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ronnés d'une espèce de mucosité écumeuse; alors la sangsue morte surnage jusqu'à ce qu'elleentre en putréfaction.

Ayez donc soin, durant l'hiver; de tenir continuellement dans un endroit d'une chaleur de douze à quinze degrés au-dessus du terme de la glace, le bocal où se trouvent renfermées l'eau et les sangsues, avec la précaution que l'air environnant le bocal soit pur, et que l'eau dans laquelle nagent les sangsues soit souvent renouvelée.

Expériences avec des sangsues sur les téguments de l'homme.

PEMIÈRE EXPÉRIENCE. - - Appliquez sur une portion des téguments de l'homme une sangsue, elle ne tarde pas à y adhérer, à mordre un vaisseau sanguin, et à en sucer plus ou moins de sang; elle se tuméfie; elle rend d'ordinaire par la bouche plus ou moins de sérosité visqueuse, et lorsqu'elle est gorgée de sang, elle se détache de la peau. La sangsue préfère communément les vaisseaux sanguins superficiels aux vaisseaux sanguins situés profondément dans la peau, les grands

vaisseaux veineux extérieurs aux petits vaisseaux sanguins profonds, à moins que les parois des grands vaisseaux ne soient beaucoup trop épaisses; elle s'attache encore plus volontiers aux artérioles superficielles qu'aux veines cutanées profondes, mais elle ne donnera pas la préférence à une artériole superficielle sur une veine superficielle, car elle ouvre très rarement les petites artères cutanées : elle n'attaque jamais les grandes artères superficielles, mais souvent les grandes veines superficielles, telles que la veine jugulaire externe; et lorsqu'elle suce le sang d'une artériole, elle ne se gorge pas plus de sang que si elle suçoit celui d'une veine: il paroît d'après cela que la sangsue n'aime pas plus le sang artériel que le sang

sang veineux; d'un autre côté en faisant attention à la facilité qu'ont les sangsues de mordre les grandes veines superficielles, et d'attaquer les artérioles, ainsi qu'aux inconvénients graves qui peuvent en résulter, on doit toujours éviter de diriger les morsures sur les grandes veines superficielles et même sur les petites artères dont on connoît le siège, d'autant plus que l'ouverture par les sangsues, soit de la veine jugulaire externe, soit de la veine crurale, soit enfin des petites ar

tères, est souvent fort difficile à fermer par les topiques astringents et par la compression.

Faites mordre

DEUXIÈME EXPÉRIENCE. par une petite sangsue du poids de quatre ou six grains un vaisseau sanguin; pourvu qu'elle soit forte, vivace, qu'elle entame promptement le vaisseau, et qu'elle en suce le plus de sang possible, elle discontinuera au bout de trois quarts d'heure ou d'une heure et demie au plus d'adhérer au vaisseau; quoiqu'elle paroisse avoir acquis une grosseur considérable, il est extraordinaire qu'elle pèse une once de plus qu'avant de sucer le sang: la même chose se passe à l'égard des sangsues les plus grosses, les plus affamées et les plus fortes; leur poids après la succion n'augmente ordinairement que de deux, trois, quatre, cinq, six ou huit drachmes au plus : les sangsues avant de mordre un vaisseau sanguin varient toutes de poids; et aucune ne suce la même quantité de sang; ajoutez que la même sangsue appliquée sur un vaisseau sanguin une fois tous les deux ou trois mois n'avale jamais la même quantité de sang.

Il faut encore observer les phénomènes sui

vants :

1° Plusieurs sangsues appliquées en même temps sur les téguments de l'homme ne mordent point au même instant; elles mordent et sucent chacune avec plus ou moins de célérité et de force; les premières qui ont mordu ne sont pas toujours celles qui sont le plus tôt gorgées de sang : et quand elles mordroient au même instant, elles cessent de sucer et d'adhé rer dans des temps différents;

2° Souvent la même sangsue mord deux, trois ou quatre vaisseaux sanguins, quelquefois elle y suce peu de sang;

3o Pendant leur succion, les sangsues vomissent quelquefois une petite quantité de sang et de sérosité, ou elles laissent couler un peu sang de la morsure sans cesser d'adhérer aux parois de l'ouverture et de sucer le sang;

de

4o La plupart des sangsues après leur chute vomissent d'ordinaire plus ou moins promptement une quantité indéterminée de sang.

5° Plongez les jambes dans l'eau qui contient sangsues, elles s'attachent aux téguments, elles y ouvrent des vaisseaux sanguins et en

des

sucent le sang communément avec autant de force et de célérité que si on les avoit appli-, quées à sec sur la peau.

TROISIÈME EXPÉRIENCE. - Présentez la sangsue la plus forte et la plus vorace aux téguments d'un homme pléthorique, mais d'ailleurs bien portant; avant qu'elle morde et qu'elle adhère au vaisseau sanguin, irritezla par toutes sortes de moyens, la blessure qu'elle aura faite ne sera suivie d'autres symptômes que ceux produits par une sangsue qu'on n'a point tourmentée et qui mord et suce tranquillement hors de l'eau ou dans l'eau. La même chose arrive lorsqu'on emploie une sangsue tirée d'un marais, ou d'un lac, ou d'une rivière, ou d'un ruisseau. Elle ne porte jamais rien avec elle de vénimeux. Si après la morsure d'une de ces sangsues il survient des symptômes particuliers, attribuez-les à l'espèce de nerf ou de vaisseau mordu, à la qualité des humeurs du sujet, à son degré de sensibilité, et à sa disposition à l'inflammation.

Faites mordre à la cuisse, ou aux bras, ou aux bords de l'anus d'un homme sain, des sangsues qui ont déjà mordu des galeux, des véné

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