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sues vivantes, vigoureuses, et depuis peu de temps renfermées dans un bocal avec de l'eau pure; coupez la première dans toute sa longueur et en deux parties égales, la seconde en travers devant le cerveau, et la troisième en travers derrière le cerveau. Les deux portions de la première sangsue, aussitôt après leur section, se rapetissent; étant mises dans l'eau, chacune se replie sur elle-même en manière de spirale, où elles se meuvent en tout sens: leurs mouvements ou leurs contractions constantes en spirale cessent ordinairement au bout de vingt-quatre, trente-six ou quarante-huit heures, quelquefois ils se soutiennent pendant soixante heures lorsqu'on a soin de changer souvent l'eau, et que la sangsue est vigoureuse. Supposé qu'on laisse tout le cerveau dans une des portions, celle-la survivra à l'autre au moins douze heures.

Les deux portions de la sangsue coupée en travers devant le cerveau, mises dans l'eau, fournissent un sang vermeil; elles s'agitent beaucoup, principalement la queue; elles adhè rent par intervalles plus ou moins de temps aux parois du vase; la portion antérieure meurt communément le quatrième jour, et la queue

ou la portion qui contient le cerveau le sixième, le septième, ou le huitième jour : la section en travers de la sangsue n'est-elle pas entière; les portions coupées ne tendent point à se rapprocher; les plaies sont boursoufflées et blanchâtres.

La troisième sangsue étant coupée en travers derrière le cerveau, il arrive que la portion antérieure jouit plus long-temps de la vie que la portion postérieure privée du cerveau: cependant les deux portions de cette sangsue meurent plus tôt que celles de la seconde sangsue dont la portion postérieure renferme le

cerveau.

Lorsqu'une sangsue suce le sang d'un vaisseau, coupez-là en travers proche de ses premiers estomacs, ordinairement sa bouche cesse d'adhérer une demi-heure au plus après la ¿section.

TROISIÈME EXPÉRIENCE.

1o Coupez l'extré

mité de la queue d'une sangsue au moment où elle est attachée à un vaisseau sanguin, et où elle en suce le sang; la succion continue, et il sort par la blessure une quantité de sang à peu près égale à celle que la sangsue avale: quel

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quefois la succion et l'évacuation du sang par la blessure durent presqu'autant que la succion du sang par une sangsue qui n'a pas été blessée, c'est-à-dire trois quarts d'heure, une heure et demie, au plus souvent aussi la durée de la succion par la- sangsue blessée n'est que d'une demi-heure ou d'un quart d'heure il arrive encore fréquemment qu'après la chute de la sangsue blessée le sang ne coule pas en aussi grande abondance qu'après la séparation volontaire de la sangsue qu'on n'a pas irritée. Il vaut donc mieux, dans l'application des sangsues, les laisser sucer tranquillement le sang, que de les mutiler pendant la succion : les anciens avoient done tort de couper l'extré "mité opposée à la tête de la sangsue pour la faire sucer plus long-temps et causer une plus grande évacuation de sang... wafall 2o Pendant que la sangsuc, attachée aux téguments de l'homme, avale le sang du vaisseau qu'elle a ouvert, coupez transversalement le cou à deux ou trois lignes environ des lèvres; la sangsue continuera d'avaler du sang durant six, quinze ou vingt minutes, et elle rendra par la blessure tout le sang qu'elle avale; ensuite cette portion de la sangsue se détachera,

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et jouira pendant plusieurs heures de la vie. L'air extérieur ne contribue donc pas à la succion du sang, et son passage du vaisseau sanguin dans la bouche et l'œsophage ne s'opère donc point par le même mécanisme que le passage de l'eau d'un puits dans le corps d'une pompe dont le piston est mis en mouvement.

3o Coupez l'extrémité antérieure et postérieure de la sangsue; il sort plus de sang de la partie antérieure coupée que de la partie postérieure: plongez aussitôt la sangsue dans l'eau, le sang ne tarde pas à s'arrêter; elle s'agite en tout sens, ensuite elle resté quelque temps au fond de l'eau; mais ce repos n'est pas de bien longue durée, sa partie antérieure adhère aux parois du vase et attire à elle la partie postérieure; étant mise à sec sur un corps solide d'une surface plate et unie, elle va en avant presque aussi vite qu'une sangsue entière et vigoureuse. Les premiers jours, une humeur muqueuse, transparente, et soulevée à la manière d'une ampoule, enveloppe plusieurs portions de son corps, particulièrement le dos; cette humeur est si tenace et si étendue qu'on la prendroit volontiers pour l'épiderme, D'autres portions du dos, principalement vers sa

partie postérieure, sont couvertes aussi d'une espèce de mucosité remplie d'un grand nombre de bulles d'air, qui se détache et souvent se renouvelle. La partie antérieure se tient fréquemment hors de l'eau, et lorsque la sangsue s'y plonge en entier, elle s'y meut parfois très rapidement ; d'ordinaire elley reste immobile, l'une ou l'autre extrémité étant adhérente aux parois du vase. Ces deux extrémités coupées n'acquièrent point de grosseur; l'extrémité antérieure est toujours moins grosse que la postérieure.

Il s'échappe quelquefois par ces deux extré mítés une matière fluide colorée, qui trouble l'eau et lui donne une teinte jaunâtre.

Si on change d'eau tous les deux jours, la sangsue ainsi mutilée vit ordinairement un án, quinze mois, deux ans et même plus, sans paroître avoir perdu d'une manière très sensible de son volume, de sa force et de sa mobilité; pendant tout ce temps elle ne reçoit aucune impression de la lumière la plus vive.

Après la mort d'une sangsue dont les deux éxtrémités ont été coupées depuis un an, on remarque à l'extrémité antérieure une ouver

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