& ils ne s'offrent point à Dieu avec elle. Ils tiennent la place de celuy qui eft Prestre & victime tout ensemble; & ils font Preftres fans eftre victimes: & aulieu qu'ils devroient eftre les principaux cooperateurs des graces de Dieu, parce qu'ils doivent eftre les principaux membres de l'Egli fe, & les plus remplis du SaintEfprit, ils ne font plus que comme des inftrumens morts, par lefquels l'Esprit de Dieu, refidant dans lesautres membres vivans de l'Egli fe, produit fes graces pour la fantification des autres, & pour leur propre condamnation. Ainfi, quoiqu'il foit très wray, que quelque méchans qu'ils foient, ils baptifent, ils abfolvent, ils confacrent, parce qu'ils agiffent pour JESUS-CHRIST & en fon Nom, comme le repre fentant; & que les gemiffemens de la colombe, qui eft l'Eglife, c'est-à-dire, fes prieres, attirent la grace par le ministere même des corbeaux & des vautours comme parle faint Auguftin: il eft vray auffi, felon la doctrine de ce même Pere, que ce n'eft point en leur confideration & à caufe d'eux que Dieu donne la remiffion des pechez, & les graces des Sacremens, lors même qu'elles font conferées par leur miniftere; parce qu'ils n'ont point le Saint - Efprit habitant en eux par fa grace, lors même qu'il agit en eux par fa vertu, qui eft la caufe principale de ces divines operations, & à qui elles doivent eftre particulierement attribuées; »»>Quoique les méchans baptifent, » dit faint Auguftin, (ce qui fe » peut dire auffi de tous les autres » Sacremens) ils ne donnent point » la remiffion des pechez, qui eft donnée par les prieres des Saints; « c'eft-à-dire, par les gemiffemens « de la colombe, qui que ce foit « qui baptife: ce qui fignifie, que « c'eft à la confideration & en faveur de l'Eglife que Jesus-CHRIST t donne la grace dans les Sacreimens, quoiqu'ils foient adminiftrez par de mauvais Preftres. Veritez terribles pour les méchans Preftres, & qui doivent produire dans les plus vertueux mêmes une frayeur falutaire qui les x porte à fe purifier fans ceffe, & à fe remplir de plus en plus de l'ELprit de Dieu, qui eft l'ame de leur facerdoce, & fans lequel il ne peut =eftre pour eux qu'un miniftere de mort, lors même qu'il eft pour les autres un miniftere de vie. Mais generalement tous les Chreftiens, qui confidereront avec attention ces veritez, en concevront des fentimens dignes de la fainteté de l'eftat auquel ils font appeliez. Il eft tel, que non feulement ils font obligez, lorf qu'ils affiftent au Sacrifice de la Meffe, d'y faire l'office de preftres fpirituels, en offrant JESUS-CHRIST à Dieu, & s'offrant eux-mêmes & toute l'Eglife dans cette divine oblation; mais qu'il faut encore, que toute leur vie foit un perpetuel facrifice; qu'elle foit toute animée de charité; & qu'ils offrent toutes leurs actions, & leurs corps mêmes, felon le precepte Rom. 12. de faint Paul, comme des hofties vivantes, faintes, & agreables à Dieu. Car c'eft ainfi que tout le Corps de JESUS-CHRIST ne compofe qu'un grand Preftre & un grand Sacrifice, qui comprend non feulement le chef & les membres, mais auffi toutes les actions & les fouffrances de ce chef & de ces membres, qui font offertes à Dieu s par le Preftre éternel, & par tou . te la focieté des Saints. Tout le devoir d'un Chreftien, qui a ob→ tenu une place dans ce divin Corps, doit estre donc de travailler à ne rien faire qui ne puiffe 5. eftre compris dans ce Sacrifice general, lequel eftant tout de cha rité, n'admet en foy que ce qui eft fait pour Dieu, par l'efprit de la charité. Mais parce que la foibleffe humaine empefche que cette difpotfition de facrifice ne foit perpetuelle dans l'efprit des Chreftiens, Dieu veut qu'ils la renouvellent particulierement, lorfqu'ils affiftent au Sacrifice de la Meffe. C'eft alors que la prefence de JESUS-CHRIST doit réveiller leur pieté, & les engager à s'unir plus intimement à luy. C'est alors qu'ils doivent, fi on peut parler ainfi, charger cette fainte |