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cosité et une partie du sang contenu dans les estomacs, elle se rapetisse, elle se met en cercle, la tête et la queue tournées du côté du ventre; l'extrémité de la queue forme un godet, la bouche est béante, la lèvre supérieure recourbée en dedans; le sang vomi se coagule dans l'eau-de-vie, la mucosité rendue par la bouche et par les conduits excréteurs des téguments ne s'y dissout pas; ensuite la sangsue devient dure et roide; au bout de dix ou quinze minutes elle meurt. Plus l'eau-de-vie est dépouillée d'eau, plus elle agit sur la sangsue et la fait périr promptement.

La sangsue laissée après sa mort dans l'eaude-vie y conserve moins sa forme ordinaire que dans la solution aqueuse de sublimé corrosif. La sangsue ainsi morte, ensuite macérée pendant deux ou trois heures dans l'eau pure, devient plus propre à la dissection que la sang

sue morte naturellement dans l'eau aiguisée de nitre, ou de sel marin ou de tabac.

Expériences sur les sangsues avec les acides végétaux et minéraux.

PREMIÈRE EXPÉRIENCE. Exposez une sang

sue à l'action du vinaigre contenu dans un bocal, elle s'agite violemment pendant six ou huit heures, suivant la force du vinaigre; durant ce temps elle rend par la bouche et les mamelons beaucoup de mucosité, ensuite elle devient roide et meurt. Vingt-quatre heures après sa mort l'épiderme se soulève en plusieurs endroits du tissu mamelonné, et on le détache avec assez de facilité. La putréfaction de cette même sangsue est beaucoup retardée dans le vinaigre, pourvu qu'il soit concentré.

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Le vinaigre n'agit point sur l'homme d'une manière aussi funeste, à moins qu'il ne prenne du vinaigre très concentré, et à très haute dose; mais étant mêlé avec beaucoup d'eau il est souvent fort utile à l'homme, tandis qu'il cause toujours la mort à la sangsue, quoique uni avec beaucoup d'eau. J'ai encore observé que le vinaigre fait presque autant de mal à la brebis qu'à la sangsue. Le vinaigre étant appliqué sur la morsure de la sangsue, après sa chute, arrête souvent le cours du sang.

DEUXIÈME EXPÉRIENCE. Jetez une sangsue dans un bocal contenant eau trois onces, et acide marin rectifié une drachme; aussitôt

la sangsue entre en convulsion, elle se rapetisse, la tête se rapproche de la queue et au bout de quinze secondes environ elle meurt; il se dégage de son corps des bulles d'air dont un grand nombre reste long-temps attaché à la surface des téguments; après sa mort elle surnage trente-six ou quarante-huit heures; son corps reste plusieurs semaines sans se putré

fier.

La sangsue plongée dans cinq onces d'eau pure aiguisée d'un ou deux grains d'acide marin concentré meurt ordinairement la première heure. L'homme n'éprouve pas des effets aussi funestes de cette boisson; elle tempère la soif pour un instant, mais elle cause toujours à l'estomac plus ou moins de douleur : il ne faut donc jamais préférer pour l'homme en état de santé, comme en état de maladie, cet acide à celui du vinaigre, sous prétexte que Pacide marin s'oppose plus à la putridité.

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TROISIÈME EXPÉRIENCE. Renfermez une sangsue dans un bocal où vous aurez versé eau trois onces, et acide nitreux rectifié une drachme. Phénomènes semblables à ceux de l'expérience précédente; seulement la sangsue

donne beaucoup moins de bulles d'air et se putrifie plus promptement que celle soumise à l'action de l'acide marin, mais sa putréfaction est plus tardive que dans le vinaigre non concentré. Plusieurs médecins préfèrent l'aeide nitreux à l'acide marin, parcequ'ils prétendent que le premier préserve de la putréfaction: mais à en juger par ses effets sur la sangsue, ils peuvent se tromper, car elle entre plus tard en putréfaction dans l'acide marin que dans l'acide nitreux.

QUATRIÈME EXPÉRIENCE.-Plongez une sangsue dans un mélange d'eau trois onces et d'aeide vitriolique une drachme; à l'instant la sangsue s'agite avec violence, elle se roule sur elle-même; elle vomit une grande partie du sang qu'elle peut avoir dans les estomacs, sang qui se coagule aussitôt, se durcit et se noircit; les mamelons de la peau rendent de la mucosité; la sangsue se rapetisse, enfin elle meurt le dos courbé et la tête rapprochée de la queue; il s'échappe de la surface de son corps peu de bulles d'air; elle résiste quelques secondes de plus à l'action de l'acide vitriolique, que les précédentes sangsues à celle de l'acide

nitreux, et après sa mort la tête et la queue restent davantage rapprochées. En ouvrant le long du dos, la bouche, l'œsophage et le canal alimentaire, vous trouverez encore dans les estomacs et dans le canal un peu de sang noir et durci, le vaisseau sanguin dorsal et ses ra-. mifications dilatés, le cerveau et ses ganglions nerveux, très blancs, la vésicule générative et la matrice aussi dilatées. La putréfaction de la sangsue est plus prompte que dans le mélange aqueux d'acide nitreux ou d'acide marin.

La plus grande partie des médecins regarde et emploie l'acide vitriolique comme le plus propre à combattre la putréfaction; c'est une erreur dangereuse; cet acide, quoique mêlé avec beaucoup d'eau, agit toujours d'une manière nuisible sur l'estomac de l'homme, sans néanmoins lui causer la mort comme à la sangsue.

CINQUIÈME EXPÉRIENCE. - Soumettez une sangsue à la vapeur du soufre en combustion; elle éprouve des convulsions, vomit du sang et de la mucosité, se rapetisse, forme des espèces de nodosité, s'alonge, se raccourcit, rapproche sa tête de sa queue, et ne meurt qu'au bout de quinze à vingt minutes.

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