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sue des effets plus fâcheux que la seconde, puisque la sangsue, au sortir de l'infusion d'absinthe, reprend dans l'eau beaucoup de force et y vit long-temps, tandis que la sangsue tirée de la décoction de quinquina et jetée dans l'eau pure n'y vit que sept ou huit jours au plus. La décoction de quinquina, qui passe pour s'opposer davantage à la putréfaction que l'infusion d'absinthe, devroit avoir été préservée de toute odeur fétide pendant l'immersion de la sangsue; cependant la décoction de quinquina donne au bout de cinq jours une odeur plus fétide que l'infusion d'absinthe.

De cette expérience il faut bien se garder de conclure que la décoction de quinquina est incapable de combattre les maladies gangreneuses, et qué, dans ce cas, supposé qu'on voulût employer une de ces deux substances, l'absinthe doit être préférée au quinquina.

TROISIÈME EXPÉRIENCE. Jetez une sangsue dans une décoction de suie de cheminée, faite avec suie provenant de la combustion du bois de chêne un gros, eau six onces, en ébullition jusqu'à réduction de deux onces: aussitôt la sangsue s'agite, elle vomit beaucoup de sang

et de mucosité; il s'échappe de son corps des bulles d'air; cet état d'agitation dure demiheure environ; ensuite elle tombe au fond du vase presque immobile, la bouche béante, et tous les autres orifices extérieurs fermés: huit heures après, elle devient flasque, on n'aperçoit que des mouvements à peine sensibles vers le cou. Au bout de quinze à vingt heures au plus elle meurt : à l'ouverture de la sangsue on trouve dans ses estomacs du sang fluide et noirâtre. Il est peu d'insectes qui résistent à l'action de la suie de cheminée ; on ne sauroit trop l'employer dans les engrais des jardins, lorsque la terre contient un grand nombre de ces espèces d'insectes qui dévorent les plantes et les fruits. La suie agit peut-être avec plus de force sur plusieurs espèces de vers que contiennent les intestins du cheval et de l'homme ; aussi doit-on regarder la suie comme un des premiers vermifuges; en faisant mourir les vers, elle ne cause d'accidents fâcheux ni à l'homme ni au cheval; car il ne faut point préjuger de ce qu'elle donne la mort aux sangsues qu'elle soit aussi funeste à l'homme : une substance mortelle pour une espèce d'animal est souvent utile pour telle autre espèce.

Expériences sur les sangsues avec les

substances sucrées..

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PREMIÈRE EXPÉRIENCE. Mettez une sangsue dans une fiole contenant trois onces d'eau où l'on aura fait dissoudre parties égales de sucre; bouchez exactement le vase avec un linge, les douze premières heures la sangsue y paroît vivre comme dans l'eau pure ; elle rend la bouche une petite portion de mucus qui surnage, se porte au goulot de la fiole, et prend une couleur moins brune; ensuite elle vomit un peu de sang, se roule sur elle-même et meurt ordinairement le second jour, ou au commencement du troisième.

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C'est donc à tort qu'on frotte quelquefois avec de l'eau sucrée l'endroit des téguments où l'on veut faire mordre promptement des sangsues; elles agissent au contraire plus lentement que si on s'étoit contenté de laver la même place avec de l'eau pure: souvent même elles refusent de s'attacher et de mordre à la portion des téguments frottés avec l'eau sucrée.

Expériences sur les sangsues avec les huiles par expression et les huiles essentielles.

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PREMIÈRE EXPÉRIENCE. Mettez une sangsue très vivace dans un bocal rempli d'huile d'olive fluide, la sangsue s'y agite médiocrement, elle fait des efforts presque continuels pour en sortir et venir s'attacher à la portion vide du bocal bouchée par une toile imbibée d'huile; lorsqu'on a soin de la tenir longtemps plongée dans l'huile, la sangsue rend par la bouche un peu de mucosité; au bout de quarante-huit heures environ son ventre rentre en dedans, la tête tournée vers le ventre, et l'extrémité de la queue appliquée contre les parois du verre; elle reste dans cet état comme immobile pendant quatre, six ou huit jours; tantôt hors de l'huile, tantôt dans l'huile; ensuite elle se détache et tombe au fond du vase; s'il n'y a point de vide entre le couvercle du vase et l'huile contenue dans le vase, la sangsue y meurt plus tôt ; car plongez une sangsue dans un bocal entièrement rempli d'huile et

bouché avec une toile qui en est imbibée, la

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sangsue s'y agite pendant une heure, puis elle perd peu à peu ses forces, les mouvements deviennent très lents, elle finit par rester immobile, elle ne dégorge ni sang ni mucosité, et au bout devingt-quatre ou de trente six heures elle meurt: pour lors elle est molle et tuméfiée.

La sangsue est peut-être le seul insecte qui vive si long-temps dans l'huile; mais sa vie est de courte durée lorsqu'elle ne peut porter par intervalles son corps, et particulièrement sa tête, hors de ce liquide.

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DEUXIÈME EXPÉRIENCE.-- Plongez une sangsue dans l'huile essentielle de térébenthine, aussitôt la sangsue s'agite, elle se contracte fortement, elle dégorge plus ou moins de sang et de mucosité; les deux ouvertures du dos deviennent sensibles à la vue, les rides transversales et les mamelons s'élèvent; ensuite elle perd beaucoup de son mouvement: si une heure après avoir laissé la sangsue plongée dans ce fluide on la lave dans plusieurs eaux pures, elle paroît reprendre un peu de vigueur, le conduit génératif sort, l'ouverture du vagin se dilate par intervalles plus ou moins éloignés, la sangsue conti

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