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sangsues renfermées dans un bocal rempli d'eau, gardez-vous d'y verser du sang prêt à se décomposer, ou déjà décomposé par la ferméntation putride; les sangsues ne tarderoient pas à tomber malades, et à périr, si on ne les mettoit promptement dans une eau pure, comme les expériences ci-dessus le démontrent: il vaut mieux conserver les sangsues dans l'eau pure, sans y ajouter du sang, crainte qu'il ne soit altéré.

Frottez une portion des téguments de l'homme avec du sang aussitôt qu'on l'a tiré d'un animal; au même instant, appliquez sur la partie frottée deux ou trois sangsues vigoureuses; elles ne mordront pas plus tôt les vaisseaux sanguins que celles qu'on mettra sur une autre partie du corps lavée avec de l'eau pure et chaude, et ensuite bien séchée; souvent même ces dernières mordent plus promptement : le sang n'est donc pas un appât pour faire mordre les sangsues plus vite; le sang hors des veines et refroidi n'est donc pas une nourriture que les sangsues recherchent avec

avidité.

HUITIÈME EXPÉRIENCE. Des sangsues gorgées

de sang par la succion d'un vaisseau sanguin, étant mises dans le vase où a coulé le sang échappé des morsures faites aux téguments , vomissent plus ou moins de sang : celles qui n'en rendent point ou très peu ne tardent pas à mourir; celles qui vomissent beaucoup vivent plus long-temps, sur-tout lorsqu'on les met dans l'eau pure aussitôt après qu'elles ont rejeté une partie du sang: si elles en rejettent encore dans l'eau qu'on aura soin de changer tous les deux ou trois jours, elles reprendront au bout d'un, de deux ou trois mois leur première vigueur et leur appétit : pour leur faire recouvrer plus promptement ces qualités, on est en usage, avant de les jeter dans l'eau pure, de leur faire vomir beaucoup de sang, en les posant une ou deux minutes sur des cendres de bois, ou en les lavant avec de l'eau aiguisée d'alcali fixe végétal ou d'alcali minéral. Voyez les expériences sur la sangsue avec les alcalis.

Expériences sur les sangsues avec les substances amères.

PREMIÈRE EXPÉRIENCE. Renfermez une sangsue dans un vase contenant deux onces

d'infusion d'absinthé faite avec feuilles sèches d'absinthe un gros, eau pure et bouillante trois onces; la sangsue se meut rapidement en tout sens; elle rend des matières visqueuses et muqueuses par la bouche et par d'autres parties du corps; ensuite elle vomit plus ou moins de sang et de mucosité; au bout de trois quarts d'heure au plus elle cesse de s'agiter, ses mouvements sont lents, les rides transversales paroissent plus saillantes; elle s'étend sur le dos, elle devient flasque; ses mouvements, soit intérieurs, soit extérieurs, diminuent et sont à peine sensibles; le conduit génératif se montre tout entier, tantôt flasque, tantôt rigide; l'ouverture du vagin située au-dessous de l'orifice du conduit génératif est très visible; la bouche se tient béante, l'extrémité de la queue épanouie: le septième jour, l'infusion d'absinthe donne une odeur fétide; la sangsue retirée de cette infusion avec tous les signes d'une mort prochaine, et jetée dans de l'eau pure et fraîche, commence à se contracter et à se mouvoir'; chaque jour elle acquiert plus de forcé, le conduit génératif participe de cet état, elle ne se tient plus sur son dos; huit jours se passent de la sorte; ensuite, malgré la précaution de chan

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ger d'eau journellement, la sangsue perd de ses

forces et meurt.

L'infusion d'absinthe ne s'oppose point à la putréfaction du sang et des autres matières excrétées par la sangsue: l'infusion d'absinthe ne lui cause pas la mort, si on la sort de cette infusion une heure après l'y avoir jetée; la sangsue reprend alors ses forcés ordinaires. L'infusion d'absinthe agit donc sur la sangsue presque de la même manière que sur les vers lombricaux de l'homme. Si l'endroit où l'on veut faire mordre des sangsues a été couvert d'absinthe ou d'une autre substance végétale amère, ayez soin de le laver long-temps avec l'eau chaude et pure.

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DEUXIÈME EXPÉRIENCE. Plongez une sangsue dans un vase où se trouvent deux onces de décoction de quinquina faite avec quinquina pulvérisé un gros, en décoction dans six onces d'eau jusqu'à réduction de deux onces; la sangsue, les vingt-cinq et trente premières minutes, s'agite beaucoup; elle se rapetisse, s'alonge, se courbe et forme des espèces de nodosités dans différentes parties du corps; elle vomit des matières muqueuses et et du sang; ensuite

les mouvements se ralentissent par degrés : une heure ne s'est pas écoulée que la sangsue tombe au fond du vase, et se rapetisse au point de représenter une espèce d'ovale; elle devient presque immobile, la bouche béante, et l'extrémité de la queue à peine épanouie; la sangsue reste dans cet état jusqu'au sixième jour, où la décoction de quinquina a pris une odeur fétide; pour lors jetez la sangsue dans l'eau pure, elle y recouvre le mouvement; elle s'alonge et s'aplatit, le conduit génératif est dehors et plus ou moins contracté et mobile : le septième jour jusqu'au douzième, la flaccidité et l'immobilité du corps augmentent progressivement, le conduit génératif devient quelquefois rougeâtre et très flasque, l'étranglement du corps entre le cou et la poitrine est considérable; les orifices du vagin et du canal excrémentiel sont, le douzième jour, visibles sans le secours de la loupe; enfin la sangsue meurt le treizième jour, malgré le soin de changer d'eau journellement. La décoction de quinquina n'agit point sur de la même manière sangsue l'infusion d'absinthe; la première resserre et rapetisse la sangsue, la seconde la relâche; la première produit sur les organes intérieurs de la sang

la

que

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