LA COMTESSE. Comment se portent mes deux autres fils, le Marquis et le Commandeur ? M. BOBINET. Ils sont, Dieu grace, Madame, en parfaite santé ! LA COMTESSE. Où est le Comte ? M. BOBINET. Dans votre belle chambre à alcove, Madame. Que fait il, M. Bobinet? M. BOBINET. Il compose un thême, Madame, que je viens de lui dicter, sur une Epître de Cicéron. LA COMTESSE. Faites-le venir, M. Bobinet. M. BOBINET. Soit fait ainsi que vous le commandeż. (Il sort.) SCENE X X. LA COMTESSE, JULIE, LE VICOMTE, M. TIBAUDIER. LE VICOMTE, à la Comtesse. CE M. Bobinet, Madame, a la mine fort sage, et je crois qu'il a de l'esprit ! SCENE X X I. M. BOBINET, LE COMTE, LA COMTESSE, JULIE, LE VICOMTE, M. TIBAUDIER. M. BOBINET, au Comte. ALLONS, M. le Cointe, faites voir que vous ptofitez des bons documens qu'on vous donne. La révérence à toute l'honnête assemblée. Le Comte salue tout le monde à la fois.) LA COMTESSE, au Comte, en lui montrant Julie. Comte, saluez Madame; faites la révérence à M. le Vicomte; saluez M. le Conseiller. (Le Comte salue Julie, le Vicomte et M. Tibaudier, séparément.) M. TIBA UDIER. Je suis ravi, Madame, que vous me concédiez la grace d'embrasser M. le Comte, votre fils. On ne peut pas aimer le tronc qu'on n'aime aussi les bran ches. LA COMTESSE. Mon Dieu! M. Tibaudier, de quelle comparaison vous servez-vous-là? JULIE. En vérité, Madame, M. le Comte a tout-à-fait bon air! LE VICOMTE, à la Comtesse. Voilà un jeune Gentilhomme qui vient bien dans le monde! JULIE, Qui diroit que Madame eût un si grand enfant ! LA COMTESS E. Hélas! quand je le fis, j'étois si jeune que je me jouois encore avec une poupée ! JULIE. C'est M. votre frere, et non pas M. votre fils! LA COMTESSE, à M. Bobinet. M. Bobinet, ayez bien soin, au moins, de son éducation. M. BOBINET, Madame, je n'oublierai aucune chose pour cultiver cette jeune plante, dont vos bontés m'ont fait l'honneur de me confier la conduite et je tâcheral de lui inculquer les semences de la vertu. LA COMTES SE. M. Bobinet, faites-lui un peu dire quelque petite galanterie de ce que vous lui apprenez. M. BOBINET, au Comte. Allons, M. le Comte, récitez votre leçon d'hier au matin. LE COMTE. Omne viro soli quod convenit esto virile, omne vi.... LA COMTESSE, à M. Bobinet. Fi! M. Bobinet, quelles sottises est-ce que vous lui apprenez là ? M. BOBINET. C'est du latin, Madame, et la premiere regle de Jean Despautere. LA COMTESSE. Mon Dieu ce Jean Despautere-là est un insolent; et je vous prie de lui enseigner du latin plus honnête que celui-là ! M. BOBINET. Si vous voulez, Madame, qu'il acheve, la glose expliquera ce que cela veut dire ? CRIQUET, LA COMTESSE, JULIE, LE VICOMTE, LE COMTE, M. TIBAUDIER, M. BOBINET. CRIQUET, à la Comtesse. LES Comédiens envoient dire qu'ils sont tout prêts. (La Comtesse, Julie, le Vicomte et M. Tibaudier se levent.) LA COMTESSE. Allons nous placer.... (A M. Tibaudier, en lui montrant Julie.) M. Tibaudier, prenez Madame. (Criquet range tous les siéges sur un des côtés du Théa tre. La Comtesse, Julie et le Vicomte s'asseyent. M. Tibaudier s'assied aux pieds de la Comtesse.) LE VICOMTE. Il est nécessaire de dire que cette Comédie n'a été faite que pour lier ensemble les différens morceaux de musique et de danse dont on a voulu composer ce divertissement, et que.... LA COMTESSE, LA COMTES SE, l'interrompant. Mon Dieu, voyons l'affaire ! On a assez d'esprit pour comprendre les choses! LE VICOMTE, à Criquet. Qu'on commence le plutôt qu'on pourra, et qu'on empêche, s'il se peut, qu'aucun fâcheux ne vienne troubler notre divertissement. (Les violons commencent une ouverture.) SCENE XXII I. M. HARPIN, LA COMTESSE, JULIE, LE VICOMTE, LE COMTE, M. TIBAUDIER, M. BOBINET, CRIQUET. M. HARPIN, à la Comtesse. PARBLEU ! la chose est belle, et je me réjouis de voir ce que je vois ! LA COMTESSE. Holà M. le Receveur; que voulez-vous donc dire avec l'action que vous faites? Vient-on interrompre, comme cela, une Comédie? M. HARPIN. Morbleu Madame, je suis ravi de cette aventure, et ceci me fait voir ce que je dois croire de vous, et l'assurance qu'il y a au don de votre cœur, et aux sermens que vous m'avez faits de sa fidélité! D |