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riens, des dartreux, des personnes attaquées de petite vérole, ou de rougeole, ou de fièvre scarlatine, elles ne communiquent aucune de ces maladies. Cependant, pour tranquilliser l'esprit du malade et des assistants, ne vous servez que des sangsues récemment tirées d'un marais ou d'un ruisseau, et qui n'ont jamais été appliquées sur les téguments de l'homme.

QUATRIÈME EXPÉRIENCE. Appliquez des sangsues sur la cuisse d'un homme affecté d'une maladie inflammatoire, avec affoiblissement des forces vitales et musculaires, haleine et transpiration fétides, pouls petit, fréquent et dur, elles mordront avec plus de lenteur et de peine, elles suceront moins de sang, elles se détacheront plus tôt, et il en périra un plus grand nombre que des sangsues qu'on aura fait mordre à la cuisse d'un homme pléthorique d'ailleurs très sain. Le sang d'un sujet attaqué d'une maladie grave où les fluides sont aussi essentiellement altérés que les solides, est donc pour la sangsue une nourriture beaucoup moins saine que le

sang

d'un homme bien

portant.

CINQUIÈME EXPÉRIENCE.

Mettez des sang

sues sur les cuisses d'un certain nombre de sujets différant peu d'âge, de tempérament, de constitution et indisposés par pléthore, elles ne mordront pas dans le même temps, elles ne se rempliront pas également de sang, elles se détacheront dans des temps différents; chez quelques uns elles refuseront de se fixer, de mordre et de sucer, ou si elles mordent, elles suceront lentement, peu de sang, ou se détacheront presque aussitôt qu'elles auront mordu, et après leur chute il s'écoulera peu de sang des morsures; tandis qu'appliquées sur d'autres sujets, elles mordront avec promptitude, elles suceront rapidement beaucoup de sang, et après leur chute il s'écoulera des morsures une grande quantité de sang. Cela ne dépend pas seulement du degré d'activité, de sensibilité et de voracité de la sangsue, mais souvent de la qualité des solides et des fluides que présente chaque personne mordue.

Expériences avec des sangsues sur les poissons.

PREMIÈRE EXPÉRIENCE. Renfermez dans un

bocal contenant une pinte d'eau de rivière huit sangsues très vivaces avec une grenouille; changez l'eau de deux en deux jours. Pour peu que les sangsues touchent la grenouille, elle s'agite violemment, elle se transporte avec rapidité d'une extrémité du vase à l'autre; mais au bout de quinze jours, d'un mois, de six semaines, soit que les sangsues s'habituent à ce genre de combat, soit que là grenouille perde de sa vivacité, une ou deux sangsues s'attachent à l'improviste au ventre ou au dos de la grenouille, la mordent et sucent son sang; souvent à la première succion elle périt, rarement elle résiste à une seconde ou troisième attaque, sur-tout lorsque deux sangsues mordent et sucent en même temps. Cependant il est extraordinaire de voir les sangsues obtenir semblable victoire dans les étangs, les ruisseaux et les marais, quelque nombreuses qu'elles y soient, parceque les grenonilles sont pour lors très fortes et agiles, et qu'elles ne se laissent pas approcher aussi facilement. Il n'en est pas ainsi des hommes et des quadrupèdes qui vont se baigner dans les étangs, les sangsues s'y attachent communément avec une promptitude et une force extrêmes : en Europe, plus la chaleur

du pays et de la saison est grande, plus elles agissent fortement.

DEUXIÈME EXPÉRIENCE. Mettez une dorade de la Chine, de deux pouces de longueur, avec six sangsues très vivaces dans un bocal renfermant une pinte d'eau de rivière; la dorade attaque les sangsues, particulièrement celles qui se tiennent au fond de l'eau ; les premiers jours elles redoutent ce poisson, et il paroît maître du champ de bataille; mais comme il ne cesse de harceler, il se trouve à la fin mordu dans la bouche au moment où il veut saisir l'extrémité de la tête d'une sangsue; après de grands efforts souvent il s'en débarrasse; cette morsure le rend plus timide, il ne poursuit pas avec autant de courage la sangsue: la dorade est-elle de nouveau mordue dans la bouche ou à l'œil, les seules parties que les sangsues peuvent plus facilement attaquer; il est rare qu'elle ne succombe, s'il lui est impossible de les détacher. La dorade qu'on nourrit bien, et qu'on tient dans de l'eau pure et souvent renouvelée, vit ordinairement avec ces insectes un ou deux mois, et quelquefois davantage, sans en devenir la victime.

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D'après ces expériences on conçoit aisément

que les sangsues, en quelque nombre qu'on les suppose dans un étang, ne peuvent en détruire les poissons; d'ailleurs on verroit ceux-ci surnager après leur mort: c'est donc sans raison qu'on a avancé a avancé que les sangsues étoient capables, en se multipliant beaucoup, de faire périr tous les poissons d'un étang, et que le seul moyen de les préserver étoit de jeter beaucoup de sel marin dans l'étang; mais avant d'en pouvoir saler l'eau, quelle prodigieuse quantité de sel ne faudroit-il pas employer? Et en salant ainsi cette eau, n'exposeroit-on pas tous les poissons à un danger plus réel ? D'ailleurs on ne doit pas avoir tant d'inquiétude sur la multiplication des sangsues dans les étangs empoissonnés, elles servent de pâture à plusieurs espèces de poissons, tels que le brochet, et à divers oiseaux d'eau.

Expériences avec des substances animales sur des sangsues.

PREMIÈRE EXPÉRIENCE.-Renfermez dans une fiole contenant cinq onces de salive une sangsue depuis deux mois à jeun, la sangsue fait des efforts continuels pour sortir du vase; elle se

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