LA COMTESSE.

Il y a peut être quelque mot qui n'est pas de l'Académie; mais j'y remarque un certain respect qui nie plaît beaucoup !

JULIE.

Vous avez raison, Madame; et, M. le Vicomte dût-il s'en offenser, j'aimerois un homme qui m'écriroit comme cela.

SCENE X VII.

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M. TIBAUDIER, CRIQUET, LE VICOMTE LA COMTESSE, JULIE.

A

LA COMTESSE, à M. Tibaudier.

PPROCHEZ, M. Tibaudier; ne craignez point d'entrer. Votre billet a été bien reçu, aussi-bien que vos poires (Montrant Julie. ) et voilà Madame qui parle pour vous contre votre rival.

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M. TIBA UDIER.

Je lui suis bien obligé, Madame; et, si elle a jamais quelque procès en notre siége, elle verra que je n'oublierai pas l'honneur qu'elle me fait, de se rendre auprès de vos beautés l'Avocat de ma flamme!

JULIE.

Vous n'avez pas besoin d'Avocat, Monsieur, et Votre cause est juste.

M. TIBA UDIER.

Ce néanmoins, Madame, bon droit a besoin d'aide; et j'ai sujet d'appréhender de me voir supplanté par un tel rival • et que Madame ne soit circonvenue

par la qualité de Vicomte.

LE VICOMTE.

J'espérois quelque chose, M. Tibaudier, avant votre billet; mais il me fait craindre pour mon

amour.

M. TIBAUDIER, à la Comtesse en lui montrant

un papier.

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Voici encore, Madame deux petits versets, ou conplets, que j'ai composés à votre honneur et gloire.

LE VICOMTE.

Ah! je ne pensois pas que M. Tibaudier fût Poëte et voilà pour m'achever que ces deux petits versetslà !

LA COMTESSE, bas.

Il veut dire deux strophes.... ( A Criquet.) Laquais, donnez un siége à M. Tibaudier.... ( Bas, à Criques,

qui apporte une chaise.) Un pliant, petit animal !.... Criquet remet la chaise, et apporte un tabouret.) (A M. Tibaudier.) M. Tibaudier mettez-vous là, et nous lisez vos strophes.

(Criquet sort. )

SCENE X VIII.

LA COMTESSE, JULIE, LE VICOMTE, M. TIBAUDIER.

M. TIBAU DIER, s'asseyant et lisant.

UNE personne de qualité

Ravit mon ame;

Elle a de la beauté,
J'ai de la flamme;
Mais je la blâme

D'avoir de la fierté!

LE

VICOMTE.

Je suis perdu après cela !

LA COMTESSE.

Le premier vers est beau. « Une personne de qua

»lité ! »>

JULIE.

Je crois qu'il est un peu trop long, mais on peut prendre une licence pour dire une belle pensée !

LA COMTESSE, à M. Tibaudier.

Voyons l'autre strophe.

M. TIBAUDIER, lisant.

Je ne sais pas si vous doutez de mon parfait amour ;
Mais je sais bien que mon cœur, à toute heure,
Veut quitter sa chagrine demeure,

Pour aller, par respect, faire au vôtre sa cour.
Après cela pourtant, sûre de ma tendresse
Et de ma foi, dont unique est l'espece,
Vous devriez à votre tour,

Vous contentant d'être Comtesse,

Vous dépouiller en ma faveur d'une peau de tigresse
Qui couvre vos appas, la nuit comme le jour !
LE VICOMT E.

Me voilà supplanté, moi, par M. Tibaudier !
LA COMTESSE.

Ne pensez pas vous moquer pour des vers faits. dans la Province, ces vers-là sont fort beaux!

LE VICOMT E.

Comment! Madame, me moquer? Quoique son rival, je trouve ses vers admirables, et ne les appelle pas seulement deux strophes, comme vous, mais deux épigrammes, aussi bonnes que toutes celles de. Martial!

LA COMTES SE.

Quoi! Martial fait-il des vers? Je pensois qu'il ne fit que des gants?

M. TIBAUDIER.

Ce n'est pas ce Martial-là, Madame; c'est un Auteur qui vivoit il y a trente ou quarante ans. LE VICOMTE, à la Comtesse.

M. Tibaudier a lu les Auteurs, comme vous le

voyez ?... Ma allons voir, Madame, si ma musique et ma Comédie, avec mes entrées de ballet, pourront combattre, dans votre esprit, les progrès des deux strophes et du billet que nous venons de voir.

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Il faut que mon fils le Comte soit de la partie ; car il est arrivé ce matin de mon Château, avec son Précepteur, que je vois là-dedans.

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M. BOBINET, LA COMTESSE, JULIE, LE VICOMTE> M. TIBAUDIER.

LA COMTESSE, à M. Bobinet.

HOLA! M. Bobinet! M. Bobinet, approchez-vous

du monde.

M. BOBINET.

Je donne le bon vêpre à toute l'honorable compagnie. Que desire Madame la Comtesse d'Escarbaguas, de son très-humble serviteur Bobinet:

LA COMTESSE,

A quelle heure, M. Bobinet, êtes-vous parti d'Escarbagnas, avec mon fils le Comte?

M. BOBINET.

A huit heures trois quarts, Madame, comme votre commandement me l'avoit ordonné.

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