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d'un étang, d'un marais, ou d'un ruisseau, une sangsue vigoureuse de moyenne grosseur, renfermez-la dans un bocal de verre rempli d'eau de rivière; renouvelez cette eau de deux en deux jours; exposez le bocal à un air libre, pur, tempéré, et à l'abri de toutes vapeurs nuisibles à la sangsue; elle vivra très longtemps, et sera toujours disposée à s'attacher aux téguments de l'homme, à ouvrir un des vaisseaux sanguins, et à en sucer le sang.

La sangsue contenue dans un bocal dont l'eau est rarement changée, vit moins de temps, mord plus lentement, et he suce pas autant de sang que la sangsue précédente.

La sangsue qu'on a soin de tenir comme

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ci-dessus dans l'eau pure et souvent renouvelée peut vivre deux, trois, quatre, cinq ou six ans : mais au bout d'un an, elle commence à devenir petite, et ne mord pas avec la même force que celle qui est récemment renfermée dans l'eau en y ajoutant de la vase d'un étang, et particulièrement quelques gouttes de sang, la sangsue ne vit pas plus long-temps; et si au bout de vingt-quatre heures vous ne changez pas l'eau altérée par ces substances, elle se corrompt et rend la sangsue malade.

Réunissez un grand nombre de sangsues. dans un bocal rempli d'eau pure, elles ne se mordent jamais entre elles; souvent elles s'amoncellent, et semblent plutôt se caresser que se blesser toutes les fois qu'elles viennent à se rencontrer; il paroît qu'au toucher le plus léger elles se reconnoissent: on les voit fréquemment au même instant les unes au fond de l'eau, les autres au milieu, et celles-ci hors de l'eau ; celles-là tranquilles, quelques unes agitées, et plusieurs suspendues seulement par la tête ou par la queue, ou contiguës aux parois du vase par les deux extremités; elles laissent ordinai rement sur les portions du vase auxquelles

leur bouche ou l'extrémité de leur queue adhère une matière visqueuse demi-transparente plus ou moins grisâtre, qui se dépose au fond du vase; et flotte pour peu qu'on le remue: d'un autre côté, il sort de l'anus, par intervalles très éloignés, une matière brune ou noirâtre, sous forme de fil, qui se précipite au fond de l'eau sans s'y dissoudre. Quelquefois il se détache aussi de la surface de la peau, ou il en suinte une matière visqueuse, transparente également insoluble dans l'eau.

Il faut conclure de ces faits que la sangsue de moyenne grosseur, vigoureuse, s'agitant beaucoup, tirée d'un étang et renfermée depuis peu de jours dans l'eau pure, est plus propre que les autres sangsues à ouvrir promptement les téguments et un vaisseau sanguin, à en sucer beaucoup de sang, et à faire une ouverture capable d'en laisser couler une certaine quantité, après que sa bouche cesse d'adhé rer autour de la plaie.

Les mouvements progressifs de la sangsue sont plus accélérés dans l'eau que hors de l'eau, plus en nageant qu'en adhérant alternativement par la tête et par la queue aux corps solides, et plus en liberté dans un étang ou dans

que

un ruisseau renfermée dans un vase, quelque grand qu'il soit.

Hors le temps de la progression dans l'eau, la sangsue est immobile ou en mouvement; lorsqu'elle ne jouit d'aucun mouvement, il est ordinaire de voir sa tête et sa queue adhérer en même temps aux parois du vase; ou bien sa tête hors de l'eau adhérer aux mêmes parois, tandis que la plus grande partie du corps et la queue restent plongées dans l'eau; ou enfin tout son corps être couché au fond de l'eau sur le ventre, sans adhérer aux parois du vase par la tête ni par la queue.

La sangsue en mouvement dans l'eau fait mouvoir son corps ou totalement, ou partiellement; lorsque tout son corps est en mouvement, elle nage à la manière des serpents; alors sa surface supérieure et l'inférieure paroissent souvent plus aplaties que lorsqu'elle est immobile dans l'eau; cela devient quelquefois plus sensible quand on y jette la sangsue; il n'est pas rare de la voir se précipiter presque perpendiculairement et sans mouvement bien apparent au fond du vase : quelquefois encore, la queue étant fixée au couvercle du vase et hors de l'eau, la sangsue se détache et tombe

d'elle-même au fond, en suivant une ligne presque perpendiculaire.

On observe fréquemment une partie de la sangsue s'agiter dans l'eau, tandis que l'autre est immobile: ainsi la sangsue tantôt se tient suspendue par la queue aux parois du vase, et le reste du corps fait des balancements presque égaux entre eux ; tantôt la tête et la queue adhèrent à la fois, et le reste du corps éprouve encore une espèce de balancement. Il faut remarquer que les sangsues sont ordinairement plus tranquilles la nuit que le jour; que pendant les orages, ou à l'approche d'une violente tempête, elles sont quelquefois plus agitées que dans tout autre temps; qu'une vive lumière présentée subitement devant le bocal où elles jouissent d'un parfait repos les détermine quelquefois à se mouvoir et à changer de place; enfin qu'un bruit grand et soudain proche du bocal où elles sont tranquilles souvent les fait entrer en mouvement.

DEUXIÈME EXPÉRIENCE. Introduisez plusieurs sangsues dans un bocal aux trois quarts rempli 'd'eau, fermez-le hermétiquement; au bout de six jours elles paroissent comme engourdies :

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