Images de page
PDF
ePub

de sang de la blessure; le conduit génératif est en grande partie hors de son fourreau plus ou moins saillant et jouissant par intervalles d'un mouvement sensible. Communément vers la fin du neuvième jour la sangsue meurt, et après sa mort la plaie ne cesse pas ne cesse pas de rendre un sang clair pendant vingt-quatre heures au moins. Quelquefois la sangsue ne meurt que le dixième jour ou lé onzième, principalement síon n'a blessé que les estomacs les plus proches de la queue. Durant tout ce temps, les trois sangsues bien portantes n'attachent jamais leur bouche à la plaie de la sangsue blessée, elles n'en sucent point le sang, elles conservent le même volume; si elles la touchent avec les autres parties de leur corps, il semble, que c'est plutôt pour calmer ses souffrances que pour l'irriter. On a donc avancé faussement que les sangsues saines et voraces s'attachent aux plaies récentes et profondes des saugsues, qu'elles en sucent le sang, enfin qu'elles les dévorent lorsqu'elles sont mortes. Mais avant de tenir ce langage, on auroit dû consulter l'expérience et l'observation, on auroit constaté les faits que je viens d'exposer. Ainsi les sangsues les plus vigoureuses et les plus affamées, réunies

[ocr errors]

dans un vase contenant de l'eau pure avec des sangsues blessées, ne s'y attachent pas plus qu'aux sangsues nouvellement gorgées de sang humain ; ainsi ces insectes ne se font point la guerre et ne se nuisent jamais les uns aux

autres.

Quoique les sangsues ne se mordent point les unes et les autres, ce n'est ce n'est pas une raison pour les réunir en grand nombre dans un petit bocal; elles corrompent l'eau en peu de temps; elles perdent de leur force; elles ouvrent avec moins de promptitude les téguments et les vaisseaux sanguins; et après la chute de ces sangsues, comme nous l'avons déjà rapporté, le sang qui sort des vaisseaux ouverts coule en moindre quantité que des morsures faites par des sangsues retirées vigoureuses des marais, et tenues depuis peu de jours et en petit nombre dans un grand bocal rempli d'eau pure souvent renouvelée..

Expériences sur des sangsues exposées à une grande chaleur et à un froid au-dessous de la glace.

[ocr errors]

PREMIÈRE EXPÉRIENCE.

Renfermez une

sangsue vigoureuse dans un bocal rempli d'eau pure et soumis à une chaleur graduée jusqu'au quatre-vingtième degré au-dessus de la glace suivant le thermomètre de Réaumur; la queue semble adhérer avec plus de force aux parois du vase; le reste du corps commence à se balancer, ensuite à s'agiter; plus la chaleur s'accroît et approche du moyen degré de l'eau bouillante, plus les mouvements de la sangsue deviennent fréquents sans avoir rien de régulier : lorsque la chaleur surpasse le moyen degré de l'eau bouillante, les mouvements sont violents; il se dégage des bulles d'air de la surface du corps; ensuite l'extrémité de la queue s'élargit et se forme en godet; il s'échappe des téguments beaucoup de bulles d'air et une matière filandreuse visqueuse, qui d'un côté se tient en suspension dans l'eau, et de l'autre adhère à la surface des téguments; les lèvres grossissent, l'ouverture de la bouche paroît plus grande, et lorsque la chaleur n'est pas éloignée du quatre-vingtième degré, la sangsue se rapetisse, le tuyau génératif sort, et elle reste sans mouvement. Ayez pour lors de l'eau à vingt-cinq ou trente degrés au-dessus de la glace, jetez-y la sangsue, vous la ver

rez quelquefois jouir d'un mouvement plus sensible, et vivre ainsi quelque temps. La chaleur de l'air libre produite seulement par les rayons du soleil, quelque grande qu'elle soit, bien loin de nuire à la sangsue contenue dans un étang, ne fait qu'accroître sa force et son activité pour mordre les vaisseaux sanguins ; aussi pendant les grandes chaleurs de l'été et dans les pays méridionaux, les sangsues multiplient-elles davantage au printemps, sontelles plus vigoureuses, et mordent-elles plus fortement qu'en hiver et dans les contrées septentrionales.

Il n'en est pas de même des sangsues renfermées dans des bocaux avec de l'eau pure; s'ils sont exposés long-temps à une chaleur d'environ quarante degrés suivant le thermomètre de Réaumur, les sangsues mordent avec peu d'activité et ne sucent qu'une petite quantité de sang ainsi durant les grandes chaleurs de l'été, tenez les bocaux dans des endroits où l'air soit pur, et la chaleur depuis vingt jusqu'à trente degrés au plus.

:

DEUXIÈME EXPÉRIENCE. Exposez à un froid

de cinq degrés au-dessous de la glace une sangsue très vivace renfermée dans un vase rempli d'eau pure; pendant la première heure, la sangsue s'alonge, se raccourcit au milieu du liquide dont elle est environnée : sa queue adhère aux parois du vase, et sa tête ne se fixe que pour en rapprocher la queue, et ainsi aller avec lenteur d'un endroit à l'autre : les rides transversales deviennent saillantes, ensuite la queue s'élargit; elle cesse d'adhérer aux parois du vase et elle se forme en godet : cependant la sangsue continue à se mouvoir, mais ses mouvements se ralentissent à mesure que l'eau se congèle et que la glace se concentre et resserre la sangsue; celle-ci rend alors par la bouche une matière limpide et visqueuse et un peu de sang; il s'échappe de son corps une grande quantité de bulles d'air, et elle ne reste immobile qu'au moment où la glace commence à l'environner; la glace dont la sangsue se trouve entourée est remplie de bulles d'air. Plongez dans ce moment le bocal dans l'eau dont la chaleur est de douze ou quinze, degrés au-dessus de zéro, la glace se fond et la sangsue reste morte, le corps flasque, la tête et le cou en partie envi

« PrécédentContinuer »